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3. Recueil de données

3.2. Les outils numériques en classe de langue-culture au lycée Chevrollier :

3.2.2. Un outil du quotidien ?

Si les outils numériques semblent pouvoir être utilisés dans l’ensemble des activités permettant l’apprentissage de la langue-culture, qu’en est-il de leur utilisation réelle en classe ?

Lorsqu’ils sont interrogés sur la fréquence de leur utilisation, les enseignants se répartissent comme suit :

Entretien A Entretien J Entretien JP Entretien L Entretien M Entretien P Entretien Y Systématiquement Projection Projection Projection Projection Très fréquemment Première Terminale CO CO Projection Production orale Fréquemment Seconde De temps en temps Correction au poste professeur Une séance par séquence Utilisation par les élèves Rarement Correction au poste professeur

Figure 12 : Tableau de la fréquence d'utilisation des outils numériques en classe

Comme l’indiquait déjà l’utilisation des différents outils à leur disposition, la projection depuis le poste enseignant semble s’être installée de manière presque quotidienne dans la pratique des enseignants de langue-culture. Une projection de contenus audiovisuels pour travailler la compréhension de l’oral, et de manière plus

50 générale la projection de contenus authentiques quels qu’ils soient, mais également la projection de la trace écrite de la séance.

Si je m’intéresse à présent à la perception du temps consacré par les enseignants aux outils numériques dans la préparation et la mise en place de leurs séquences et séances, à la question « une séance pédagogique incluant des outils numériques est-elle plus chronophage d’après toi ? », les réponses des enseignants se répartissent ainsi :

Les outils numériques sont chronophages en amont

Prise en main de l’outil 4 (A, J, P, Y) Préparation de supports spécifiques 2 (A, JP) Préparation d’alternatives (si

possible, incluant le temps de réflexion)

1 (J) Réflexion didactique plus longue 3 (J, L, Y) Les outils sont chronophages

pendant/après le cours

Transmission des consignes 1 (J) Difficultés techniques 2 (J, P) Traitement des productions 1 (P) Les outils numériques représentent

un gain de temps

Préparation de la séance 4 (A, JP, M, Y) Utilisation pendant le cours 3 (A, L, M) Traitement des productions 0

On constate donc que si la prise en main de l’outil reste parfois difficile, pour les élèves comme pour le professeur, celle-ci est cependant limitée aux premiers essais et semble vite se transformer en gain de temps lorsque les enseignants, quel que soit leur niveau de maîtrise des outils numériques, peuvent réutiliser ces ressources prêtes à l’emploi :

[…] une fois que t’as compris COMMENT fallait faire, euh + très sincèrement :, c’est un vrai gain de temps, t’es habituée, tu sais sur quels sites aller, tu sais + bah quels sont ++ comment dire ça + bah comment faire tout simplement, donc vraiment, la marche à suivre quoi. (Corpus Chevrollier, Entretien A)

Je trouve que dans la préparation ++ dans la préparation de la séquence : ou des séances, c’est, ça demande plus de temps. Après :: + si c’est une séquence ou une séance qui marche bien, + bah on :: elle est archivée et on peut la réutiliser donc là après c’est un gain de temps à moyen terme on va dire. (Corpus Chevrollier, Entretien Y)

Il en va de même lorsque ce sont les élèves en activité avec l’outil numérique qui gagnent en maîtrise :

[…] si on est à la séance, à la première séance, nécessairement ils seront moins autonomes par rapport à ces outils, donc il y aura un temps d’apprentissage indispensable, et après ils deviendront autonomes et on peut vérifier cette autonomie, quand très rapidement, au bout de deux ou trois séances avec le même outil, ils démarrent sans qu’on ait à leur donner de conseil. (Corpus Chevrollier, Entretien P)

51 Les outils numériques sont donc jugés plus chronophages dans leur anticipation didactique, bien que celle-ci soit jugée de plus en plus rapide au fur et à mesure de l’utilisation jusqu’à en devenir un gain de temps. De plus, ce temps passé à la préparation est contrebalancé par un effet de « gain de temps » en classe, ou une efficacité perçue sur les apprentissages :

S’il n’y a que l’enseignant qui l’utilise, honnêtement, je ne pense pas que ce soit plus chronophage, si on doit utiliser ce terme-là. Je ne l’aime pas forcément parce que on peut forcément prendre du temps pour que les élèves puissent acquérir des compétences, donc on prend le temps qu’il faut. (Corpus Chevrollier, Entretien P)

Non pas forcément. On passe peut-être du temps à ++ à utiliser l’outil ++ pour des didactisations etc. mais au final c’est du temps qu’on gagne ailleurs, donc plus chronophage ? Non je ne dirais pas ça non. C’est plutôt un temps qu’on INVESTIT j’ai envie de dire. Plus un investissement qu’une perte de temps. (Corpus Chevrollier, Entretien JP) Pour la plupart des enseignants interrogés, l’utilisation du numérique en classe ne représente plus une innovation, mais une ressource « banale » dont ils jugent maîtriser les codes et qui permet ensuite une efficacité dans les apprentissages. Pour certains, la barrière de la maîtrise de l’outil numérique reste malgré tout un frein à son utilisation en classe, et cela aura également des conséquences didactiques sur lesquelles je reviendrai dans mon analyse de ces pratiques au regard du cadre conceptuel et des hypothèses de recherche.

En effet, cette inscription du numérique dans le quotidien des enseignants semble assimilée à un outil de plus parmi les ressources auxquelles il a accès et que les instructions officielles lui demandent d’utiliser, une compétence supplémentaire de l’enseignant qu’il peut transmettre à ses élèves dans le cadre de son cours de langue-culture. Mais à partir de ce premier constat de présentation objective de l’utilisation des outils numériques sur le terrain, il me faudra encore interroger leur véritable portée didactique.