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D EUXIEME ETAPE : L’E VALUATION , UTILISATION ET APPORTS DE LA DEMARCHE

2 L ES ENJEUX DE L ’ APPLICATION D ’ UNE NOUVELLE APPROCHE DANS LE CONTROLE VISUEL

3.2.2 D EUXIEME ETAPE : L’E VALUATION , UTILISATION ET APPORTS DE LA DEMARCHE

Cette deuxième étape a porté sur l’évaluation de l’anomalie en travaillant sur la création de la grille d’intensité, principal outil pour valoriser cette expertise.

Toujours dans le chapitre 2, nous avons décrit la démarche pour évaluer les anomalies. Cette démarche, construite sur une démarche utilisée en analyse sensorielle, est composée de 4 étapes : Préparation, Construction, Validation, Utilisation. Cette dernière phase, que

nous n’avons pas développée dans le chapitre 2, va donc être l’aboutissement des travaux effectués dans les phases précédentes. Elle va donc permettre à la démarche auparavant à l’état de projet de se concrétiser dans un contexte productif tel que la mise en place de la méthode au sein des contrôles visuels effectués en production.

3.2.2.1 UTILISATION DE LA DEMARCHE

La démarche comporte alors plusieurs standards, tous capitaux pour pouvoir atteindre l’objectif final du contrôle : donner un jugement.

Les standards référencés sont donc :

- la liste des descripteurs de l’anomalie prédéfinis

- la grille d’intensité

- la liste des zones de l’anomalie prédéfinies

- la table des niveaux de référence

Ces quatre standards vont donc permettre de juger l’anomalie comme le montre la Figure 71.

Par exemple, sur cette Figure 71, l’utilisateur a relevé une anomalie. Il a sélectionné durant l’expertise d’évaluation de l’anomalie qu’il s’agissait d’une Marque, d’intensité 2. Or, l’étape suivante est alors de juger l’anomalie. Le contrôleur définit cette anomalie comme se trouvant sur la Lunette. Or en se référant à la table des niveaux de référence, le contrôleur qui a évalué la gravité de l’anomalie, va pouvoir juger de l’acceptabilité ou non de cette dernière. Dans notre exemple, l’anomalie est donc acceptable car inférieure à 3.

Figure 71 : Evaluation et Jugement de l’anomalie

Ces modifications au sein de Patek Philippe ont pu être réalisées pas à pas et appliquées malgré les difficultés liées aux conséquences engendrées par l’ensemble des acteurs face aux changements. Néanmoins, après ces difficultés (elles seront développées au paragraphe 4.1), ces changements ont alors apporté une nouvelle culture vis-à-vis du contrôle que nous allons développer maintenant.

3.2.2.2 LES APPORTS DE LA DEMARCHE

Comme nous l’avons déjà vu pour l’expertise d’exploration, le rôle et le statut du contrôleur vont aussi évoluer pour l’expertise d’évaluation. L’évaluation devenant une véritable

Descripteur de l’anomalie Marque Particule Tache Déformation Intensité de l’anomalie 1 2 3 4 5 6 Zone de l’anomalie Lunette Fond Zone de l’anomalie Lunette Fond … Marque <3 <4 Particule <3 <4 Tache <3 <4 Déformation <3 <4 L’anomalie est-elle acceptable ? Table des niveaux de référence

expertise, il va être demandé au contrôleur de devenir par conséquent un expert de sa tâche. Son profil est alors complètement modifié et son travail valorisé.

Outre cette valorisation de l’expertise, la démarche que nous proposons symbolise une véritable modification de la culture du contrôle.

En effet, avant l’application de cette démarche dans l’entreprise, les contrôles étaient effectués suivant une approche non formalisée et donc peu fiable. Bien sûr basée sur l’expérience de chaque contrôleur, les résultats obtenus au contrôle respectaient le niveau qualité souhaité et revendiqué par l’entreprise. Cependant, ce niveau était atteint suite à la multiplication des contrôles et après de longues et interminables discussions.

Aujourd’hui, cette formalisation de l’évaluation des anomalies par différents standards et par une demande d’expertise plus importante permet une véritable fiabilité dans les résultats aux contrôles.

Au départ, l’utilisation de ces standards fut perçue comme une contrainte. Cependant, les contrôleurs ont petit à petit compris tous les bénéfices que cela apportait en utilisant ses derniers.

La démarche que nous proposons, a donc totalement transformé le contrôle. En effet, autrefois la réponse finale demandée aux contrôleurs étaient "Conforme" ou "Non conforme" sans l’apport d’aucun justificatif et se rattachant à aucune règle de décision permettant cette justification. Notre démarche a donc été un réel bouleversement dans la manière d’effectuer un contrôle. Imposant une démarche à suivre pas à pas, la décision finale sera donc donnée par des règles de décision et donc d’acceptabilité. Le contrôleur sera donc un expert à la fois en exploration mais aussi en évaluation. La décision finale se retrouve alors justifiée par l’application des standards proposés et utilisés pour effectuer l’évaluation.

Ce bouleversement est donc une nouvelle approche du contrôle et modifie donc la culture du contrôle dans l’entreprise. Le contrôleur n’est plus responsable de la décision finale de l’acceptabilité de l’anomalie mais est devenu responsable de sa justification. Cette nuance peut paraître infime mais après réflexion, cette responsabilité est plus importante que seule la responsabilité de la réponse finale. En effet, chaque utilisation de standard entraîne une responsabilité prise par le contrôleur. Ce dernier en utilisant la démarche se retrouvera en train de justifier la totalité de ces choix (Tableau 46).

Standards utilisés Justifications liste des descripteurs Type de l’anomalie grille d’intensité Intensité de l’anomalie liste des zones Zone de l’anomalie

Tableau 46 : Justification des choix du contrôleur en fonction des standards à utiliser

Nous ne pouvons donc que constater de réels apports pour l’entreprise en ce qui concerne les différents éléments que nous avons présentés précédemment.

Cependant, il faut noter que cet engouement ne s’arrête pas là. Cette démarche apporte aussi une véritable uniformisation du contrôle pour l’ensemble des acteurs concernés pour cette tâche. Tous les ateliers vont alors suivre une et même méthode sur l’ensemble de la société. Ce nouvel esprit permet une cohésion entre tous les ateliers et un dialogue basé sur le même langage. Cette démarche inculque donc la nouvelle culture du contrôle : tout le monde utilise les même outils pour formaliser son contrôle. C’est pourquoi, et c’est l’une des forces de ce système d’évaluation, chaque descripteur sera identique dans ses caractéristiques sur la grille d’intensité et ce quelque soit les composants ou la pièce contrôlées. Ce point va alors renforcer l’apport que nous venons de citer : l’uniformisation du contrôle.