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qui découragent les démarches ultérieures

Des sources ont été utilisées mais elles n’ont rien donné. C’est par exemple le cas, finalement assez fréquent, des jeunes qui sont en lycée général et qui sont intéressés par des filières pro- fessionnelles. Ils déplorent que les informations disponibles soient ciblées selon les lycées. Les classeurs dans le CDI du lycée général ne proposent que les formations après le bac, et les sites Internet indiqués ou mis en favoris par la documentaliste ne leur donnent pas l’information qu’ils désirent.

Pour certains, on constate les effets puissamment démobilisateurs de l’information qui déçoit. Alors que d’autres vont continuer à chercher, vont refaire le tour des ressources, certains auront tendance à rejeter tout ou partie de l’offre après une déception et à abandonner toute recherche. Il s’agit ici aussi bien de bons élèves que de décrocheurs. On remarque aussi que, souvent, les déçus du « système » d’information ont tendance à sous-estimer l’aide qu’ils reçoivent en réalité. Ainsi, une jeune fille à qui la mission locale a trouvé un stage en deux semaines a l’impression qu’elle a dû « faire des pieds et des mains » et se battre longtemps.

« PIJ, SMJ… J’y suis jamais allé. Je connais juste de nom. […] Mais le PIJ, ça doit être la même m… que le CIO, non ? Point information jeunesse et centre d’information et d’orientation, ça doit être la même chose, non ? Je sais pas. » (G/17 ans/apprenti 2eannée

BEP électrotechnique.)

« Si vous voulez, j’ai toujours été très déçue, parce que, lorsque je lisais les magazines où ils disaient où est-ce qu’on peut aboutir avec les études, j’ai beaucoup rêvé, j’ai cru que je pourrais découvrir beaucoup de choses. J’ai été déçue. » (F/19 ans/déscolarisée depuis deux ans.)

Une information mal comprise ou mal interprétée

Nombre de jeunes pensent avoir été mal conseillés, alors que souvent ils ont interprété ou mal compris ce qu’on leur a dit, comme le cas d’une jeune fille qui se trouve aujourd’hui sans lycée, après avoir cru que le passage en 2ndeprofessionnelle lui garantissait une affectation.

Pour certains, cet « échec » de la démarche d’information relève d’un problème de compréhension de la terminologie ; ainsi, une jeune fille pour qui « sanitaire et social » signifiait travailler dans l’alimentation.

« Le conseil de classe, il est passé, on m’a dit que je passais en 2ndeprofessionnelle, mais

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ma CPE, et je vais lui demander. […] Je travaillais pas trop à l’école et la conseillère m’a dit : “Ça, c’est pas un souci, bon, il faut quand même travailler, mais il y a pas mal d’élèves qui sont passés en ayant des moyennes pas terribles, en ayant des absences, etc.” Parce qu’elle m’a dit que ce lycée, il était pas beaucoup demandé. Et qu’en général, on était accep- tés. Donc, premier choix, j’ai mis ce lycée et, du coup, je n’ai rien. » (F/16 ans/fin de 3e.)

« Sur l’affiche, il y avait écrit “sans diplôme” et, quand je suis allée sur place à la mairie, la secrétaire m’a dit qu’il fallait un CAP. Je lui ai dit ce que j’avais vu sur le panneau, elle m’a dit : “Non, il faut un diplôme.” C’était pas une offre d’emploi, c’était une information. Un centre de formation, je crois, pour être puéricultrice. » (F/17 ans/découverte des métiers.) « Je connaissais pas du tout “carrières sanitaires et sociales”. Je connaissais que vente, comptabilité, générale… Sanitaire et social, je connaissais pas et pourtant j’avais des amis affectés là-bas, mais je connaissais pas du tout, j’entendais “sanitaire et social”, je me disais : “Sanitaire, ça y est, c’est pour manger… je me suis dit, c’est l’alimentation, quoi.” » (F/16 ans/fin 3e.)

