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1. LA PROBLÉMATIQUE DES PLASTIQUES DANS LES OCÉANS

1.4. Les parties prenantes

Une entente internationale efficace saura tenir compte de l’ensemble des parties prenantes impliquées dans toutes les étapes du cycle de vie des plastiques qui atteignent les océans, de la production à la disposition de ceux-ci, en passant par la consommation et la gestion.

1.4.1. Les organisations internationales

Les organisations internationales (OI) sont formées par les États et permettent à ces derniers de coopérer pour répondre à des problématiques mondiales. Elles ont la capacité de rassembler un grand nombre de pays et de les accompagner dans une discussion visant à trouver des solutions communes et efficaces. La capacité des organisations internationales à influencer le comportement de ses membres est relative et dépend de la collaboration de ces derniers. Les OI possèdent leur propre personnalité juridique et doivent se soumettre au droit international au même titre que les États qui les composent (Rambaud, s.d.). En leur propre nom et en fonction du financement qui leur est accordé, les OI peuvent financer de la recherche, prendre position sur des enjeux et encourager les initiatives locales et nationales. Leur vision d’ensemble leur permet de cerner tous les aspects et subtilités liés à une problématique internationale.

1.4.2. Les États nationaux et infranationaux

Les États sont souverains et sont responsables de l’élaboration de lois, de règlements et de plans d’action pour leur territoire. Ce sont eux qui ont les pouvoirs de mettre en application les décisions prises au sein des ententes internationales. Tout dépendamment de la répartition des pouvoirs au sein d’un État, différents paliers de gouvernement peuvent intervenir pour gérer les flux de déchets plastiques à l’intérieur de leurs frontières, pour coopérer et pour prendre des décisions concernant les activités menées sur leur territoire. Par le moyen de différents outils législatifs, les gouvernements ont le pouvoir de bannir ou de réguler l’uti- lisation de certains matériaux, ou encore de baliser leur gestion tout au long de leur cycle de vie. Les États sont également en mesure d’adopter ou d’imposer des incitatifs économiques pour influencer le marché et inciter les entreprises à adapter leurs pratiques. On compte comme instrument les taxes, les charges, les amendes, les pénalités ou encore, les systèmes de consigne (Vince et Hardesty, 2016).

21 1.4.3. Les organisations non gouvernementales

Les organisations non gouvernementales (ONG), pour leur part, sont des regroupements de citoyens du même ou de différents pays qui s’allient pour défendre une cause. Elles peuvent influencer les acteurs, notamment les gouvernements, les entreprises et les citoyens, en exerçant des pressions sur ces derniers et en déployant des campagnes de sensibilisation ou d’éducation. Certaines ONG, comme Greenpeace ou Équiterre, défendent la cause environnementale au sens large en s’associant à différentes causes; d’autres, comme 5 Gyres, The story of stuff project ou Plastic Oceans, s’intéressent spécifiquement à la lutte contre les rejets de plastique dans les océans.

1.4.4. Les entreprises

Parmi les principales entreprises concernées par l’enjeu se trouvent celles de l’industrie des produits d’em- ballages et plastiques, de l’industrie de l’alimentation, de l’industrie du recyclage ainsi que toutes les entre- prises associées à la gestion des matières résiduelles. Par le principe de responsabilité sociale des entreprises (RSE), les différents acteurs du secteur privé, principalement ceux impliqués dans la chaîne de production des plastiques, peuvent contribuer à combattre la pollution en adaptant leurs pratiques et en les rendant plus soucieuses de l’environnement. Une série de certifications permettent aux entreprises de s’orienter vers le développement durable en répondant à des critères spécifiques. Comme le soulignent Vince et Hardesty (2008), « l'image de marque négative est en train de devenir une force motrice majeure qui est exploitée dans le but d'améliorer les matériaux et les technologies d'emballage » (traduction libre de : Secretariat of the Convention on Biological Diversity, 2012, p. 36).

Les plus grandes entreprises, les multinationales, ont l’avantage d’avoir accès au marché mondial par leur présence dans plus d’une centaine de pays à travers le monde. Elles peuvent donc investir dans des cam- pagnes pour la réduction des flux de déchets vers les océans dans plus d’un pays à la fois et coordonner des mouvements de masse. C’est d’ailleurs le cas pour la brasserie Corona Extra qui, implantée dans plus de 180 pays, mène une campagne de nettoyage des plages sur une centaine d’îles (Labatt Breweries of Canada, 2017).

Peu importe les choix des gestion pris par les décideurs, les entreprises sont affectées et doivent s’adapter. L’internalisation des coûts environnementaux par un manufacturier, par exemple, entrainera sans doute une modulation du prix de ses produits. Par conséquent, ces changements se font sentir sur les marchés et sont forcément ressentis par les citoyens.

1.4.5. Les citoyens

Les citoyens sont impliqués puisqu’ils peuvent porter plusieurs rôles; celui de consommateur ou bien de porteur de solutions et d’innovations. Les connaissances qui proviennent des communautés sont également

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appelées savoir profane et sont de plus en plus considérées par les décideurs le temps venu de mettre en place un projet, un programme ou une loi. Les citoyens ont également le pouvoir d’agir dans leur quotidien en modifiant leurs habitudes de consommation et en répondant adéquatement aux exigences de gestion des matières résiduelles (GMR). Comme l’explique Laure Waridel dans son livre Acheter, c’est voter, chaque citoyen peut exercer son pouvoir d’influence par ses achats; il peut donc décider d’éviter le plastique, par exemple, lorsqu’il fait ses courses. Ainsi, il envoie un message clair aux commerçants et aux entreprises en refusant certains produits. (Équiterre, 2018; Lambert-Chan, 2016, 28 novembre) Enfin, les citoyens ont la capacité de se mobiliser pour faire entendre leur voix auprès des différents acteurs.

1.4.6. La communauté scientifique

Les données et la recherche fournies par la communauté scientifique sont cruciales pour guider les décisions des acteurs susmentionnés. Alors que, d’une part, se trouve le savoir profane, d’autre part se trouve le savoir scientifique qui étudie en profondeur la problématique, ses enjeux et ses impacts sous toutes ses coutures. Le défi réside dans la compréhension et la vulgarisation de ces connaissances pour qu’elles soient acces- sibles aux décideurs et à la société civile et que des ponts se créent entre les scientifiques et les autres parties prenantes associées à la pollution plastique (Vince et Hardesty, 2016). En un sens, la communauté scienti- fique détient le fardeau de la preuve lorsqu’il est question de problématiques environnementales soulevant la controverse ou le doute au sein de la population.

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