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Aurélie Laflamme, l’ado ordinaire : étude du personnage central

L’histoire racontée dans un roman doit, bien évidemment, parvenir à séduire le lectorat visé. Il ne faut cependant pas oublier que le personnage principal doit, lui aussi, être construit de manière à capter l’intérêt du lecteur. Celui-ci peut arriver à séduire le lectorat par ses valeurs, par ses habitudes, par sa façon de parler et, parfois même, par son sens de l’humour. Aurélie Laflamme est assurément une héroïne moderne qui est parvenue à se démarquer des autres personnages féminins habituellement mis en scène dans la littérature pour adolescentes. Même si « les auteures semblent toutes s’accorder pour mettre en scène une héroïne commune, sans artifice, et participent toutes ainsi au même discours qui glorifie l’ordinaire1 », Aurélie, malgré

sa normalité, a une personnalité pétillante. Elle est maladroite, rigolote et, surtout, elle est elle-même, une jeune fille capable de traverser les obstacles du quotidien.

Ce chapitre nous permettra de mettre en lumière les éléments, présents chez Aurélie, qui parviennent à séduire les lectrices. Que se soit par son attitude, par sa façon de communiquer ou encore par ses préférences culturelles, Aurélie permet à bon nombre d’adolescentes de voir, dans ses aventures, un reflet de leur propre vie.

Ce qu’elle est, comment elle s’exprime

Maladroite, comique et ordinaire : quand la maladresse donne du charme

Aurélie Laflamme est une adolescente ordinaire et sa vie n’est aucunement extravagante. Il est toutefois difficile pour la jeune fille de passer plus d’une journée sans faire une gaffe, car l’univers semble s’acharner sur elle. À ce propos, Rhéa Dufresne constate l’omniprésence des héroïnes maladroites dans la littérature contemporaine pour adolescentes : « Deux aspects ressortent de l’observation de ces héroïnes. Premièrement, elles sont très souvent maladroites et accumulent gaffe sur gaffe. C’est donc dire que, lorsqu’elles ont des défauts, ils sont en général attendrissants ou rigolos; exit les vilains défauts comme la jalousie, l’envie et la mesquinerie, qu’on laissera plutôt aux rivales2 ».

Effectivement, chez Aurélie, on ne remarque pas de défauts apparents, outre sa maladresse légendaire. Au fil de la série, elle multiplie les gaffes, particulièrement en présence de Nicolas. D’ailleurs, lorsque ce dernier rompt avec elle pour la première fois, dans Sur le point de craquer!, Aurélie reçoit une crotte

1 Marie Fradette, « Le roman québécois pour adolescentes depuis 1940 jusqu’aux années 2000 », op. cit., p. 13. 2 Rhéa Dufresne, « Que lisent les filles? », op. cit., p. 7.

d’oiseau sur la tête3. Elle restera longtemps traumatisée par cet évènement. Dans Le monde à l’envers,

l’adolescente est la seule à s’être déguisée pour se rendre à l’école lors de l’Halloween :

HUMILIATION SANS FIN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Je pourrais remplir trois pages de points d’exclamation que ça ne me permettrait pas d’exprimer à quel point j’exclame mon émotion d’humiliation.) Je suis actuellement dans mon cours de sciences physiques. Et je suis la seule de déguisée. LA SEULE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Idem pour les points d’exclamation)4.

Dans son quotidien, Aurélie constate qu’elle est la seule à jouer de tant de malchance. Un jour, elle remarque que Kat a un morceau de papier de toilette collé sous sa chaussure. La jeune fille, qui juge que Kat doit, à son tour, vivre une situation humiliante, choisit de se taire. Toutefois, le papier coincé se décolle instantanément du soulier de Kat. L’héroïne est convaincue qu’elle n’aurait pas eu cette chance : « Dans son contrat de vie, elle avait sûrement un meilleur arrangement que moi à la clause “honte et humiliation”5 ». Les nombreuses

maladresses de l’héroïne permettent à l’auteure de laisser une place importante à l’humour dans sa série. Malgré ses incalculables gaffes, Aurélie tente toujours de regarder la vie d’une façon positive. Elle observe le monde qui l’entoure et n’hésite pas à faire des remarques sarcastiques lorsqu’elle le juge nécessaire. Dans Plein de secrets, alors que France commence à élever la voix parce qu’elle réalise, en trouvant un bouchon de bière derrière le divan, qu’Aurélie a organisé un party en son absence, la jeune fille réplique : « Heille, j’ai hâte d’être une adulte, c’est effrayant, moi! […] Parce que vous vous souvenez de ce qu’il y a derrière les meubles! Ça doit être vraiment relaxant d’avoir toute cette place dans votre esprit!6 »

