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LES RÉACTIONS DES PARTICIPANTES LORS DE L’ANNONCE DE LEUR CANCER

CHAPITRE 3-CADRE CONCEPTUEL

6.1 LES RÉACTIONS DES PARTICIPANTES LORS DE L’ANNONCE DE LEUR CANCER

SEIN

Plusieurs répondantes de la présente étude ont mentionné avec beaucoup de détails la manière dont elles apprirent le diagnostic et comment elles ont exprimé leurs émotions sur cette dernière aux professionnels de la santé et à leurs proches. Ainsi, ces femmes ont surtout ressenti de la colère et sont restées, pour la plupart, insatisfaites de leurs échanges et des leurs relations avec le professionnel de la santé, en occurrence un médecin, annonçant leur diagnostic de cancer du sein. Dans certaines situations, cette insatisfaction s’est traduite par une demande de changement de médecin. Des répondantes également ressentirent un immense choc lors de l’annonce de leur diagnostic, ce qui semble correspondre à d’autres études dont celles de Bacqué (2005) et de Gould

et al. (2006). Certaines femmes croyaient aussi avoir le cancer du sein avant de recevoir leur diagnostic et certaines ont vécu une grande tristesse de vivre cette épreuve. Pour d’autres femmes, la stratégie d’adaptation employée pour faire face à ce stress a été le déni. De plus, lors de l’annonce du cancer du sein, la peur de causer une souffrance à leurs proches en annonçant cette triste nouvelle envahit les pensées de quelques-unes des répondantes. Ces réactions corroborent celles mentionnées par Da Rocha et al. (2014); Reich et al. (2001) soulignant qu’au moment du diagnostic, les femmes se retrouvent envahies de multiples émotions dont la peur de faire souffrir leurs proches.

L’attente des résultats des différents examens ou tests généra également du stress et de l’anxiété pour plusieurs répondantes. Surtout pour Gentiane, convaincue d’avoir des métastases au niveau des os et qui attendait les résultats de sa scintigraphie avec impatience. À ce sujet, certains auteurs dont Al-Azri, Al-Awisi, et Al-Moundhri (2009); Reich, Lesur et Perdrizet-Chevallier (2008), identifient cette période d’analyses comme une phase engendrant une grande vulnérabilité psychologique qui se traduit le plus souvent par du stress et de l’anxiété comme ce fut le cas pour plusieurs femmes de cette étude.

6.2 LE PROCESSUS DE GUÉRISON DES PARTICIPANTES

Outre les réactions de colère, de déni ou de surprise survenues au moment de l’annonce de leur diagnostic, la plupart des participantes adoptèrent une attitude positive en misant rapidement sur leur guérison. Cette attitude s’identifie à plusieurs facteurs dont entre autres l'optimisme qui semble avoir joué un rôle dans l’attitude de certaines des répondantes pour faire face adéquatement à leur processus de guérison (Allen & Roberto, 2014; Deimling et al., 2007). Le fait d’adopter une attitude positive, provient des caractéristiques personnelles des répondantes, soit leur ontosystème, ainsi que de leurs ressources internes et externes engendrant une réaction plutôt qu’une autre. Dans le cadre de cette étude, cette attitude positive face à la vie contribua à l’acceptation de la maladie et semble avoir facilité le cheminement de certaines des répondantes vers la guérison. De plus, certaines femmes estiment que la foi en Dieu les a aidées à traverser les diverses épreuves

109 associées à leur cancer et à lutter contre ce dernier. Ce résultat est conforme à celui mentionné dans

d’autres études réalisées auprès de femmes victimes du même type de cancer (Allen, & Roberto, 2014; Deimling et al., 2007).

Cox et Zumstein-Shaha (2017) et Da Rocha et al. (2014) considèrent que le choc de l’annonce d’un cancer se vit comme une crise existentielle entraînant, entre autres, un sentiment appelé le « transitoriness ». Ce diagnostic amènerait une conscientisation de la dimension passagère de l’existence, la fragilité du présent ainsi que la nécessité de composer avec la maladie. Ceci explique dans l’ici et le maintenant également l’attitude positive adoptée par certaines répondantes de vivre le moment présent et de composer avec cette maladie.

