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Les précédents chapitres nous ont permis d’identifier quelques éléments qui, selon nous, ont contribué au succès du Journal d’Aurélie Laflamme. Cependant, les thématiques qui y sont abordées, les valeurs qui y sont véhiculées et les caractéristiques du personnage central ne peuvent, à elles seules, expliquer le succès de cette série pour adolescentes. S’il existe présentement une tendance à privilégier la littérature sérielle et les journaux intimes de fiction, ces types d’écrits, bien que présentant des avantages recherchés tant par les lecteurs que par les éditeurs, ne sont pas garants d’un succès en librairie.

Même si tous ces éléments ont contribué au succès de la série « Aurélie Laflamme », une question demeure. Comment la série d’India Desjardins est-elle parvenue à séduire les adolescentes d’ici et d’ailleurs, tout en se démarquant des nombreux ouvrages similaires? Quelle spécificité a permis à cette série de se différencier des journaux intimes imaginaires publiés en abondance et des nombreuses séries pour adolescentes? De toute évidence, ce qui est unique au Journal d’Aurélie Laflamme, c’est, sans conteste, l’auteure du Journal d’Aurélie Laflamme.

India Desjardins est la première responsable du succès de sa série destinée aux adolescentes. Nos recherches nous ont effectivement permis de montrer qu’elle joue un rôle central dans le succès de la série. En plus d’apprécier son style d’écriture et sa vision des adolescents, les jeunes filles ont été attirées par sa personnalité et ont vu en elle une adulte qui a su garder son cœur d’adolescente.

Dans ce chapitre, nous nous attardons à l’image médiatique d’India Desjardins, à la posture particulière qu’elle présente au public et aux journalistes, tout en nous intéressant à l’importante diffusion médiatique dont a joui le Journal d’Aurélie Laflamme. Nous nous interrogerons sur la proximité que l’auteure a su développer avec ses lectrices, entre autres, grâce aux médias sociaux. Ces outils l’ont servie pour entretenir une relation complice avec son public cible, pour interagir avec lui. Nous verrons que cette proximité avec le lectorat lui a encore permis d’offrir aux adolescentes des histoires qui soient à leur image.

Exposition médiatique importante

Le Journal d’Aurélie Laflamme est assurément l’une des œuvres québécoises pour la jeunesse les plus populaires ces dernières années. Le succès de la série est indéniable. Les chiffres de vente1 et les

1 Il est difficile de déterminer avec exactitude les véritables chiffres de vente d’un roman. Dans le cas du Journal d’Aurélie

Laflamme, un article publié en 2014 fait état d’environ 850 000 exemplaires écoulés pour les huit tomes, au Québec

longues files d’attente, dans les salons du livre, de jeunes filles désireuses de rencontrer l’auteure, témoignent assurément de l’ampleur du phénomène Aurélie Laflamme / India Desjardins. À ce sujet, dans un article évoquant des souvenirs de ces salons, le romancier Stéphane Dompierre affirme que, pendant qu’il « attendait [s]es lecteurs, assis à [s]a table à ne rien faire […], India Desjardins se ruinait le tunnel carpien à force de signer autant de dédicaces2 ». Pour la rencontrer, les jeunes filles peuvent attendre au-delà de deux heures3.

Elle affirme même qu’au moins une fois, lors du Salon du livre de Montréal, il lui a fallu recourir aux services de « bodyguards 4». Malgré une importante popularité, elle n’est toutefois pas sans oublier l’époque, « au

début d’Aurélie Laflamme, [où] il n’y avait pas de file d’attente5 ».

Certes, la série suscite, chez le public cible, un vif intérêt. Il est cependant justifié de se demander pourquoi cette série a reçu une telle exposition médiatique. Cette importante diffusion est-elle due au succès remporté par la série dès son lancement ou bien est-ce plutôt le succès populaire qui, à l’inverse, résulte de l’impressionnante exposition médiatique? Voilà qui mérite notre attention.

Diffusion médiatique de la série « Aurélie Laflamme » et des ouvrages de l’auteure

Depuis les journaux de quartier jusqu’aux magazines populaires en passant par les revues littéraires, la série de Desjardins a fait l’objet d’une couverture médiatique aussi vaste que variée. Invitée à deux reprises sur le plateau du populaire talk-show Tout le monde en parle, mais aussi à une foule d’émissions de toutes sortes, elle a bénéficié d’une visibilité que peu d’auteurs jeunesse peuvent se targuer d’obtenir. Mais pour quelle raison?