Même si elle juge qu’elle n’a pas vraiment le sens de la répartie7, elle est malgré tout en mesure de servir, dès

qu’elle en voit la nécessité, des répliques parfois assassines, souvent teintées d’humour. Lorsqu’elle rédige des travaux scolaires, Aurélie ne met pas de côté son sens de l’humour. Son professeur de français lui en fait d’ailleurs la remarque : « Tu sembles être quelqu’un qui cache ses émotions grâce à une certaine dose d’humour8 ». Dans son étude sur les romans pour adolescentes, Rhéa Dufresne constate par ailleurs

que : « Quels que soient l’âge des lectrices visées et les thèmes abordés, certaines auteures emploient un ton humoristique et donnent à leur héroïne un regard un brin sarcastique sur le monde qui les entoure9 ».

Cette idée de recourir à l’humour dans les romans pour adolescentes semble être répandue. Les recherches de Joanna Webb Johnson font ressortir certains éléments susceptibles d’expliquer ce phénomène : « By employing humor, […] YA [Young Adult] literature offers an approachable path to

3 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Sur le point de craquer!, op. cit., p. 214-215. 4 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Le monde à l’envers, op. cit., p. 160. 5 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Ça déménage!, op. cit., p. 261. 6 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Plein de secrets, op. cit., p. 205.

7 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Un été chez ma grand-mère, op. cit., p. 97. 8 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Plein de secrets, op. cit., p. 79.

understanding the challenges associated with leaving childhood and accepting adult responsibility10 ». Tel que

déjà mentionné, Aurélie aspire à trouver sa place dans l’univers. Elle approche de l’âge adulte, ce qui n’a rien pour la rassurer. Après tout, elle ignore ce qu’elle souhaite devenir. Le recours à l’humour vient, en quelque sorte, désamorcer ce passage difficile de l’adolescence à l’âge adulte.

L’omniprésence de l’écriture humoristique dans la littérature pour adolescentes peut sans doute s’expliquer par une volonté de créer un rapprochement entre ces romans et ceux qui font partie de l’univers de la chick lit, un genre qui jouit actuellement d’une importante popularité. Marie-Pier Luneau affirme d’ailleurs : « Il faudrait […] être aveugle pour ne pas voir, notamment dans le paratexte, une volonté d’associer ces livres [romans pour adolescentes] au courant de la chick lit pour adultes, moyennant des adaptations pour un public plus jeune11 ». À première vue, il peut paraître étrange de classer la série d’India

Desjardins dans un genre, reconnu comme tel avec la parution du roman Bridget Jones d’Helen Fielding, qui met l’accent sur la recherche de l’amour, sur la mode et sur une carrière dans le monde des médias moyennement satisfaisante. Pour proposer une définition simple de la chick lit, nous pouvons affirmer qu’il s’agit de romans pour les filles écrits par des filles et qui mettent en scène un personnage féminin central entouré d’amis, doté d’une maladresse digne de mention, coincé dans un célibat chronique et dont la bouteille d’alcool n’est jamais bien loin. Cette définition se rapproche toutefois davantage de la chick lit pour adultes.

