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Réduction à une typologie d'horaires de travail de bureau

Chapitre 2 : Modélisation de la présence dans les bâtiments de bureaux

2.4 Utilisation d'une typologie d'horaires de travail issue des sciences sociales

2.4.3 Réduction à une typologie d'horaires de travail de bureau

Lesnard (2006) étudie les liens entre horaires de travail et catégories socioprofessionnelles au moyen d'une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC). Grâce à ces correspondances les horaires qui concernent particulièrement le travail de bureau peuvent être isolés afin de former une typologie réduite.

2.4.3.1 Association entre horaires de travail et catégorie socioprofessionnelle

L'AFC permet d'analyser les correspondances entre deux variables nominales, à défaut d'un calcul des corrélations applicable uniquement aux variables numériques, en fournissant un espace de représentation graphique commun aux deux variables. Dans ce paragraphe, la méthode est décrite et illustrée sur son application présente, à savoir l’analyse des correspondances entre types d’horaires et catégories socioprofessionnelles.

Le point de départ est le tableau de contingence (considéré comme une matrice) noté entre les deux variables : si on positionne les 12 types d'horaires (TH) en colonne et les 24 catégories socioprofessionnelles (CSP) en ligne, chaque case du tableau de contingence contient le nombre d'individus interrogés ayant à la fois le type d'horaire correspondant à sa colonne et la catégorie correspondant à sa ligne.

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L’idée est d’évaluer dans quelle mesure une ligne et une colonne sont moins ou plus associées qu’elles ne le seraient en cas d’indépendance des variables. Le tableau de contingence est donc comparé au tableau de contingence théoriquement obtenu en cas d’indépendance, noté . est construit à partir des effectifs totaux de chaque catégorie : si représente de l’ensemble des horaires et de l’ensemble des CSP, alors (la somme des termes de correspond au nombre

total d’individus interrogés).

La matrice des écarts à l’indépendance notée , est construite en soustrayant les valeurs de et terme à terme.

est ensuite factorisée, c’est à dire exprimée comme un somme de matrices pouvant être mises sous la forme d’un produit vecteur colonne × vecteur ligne :

Remarques :

- La théorie assure que cette décomposition existe avec ;

- Par construction la somme des termes d’une colonne ou d’une ligne de est nulle donc , (ici )

Chacun des vecteurs colonne (respectivement ligne) correspond à une modalité des colonnes (respectivement lignes). Aux couples {vecteur colonne, vecteur ligne}, l’AFC fait correspondre axes sur lesquels peuvent être placées les modalités de l’ensemble des catégories des deux variables (si la catégorie « cadre privé » occupe la i-ème ligne de , sa coordonnée sur l’axe k est donnée par , si la catégorie d’horaires « 8 à 4 » occupe la j-ème colonne de , sa coordonnée sur l’axe k est donnée par

).

La mise en facteur de peut être optimisée de manière à faire porter « le plus de sens possible » à un nombre réduit d’axes. L’optimisation repose sur la métrique dite du , qui quantifie les écarts à l’indépendance. Pour chaque matrice , son est la somme des contributions au de ses cellules. La contribution au de est donnée par , c’est à dire par l’écart à l’indépendance ( est la matrice de l’indépendance), au carré (pour s’affranchir du signe), pondéré par l’effectif de la modalité .

Le de est égale à la somme des des matrices :

L’optimisation, que nous ne détaillons pas, détermine la décomposition telle que soit le plus élevé possible, puis , etc. Il s’agit, pour reprendre l’expression précédente, de faire porter « le plus de sens possible » au premier axe (ou d’expliquer le plus de variance possible), puis

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« le plus de sens restant possible » au second, etc. Les axes ainsi déterminés ne sont pas associés à une variable particulière. L’interprétation des positions des catégories sur les axes est libre. Pour un axe porteur d’un pourcentage important de la variance totale, « ce qu’il représente » apparaît généralement de manière claire au vu du positionnement des catégories.