Des obstacles imputables à l’offre

Tout d’abord, selon les secteurs économiques et les filières, l’offre d’information est très inégale, certains secteurs sont absents, ce qui réduit considérablement la possibilité de découverte et pénalise tous ceux qui s’intéressent à des secteurs en général peu proposés à ces profils de jeunes. Plusieurs jeunes font remarquer que l’on trouve dans les lieux- ressources beaucoup plus d’informations sur le tertiaire que sur la mécanique, beaucoup plus sur la coiffure que sur le stylisme et des informations uniquement sur certains BEP : comptabilité, secrétariat, alors qu’il existe des BEP d’architecture, par exemple.

« Ils [les animateurs du PIJ] me donnaient les renseignements sur les trucs… Ça regroupe déjà les trucs qu’on m’avait déjà dit, en fait, les gens ils m’orientaient plus vers la comptabilité que vers la mécanique, en fait. Parce qu’eux-mêmes, ils connaissaient pas trop le premier BEP… Ils pouvaient pas trop me parler du premier, et quand on cherchait sur Internet, à chaque fois, on trouvait les mêmes trucs… » (G/18 ans/terminale bac pro comptabilité.)

« Au CIO, j’ai demandé aussi sur le stylisme. Mais là, il n’y avait qu’une feuille qui nous détaillait tout ça, il y avait pas plus. Il y avait pas assez d’explications. » (F/17 ans/apprentie 2eannée CAP coiffure.)

Des informations limitées ou biaisées du fait de l’institution

Des jeunes regrettent qu’il y ait si peu de circulation d’informations entre les institutions : d’une part, entre lycée et université, les jeunes découvrent les documents des universités trop tard, ils auraient aimé y avoir accès dès la terminale ; et, d’autre part, entre l’Éducation nationale et les structures de formation professionnelle. Certains jeunes considèrent qu’ils ont été lésés par le fait que les filières d’apprentissage sont souvent « passées sous silence », et qu’elles sont dévalorisées, à tort selon eux. Enfin, plusieurs jeunes s’aperçoivent après coup qu’on leur a donné des informations uniquement sur les filières où des classes sont à remplir.

« Je savais pas du tout ce que j’allais faire, je connaissais pas l’alternance, parce que ça non plus, on nous en parle pas, on nous parle de la filière générale, filière dite classique, c’est-à-dire bac L, S et toutes les sortes de bacs qui existent et qui servent à rien.

Ça débouche sur le chômage. Mais l’alternance, on nous en a pas parlé. Les lycées pro, c’était déjà limite si on nous en a parlé, mais l’alternance, on nous en a pas parlé. Ça veut dire que là, l’apprentissage, c’était vraiment passé sous silence. […] Et c’est dommage que les centres de formation soient mis à l’écart comme ça ; ils traitent ça comme si c’était, je sais pas… La COP m’a proposé des BEP en lycée pro, mais des BEP où il y avait de la place. Des BEP dans des lycées professionnels où il y avait vraiment de la place. De toute façon, je suis pas le seul à qui on l’a proposé, le BEP horticulture hein ! Le BEP bioservices, j’ai rien contre, hein, mais quand on veut pas faire ça… » (G/17 ans/apprenti 2eannée BEP

électrotechnique.)

Souvent, des informations contradictoires, erronées ou périmées sont communiquées aux jeunes, ce qui nécessite qu’ils fassent de nouvelles recherches, ce qui retarde le parcours d’orientation et limite les possibilités de se projeter dans l’avenir. Par exemple, au CIO, un jeune reçoit le calendrier des concours pour l’année dernière. Les personnes ressources se contredisent entre elles ; on rencontre souvent le cas de contradictions dans l’information donnée entre enseignants et COP.

« Je voulais être kiné dans le sport et le prof m’a dit : “Oui, tu peux faire STAPS, par exemple, et après la licence de STAPS, déboucher sur la 2eou 3eannée de kiné, et conti-

nuer.” Mais en fait, c’est du gros n’importe quoi. » (F/20 ans/fin licence Staps.)

« Certains professeurs m’ont dit : “Non, c’est pas possible”, et la conseillère m’a dit : “Si, c’est possible.” […] Ma prof de maths par exemple, elle, elle pensait qu’il fallait absolument faire la 2ndeISI, et après, quand je lui ai dit que c’était pas obligatoire, elle m’a dit qu’elle

était pas au courant. » (F/17 ans/1reSI.)