• Aucun résultat trouvé

LA QUATRIEME EPOQUE : LA PERIODE GRECQUE

Première partie : Avant Galien

IV- LA QUATRIEME EPOQUE : LA PERIODE GRECQUE

Les fondements de la médecine grecque sont liés aux mythes, ainsi les anciens grecs connaissaient de nombreux dieux et demi-dieux guérisseurs, dont :

- Apollon, le dieu guérisseur le plus puissant, - Chiron, enseignait la médecine et la chirurgie,

- Esculape, fils d’Apollon et élève de Chiron, avait deux filles qui ont

donné naissance à des termes de médecine, Hygie : déesse de la santé à l’origine du mot « hygiène » et Panacée : déesse de la médecine, son nom se retrouve dans le mot « panacée » : remède.

Figure 4 : Statue en Bronze, représentant Esculape,

Des temples ont été érigés au nom du dieu Esculape, où on pratiquait l’incubation nocturne : Le malade passait la nuit dans le temple, le dieu ou ses enfants le guérissaient pendant son sommeil, et dans ces temples étaient élevés des serpents inoffensifs censés intervenir dans le traitement nocturne, en léchant les yeux des malades ou leurs blessures ouvertes.

Esculape se faisait accompagner par un serpent, symbole de la prudence et des forces souterraines, du renouveau et de la régénération (mue du serpent). Ainsi il est représenté ayant en main un bâton sur lequel s’enroule un serpent : naissance de l’emblème – Caducée – des Médecins.

Le serpent apparait de même dans l’emblème des pharmaciens : Il s’enroule autour d’un vase : La coupe d’Hygie.

Figure 6 : Caducée des pharmaciens

Coupe d’Hygie et serpent. [51]

5 . Caducée des médecins

1. Hippocrate :

De cette médecine à base de mythes, va émerger, le père de la Médecine : Hippocrate, né à Cos en 460 avant JC, qui avait libéré la médecine de la religion.

[24] Il excluait toute intervention divine ou magique sur la santé. « Les maladies ont une cause naturelle et non surnaturelle, cause que l’on peut étudier et comprendre », et par conséquent, il avait mis en place les ébauches de la

sémiologie et de la médecine moderne. [25]

La médecine et la philosophie « Hippocratique », constituent une médecine « sans anatomie, ni physiologie » du point de vue moderne. [26]

L’examen que réalisait Hippocrate consistait à observer la différence entre l’état actuel du malade, et son état antérieur lorsqu’il était sain. Le plus important pour lui était les symptômes et non pas la cause de la maladie. [27]

Hippocrate était le premier à pratiquer un examen rigoureux et méthodique du malade en quatre étapes :

- Première étape : Recherche des antécédents du malade

- Deuxième étape : Identification des signes généraux (fièvre…) - Troisième étape : Etude des signes locaux de la maladie

- Et quatrième étape : Examen physique du malade : Palpation,

auscultation du corps par l’oreille, examen des urines, des vomissements et des selles. [28]

Le but de la médecine était « d’écarter les souffrances des malades et de

diminuer la violence des maladies » [29], et ce, sans distinction de sexe, de race,

de statut social, et c’est ce qui fait parler de l’humanisme d’Hippocrate [24]. La finalité n’étant pas la réussite du médecin, mais l’intérêt du malade.

Il a été le premier à observer et décrire un symptôme de l’insuffisance respiratoire et qui porte son nom jusqu’à nos jours : L’hippocratisme digital.

[28]

Hippocrate regroupa les symptômes en syndromes, et isola quelques maladies. Il était l’auteur de la théorie des humeurs [30], qui deviendra la théorie hippocratique par excellence [27].

Cette théorie est une des bases de la médecine antique. Elle relie le microcosme (corps humain) au macrocosme (univers). Le macrocosme comprend quatre éléments fondamentaux : le feu, la terre, le froid et l’humide. Sur ces quatre éléments se plaquent les caractères suivants : le chaud, le sec, le froid et l’humide.

Pour les médecins hippocratiques le corps humain comprend des parties solides et quatre humeurs (analogie avec les quatre éléments) :

- Le sang : Produit par le foie et reçu par le cœur. - La pituite : Rattachée au cerveau

- La bile jaune : Provenant du foie - La bile noire : Provenant de la rate.

Quand il y’a un déséquilibre des humeurs, ou que l’une l’emporte sur l’autre, il y’a apparition de maladies physiques et psychiques. Les traitements sont donc donné pour rétablir cet équilibre : l’excessive froideur des vieillards peu être corrigé en leur faisant boire du vin par exemple.