Une cartographie est obtenue en plaçant les catégories suivant leurs coordonnées sur les deux premiers axes (si le pourcentage de variance expliqué par ces deux axes n’est pas sensiblement plus élevé que celui des axes suivants, des cartographies complémentaires peuvent être réalisées).

Nous ne savons pas quel est le pourcentage de porté par les deux axes de la représentation de Lesnard (Figure 16). On note que les axes sont dilatés, c’est à dire normés en proportion de leur part de (conduisant à une carte carrée et non rectangulaire).

Selon l’interprétation de Lesnard, le premier axe (vertical) qu’il nomme « secteur économique et organisation temporelle » représente l’opposition entre d’une part les horaires caractéristiques de l’industrie et les métiers correspondants (en bas) et d’autre part les horaires et les CSP correspondants à de nouvelles normes d’horaires (extensifs, fragmentés) du secteur des services ou des travailleurs indépendants (en haut). La lecture suivant ce premier axe permet avant tout de visualiser une opposition. Il n’y a pas lieu de chercher un sens à chaque position relative d’une catégorie par rapport à une autre, surtout si elles sont proches.

Remarque :On note que les horaires classiques de l’industrie sont spécifiques aux ouvriers et techniciens et concernent moins les cadres. L’explication réside en ce qu’ils sont répartis entre secteurs d’activités et qu’ils effectuent, au sein du secteur industriel, des horaires souvent déconnectés de la production physique (cf. introduction, § 2.1).

La seconde dimension (horizontale), intitulée « hiérarchie sociale et régularité des horaires de travail », apporte des informations quant au rôle de la position sociale à l’intérieur des secteurs économiques que l’axe vertical avait dissociés. Les positions dominantes assurent des horaires standards (les trois types standard sont dans la partie gauche de la carte) bien que de durée croissante, tandis que des horaires qui pourraient être qualifiés de difficiles sont réservés au bas de l’échelle sociale : décalés la nuit et le matin (trois-huit typiquement) dans l’industrie, fragmentés ou décalés l’après-midi et le soir dans le domaine des services.

Remarques :

- Les catégories des chefs d’entreprise et des professions libérales ont des horaires proches de ceux des cadres mais étendus en soirée, ce qui les éloigne des horaires standard. Par conséquent, leur positionnement sur l’axe horizontal qui exprime une correspondance entre position social et régularité des horaires n’est pas tranchée. Précisons également que les chefs de petites entreprises sont les plus nombreux et infléchissent fortement les indicateurs statistiques de leur catégorie.

- La catégorie nommée « extensif matin et après-midi » dans le Tableau 1 est notée « extensif soir » sur la Figure 16.

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Figure 16 : Cartographie des correspondances entre horaires de travail et catégorie socioprofessionnelle, (la notation PSC est une faute de frappe pour CSP). Source (Lesnard, 2006)

2.4.3.2 Sélection des types d’horaires représentatif du travail de bureau

Pour ce qui nous concerne, les horaires atypiques décalés (le matin, l’après-midi, le soir ou la nuit) et irréguliers (fragmentés à temps réduit, fragmentés à temps plein ou de très faible durée) sont écartés car ils ne correspondent pas à des emplois de bureaux. La proportion de la catégorie « horaire standard de 8 h à 4 h » est réduite de moitié (faute de données plus précises) car elle contient pour une part des employés du public et pour une autre part des ouvriers, qualifiés ou non, de l’artisanat ou de l’industrie (non représentatifs du travail de bureau). De même, nous réduisons les proportions des catégories « horaire extensif matin et après-midi » et « horaire extensif soir » de moitié (faute d’informations plus précises) parce qu’elles sont composées pour partie de professions libérales et de chefs d’entreprise, mais aussi d’artisans de commerçants et d’agriculteurs. Le Tableau 2 présente les parts respectives des différentes catégories d'horaires au sein de :

- la typologie originale de Lesnard (2006) sans les types d'horaires qui ne correspondent pas au travail de bureau (colonne 2) ;

- la typologie corrigée pour n'inclure que le travail de bureau au sein des types d'horaires sélectionnés (colonne 3) ;

- la typologie finale intégrée au modèle (colonne 4).