Il va sans dire que cette auteure a déjà exercé le métier de journaliste au Journal de Montréal et au magazine Cool!, deux postes qui lui ont assurément permis de se construire un important réseau de contacts dans le monde médiatique. Sa collaboration au magazine Cool! lui a en outre fourni l’occasion de se faire connaître (et reconnaître) du public adolescent. À ce sujet, nous avons constaté que son premier roman pour adultes, Les aventures d’India Jones, a obtenu, en 2005-2006, la quatrième position du Palmarès Communication-Jeunesse des livres préférés des jeunes6. Publié avant la série « Aurélie Laflamme », ce

roman n’est pourtant pas destiné aux adolescents. Le site Internet officiel du Journal d’Aurélie Laflamme indique même que ce roman, « puisqu’[il] raconte l’histoire d’amour d’une fille de 28 ans, […] n’est pas

Huffington Post Québec, 31 mars 2014, [en ligne]. http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/03/31/journal-aurelie-laflamme-

deuxieme-film-verra-bientot-jour_n_5066260.html [Texte consulté le 8 août 2014].

2 [Anonyme] « Des livres et des gens », dans La Presse, cahier Arts et spectacles, 16 novembre 2012, p. 4.

3 Karyne Lefebvre, « Salon du livre : toute la vérité (2e partie) », dans Têtes d’affiche, 6 octobre 2012, [en ligne].

http://blogues.radio-canada.ca/tetesdaffiche/tag/india-desjardins/ [Texte consulté le 4 août 2014].

4 Id. 5 Id.

6 Communication-Jeunesse, Palmarès Communication-Jeunesse des livres préférés des jeunes. [en ligne].

recommandé aux moins de 12 ans7 ». Ainsi les lectrices se sont tournées vers un roman qui ne leur était pas a

priori destiné, simplement parce qu’elles connaissaient bien l’auteure et qu’elles avaient envie, après avoir lu ses articles dans le magazine Cool!, de plonger dans son premier roman. Elle jouissait d’une certaine notoriété auprès des adolescentes, ce qui lui a sans doute permis de rejoindre un public plus vaste que si elle avait été une pure inconnue.

Même si elle a mis un terme à sa série pour adolescentes en 2011, Desjardins n’a pas pour autant délaissé le monde de l’écriture. Elle a, depuis ce temps, rédigé trois nouvelles littéraires, publié deux bandes dessinées et un conte de Noël illustré. Elle a également fait paraître un recueil regroupant tous ses textes parus dans le magazine Cool!, sous le titre Le journal intime de Marie-Cool. Ces ouvrages ont, eux aussi, connu une diffusion médiatique importante. Son premier roman, Les aventures d’India Jones, publié lui aussi aux Intouchables, ne semble pas avoir retenu autant l’attention des médias lors de sa parution. À cette époque, Desjardins était pourtant une journaliste connue et appréciée de ses lectrices et lecteurs et avait ses entrées dans le monde des médias.

À ce propos, un article, publié à l’époque pré-Aurélie, traite de ce roman et de celui Rafaële Germain,

Soutien-gorge rose et veston noir8. Nous avons établi une certaine ressemblance entre ces deux ouvrages de

chick lit, les premiers du genre au Québec9, parus presque simultanément10. Toutefois, bien que ces deux

œuvres aient été publiées à trois mois d’intervalle et qu’elles abordent des thématiques similaires, celle de Germain a joui d’une couverture médiatique plus importante. De nombreux articles publiés sur l’auteure n’hésitent pas à rappeler « le succès monstre11 » remporté par son premier roman. Une adaptation

cinématographique de ce roman est d’ailleurs en préparation12.

Il est vrai que Germain était elle aussi bien connue du milieu médiatique. Peut-être même plus que Desjardins. Elle tenait une chronique à La Presse en plus d’occuper un poste de scripteure pour la télévision13.

Outre son expérience dans le monde des médias, elle est la fille de Francine Chaloult, attachée de presse de nombreux artistes québécois, dont Céline Dion, et de l’auteur Georges Hébert-Germain14. C’est d’ailleurs

« l’éditeur de son père […] [qui] lui [a] suggéré d’écrire un livre dans le style du Journal de Bridget Jones15 ».

