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2. RÉALISATION COLLECTIVE DE L’AMPLEUR DU PROBLÈME

2.3. Gestion des plastiques en fin de vie

2.3.1. Récupération des plastiques dans les océans

Les initiatives de collecte des plastiques dans les océans font appel au développement de nouvelles techno- logies permettant de récupérer, le plus efficacement possible, le brouillard de plastique de format varié flot- tant dans les gyres. En effet, plusieurs ingénieurs ont imaginé des appareils flottants voués à rassembler les résidus et les ramener à terre. C’est notamment le cas pour le système de The Ocean Cleanup, qui, comme illustré à la figure 2.2, utilise les forces naturelles de la mer pour concentrer les plastiques présents en surface de l’eau. En déployant une flotte de ces appareils flottants de 600 mètres de long, munis d’une jupette de trois mètres de profondeur, l’organisation estime qu’il prendrait cinq ans pour parvenir à nettoyer la moitié des débris présents dans le gyre du Pacifique. (The Ocean Cleanup, 2019a) Le projet The Manta, pour sa part, consiste à récupérer les plastiques flottants à l’aide d’un navire hybride et autonome (The Sea Cleaners, s.d.). Alors que cette initiative cible les déchets présents dans les océans, certaines autres, comme Ocean Plastic Recovery, cherchent à attraper les résidus directement à l’embouchure des rivières où ils se déversent (4Ocean, 2019). Le concept de barrière de Sea Defence Solutions, The Blue Barriers, présente un objectif semblable, soit celui d’intercepter les résidus de plastique flottant dans les rivières et les autres cours d’eau (Dalmonte, 2018).

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Figure 2.2 Système de récupération des déchets en mer de The Ocean Cleanup (tiré de : The Ocean Cleanup, 2019b)

Partout dans le monde, les États réalisent l’ampleur du problème et les impacts que la pollution de leurs cours d’eau a sur l’industrie touristique, par exemple. La figure 2.3 présente un appareil de récupération des déchets sur le Yangtse, en Chine, pour offrir un environnement plus agréable aux touristes navigants sur ses eaux. Sur la figure 2.4 se trouve un appareil conçu pour nettoyer le port de Baltimore, lequel utilise l’énergie solaire et les forces hydriques pour fonctionner et récupérer les débris présents dans l’eau. Depuis sa mise en marche en 2014, ce dernier a collecté 1 150 tonnes de déchets, principalement du plastique comme des sacs, des bouteilles et des mégots de cigarettes (Mr Trash Wheel, s.d.; ShareAmerica, 2017).

Figure 2.3 Équipement de récupération des déchets sur le fleuve Yangtze, en Chine (tiré de : Sylvie Trudel, courriel, 30 mars 2019)

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Figure 2.4 Mr Trash Wheel, récupérateur mécanique de déchets au port de Baltimore (tiré de : ShareAmerica, 2017)

Dans les pays en voie de développement, l’absence de système de collecte public est souvent la cause principale de l’échappement des débris de plastique dans les cours d’eau, vers les océans. C’est pourquoi certaines organisations tentent de s’adapter au contexte social et économique de ces régions en proposant des systèmes de collecte offrant des bénéfices aux populations impliquées; l’idée, c’est de donner une valeur à ces déchets pour les transformer en une ressource. C’est le cas pour le projet Plastic Bank, qui rachète ou échange les matières recyclables que des citoyens d’Haïti, des Philippines et de l’Indonésie ramènent et les recycle pour les vendre sous le label de plastique social. Selon les fondateurs, l’idée se base sur le principe que « le plastique peut être trop précieux pour pénétrer dans l’océan » (traduction libre de : Dimoff, 2017, 19 novembre). Certaines initiatives ont également pour but d’intégrer certains groupes marginalisés de la population dans les pays industrialisés pour les impliquer dans le nettoyage de l’environnement en les incitants à récupérer les matières recyclables, dont le plastique. À Vancouver, l’ONG United We Can gère, depuis 1995, un centre de dépôt des contenants consignés pour accompagner les travailleurs informels dans la collecte de ces résidus et leur permettre de percevoir les consignes (United We Can, s.d.). Un peu partout dans le monde, toutes sortes de stratégies sont imaginées pour faire en sorte que le citoyen rapporte ses contenants de plastique et ne les abandonne pas dans la nature. À Surabaya, en Indonésie, par exemple, les citoyens peuvent se procurer des billets d’autobus en rapportant des contenants ou des bouteilles de plastique consignés. Conscients de leur responsabilité en termes de pollution par le plastique dans les océans, c’est dans le but d’éduquer la population et de leur offrir un environnement plus sain que les décideurs ont adopté ce modèle (Reuters, 2018, 23 octobre).

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Enfin, pour compenser les systèmes de collecte déficients, des organismes, des entreprises et des citoyens organisent et coordonnent des corvées de nettoyage des plages dans le but de sensibiliser la population et d’empêcher que davantage de résidus de plastique ne se retrouvent dans les océans, tout en protégeant les écosystèmes côtiers. C’est la mission portée par l’organisme Ocean Conservancy, qui organise, année après année, et ce depuis plus de 30 ans, l’International Coastal Cleanup. Ce grand nettoyage invite les gens à se rassembler pour récupérer les débris présents sur les plages et les documenter via l’application officielle. (Ocean Conservancy, 2019) Au Canada, des initiatives similaires se tiennent périodiquement, comme le grand nettoyage des rivages canadiens chapeauté par le Fonds mondial pour la Nature (WWF) et Ocean Wise. Cette campagne offre un accompagnement aux citoyens pour organiser des corvées de nettoyage dans leur région et collecter quelques données (Le grand nettoyage des rivages canadiens, 2019). Au Québec, la Mission 10 tonnes est née dans l’idée de retirer 10 tonnes de déchets des environnements aquatiques, avec comme point de départ le fleuve Saint-Laurent. Atteignant son objectif plus rapidement que prévu – en seulement 75 jours – le projet a récemment adopté le nom Mission 100 tonnes.

En plus de ces événements collectifs, des citoyens décident de mettre la main à la tâche de manière indivi- duelle, en espérant porter le rôle d’inspirateur pour d’autres. C’est le cas de Shawn Bath, un plongeur terre- neuvien, qui a pris une année sabbatique pour s'investir dans le nettoyage des eaux près de sa ville, Bay Roberts. En moins d’un an, il a récupéré plus de 1000 pneus, des filets de pêche, des bouteilles et des électroménagers. (Moore, 2019, 26 mars)

Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent pour récupérer les plastiques laissés à l’abandon dans l’environ- nement, que ce soit sur les rivages, les plages ou directement dans les océans. Toutefois, aussi important soit-il de récupérer les déchets, toujours faut-il avoir la capacité d’en faire un usage adéquat. C’est ce dont il sera discuté dans la section suivante.