Remarque : le type d'horaire de travail est un des paramètres dont l'influence sur un certain nombre de sorties du modèle (consommation d'énergie totale, besoins de chauffage, consommations d'éclairage, confort thermique) est analysée dans le chapitre 6. Ces analyses de sensibilité seront l'occasion d'effectuer un retour sur les choix et hypothèses présentés ci-dessus.

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Tableau 2 : Parts respectives des différentes catégories au sein de la typologie Type d’horaire

de travail

Effectifs au sein de la population active occupée

totale (Lesnard, 2006)

Effectifs au sein de la population active totale

après correction

Effectifs au sein des emplois de bureau (ramenés à 100 %) Standard 8 à 4 6,8 % 3,4 % 5,9 % Standard 9 à 5 33,9 % 33,9 % 59,4 % Standard 10 à 7 14,0 % 14,0 % 24,5 % Extensif matin et après-midi 4,1 % 2,1 % 3,6 % Extensif soir 7,5 % 3,8 % 6,6 % Total 62,2 % 57,1 % 100 %

La modélisation de l’occupation proposée dans cette thèse intègre les catégories d'horaires de travail de bureau décrites dans le Tableau 3. Les valeurs sont directement dérivées du Tableau 135, en traduisant les grandeurs caractéristiques « mi-journée de travail » et « durée de la journée de travail » en heures (moyennes) d’arrivée et de départ.. Les catégories professionnelles concernées, issues de l’AFC, permettent d’aiguiller le choix d’un type d’horaire (ou d’une répartition des types d’horaires, p.ex. 50 % « Standard 8 à 4 » et 50 % « Standard 9 à 5 ») en fonction du bâtiment simulé. La contextualisation géographique n’est pas intégrée au modèle mais elle peut être effectuée manuellement lors du choix du ou des types utilisés pour la simulation d’un bâtiment (notamment pour Paris et la région parisienne où les arrivées et les départs sont vraisemblablement plus tardifs en moyenne).

Tableau 3 : Description des catégories d’horaires de travail de bureau Type d’horaire de travail Heure d’arrivée Heure de départ

Catégories professionnelles concernées (principalement et non exclusivement) Standard 8 à 4 7h42 16h04 Employés administratifs — public-privé

Techniciens

Standard 9 à 5 8h45 17h08

Employés administratifs — public-privé Techniciens

Professions intermédiaires — public-privé

Standard 10 à 7 9h15 18h51

Cadres — public - privé Ingénieurs — privé

Professions intermédiaires — privé Professions libérales Extensif matin

et après-midi 7h19 18h27

Professions libérales

Travailleurs indépendants, chefs d’entreprise

Extensif soir 9h17 20h15

Professions libérales

Travailleurs indépendants, chefs d’entreprise Cadres — privé

Un grand nombre de combinaisons de journées types et de journées de repos peut être réalisé pour construire des semaines de travail. Cependant, dans le cadre du travail de bureau, nous ne considérons pour l’instant que des semaines standards composées de journées travaillées du même type du lundi au vendredi et de deux jours de repos samedi et dimanche. La typologie des semaines est donc identique à

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D’où la précision à la minute, mais par la suite (§ 2.5.3 et 2.5.4) des écarts-types de 30 min sont considérés sur les heures de première arrivée et de dernier départ, ce qui signifie que 95 % des personnes de la classe « standard 8 à 4 » arrivent entre 6h42 et 8h42.

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celle des journées présentée ci-dessus. La reproduction de semaines de travail caractéristiques de bâtiments liés à des secteurs tels que la santé, l’enseignement, le commerce, l’artisanat peut être envisagée en ajoutant les journées types décalées ou fragmentées.

Concernant le travail du week-end, nous manquons de données exploitables. Sauf à trouver d’autres sources, il faudrait pouvoir isoler le travail de bureau dans les typologies construites sur les semainiers. D’autre part, les EET ne distinguent pas le travail effectué au domicile de celui effectué sur le lieu de travail proprement dit ce qui rend la tâche encore plus délicate. Pour l’instant, la présence est supposée nulle dans les bureaux le week-end.