Joanna Webb Johnson a proposé le terme chick lit junior pour qualifier les adaptations offertes dans le secteur jeunesse12. Ce genre destiné aux adolescentes se rapproche et s’éloigne à la fois de ce qui est

proposé aux adultes, ce qui en fait un genre aux frontières floues, difficile à définir. Même les spécialistes dans le domaine y classent des œuvres hétérogènes13. Si la série « Aurélie Laflamme » peut faire partie de l’univers

de la chick lit pour adolescentes, c’est, entre autres, en raison de la maladresse du personnage principal, de l’importance qu’Aurélie accorde à ses amis et des couvertures aux couleurs accrocheuses qui rappellent celles des ouvrages pour adultes. Cette littérature séduit assurément un vaste lectorat, puisqu’elle est omniprésente depuis les dernières années. L’idée de proposer un modèle similaire, adapté pour les adolescentes, allait de soi. Elles ont ainsi l’occasion de développer un intérêt pour la chick lit de plus en plus tôt.

10 Joanna Webb Johnson, « Chick Lit Jr. : More than glitz and glamour for teens and tweens », dans Suzanne FERRIS et

Mallory YOUNG [dir.], Chick lit. The new woman’s fiction, New York, Routhledge, 2006, p. 147.

11 Marie-Pier Luneau, « Georgia, Mia, India… clones de Bridget? », op. cit., p. 181. 12 Joanna Webb Johnson, « Chick Lit Jr. », op.cit., p. 141-157.

13 Webb Johnson classe le roman d’Ann Brashares Quatre filles et un jean parmi les romans de chick lit junior. Toutefois,

rien dans ce roman ne laisse croire qu’il pourrait être classé dans cette catégorie. Si l’accent est bel et bien mis sur l’amitié entre quatre jeunes filles, l’humour n’est cependant pas un élément omniprésent.

Cependant, l’héroïne d’India Desjardins est loin d’être un personnage superficiel comme ceux qui peuvent parfois être mis en scène, principalement dans la chick lit américaine pour adolescentes14. Aurélie, tel

que mentionné déjà, est une adolescente au physique ordinaire qui traverse des obstacles du quotidien. Si cette allure sobre permet de rejoindre un vaste lectorat, les héroïnes des romans, elles, perçoivent négativement cette apparence ordinaire. Effectivement, « [t]el un leitmotiv, elles déplorent leurs défauts physiques et leur allure “ordinaire”15 ». India Desjardins tenait cependant à promouvoir un personnage qui ne

place pas l’apparence physique au centre de ses priorités. Elle affirme : « Il m’apparait fondamental qu’Aurélie ne soit pas une fille purement superficielle, et qu’elle ne s’intéresse pas qu’aux apparences. Par exemple, […] mon illustratrice Josée Tellier sait pertinemment que je ne voudrais pas voir Aurélie le ventre à l’air. Je veux qu’elle soit illustrée en jeans et en espadrilles, qu’elle soit finalement à l’image de la plupart des jeunes filles d’ici!16 »

Effectivement, Aurélie n’est pas une adolescente superficielle. Comme une majorité de jeunes filles, elle n’a pas l’allure d’un mannequin. Son apparence physique est totalement normale, comme le démontrent les couvertures des tomes de la série. Même si les huit tomes ne nous dévoilent que peu d’informations sur son apparence, nous pouvons malgré tout constater qu’elle déplore plusieurs de ses caractéristiques physiques. Alors que bon nombre d’adolescentes rêveraient d’être aussi grandes qu’un mannequin, Aurélie, perçoit sa taille de façon négative. Elle affirme d’ailleurs : « [J]e suis une grande asperge17 ». Nous apprenons

également qu’elle n’a aucune ressemblance avec sa mère, ce qui ne l’enchante pas :

Ma mère est vraiment belle. Elle a des cheveux blonds frisés et elle s’en attache toujours une partie sur la tête et, quand elle revient de son travail, elle est en tailleur. […] Tout est petit chez elle : elle a un petit nez, des petits yeux, une petite bouche, sauf ses jambes. Elle a de grandes jambes. C’est d’ailleurs notre seul lien, disons, familial. Plus jeune, j’ai déjà cru qu’elle m’avait adoptée parce que je lui ressemble zéro. J’ai les cheveux raides et châtains et il faudrait me payer cher pour que je m’habille en tailleur!18

Puisqu’elle n’est pas l’objet de longues descriptions, il est facile pour les lectrices de s’identifier à elle. À ce sujet, Daniela Di Cecco note : « Cette banalité physique facilite l’identification de la lectrice au personnage. L’absence de précisions quant à la description physique offre à la lectrice la liberté d’imaginer que l’héroïne lui

14 Nous pouvons, par exemple, penser à la série Gossip Girl de l’auteure Cecily von Ziegesar qui se déroule à Manhattan

dans l’Upper East Side. Cette série met en scène des adolescents, habillés en Prada et en Chanel, provenant de familles très fortunées.

