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1 Des préliminaires

1.2 Quels objectifs sportifs ?

La France peut être ambitieuse, elle dispose d’atouts, d’une histoire et de sports à succès pérennes, elle connait les chemins du succès, elle ne manque pas de compétence.

La France aux JO d’été, depuis 1988, se classe entre la 5ème et la 10ème place des nations ce qui est conforme à son rang économique, social et démographique. C’est un progrès sensible par rapport à la période précédente, entre 1956 et 1984.

Plusieurs études comparatives internationales sur les organisations du sport de haut niveau4 soulignent que la France possède des atouts dans de nombreux secteurs (formation de l’encadrement, suivi social des sportifs, qualité des équipements…) mais elle souligne également ses faiblesses en matière de gouvernance.

Pour améliorer significativement ses résultats, un sportif doit affronter des réalités (ses résultats, son engagement), remettre en cause ses croyances et vouloir évoluer profondément. Il est certainement difficile pour un observateur extérieur d’apprécier le niveau d’exigence et de complexité, les prises de risques à maitriser pour réussir dans une telle entreprise, ainsi que le temps nécessaire pour y parvenir.

Pour atteindre des objectifs élevés, une organisation doit se positionner au même niveau d’exigence que celui des meilleurs sportifs. Sommes-nous prêts collectivement à effectuer ce même chemin ?

La réussite aux JOP de 2024 nécessite des changements profonds. Elle s’obtiendra en bousculant les concepts et les schémas actuels, nous avons besoin d’un choc, Paris 2024 constitue la plus belle opportunité pour construire collectivement un nouveau cadre dans le respect des responsabilités et des objectifs de toutes les parties prenantes.

Quels peuvent être les objectifs pour le sport de haut niveau français dans sept ans et au-delà

? Il existe beaucoup d’avis sur ce sujet. Voici quelques propositions de formulation qui chacune ouvrent des débats :

- une équipe de France olympique classée dans les premières nations aux Jeux d’été (5 premières, 3 premières) et d’hiver (8 premières, 6 premières). Faut-il rechercher cet objectif avec beaucoup de sports ou cibler quelques sports ? Est-il possible d’imposer une restriction de participation aux JO alors qu’ils se dérouleront à Paris ? Peut-on réussir les JO sans résultats dans quelques sports phares (athlétisme, natation, gymnastique) ? Peut-on réussir aux JO d’hiver sans résultats dans les sports de glace ? ;

- une équipe de France paralympique classée dans les premières nations aux Jeux d’été et d’hiver (10 premières, 8 premières) ;

4 Sucessfull elite sport policies, éditions Meyer et Meyer, université Vrije de Bruxelles, 2015, 400 pages.

- des disciplines non-olympiques, des sports professionnels qui profitent de la dynamique olympique pour obtenir des résultats exceptionnels : Coupe du Monde, championnats du monde, Grand Chelem en tennis, Tour de France cycliste ;

- des sportifs qui ne restent pas sur le bord du chemin, en proie à des difficultés physiques ou psychiques. Des sportifs disposant d’un statut qui leur assure une couverture sociale complète et un revenu décent pour mener leur projet et préparer leur seconde carrière.

Les rapporteurs n’ont pas souhaité proposer des objectifs olympiques chiffrés5, sauf pour le rang au classement des nations et ceci pour deux raisons:

- un objectif de résultat détaillé (nombre et nature des médailles) devrait être le fruit du total des engagements de chacune des fédérations ;

- un objectif de résultat précis à 7 ans de l’échéance s’appuierait sur des éléments beaucoup trop incertains et ne peut être exprimé qu’au regard des organisations et des moyens mis en œuvre.

Trois scénarios de résultats peuvent cependant être envisagés pour les JO de Paris 2024. Ils se construisent en référence au nombre minimum de médailles d’or qu’il fallait obtenir pour se classer dans les 10, 5 ou 3 meilleures nations lors des cinq derniers JO.

10ème place 5ème place 3ème place Nombre nations aux JO de Londres, un pays devait gagner au moins 13 médailles d’or.

- Le scénario du statu quo : rester dans les dix premières nations. Lors des cinq derniers JO la moyenne de médailles d’or françaises s’établit à 10,4 médailles.

En 2024, avec ce nombre de médailles la France peut viser entre la 10ème et la 6ème place. Elle peut vraisemblablement atteindre cet objectif dans le cadre de l’organisation actuelle légèrement optimisée. Ce scénario n’est pas très audible pour un pays qui organise les JO.

- Le scénario de l’exploit : entrer dans les cinq premières nations de manière pérenne. La garantie d’entrée dans les cinq premières nations mondiales se situe autour de 18 à 20 médailles. Cette ambition nécessite, dans un temps très contraint, de quasiment doubler le nombre de médailles d’or françaises ce qui ne peut se concevoir sans une profonde remise en question de l’ensemble du modèle

5 En revanche, il conviendrait de travailler au plus vite à la définition collective des objectifs pour les prochaines échéances (PyeongChang 2018 et Tokyo 2020).

français, des habitudes de fonctionnement et de l’état d’esprit. C’est un objectif très ambitieux. Les rapporteurs ont travaillé sur ce scénario.

