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La question de l’autonomie en protéines

Dans le document L agriculture de demain en Pays de la Loire (Page 123-128)

Autonomie protéique des élevages : quels sont les enjeux ?

En France, depuis les années 90, la part de la consommation des matières riches en protéines (MRP) non couverte par la production nationale varie entre 40 et 50 %. En 2016-2017, ce déficit en matière protéique s’établissait à 47 %.

Le colza (50 %) se situe en tête de la production nationale en MRP, loin devant la production de protéines de protéagineux (7,5 %) et de de soja (6 %). S’agissant de la consommation, les protéines de soja sont majoritaires, ce qui témoigne d’une forte dépendance à l’importation (Cf. graphiques ci-après).

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Source : note de conjoncture Terres Univia, n°2 – janvier 2019.

Au regard de ce déficit protéique, l’importation massive d’aliments riches en protéines est apparue comme une nécessité pour alimenter les animaux d’élevage. Plusieurs décennies de dépendance aux importations ont cependant révélé plusieurs inconvénients majeurs :

• La faible autonomie protéique de l’élevage français le rend vulnérable à la volatilité des cours de plusieurs tourteaux (soja, colza, tournesol). Les motifs d’instabilité du marché devraient perdurer voire s’accroître avec l’augmentation de la demande, notamment asiatique, et la fluctuation de la production, notamment du fait du changement climatique ;

• Les importations en aliments riches en protéines, notamment en soja, proviennent en grande partie de régions du monde marquées par une déforestation croissante (comme au Brésil) et l’usage fréquent d’OGM.

L’importation accroit également l’empreinte carbone.

L’enjeu de l’autonomie protéique des exploitations en Pays de la Loire Comme d'autres régions européennes d'élevage, les Pays de la Loire dépendent massivement de l'importation de matières premières riches en protéines (soja notamment) pour nourrir les animaux.

Conscient de cette dépendance, les acteurs du territoire ont lancé le plan SOS Protein (Sustain Our Self-sufficiency Protein Research to Overcome the Trend of European Import Needs89) entre 2016 et 2019 pour que les élevages de l'Ouest puissent tendre vers plus d'autonomie protéique et réduire leurs importations. Pour cela, 4 axes de travail avaient été définis :

• Sécuriser la production des protéagineux (pois, lupin, féverole) ;

• Développer des ressources fourragères riches en protéines (mélanges prairiaux, mélanges céréales protéagineux immatures, luzerne) ;

• Conduire une étude sociale, environnementale, micro et macro-économique de l’impact de la mise en place de solutions augmentant l’autonomie protéique (de l'échelle de l'exploitation au territoire) ;

• Optimiser l’utilisation digestive des aliments par les animaux.

Financé par les conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire, ainsi que par le FEADER, le plan SOS Protein coordonnée par les pôles de compétitivité VEGEPOLYS VALLEY et VALORIAL a associé de nombreux partenaires de la recherche appliquée animale et végétale.

Lancé en 2016 pour 5 ans, le plan SOS Protein s’est achevé. Il a notamment conduit au lancement de projets labellisés par les pôles et à la mise en place de l’outil Devautop90 créé pour calculer, à l’échelle de l’exploitation, le degré d’autonomie protéique et de mettre en lumière des marges de changement : part de fourrages produits sur l’exploitation, production de ses propres matières riches en protéines, amélioration de l’efficience protéique des rations91.

L’enjeu de l’autonomie en protéine dans les exploitations demeure aujourd’hui majeur, comme en témoigne le lancement par le Gouvernement d’un plan protéines végétales dans le cadre du plan de relance déployé en 2020.

89 * Soutenir nos recherches en autosuffisance protéique pour réduire le recours européen aux importations

90 https://pays-de-la-loire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Pays_de_la_Loire/022_Inst-Pays-de-la-loire/RUBR-RD-innovation/Productions-vegetales/IRD_TERunic/TERUNIC_outil_devautop_plaquette_presentation.pdf

91 https://www.pole-valorial.fr/voy_content/uploads/2021/02/communique-presse_vegepolys_valley_valorial_sos_protein_presse_pro_16022021.pdf

Les légumineuses : une filière d’avenir à développer et conforter pour l’alimentation humaine

Pois protéagineux, féverole, soja, lentille, pois chiche et bien d’autres : les légumineuses sont des sources importantes de protéines et favorisent une alimentation saine et durable (Cf. infographie ci-après). Riches de nombreux bienfaits pour l’alimentation humaine et animale (pauvre en matière grasse, riche en fibres, haute teneur en protéines), elles peuvent aussi être bénéfiques pour l’environnement.

Les légumineuses apparaissent comme une filière d’enjeu pour l’avenir de l’agriculture et l’alimentation de demain et constituent, en ce sens, un enjeu stratégique pour la plupart des régions agricoles.

Il y a un siècle, chaque Français consommait 7,2 kg de légumineuses par an contre 1,4 kg au milieu des années 1980 et 1,7 kg en 201392. La tendance est à nouveau à une hausse de leur consommation, soutenue notamment par l’apparition de nouveaux régimes alimentaires cherchant des substituts aux produits carnés (végétarisme, flexitarisme).

Dans ce contexte, l’objectif national, qui s’intègre au plan général d’autonomie en protéines, vise à cultiver 45 000 ha de légumineuses pour l’alimentation humaine et 100 000 ha à terme.

En 2021, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire s’est associée à ses homologues de Bretagne et de Normandie pour créer l’association LEGOO, pour Légumineuses à graines du grand ouest. Cette association rassemble coopératives, producteurs, collecteurs, transformateurs, distribution et restauration pour structurer la filière légumineuse à l’échelle du Grand Ouest93. LEGOO se donne pour ambition de décliner les objectifs nationaux et prévoit de cultiver à l’échelle du Grand-Ouest 10 000 ha de légumineuses, soit environ 2 000 producteurs, à raison de 5 ha par producteur. L’un des enjeux sera de développer les cultures selon les caractéristiques des territoires.

92 Source : INRA et rapport du Sénat « Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France », mai 2020.

93 https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/lentilles-haricots-rouges-les-legumineuses-ont-la-cote-le-grand-ouest-lance-une-filiere-dediee-7116417

3. Les enjeux économiques et sociétaux

Evolution des attentes des consommateurs,

Dans le document L agriculture de demain en Pays de la Loire (Page 123-128)