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Réduction à la source

Dans le document Sommaire. Introduction 7 (Page 34-41)

Certains procédés permettent de revaloriser de manière importante les déchets d’em-ballages mais la non production de ces déchets s’avère toutefois plus efficace. De plus, un emballage non produit n’est pas acheminé et permet de diminuer les émissions de pollution liées au transport. Ainsi, la plupart des politiques actuellement en place et visant à réduire l’impact environnemental des emballages sont fondées sur la réduction des emballages à la source. Des méthodes permettant de vendre des produits en réduisant au maximum le poids, le volume et la quantité d’emballage sont développées ; l’optimal étant l’absence d’embal-lages. Les mesures envisagées s’inspirent essentiellement de ces méthodes, parfois mises en place à des échelles réduites ou sur une faible partie de la production. Le développement de ces procédés alternatifs s’avère donc intéressant afin d’obtenir des emballages plus vertueux pour l’environnement.

Le principe d’éco-conception apparaît dans cette démarche de réduction à la source.

1.5.1 Éco-conception

L’éco-conception correspond à la prise en compte des impacts environnementaux dans la conception des produits, notamment l’utilisation de ressources renouvelables. Ces impacts sont évalués en prenant en considération le cycle de vie entier de l’emballage : extraction des matières premières, production , distribution, utilisation et fin de vie, illustré sur la figure 27 :

Figure 27 – Le cycle de vie de l’emballage

Selon le rapport d’activité Éco-Emballages et Adelphe 2013, les entreprises combinent différentes approches d’éco-conception dont l’allègement de l’emballage, l’optimisation du volume de l’emballage meénager, l’optimisation de la logistique et des emballages de trans-port, l’intégration de matière d’origine renouvelable recyclée, comme le montre la figure 28.

Quelques exemples permettent d’illustrer la concrétisation de l’éco-conception.

Figure 28 – Types d’action de réduction de l’emballage

Exemple 1 : Pour une boîte à ampoules, le plastique non recyclable du blister a été rem-placé par la cellulose du type boîte d’oeuf comme illustré sur la figure 29. Ce nouvel emballage, plus écologique, peut s’avérer recyclable ou fabriqué à l’aide de matériaux recyclables.

Exemple 2 : La boîte de pâté pour chat, illustrée sur la figure 30 constitue un exemple de réduction à la source en changeant la forme de l’emballage. En réalisant ce changement à la conception, le poids de l’emballage a été réduit de 8 %. Cette réduction de poids entraîne une réduction totale d’environ 600 tonnes par ans, constituant ainsi une économie de matières premières non négligeable. Par ailleurs une réduction de masse de la boite, de 3 grammes (non visible sur l’illustration de l’exemple), permet également d’économiser environ 900 tonnes de

Figure 29 – Exemple d’emballage éco-conçu en utilisant des matériaux recyclables métal par an.

Figure 30 – Exemple d’emballage éco-conçu en modifiant la forme de l’emballage - avant à gauche, après à droite

D’un point de vue environnemental, l’éco-conception permet une meilleure préservation des ressources ainsi que la prévention d’une partie des pollutions et des nuisances générées par le cycle de vie de l’emballage.

L’ADEME et Éco-Emballages apportent leur soutien aux entreprises afin de développer des démarches d’éco-conception en finançant des programmes de recherche et développement.

De même, l’ADEME met à disposition des outils comme le bilan produit26, un outil gratuit pour inciter les entreprises à adopter l’éco-conception.

1.5.2 Suremballage

Le suremballage n’est pas défini explicitement ou matériellement, mais correspond à l’im-pression du consommateur estimant que les emballages de son produit sont trop volumineux, trop lourds ou trop nombreux. Cette impression est principalement liée au packaging, c’est-à-dire à l’optimisation commerciale de l’emballage. Cependant, il ne convient pas uniquement de prendre en compte le ressenti du consommateur mais aussi d’analyser toutes les fonction-nalités de l’emballage avant de le qualifier de suremballage. Le couple produit-emballage doit être étudié dans son ensemble et ses deux composantes ne peuvent être dissociées. Le CNE

26. Le Bilan Produit de l’ADEME est un outil simplifié permettant la quantification des impacts environ-nementaux d’un produit (ou d’un service) tout au long de son cycle de vie : de sa fabrication à son élimination en fin de vie.

(voir partie 1.1.6.1, 16) a mis en place une méthode d’aide à la réduction à la source des emballages. Celle-ci a pour but de mettre en évidence des points critiques sur l’emballage.