Puisque le personnage d’Aurélie est plus profond, plus développé, que les personnages habituellement mis en scène dans ces types de romans, peut-être pourrions-nous alors parler d’intimate chick lit? Cela permettrait d’éviter la confusion occasionnée par l’utilisation du terme chick lit.

15 Marie Fradette, « De la jambe poilue au nombril percé », op. cit., f. 143.

16 Véronique Alarie, « Le roman québécois pour adolescentes : des auteures responsables », dans Lurelu, vol. 31, n° 1

(printemps-été 2008), p. 102.

17 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Extraterrestre…ou presque!, op. cit., p. 38. 18 Ibid., p. 101.

ressemble, et ce portrait reflète également la tendance des filles de cet âge à être insatisfaites de leur apparence19 ». Cloutier et Drapeau remarquent eux aussi, chez les adolescents, une insatisfaction de l’image

corporelle, principalement auprès de la gent féminine : « Les filles ont une image de leur corps plus négative et différenciée que les garçons. […] Comparativement aux garçons, les filles se trouvent aussi moins attirantes. […] Des études ont ainsi montré que chez les filles, la satisfaction vis-à-vis de l’apparence décline significativement entre 12 et 15 ans20 ». India Desjardins met en scène une adolescente avec un physique

normal, un physique qui ne lui plaît pas vraiment, mais qu’elle apprend à accepter. Si elle ressent parfois le désir de faire comme les autres, Aurélie préfère rester elle-même, « c’est-à-dire une fille totalement déconnectée du reste de la planète21 ».

Il n’en demeure pas moins que la jeune fille vit dans une société centrée sur l’apparence physique. Dans Le monde à l’envers, elle s’apprête à faire sa rentrée scolaire dans une nouvelle école, où le port de l’uniforme n’est pas obligatoire. Alors qu’elle avait l’habitude de ne pas se soucier de son habillement, Aurélie devra accorder davantage d’importance à son style vestimentaire. Pour l’adolescente, ce changement est négatif : « OOOOOOOOOOOH! NOOOOOOON! Maintenant, il faut non seulement que j’aille à l’école et que j’étudie, mais également que je détermine ce que je vais porter. Comme si j’avais besoin de ce stress supplémentaire!22 » Elle ajoute qu’elle passera sa dernière journée de congé à s’assurer que son look pour la

rentrée scolaire soit impeccable :

Debout devant ma garde-robe, je décide que cette journée sera entièrement consacrée à déterminer mon look de demain. La première journée d’école. La plus importante, puisque c’est le jour où tout le monde me verra pour la première fois. C’est là que ma réputation va se jouer. J’aimerais ça changer de réputation. À mon ancienne école, j’avais une réputation de fille, disons, bizarre. Dans la lune. Extraterrestre. Maintenant, j’aimerais avoir l’air d’une fille normale23.

Aurélie aimerait bien que sa mère accepte de lui payer des vêtements griffés pour la rentrée scolaire. Lors d’une séance de magasinage, elle tombe sous le charme d’une jupe Emily the Strange, jupe que sa mère refuse catégoriquement de lui acheter, « prétextant qu’elle ne s’était jamais payé elle-même une jupe de ce prix24 ». Aurélie souhaite tellement porter de beaux vêtements pour sa rentrée scolaire qu’elle va même

jusqu’à proposer à sa mère d’utiliser l’argent que son père lui a laissé en héritage. Sa mère lui répond qu’elle gardait cet argent pour ses études, mais que c’est à elle de décider :

19 Daniela Di Cecco, Entre femmes et jeunes filles, op. cit., p. 133.

20Richard Cloutier et Sylvie Drapeau, Psychologie de l’adolescence, op.cit., p. 51. 21 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Championne, op. cit., p. 292.