7 Nous avons consulté la section « Auteure » du site officiel de la série Le journal d’Aurélie

Laflamme : http://aurelielaflamme.com/livres/auteure/ [Site consulté le 7 juillet 2014].

8 Marie-Claude Fortin, « Romans de filles », dans La Presse, 16 janvier 2005, section Lecture, p. 1-2. 9 Marie-Pier Luneau, « Georgia, Mia, India… clones de Bridget? », op. cit., p. 177.

10 Soutien-gorge rose et veston noir est paru en octobre 2004 et Les aventures d’India Jones, en janvier 2005.

11 Jean-Yves Girard, « Des nouvelles de Rafaële », dans Châtelaine, 16 avril 2012, [en ligne]. http://fr.chatelaine.com/art-

de-vivre/culture-art-de-vivre/des-nouvelles-de-rafaele/ [Texte consulté le 22 juillet 2014].

12 Id. 13 Id. 14 Id. 15 Id.

Ses romans obtiennent alors une belle visibilité et sont très populaires auprès du public16. Le roman de

Desjardins semble avoir été éclipsé par celui de Germain.

Il est ainsi possible de croire que la couverture offerte à India Desjardins, lors de la parution de sa série pour adolescentes, était semblable à celle qu’elle a reçue lors du lancement de son premier roman. Les articles traitant des deux premiers tomes ne sont pas nombreux même si Sonia Sarfati17, lors de la parution

simultanée des tomes un et deux, vante la série et prédit son succès. Pour Sarfati, India Desjardins a donné « naissance à ce qui pourrait devenir le prochain gros succès québécois en librairie18 ».

Bien qu’il soit difficile de déterminer avec exactitude le moment où la série est devenue incontournable pour les adolescentes québécoises, il nous a semblé, lors de nos recherches, que la majorité des articles publiés sur la série l’avaient été en raison du succès remporté et non pas en poursuivant l’objectif de la faire découvrir aux jeunes lecteurs. Outre l’article de Sarfati, très louangeur, celui de Geneviève Turcot, publié au moment de la parution des deux premiers tomes, propose une description de la série et un entretien avec l’auteure19.

Ainsi, Desjardins n’a pas reçu une large diffusion médiatique pour sa série « Aurélie Laflamme » simplement grâce à ses contacts dans l’univers médiatique. Les médias ont accordé une couverture importante au Journal d’Aurélie Laflamme en raison du succès impressionnant de cette série remporté auprès des adolescents, et non par faveur à son auteure. Sa présence dans les médias est le résultat du succès populaire de ses romans, puisque c’est seulement une fois que le succès de la série a été indéniable que la couverture médiatique est devenue impressionnante. Cela a permis à la série de se faire davantage connaître par le public cible et par les parents acheteurs. La couverture médiatique accordée à la série en raison de sa popularité a permis de rejoindre un public encore plus vaste qu’il ne l’était déjà.

Aujourd’hui, les romans de Desjardins sont abondamment commentés, dès leur parution. Il est évident que le succès de l’auteure lui a permis de devenir une véritable personnalité médiatique. Les jeunes lectrices lui sont fidèles et sont avides de connaître ses nouveaux projets. Les médias, de leur côté, apprécient ses ouvrages.

16 L’article de Jean-Yves Girard fait état de près de 100 000 exemplaires écoulés.

17 Sonia Sarfati, « Le journal d’Aurélie Laflamme. Attention, succès à l’horizon! », dans La Presse, cahier Arts et

spectacles, 15 septembre 2006, p. 1 et 8.

18 Ibid., p. 1.

L’adaptation du premier tome au cinéma : des auditions publiques médiatisées

Nous avons précédemment traité de l’intérêt de réaliser des adaptations cinématographiques d’ouvrages littéraires. Cette technique permet de rejoindre de nouveaux lecteurs, voire d’encourager certains jeunes à la lecture. Elle offre aux ouvrages une visibilité nettement plus importante que celle qu’ils reçoivent habituellement. L’adaptation cinématographique du Journal d’Aurélie Laflamme, qui a provoqué tout un battage médiatique, a assurément permis de rejoindre de nouveaux lecteurs. Comme nous l’avons mentionné dans le précédent chapitre, le film inspiré du Journal d’Aurélie Laflamme a joui d’une importante couverture médiatique, puisque des auditions publiques ont été tenues pour combler les rôles d’Aurélie et de Kat, sa meilleure amie. Le nombre de personnes à avoir manifesté leur intérêt pour les rôles aux producteurs est impressionnant20.