Ceci revient à démontrer qu’une réduction supplémentaire de poids/volume au niveau de ces points mettrait en péril les fonctions principales de l’emballage.

Figure 31 – Illustration des vides techniques

Cette méthode s’accompagne d’outils concrets (tableau listant notamment les différentes fonctions de l’emballage et les points critiques à respecter pour chaque fonction) que le CNE propose aux industriels. Il peut être remarqué à travers les études de cas précédentes (partie 1.5.1) que des situations considérées comme caractéristiques du suremballage s’avèrent finalement justifiées. Par exemple, un vide technique est nécessaire dans les produits vendus en poudre : il s’agit d’une contrainte due à la technologie de remplissage des emballages et au tassement des poudres après la fermeture de l’emballage. De même, des efforts peu perceptibles à l’achat du produit sont parfois réalisés (comme des modifications mineures de la géométrie de l’emballage) et présentent, à grande échelle, d’importantes répercussions, comme présenté dans le paragraphe 1.5.1, page 36.

Le suremballage constitue donc un phénomène très important dans le monde de la consom-mation de masse, et particulièrement appuyé pour les produits de luxe ou les produits pré-sentant des doses individuelles. Le suremballage dépend directement des industries de pro-duction de biens de consommation, mais est également fortement encouragé par le mode de distribution en grande surface qui accroît la concurrence entre les produits.

1.5.3 Écorecharges

Le concept d’écorecharges peut constituer un moyen efficace afin de vendre des produits en limitant la quantité d’emballages. Ainsi, un même produit peut être vendu par deux biais différents :

Tableau 3 – Méthode d’analyse de la réduction à la source - référentiel CNE Bilan des réductions

Emballages UVC Secondaire Tertiaire Global

Grammes

%

Tonnes / an

% augmentation du nombre d’UVC par palette

% réduction du volume de transport

Nombre de camions écono-misés par an

• dans son emballage classique, supposé relativement lourd et coûteux à produire et à transporter ;

• dans un emballage plus léger, généralement en plastique souple ou en carton. Ce dernier correspond à l’écorecharge.

Figure 32 – Exemple d’écorecharge

L’objectif est de faire en sorte que le consommateur achète, dans un premier temps, le pro-duit contenu dans un emballage volumineux présentant certaines fonctions d’usages propres (dosage ou versage par exemple). Dans un deuxième temps, le consommateur est incité à acheter une écorecharge afin de remplir à nouveau l’emballage initial. Cela permet de ne pas systématiquement acheter un emballage volumineux, mais uniquement le produit dans un emballage minimaliste, tout en conservant les fonctions d’usage du premier emballage se trouvant alors réutilisé. Dans certains cas, l’écorecharge peut même être utilisée sans trans-vaser le produit dans l’emballage initial (pour le sucre en poudre par exemple, l’écorecharge contient un bouchon permettant une utilisation directe sans avoir besoin d’un autre embal-lage). Ce type de distribution est particulièrement adapté aux produits en poudre et aux produits liquides (café, sucre, lessive, savon. . .). Il ne peut cependant pas être appliqué à tous les produits pour des raisons d’hygiène (dans le cas de denrées alimentaires périssables). Il est à noter que ce type d’emballage était relativement répandu en grande surface à la fin des années 1990, mais se trouve très peu représenté à l’heure actuelle (les parts de marché sont passées de 20 % à 2 %).

Les écorecharges présentent plusieurs avantages, notamment un avantage d’ordre écono-mique pour les consommateurs ; leur prix de fabrication étant environ 20 % moins élevé que le prix du produit dans son emballage classique. Les emballages étant moins lourds et moins

vo-Figure 33 – Fontaines distributrices

lumineux, ils présentent un impact environnemental moins prononcé que celui des emballages classiques. De plus, les écorecharges sont souvent présentées comme étant recyclables.

Il convient cependant de prendre en compte certains aspects négatifs. Les enseignes de grande distribution augmentent souvent le prix des écorecharges par rapport au prix auquel elles les achètent. En exploitant l’aspect environnemental des écorecharges, la grande distribu-tion annihile tout argument économique et rend ainsi les recharges moins avantageuses pour le consommateur. De plus, il peut être noté que les écorecharges permettent une réduction de l’emballage primaire uniquement. La forme des écorecharges peut parfois rendre l’emballage secondaire plus important ou diminuer l’optimisation de l’espace lors du transport. Ainsi, le consommateur peut penser acheter des produits plus écologiques qu’ils ne le sont réellement.

Enfin, les écorecharges sont majoritairement en plastique souple n’étant pas, actuellement, recyclable en quantités industrielles27.