Les femmes de la présente étude appuient les propos de certains auteurs (De Broca, 2004; Nahum, 2007), soulignant l’importance d’une bonne communication avec le médecin, leur permettant ainsi de se sentir à l’aise d’exprimer leurs besoins et leurs émotions. En effet, certaines des participantes n’ont pas reçu les informations nécessaires afin d’effectuer des choix libres et éclairés quant aux traitements et examens proposés. Par ailleurs, elles ont également constaté manquer de connaissances en ce qui a trait à leur processus de guérison. Ceci est conforme aux résultats de l’étude de Davis (2004) mentionnant que certaines femmes ne reçoivent pas suffisamment d’informations concernant leur nouvelle situation de vie.

Finalement, malgré les difficultés vécues avec leur médecin de famille lors de l’annonce du diagnostic, la majorité des femmes ayant subi des traitements, se sentirent immédiatement prise en charge par l’équipe du département d’oncologie et le soulignent sans hésitation lors de l’entrevue. Elles détenaient une confiance absolue envers les membres de cette équipe pour toute question à poser, besoin d’informations ou soutien à recevoir. Ceci réfère aux caractéristiques du mésosystème du modèle bioécologique de Bronfenbrenner (1998).

6.3 TERMINOLOGIE EMPLOYÉE POUR SE DÉCRIRE EN TANT QUE PERSONNE AYANT SOUFFERT DE CANCER DU SEIN

Presque toutes les répondantes de cette étude ne s’identifient pas au terme de survivante. Ce concept, génère une certaine controverse en lien avec l’ambiguïté du terme, la diversité dans la définition de ce terme et dans la façon de concevoir sa trajectoire, tel que mentionné par Khan et al., (2012).

Mullan (1985) et Aziz et Rowland (2003) définissent le terme survivant comme une expérience unique en raison des diverses difficultés rencontrées sur les plans médicaux, fonctionnels, économiques, sociaux et émotionnels. Ceci porte à croire que les personnes atteintes de cancer s’identifient comme survivant. La majorité des femmes rencontrées dans le cadre de cette étude ne se retrouvent pas non plus dans cette définition (Feuerstein, 2007).

Ainsi, plusieurs femmes de la présente recherche, avec des antécédents de cancer du sein ne s’identifient pas au terme survivant, vu les connotations positives et négatives associées à ce terme, car être survivant signifie pour la population en général, gagner un combat, se sentir comme un conquérant (Hebdon et al., 2015).

Les femmes de la présente étude ne se rallient pas non plus au terme de survivante tel qu’utilisé dans les médias (Sulik, 2012), vision limitée montrant uniquement l’aspect positif du cancer du sein en présentant les survivantes de ce type de cancer comme des personnes triomphantes, heureuses, saines et féminines.

Qui plus est, depuis 1985, ce terme, grandement utilisé par les médias et par les groupes de pression, en raison du nombre de plus en plus élevé de survivants du cancer, ne se veut aucunement significatif pour les femmes rencontrées dans le cadre de la présente étude (Cheung & Delfabbro, 2016). Contrairement à certains écrits recensés, aucune répondante ne se sentait malade,

111 ne s’identifiant nullement au terme de survivant pour cette raison. En outre, elles ne s’identifiaient

pas non plus au terme de patiente.

La présente étude ne rejoint donc pas les propos de Kaiser (2008) selon lesquels les femmes ayant un cancer du sein ne se reconnaissant pas au terme de survivante, s’adaptent difficilement à leur nouvelle réalité après leur phase des traitements, étant donné qu’une seule femme, Julianne, a mentionné vivre des questionnements face à sa façon de réintégrer sa vie à la fin de ses traitements.

Ainsi, pour plusieurs femmes, le cancer du sein leur a permis d’acquérir une plus grande appréciation de la vie, impliquant la conscience de sa propre mortalité et la valeur du temps, l’essentiel devenant le temps de qualité à passer avec ses proches et la pratique de ses activités préférées (Documet et al., 2012).