Certains ont toutefois reproché à la production d’avoir tenu de telles auditions pour finalement confier le rôle d’Aurélie Laflamme à Marianne Verville, la fille du comédien Pierre Verville21. S’opposant à la théorie du

coup monté, cette dernière affirme : « Y’en a effectivement qui pense que j’ai obtenu ce rôle parce que je suis la fille de Pierre Verville. Je confirme que ce n’est pas un coup monté et que les attaques personnelles à ce sujet sont très injustes. C’est India qui m’a choisie sans même savoir mon nom22 ».

Effectivement, India Desjardins affirme avoir eu un coup de cœur en voyant la photo de Marianne Verville dans un tas de photographies fournies par des agences de casting. Selon la version officielle : « Le temps pressait et il ne restait plus que trois semaines avant le début du tournage quand India Desjardins est tombée, par hasard, sur une photo de Marianne qu’une agente de casting avait laissée traîner sur son bureau par mégarde. L’auteure a saisi la photo et s’est exclamée : “Elle est cute, elle…” Une audition a été fixée, et bingo!23 » Malgré les questionnements que ces auditions publiques ont suscités, elles ont tout de même

permis aux producteurs de confier le rôle de Kat à Geneviève Chartrand, une admiratrice de la série24.

Il est impossible de déterminer avec certitude si les auditions publiques, qui ont assurément procuré une visibilité intéressante au film, se sont tenues simplement dans le but de le promouvoir. L’idée de tenir de telles auditions semble être venue de Desjardins elle-même, qui souhaitait découvrir de nouveaux talents. Voici d’ailleurs ce que la romancière affirmait durant le processus d’auditions : « On cherche Aurélie Laflamme

20 Josianne Desloges, « “Vous êtes toutes mes Aurélie!” », op. cit., p. 5.

21 Michelle Coudé-Lord, « Il n’y a pas eu de coup monté », dans Le Journal de Montréal, 15 avril 2010, [en ligne].

http://fr.canoe.ca/divertissement/cinema/nouvelles/2010/04/15/13596531-jdm.html [Texte consulté le 2 août 2014].

22 Id.

23 Maxime Demers, « Marianne Verville : Aurélie Laflamme, c’est elle! », dans Rue Frontenac, 21 avril 2010, [en ligne].

http://exruefrontenac.com/spectacles/cinema/21343-marianne-verville-aurelie-laflamme-entrevue [Texte consulté le 13 août 2014].

et c’était super important qu’Aurélie soit un nouveau visage, j’avais envie de vraies ados25 ». Il importe peu de

savoir s’il s’agissait d’un désir de l’auteure d’offrir, à de nouveaux acteurs, leur premier rôle à l’écran ou encore d’un coup monté publicitaire. Nous pouvons toutefois affirmer que ces auditions publiques médiatisées ont assuré au film une visibilité intéressante, et ce, bien avant sa sortie en salles.

L’auteure et ses lectrices : une proximité simplifiée

Le journal d’Aurélie Laflamme : un phénomène qui traverse les frontières

Il n’y a pas qu’au Québec que Le journal d’Aurélie Laflamme a des admirateurs. Depuis que la série est publiée en France, aux éditions Michel Lafon, elle ne cesse de gagner en popularité. À titre d’exemple, le troisième tome, Un été chez ma grand-mère, s’est hissé, dès sa parution en territoire français, en « première position du palmarès des ventes pour les romans 12 ans et plus de la FNAC26 ». Pour Elsa Lafon, l’éditrice,

française d’India Desjardins, « la FNAC est l’équivalent de Renaud-Bray. Ce sont des librairies puissantes et prestigieuses, c’est aussi l’enseigne leader pour les produits culturels en Europe (58 magasins en France)27 ».

La maison accorde beaucoup d’importance à ce classement, puisqu’il « prouve surtout qu’Aurélie Laflamme a déjà fidélisé un nombre considérable de lectrices qui attendent la suite impatiemment (c’est ce qui explique une première place dès la sortie)28 ».

