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3. Aspects méthodologiques

3.3. Réflexivité

Dans cette troisième partie du chapitre je vais aborder les questions de réflexion à propos de mon terrain, donc mon positionnement en tant que chercheuse, ma relation au terrain et mon impact sur les données.

3.3.1. Mon positionnement en tant que chercheuse

À propos de mon positionnement en tant que chercheuse auprès des personnes avec qui j’allais travailler dans le cadre de mon travail, plusieurs questions se sont posées avant mon départ pour le Brésil, notamment lors de la présentation de mon projet de mémoire dans le cadre du cours « studio » au sein de l’Institut de Psychologie et Éducation de l’université. Par exemple mes questions se rapportaient à comment allais-je me présenter aux différents acteurs participant à ma recherche ? à quelles informations allais-je leur donner accès ? qu’aurait représenté mon travail pour l’association ?

Concernant les informations données sur le terrain, je suis partie du principe que toutes les personnes participant à ma recherche devaient être informées du fait que je menais en effet une recherche. Toutefois la question qui restait à résoudre était quoi dire et à qui ?

Me présenter tout simplement en tant que chercheuse auprès des jeunes ou des adultes pouvait avoir des implications différentes, et la manière-même de me présenter devait être bien définie auparavant puisqu’elle aurait pu insuffler de l’inquiétude ou de la méfiance auprès des personnes à qui j’aurais par la suite demandé de s’ouvrir à moi. Après avoir bien réfléchi à la question et avoir parlé avec les concepteurs du projet, j’ai décidé que les informations transmises auraient été plus ou moins détaillées selon le type d’acteur.

Puisqu’ils comprennent le français, les concepteurs de l’association ont eu un accès direct, complet et transparent à tout mon projet de recherche et à ma démarche méthodologique, ceci pour différentes raisons :

- Premièrement, j’avais leur accord pour mener ma recherche au sein de leur association donc cela me semblait correct qu’ils puissent avoir toutes les informations disponibles afin de pouvoir décider s’ils étaient d’accord de me permettre de réaliser ma recherche dans leurs locaux avec leurs employés et les enfants dont leur association est responsable ;

- Deuxièmement, le fait de leur donner un accès complet à mon projet leur a permis en retour de me faire part de leur avis concernant les thématiques que je prévoyais explorer dans mon travail, et de me donner quelques conseils quant aux personnes à interviewer ou bien concernant la manière de gérer les accords de participation.

Tous les autres acteurs adultes participant à mon travail, donc les professeurs de musique, la gérante et l’éducatrice, n’ont pas eu un accès direct à celui-ci principalement en raison de la langue, mais aussi parce que j’ai pris le temps de leur expliquer ce à quoi je m’intéressais tout en insistant bien sur le fait que j’étais là pour apprendre et comprendre, et non pas pour évaluer leur travail ou le travail de l’association. Au risque de sembler un peu un ‘disque rayé’, ce détail

a été répété des nombreuses fois tout au long de mon séjour et avant la passation des entretiens afin de m’assurer que les interviewés n’aient pas le sentiment d’être jugés, et qu’ils puissent se sentir libres de s’exprimer et m’expliquer leurs propos et points de vue.

Concernant les jeunes participant au groupe de musique, au début de mon séjour, avec l’aide de la professeure de percussions, j’ai annoncé que je menais un travail dans le cadre de mes études et que ce travail allait porter sur l’association et la musique.

Ici aussi j’ai pris le temps de bien spécifier que mon objectif était d’apprendre, et plus spécifiquement apprendre ce que la musique représente pour eux et comment la Casa dos Curumins fonctionne.

Vers la fin de ma récolte de données, quand j’ai réalisé l’entretien de groupe, j’ai demandé aux jeunes de m’aider dans la réalisation de mon travail en répondant à des questions. Cette approche a permis de faire en sorte qu’ils ne se sentent pas jugés, et en raison de la relation d’amitié que nous avions développé tout au long de mon séjour, ils étaient ravis de pouvoir m’aider.

Au regard de ce que mon travail représente pour l’association, et pour éviter de donner de faux espoirs (comme par exemple un rapport d’efficacité du projet de musique, ou une évaluation du fonctionnement de l’association), j’ai veillé à être très claire avec les concepteurs en leur expliquant qu’il s’agissait d’un travail descriptif et exploratoire, mené dans le cadre académique de mon master et qu’il ne serait d’aucune façon une évaluation ni jugement, de valeur ou d’efficacité.

Cela dit, il se peut que ce travail puisse avoir une fonction informative pour les fondateurs par rapport au point de vue des jeunes et des employés, raison pour laquelle une fois le travail fini et validé, je leur transmettrais la version finale afin qu’ils puissent voir ce que mon séjour m’a permis de réaliser.

3.3.2. Ma relation au terrain et l’impact sur les données

Concernant mon séjour, une relation étroite avec le terrain et avec les personnes participant à ma recherche s’est développée, au point que nous sommes devenus en quelque sorte amis : ces personnes m’ont accueillie et m’ont traitée comme une paire, elles m’ont montré leur monde et leur façon de vivre en me faisant sentir comme à la maison. Il est donc difficile de garder la distance critique nécessaire à la réalisation d’un bon travail de recherche ; pour cela j’ai pris des précautions afin de prendre conscience des ressentis que mon terrain évoquait en moi. Il est intéressant de remarquer que cette proximité au terrain et aux personnes en faisant partie a aussi une influence sur les données recueillies, notamment sur les observations et entretiens. Concernant les observations, ma proximité avec les personnes faisant partie du projet m’a permis d’avoir un accès plus spontané à leurs comportements : ils ne ressentaient pas le besoin de modifier leurs comportements en ma présence puisqu’ils me considéraient comme une amie, une complice, l’une d’entre eux.

Cependant il est possible que lors des entretiens, en raison de ces relations d’amitié, les interviewés aient voulu essayer de m’aider et donc de répondre ce qu’ils pensaient que je voulais entendre et pas forcément ce qu’ils pensaient réellement.

Pour essayer d’éviter ce biais, j’ai insisté avant chaque entretien sur le fait qu’il n’existe pas de réponse juste ou fausse, et que la raison pour laquelle je posais des questions était que je désirais apprendre quelque chose. Afin de réduire ce biais j’ai aussi ouvert chaque entretien en posant une question portant sur le parcours de vie de la personne interviewée. La réponse étant personnelle et sans possibilité d’être fausse, j’avais l’espoir que dans la suite de l’entretien les interviewés auraient continué de raconter les choses de manière sincère, sans réfléchir à ce qu’ils pensaient que j’aurais voulu entendre.

Ne disposant pas d’une manière objective pour savoir si cela a été le cas ou pas, je vais considérer que toutes les informations qui m’ont été données sont sincères et relèvent de ce que les personnes pensent et croient réellement.

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