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Evaluation

1 2 3

Nom de

l’anomalie Intensité de l’anomalie

Exploration

Localisation de l’anomalie Appréciation de l’anomalie Détection de l’anomalie

Décision

L’expérience décrite dans [Rensink et al., 1997] permet d’illustrer cette dépendance.

Une photo est présentée à un groupe de personnes. Il est demandé à ce groupe de l’examiner et d’imaginer la scène entre les deux personnes présentes dessus (Figure 38).

Figure 38 : Photo présentée au groupe de personnes

Il est vraisemblable que les différentes personnes de ce groupe s’interrogent sur la nature de la discussion du couple, le type de relations que ce couple entretient, etc.

Pendant leur réflexion, une seconde image leur est présentée (Figure 39) et il leur est demandé de rendre compte des différences entre les deux photos présentées.

Classiquement, les personnes interrogées ne perçoivent pas de différences entre les deux photos. En effet, leur champ visuel a le plus souvent balayé la première photo en fonction des questions qu’ils se posaient sur le couple, donc avec un champ visuel uniquement très centré sur les deux personnages (traits roses de la Figure 40)

Figure 40 : Premier balayage du regard

Au bout de 10 secondes, le champ visuel a parcouru le chemin présenté dans la Figure 41 :

Figure 41 : Balayage du regard après 10 secondes

Leur questionnement a donc totalement guidé leur exploration au point de ne pas les amener à percevoir la modification de la hauteur de la rambarde sur la seconde photo.

Cette expérience illustre toute la difficulté de percevoir correctement. La perception n’est ainsi pas le résultat d’une vision scrutant de manière exhaustive l’ensemble des détails de l’objet observé. Elle est plutôt dépendante d’une action (le questionnement dans l’exemple) impactant sur la manière dont l’objet va être exploré. Elle fait donc appel à une expertise bien spécifique.

Cette expérience permet de montrer que la perception n’est pas seulement le résultat de la vision. En effet, même si les sujets n’ont pas de problème d’acuité visuelle, les modifications d’une image dans un instant très court ne sont pas perçues si leur attention est attirée par un autre événement visuel.

Cette difficulté à bien percevoir est également présente dans un contrôle visuel de produits dans lequel le jugement d’un produit requiert une excellente perception des anomalies présentes sur ce produit.

Mais comment s’assurer que toutes les anomalies d’un produit ont été perçues et correctement perçues ? Certes l’acuité visuelle est un élément déterminant, mais ce n’est pas le seul élément à pouvoir garantir une parfaite perception. .La Figure 42 montre par exemple qu’une anomalie peut être perçue différemment selon l’angle d’observation choisi.

* Le point rouge sur la photo indique la localisation de l’anomalie

Figure 42 : Exemple de deux perceptions différentes lors d’un contrôle visuel

Il est probable qu’un positionnement du produit sous un certain angle (photo de gauche de la Figure 42) n’aura pas permis au contrôleur de percevoir l’anomalie alors que le positionnement du même produit sous un autre angle (photo de droite) lui aura permis de repérer l’anomalie et de déclarer le produit comme non conforme. La photo de gauche illustre un effet lumière (voir paragraphe 2.3.5.2). En effet, l’anomalie n’est pas visible sous un effet brillance alors que sous un angle quelconque l’anomalie est parfaitement visible. Notons que la zone du produit photographié – le fond de la boîte de montre – est une zone plate. Dans le cas d’une zone plus courbe, nous retrouvons les trois effets lumière en même temps sur la même zone ce qui peut, là encore, rendre la perception des anomalies extrêmement délicate.

On peut rajouter à cette difficulté celle résultant du nombre important de types de produits différents à contrôler, chacun d’eux possédant des caractéristiques très différentes liées à leur procédé de fabrication. Cela peut alors se traduire par une attention plus grande du sujet donnée à certaines anomalies très liées aux caractéristiques du produit, et cela au détriment d’une exploration exhaustive de l’ensemble des anomalies possibles. Cela peut suffire à expliquer que certaines anomalies très grossières peuvent échapper à la vigilance d’un sujet. La Figure 43 en montre un exemple.

* A gauche, une pièce exempte d’anomalie, à droite une pièce présentant une anomalie

Figure 43 : Exemple d’une anomalie non perçu lors d’un contrôle visuel

Sur cet exemple de contrôle, le contrôleur n’a pas perçu une anomalie pourtant très visible (absence du chiffre XII) parce son attention s’est focalisée sur la recherche de raies ou coups, anomalies habituelles sur ce type de produits.

Ces deux exemples illustrent bien la difficulté de percevoir correctement des anomalies lors d’un contrôle visuel des produits. Ils montrent ainsi que les conditions de contrôle susceptibles de favoriser cette perception doivent être recherchées et mises en œuvre.

3.2.2 L

ES FACTEURS INFLUENTS SUR LA PERCEPTION

Cette expertise d‘exploration représente la première étape d’un contrôle. Elle est donc incontournable. Il s’agit donc de faire en sorte qu’elle puisse s’effectuer dans les meilleures conditions possibles.

Cela suppose donc d’abord de recenser l’ensemble des facteurs ayant une influence sur la manière dont ces anomalies peuvent ou ne peuvent pas être perçues.

3.2.2.1 LISTE DES FACTEURS INFLUENTS SUR LENVIRONNEMENT DE LA MESURE SENSORIELLE En collaboration avec le groupe avec lequel nous avons conçu l’élaboration de la démarche pour le contrôle visuel (voir début de ce chapitre), nous avons réalisé un diagramme d’Ishikawa pour lister les différents facteurs pouvant impacter la perception des anomalies (en bleu sur la Figure 44). Ces facteurs ont été positionnés par rapport à l’une des catégories se rapportant à un des 5M : Méthode, Milieu, Main d’œuvre, Moyen, Matière.

Figure 44 : Recensement des facteurs influents impactant la perception des anomalies

Chacun des 5M regroupe plusieurs facteurs définis par les experts comme étant des facteurs potentiellement influents sur la perception de l’anomalie.

Ainsi la catégorie Main d’œuvre regroupe des facteurs sur les aspects classiquement couverts par la problématique de la mesure sensorielle. Ainsi, l’acuité visuelle et la fatigue se réfèrent à la capacité du contrôleur à percevoir l’anomalie. La manière d’interpréter cette anomalie a également un impact sur la manière dont celle-ci est perçue (la perception est, nous l’avons vu précédemment, très liée à l’action qui en résulte).

La catégorie Milieu touche essentiellement l’environnement de la mesure puisqu’elle regroupe des facteurs tels que la luminosité (i.e. l’éclairage du poste), la période de contrôle (luminosité différente si le contrôle est réalisé le matin ou en pleine journée), le contraste (fonction du support du produit utilisé lors du contrôle) et les reflets (orientation du poste et positionnement par rapport à une source lumineuse extérieure).

La catégorie Moyen fait référence à ce qui est utilisé pour réaliser un contrôle visuel. C’est le cas de la loupe dont l’utilisation ou l’absence d’utilisation peut avoir un effet sur la perception de l’anomalie (certaines anomalies sont plus efficacement perçues à l’œil nu tandis que d’autres nécessitent un recours systématique à la loupe). C’est le cas aussi des moyens de protection (doigt en latex, gants, chiffons antistatiques…) dont l’absence d’utilisation ou l’utilisation d’autres moyens peut générer de nouvelles anomalies qui, de fait, n’auraient pas

Main d’Oeuvre Milieu

Méthode