Finalement, le bilan environnemental des écorecharges s’avère relativement positif car celles-ci permettent de faire des réductions conséquentes sur le poids et le volume des embal-lages. Toutefois, le cadre de vente reste actuellement en leur défaveur.

1.5.4 Vrac

Le vrac est un mode de distribution consistant à présenter les produits aux consom-mateurs sans aucun emballage afin de leur permettre de déterminer la quantité leur étant nécessaire. Celui-ci est applicable principalement aux produits sous forme de poudre ou de grains (céréales, café, sucre, lessive en poudre, friandises) et aux fruits et légumes. Cepen-dant, le concept peut être étendu aux liquides grâce à des fontaines distributrices (eau, lait, lessives liquides, produits d’entretien).

Ce type de distribution présente l’intérêt de réduire au maximum le nombre d’emballages car le consommateur utilise, dans ce cas, un unique emballage généralement fourni par le ma-gasin. Dans certains cas le consommateur peut être amené à apporter son propre contenant.

27. Seuls les emballages en plastiques lourd (PET), contenant généralement des fluides (bouteilles ou bi-dons) sont recyclables. Les autres sont soit trop légers, soit composites, c’est-à-dire composés de plastiques difficiles à séparer pour obtenir des matières premières secondaires.

Un reproche pouvant être fait à l’encontre de la distribution en vrac concerne les contenants proposés par les grandes surfaces : des sacs en plastique (donc non recyclables). Cependant, il est à noter que l’utilisation de sacs en papier, présentant un plus grand intérêt écologique en fin de vie (car étant recyclables), nécessite néanmoins davantage d’énergie à la conception ainsi que de grands volume d’eau. Leur intérêt écologique global est donc discutable.

Selon le CNE, la distribution de biens en vrac présente de nombreuses difficultés dans le système actuel. Ces difficultés sont notamment liées à l’adaptation du consommateur à ce mode de distribution. En effet, apporter ses propres contenants et veiller à leur propreté constitue une première contrainte à la mise en place du vrac. De plus, le consommateur doit être informé sur les particularités de ce mode de distribution et les produits distribués. Il convient également de veiller à la conservation de l’intégrité physique et de la qualité du produit. Enfin, le vrac augmente les chiffres de démarque inconnue. Ce terme désigne tous les produits perdus sans être vendus au consommateur, notamment pour des raisons de vol ou de détérioration.

Ainsi, le vrac présente de réels avantages écologiques, mais s’avère contraignant pour le distributeur. Les principaux distributeurs concernés sont les grandes surfaces, se montrant actuellement réticentes au développement de ce mode de distribution (pour les difficultés présentées précédemment).

En France, certains commerces développés au cours des dernières années, prônent la vente sans aucun emballage, comme le magasin La Recharge à Bordeaux. Dans ce type de commerce, le consommateur doit apporter ses propres contenants ou en acheter sur place. Cela demande une réelle adaptation de la part du consommateur, mais présente un avantage écologique indéniable.

2 Critiques du système français de gestion des embal-lages

Plusieurs aspects perfectibles incitent à modifier le système actuel. Si nous souhaitons modifier le système actuellement en place, c’est qu’il existe un certain nombre de dysfonc-tionnements. D’un point de vue environnemental, il révèle de nombreuses faiblesses souvent liées au comportement des acteurs. Avant de proposer une politique publique visant à amé-liorer la situation, les points les moins cohérents avec l’objectif recherché ainsi que les acteurs concernés sont à définir.

2.1 Critique du système

Le système de gestion des déchets en France est géré par l’État et les collectivités, fixant la politique et le cadre réglementaire. Ce système s’avère toutefois perfectible. En effet, il ne tend pas à diminuer la quantité d’emballages produits car le traitement des emballages en fin de vie est favorisé par rapport à la réduction à la source. L’apparition du logo Triman en 2015 illustre cette situation, le but étant d’améliorer le tri sélectif en vue d’augmenter le recyclage des matériaux. D’autre part, le taux de recyclage des déchets s’élève seulement à 66 % actuellement, tandis que cette forme de revalorisation matière est considéré comme un élément clé du développement durable. Un manque de communication est également constaté entre le grand public, en tant que consommateur, et les collectivités. En effet, le sondage réalisé (cf résultats du sondage) a montré que les consommateurs sont peu informés de la signification des logos. Ainsi le logo Triman, apparu cette année pour informer sur la recyclabilité des emballages, n’est pas connu du grand public.

Dans le document Sommaire. Introduction 7 (Page 34-41)

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