Mais si on ne peut évacuer l’humeur de manière naturelle (vomissements, expectorations, saignement du nez, urine ou défécation…), on utilise alors des

Cependant, lors ce que l’humeur fait défaut, on peut y remédier en donnant la nourriture appropriée, ou par des exercices. [31]

Cette théorie des humeurs persistera durant des siècles jusqu’à la Renaissance, mais fut éventuellement discrédité et abandonné. [32]

Par ailleurs, Hippocrate s’était aussi intéressé aux fondements de la déontologie médicale, c'est-à-dire le respect de la personne humaine et de la vie, concrétisé dans son serment qui est prêté jusqu'à nos jours dans toutes les facultés de médecine du monde. [33]

Ayant enseigné la médecine, à Cos, il y écrit son célèbre ouvrage « CORPUS HIPPOCRATICUM », dans lequel il ne fait pas mention de la maladie divine, mais considère que si la nature a bien un caractère divin, elle n’est pas le jouet des caprices des dieux, elle est soumise à un processus logique de cause à effet et qu’il est possible de les connaitre [24]. Une grande partie du « Corpus Hippocraticum » a été rassemblé en posthume par ses élèves au IIème siècle av. JC en Alexandrie. Il comprend une soixantaine de traités dont [35] :

- Des airs, des eaux et des lieux (écologie humaine),

- De la maladie sacrée (épilepsie),

- De l’Art (chirurgie),

- Des fractures,

- Des articulations.

Les Aphorismes du corpus on été appris par cœur par des générations de médecins jusqu’au XVII siècle.

2. Le Cœur et les vaisseaux chez Hippocrate :

Hippocrate consacra onze paragraphes au cœur, dans le livre IX de la traduction de Littré (1839) (annexe 1). On y trouve des remarques anatomiques pertinentes concernant le muscle cardiaque et les sigmoïdes : ainsi le cœur n’est fait que de deux ventricules. Cependant, la physiologie qu’il présente était beaucoup plus fantaisiste.

- Le cœur est « un muscle très fort », de « forme pyramidale », composé de deux ventricules, celui de droite plus petit que celui de gauche, pouvant être senti au niveau de la mamelle gauche (Cf. Paragraphe 4)

- Le ventricule gauche est plus volumineux que le ventricule droit (« de

construction plus épaisse pour garder la force et la chaleur ») (Cf.

Paragraphe 5)

- Le cœur est entouré des poumons (Cf. Paragraphe 5)

- Les oreillettes se contractent avant les ventricules (Cf. Paragraphe 8)

- Les orifices artériels (Aorte et Artère pulmonaire) proviennent du cœur et sont « la source de la nature humaine » (Cf. paragraphe 7)

- Les valves mitrales et tricuspides « sont comme des toiles d’araignées

qui s’étendent aux ventricules, font une ceinture complète aux orifices et projettent des filaments dans la substance solide du cœur » (Cf.

Paragraphe 10)

- L’artère pulmonaire conduit le sang au poumon (Cf. Paragraphe 12)

- Le péricarde est une « membrane lisse entourant le cœur » (Cf. Paragraphe 1)

Ses erreurs étaient de croire que :

- Le liquide dans le péricarde provient de la boisson (Cf. Paragraphe

2)

- Les oreillettes sont des « soufflets » qui poussent l’air dans les

ventricules (Cf. Paragraphe 8)

- Les veines pulmonaires apportent l’air au ventricule gauche, et que

l’artère pulmonaire l’apporte au ventricule droit (Cf. Paragraphe 9)

- L’artère pulmonaire est moins hermétique que l’aorte, et que

- Ainsi les descriptions anatomiques chez Hippocrate sont

remarquables, mais les conceptions physiologiques sont fantaisistes. L’air pénétrait dans le cœur droit comme dans le cœur gauche par les oreillettes qui faisaient office de soufflets; du ventricule droit, le sang était chassé dans l’artère pulmonaire pour nourrir les poumons, mais un peu d’air en revenait parce que les sigmoïdes pulmonaires n’étaient pas hermétiques. S’ils affirmaient que les artères et les cavités gauches ne contenaient que de l’air, c’est qu’en disséquant un animal, les médecins grecs avaient constaté que l’artère ne contenait que de l’air. Ils parvinrent à la même conclusion pour le ventricule gauche : «sur un animal égorgé ouvrez le ventricule gauche et tout y

paraît désert ». [36]

A l’inverse, la dissection du foie et de la rate montrait des organes gorgés de sang, leur laissant croire qu’ils avaient un rôle majeur dans la circulation sanguine. [37]