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Penser la continuité dans l’information et une information adaptée aux jeunes

Entreprendre une sensibilisation précoce

Beaucoup se joue bien avant 15 ans, il y a lieu de sensibiliser les jeunes en amont à l’orienta- tion. Pour presque tous les jeunes de l’échantillon, lorsqu’ils arrivent en 3e, le choc de

l’orientation est trop fort, ils n’y sont pas prêts, en partie parce que la plupart n’y ont pas été suffisamment préparés. Le fait de devoir choisir, et choisir rapidement, produit chez certains une grande angoisse. Une jeune fille témoigne : « La 3e, pour moi, c’est trop tôt, on sait pas

trop ce qu’on veut et, souvent, on part dans des choses, enfin on choisit même pas, ils nous envoient… »

Plusieurs jeunes interviewés considèrent l’offre d’information comme satisfaisante dans le domaine de l’orientation et de la formation. Mais ils regrettent d’y avoir été sensibilisés beau- coup trop tard, tel l’un d’eux : « Je pense qu’ils font assez de choses pour renseigner mais qu’ils devraient l’imposer plus tôt. Je dirais pas qu’ils renseignent mal parce que moi, quand j’ai voulu me renseigner, j’ai réussi à avoir des réponses. »

Un des interviewés insiste sur la nécessité, pour pouvoir se préparer à la décision, que les adultes aident les jeunes à travailler bien en amont sur leurs motivations : « Il faut vraiment mettre les jeunes en situation avant, pour qu’ils se rendent compte plus. Moi, en 3e, je savais

pas vers quoi me diriger, j’avais pas d’ambition, rien, et je pense qu’il faudrait peut-être nous mettre plus en tête que c’est important tout ça, mais plus tôt, parce qu’on nous annonce ça

vers la 4e, 3e, et ça passe vite quand même une année et, à cet âge-là, je ne pense pas qu’on

réfléchisse encore vraiment bien pour savoir ce qu’on veut faire plus tard. » (G/18 ans.) Des professionnels interviewés font écho à cette préoccupation. Par exemple, des documen- talistes de CDI soulignent la nécessité de développer de façon approfondie en classe de 4ela

connaissance du fonctionnement, non seulement de l’entreprise mais du service public. Ils préconisent un travail des élèves sur la mise en regard de « leurs goûts pour certaines matières scolaires avec le travail fourni et les résultats obtenus », ainsi qu’une information permettant aux élèves « d’associer des métiers à un niveau d’études correspondant : souvent les élèves n’ont qu’une idée très vague du niveau d’études nécessaire pour parvenir aux différents métiers ».

Mieux prendre en compte les caractéristiques de l’adolescence

Les analyses semblent montrer que l’offre d’information dans ces domaines est, par certains côtés, trop à l’image de l’information à destination des adultes : rationnelle, hiérarchisée et globalement peu relayée par des personnes, en dépit des principes affichés. Prendre en compte les caractéristiques de l’adolescence, c’est tout d’abord tenir compte, au sein même des pédagogies de l’information, des dimensions de mal-être, des questionnements, du rejet de l’autorité, du besoin de s’affirmer, etc.

C’est aussi intégrer le rôle du groupe des pairs, la dimension des relations conflictuelles avec les parents, l’ambivalence par rapport aux professionnels, etc.

Car tout cela joue, on l’a vu, dans le parcours de recherche d’information, dans son appro- priation et sa gestion, ainsi que dans la dynamique information/décision.

Enfin, avant de parler de choix de métier, il faut prendre acte du fait que tout un ensemble de prérequis et de compétences sont à maîtriser en amont. Cela relève bien entendu de l’éduca- tion à l’orientation mais, en lien avec elle, ce sont aussi des stratégies d’apprentissage, d’une part, de la recherche d’information et, d’autre part, de méthodes de prise de contact et de ges- tion de la relation à visée informative avec des professionnels. En effet, les jeunes à cet âge soit leur attribuent une toute-puissance et une omniscience, soit les vouent aux gémonies, soit encore en ont peur et ne vont pas vers eux, etc. Il s’agit donc de travailler sur tous les codes et les implicites de ces relations dans le cadre desquelles se passent la recherche et l’appropriation de l’information, comme apprendre à se présenter adéquatement et à formuler une demande claire, etc.

Poursuivre l’information après l’orientation

L’enquête démontre à quel point le besoin d’information est important après l’orientation, alors que trop d’adultes (et de jeunes également) considèrent que la question est réglée et que l’on peut attendre deux ans avant de se préoccuper de s’informer à nouveau, en fin de termi- nale ou de BEP. Certains professionnels de l’éducation ont tendance à penser qu’une fois l’orientation en fin de 3efaite, la question est close, que point n’est besoin de pousser les

élèves à retourner au CDI ou au CIO s’informer. Or, sans même parler de ceux qui sont insa- tisfaits de leur orientation, que ce soit pour les jeunes arrivant en 2ndeou pour ceux qui arrivent

dans l’enseignement professionnel, de nombreuses questions se posent à eux, certains sont encore dans un flou complet, ne sachant pas vers quel métier ils se dirigent, etc. Ainsi un jeune de notre échantillon a préféré redoubler sa 3e, n’étant pas du tout sûr de son choix. C’est

une réalité que connaissent bien les professionnels de l’information, qui voient souvent arri- ver des jeunes à la recherche d’information sur une autre filière que la leur.

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Un rapport de l’IGEN insiste sur la nécessité impérieuse de poursuivre le travail sur l’orientation après l’entrée au lycée professionnel. Nous en citerons un passage, au sujet d’une filière, qui correspond, point par point, à ce que notre enquête montre plus généralement pour de nombreuses filières :

« Aujourd’hui, tout se passe comme si, lorsque “le pas vers le lycée professionnel était franchi”, les questions de l’orientation de l’élève et de la prise en charge de son éducation à l’orientation étaient définitivement résolues. Faut-il considérer que son intégration dans un “cycle court” de formation professionnelle ne requiert plus un accompagnement en vue de lui permettre de faire face aux étapes ultérieures de son parcours ?

Au cours de travaux précédents […], nous avons pu constater combien était grande l’incerti- tude sur les choix d’orientation des élèves engagés dans les sections de BEP du tertiaire administratif. De nombreuses jeunes filles notamment, se déclarent “en transit’’ dans la formation, dans l’attente d’un autre destin scolaire (en particulier vers les carrières sanitaires et sociales).

L’élève engagé dans l’une ou l’autre des spécialités de BEP du tertiaire administratif est-il en mesure d’appréhender la complexité, mais aussi la variété des emplois du secteur ? […] Les supports d’information disponibles dans les CIO ou dans les CDI des établissements véhiculent des représentations des métiers du tertiaire administratif très largement dépassées ou, pire encore, sont absentes car non localisées comme accessibles aux niveaux V voire VI3. »

Prévoir un meilleur « timing »