L’avenir de la série en France était toutefois incertain : « Au début, la maison Lafon avait accepté de signer pour les deux premiers tomes. La prudence était de mise. Mais devant l’intérêt des jeunes, en France, pour Aurélie, l’éditeur a décidé d’acheter toute la série, c’est-à-dire les huit tomes29 », et semble effectivement

satisfait du succès remporté par la série en France. Dorothy Aubert, responsable du service éditorial pour Michel Lafon, affirme d’ailleurs : « Quand le livre est sorti, il est entré assez rapidement dans le top des séries françaises […] Ça se passe plutôt bien et on est assez confiants pour l’avenir. Les ventes des quatre premiers tomes s’élèvent à 80 000 exemplaires, ce qui est pas mal!30 » Si certains étaient hésitants à la publication, ce

n’était pas le cas d’Elsa Lafon, l’éditrice. Elle affirme :

Les thématiques abordées dans l’univers d’Aurélie transcendent les frontières. Je pense que les chagrins d’amour, les disputes avec la meilleure amie, la quête d’identité sont universels pour les ados. On est tous confrontés aux mêmes problèmes entre l’âge enfant et l’âge adulte : les

25 Marie-Claude Forest, « Le journal d’Aurélie Laflamme : où se trouve Aurélie? », dans Le Journal de Montréal, 28 juillet

2009, [en ligne]. http://fr.canoe.ca/divertissement/cinema/entrevues/2009/07/28/10292776-ca.html [Texte consulté le 13 août 2014].

26 Marie-France Bornais, « India Desjardins : no 1 en France », dans Le Journal de Québec, 26 juin 2011, p. 72. 27 Id.

28 Id.

29 Michelle Coudé-Lord, « Aurélie séduit la France », dans Le Journal de Québec, 30 novembre 2011, p. 50. 30 Raphaël Gendron-Martin, « Aurélie envahit Paris », dans Le Journal de Québec, 6 décembre 2011, p. 45.

conflits avec les parents et les professeurs, l’affirmation de soi, tout ça est universel. Je serais surprise qu’Aurélie Laflamme ne prenne pas en France31.

L’auteure a aussi participé à quelques reprises au Salon du livre et de la presse jeunesse Seine-Saint-Denis (Salon du livre de Montreuil). Il va sans dire que les files d’attente pour la rencontrer sont moins longues que dans les salons du livre québécois. Malgré cela, « tous les tomes un du Journal d’Aurélie Laflamme en vente au kiosque se sont envolés, durant le week-end32 ». Lors de sa première visite, elle avait fait la connaissance

de « jeunes blogueuses33 » qui sont venues la revoir l’année suivante. Desjardins constate qu’elle et de jeunes

Françaises ont « développé un lien grâce aux réseaux sociaux34 ». Pour les éditions Michel Lafon, il apparaît

évident que, « en tant qu’auteur, India Desjardins a su conquérir le cœur des jeunes Françaises grâce à son style moderne et ses histoires pétillantes et sensibles35 ». Elle s’est créé un réseau d’admiratrices françaises,

réseau qu’elle peut entretenir grâce aux médias sociaux. Nous analyserons cet aspect plus en profondeur dans les prochaines sections du chapitre.

La série de Desjardins est aussi appréciée par de jeunes lectrices ailleurs sur le globe. En 2013, l’auteure s’est rendue en Haïti pour rencontrer « des adolescentes qui, pour beaucoup, avaient lu sa populaire série36 ». Lors du Salon du livre de Montréal, elle avait fait la connaissance de Gary Victor, un écrivain haïtien,

spécialisé dans les histoires d’horreur. Elle lui avait donné les deux premiers tomes de la série après avoir appris, en discutant avec lui, que sa fille s’appelait Aurélie37. Elle a dû, par la suite, faire parvenir à cette

Aurélie les autres tomes de la série tant elle était tombée sur le charme du personnage central. C’est Victor lui-même qui l’a invitée aux rencontres québécoises en Haïti, en lui adressant ce mot : « Quand j’ai dit à ma fille qu’un groupe d’écrivains québécois entrait en Haïti, elle m’a immédiatement demandé si tu venais. Je lui ai répondu que je ne savais pas. Elle a planté son regard dans le mien en me disant : il faut qu’India Desjardins vienne. Elle m’a aussi dit que beaucoup de jeunes espèrent te voir ici38 ». D’ailleurs, à la suite du

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