- Le scénario du rêve : entrer dans les trois premières nations. La garantie d’entrée se situe autour de 30 médailles d’or soit le triple du résultat français de Rio 2016.

Cela nécessite d’une part de passer devant deux des quatre grandes nations olympiques (Chine, États-Unis, Royaume-Uni et Russie) et de maitriser la progression du Japon, organisateur des JOP de 2020, et de l’Allemagne qui procède, depuis la fin des JO de Rio, à une réforme importante de son organisation. L’atteinte de cet objectif nous semble totalement utopique pour les JO de 2024, c’est-à-dire dans six ans si l’on considère que la mise en œuvre d’une nouvelle organisation nécessitera quelques mois et serait opérationnelle, au plus tôt, dans le courant du premier semestre 2018.

La définition d’objectifs doit relever à la fois d’un volontarisme et d’un élan qui mobilisent mais également de réalités. Ainsi, la MOP a réalisé une projection de résultats pour les JO de 2024 sur la base des championnats internationaux jeunes de 2016. Cette projection réalisée sur 299 épreuves des 321 des JO 2020, classe la France au 7ème rang selon le tableau suivant.

Il faut noter que cette projection classe le Royaume-Uni en 8ème place. Ce qui peut s’expliquer, en partie, par une stratégie des britanniques qui considèrent que certaines compétitions dans les catégories jeunes ne sont pas des points de passage obligés.

Rang Pays Or Ar Br Total de

médailles Indice PO6 Rang indice PO

1 Russie 38 26 34 98 888 1

Tableau 2 : projection de résultats aux JO 2024 sur la base des résultats des équipes jeunes en 2016.

À ce stade, aucun indicateur ne permet d’envisager un objectif ambitieux au-dessus du maintien du niveau actuel. Les résultats, sur certains championnats du monde 2017 (judo, lutte, natation course, sports collectifs, canoë slalom…), sont modestes et la France est peu présente dans les sports qui représentent près de 50 % du programme olympique (athlétisme, natation, cyclisme, gymnastique et lutte).

6 Indice obtenu en additionnant pour chaque épreuve des point affectés aux finalistes : 8 points au premier, 7 au 2ème, 6 au 3ème….

L’ensemble de ce rapport s’inscrit dans le scénario de l’exploit (20 médailles d’or) qui pourra être révisé à l’issue des JOP de Tokyo. Ces Jeux fourniront des éléments réalistes sur le niveau de la France et son potentiel olympique pour 2024 même si les effets d’une réorganisation seront faibles après seulement deux ans de fonctionnement. Les procédures d’évaluation post JO 2020 devront être anticipées afin de procéder rapidement aux réorientations nécessaires.

Des nouveaux éléments viendront nuancer ces prévisions de scénarios. L’augmentation importante du nombre d’épreuves à Tokyo 2020 (+ 33 soit 11 %), après une stabilisation entre Sydney 2000 et Rio 2016 (+ 6 épreuves), aura pour effet de relever les seuils à atteindre pour rentrer dans les cinq premières nations7. En revanche, la dispersion des médailles entre les nations s’accroit régulièrement et peut avoir tendance à abaisser ces seuils.

Préconisation 2 : Définir des objectifs sportifs pour l’ensemble du sport de haut niveau français : sports olympiques d’été et d’hiver, sports paralympiques d’été et d’hiver et sports non olympiques.

Le financement du projet permettant d’atteindre ces objectifs n’est pas abordé dans ce rapport. Cependant, la recherche d’un objectif ambitieux passe par des actions nouvelles, et donc des financements nouveaux, dont certaines sont déjà identifiables :

- la préparation de disciplines sportives très éloignées du meilleur niveau mondial mais qui obtiendront une qualification automatique pour les JOP de Paris 2024 ; - la mise en œuvre des propositions de ce rapport, comme par exemple la plus

grande professionnalisation des sportifs en préparation aux JOP ou la valorisation de l’encadrement ;

- l’exécution d’un plan « Handisport Paris 2024 » pour tendre vers un équilibre entre le sport olympique et le sport paralympique ;

- l’augmentation du volume de la délégation olympique de 400 sportifs (Rio 2016) à 600 sportifs en 2024, et celui de la délégation paralympique de 120 à 300, sans compter les effets induits sur l’encadrement, soit au minimum 500 personnes en plus.

Cette estimation des coûts Paris 2024 devra être réalisée au plus vite afin de pouvoir figurer dans une loi de finances rectificative pour 2018, et permettre ainsi de mener des actions nouvelles dès 2018.

Préconisation 3 : Établir le coût généré par les objectifs sportifs fixés pour les équipes olympiques et paralympiques aux JOP de Paris 2024.