22 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Le monde à l’envers, op. cit., p. 28-29. 23 Ibid., p. 29.

Hum… Avoir un super look ou une bonne éducation? Hum… J’ai choisi la bonne éducation… Évidemment. Tu parles d’une décision à me laisser entre les mains! […] Car c’est certain qu’entre les deux, tu ne peux pas choisir le look et passer pour la fille qui serait prête à mettre en jeu son avenir pour avoir un super look à sa nouvelle école. Trop superficiel. (Même si j’ai envisagé cette option un court instant.)25.

Bien qu’elle manifeste un certain intérêt pour la mode et les vêtements de marque, qui se reflète principalement dans Le monde à l’envers, Aurélie ne sera jamais une adolescente superficielle. D’ailleurs, dans Championne, alors qu’elle commence à fréquenter des filles populaires, ces dernières lui font remarquer qu’elle ne se maquille jamais. Après avoir reçu cette remarque, Aurélie décide de faire plus attention à son apparence : « Plus question que j’aille à l’école sans me maquiller. Je suis une femme maintenant. Une femme. Et j’ai bien compris que se maquiller un peu ne fait de tort à personne. Pas que je suis pas jolie sans, c’est juste un bonus, disons26 ». Cette préoccupation ne sera toutefois que temporaire : « On dirait que, ces

derniers mois, j’ai vécu la vie de quelqu’un d’autre et que j’ai enfin retrouvé la mienne. Une vie plus, disons, ordinaire. […] Où je snooze mon réveille-matin trente-six fois (tant pis si je n’ai pas le temps de me maquiller, à quoi ça sert à l’école?)27 ». Elle a essayé ce mode de vie, mais s’est rapidement rendu compte qu’il ne lui

convenait pas. Elle préfère nettement profiter de quelques minutes de plus dans son lit plutôt que de se maquiller pour faire comme tout le monde. Si elle a parfois envie de mettre de l’avant ses charmes, elle n’est pas prête à tout changer pour un garçon : « J’ai entendu Justine Simard dire qu’elle était au régime parce qu’elle ne pognait plus avec les gars. Elle a dit vouloir supprimer tout le sucre de son alimentation. Franchement, à choisir entre un chum ou des Nibs ou encore des jujubes, je choisirais les bonbons, c’est sûr!28 » Ainsi, Aurélie Laflamme est une jeune fille qui présente une allure naturelle, manifeste une certaine

simplicité, même si, parfois, elle ne refuserait pas de porter un vêtement griffé. Dans Le journal d’Aurélie

Laflamme, l’accent n’est pas mis sur les défauts physiques de l’adolescente. Malgré ces quelques

insatisfactions corporelles, la jeune fille déplore principalement sa normalité, ou plutôt ce qu’elle considère comme de l’anormalité.

Dans tous les tomes de sa série, India Desjardins insiste sur le fait qu’Aurélie, dans toute sa normalité, se sent différente des autres filles de son âge. Dans Un été chez ma grand-mère, elle se rend compte qu’elle a une obsession pour le chocolat et se qualifie elle-même de chocoolique. En cherchant ce mot dans le dictionnaire, elle découvre qu’il n’existe pas. Elle affirme alors : « Le fait de devoir inventer un mot pour me définir constitue la cent millième preuve que la race humaine et moi, ça fait deux29 ». Aurélie n’a qu’un

souhait, celui d’entrer dans le moule de la société : « Bizarrement, je ne me sens pas à ma place. Nulle part.

25 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Le monde à l’envers, op. cit., p. 26-27. 26 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Championne, op. cit., p. 207-208. 27 Ibid., p. 292.

28India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Extraterrestre…ou presque!, op. cit., p. 162. 29 India Desjardins, Le journal d’Aurélie Laflamme. Un été chez ma grand-mère, op. cit., p. 13.

Pourquoi il faut toujours que je sois une totale extraterrestre? Je ne serais pas capable, une fois, d’être comme tout le monde? Juste une seule journée. Être normale?30 »

Cette impression de ne pas se sentir normale est bien représentée dans les romans pour adolescentes. Rhéa Dufresne en fait la remarque : « Si certaines héroïnes ont confiance en elles et sont des

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