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Chapitre IV: Étude de l’incorporation du germanium dans la zircone

1.2 Quantification du germanium

La concentration de germanium dans la couche d’oxyde de zirconium a été mesurée par microsonde de Castaing. Après le dépôt d’oxyde, une couche de carbone amorphe de 8,4 nm est déposée par évaporation en surface des échantillons. Le rôle de cette couche de carbone est d’évacuer les charges négatives introduites par le faisceau d’électrons. Un échantillon de MnTiO3 massif est utilisé pour étalonner la mesure de la quantité d’oxygène. De la zircone yttriée est prise en référence pour le zirconium. Pour Ge et Si c’est le matériau pur massif de chaque élément qui est utilisé. Les raies Kα sont mesurées pour l’oxygène et le silicium ; les raies Lα pour le germanium et le zirconium. Trois énergies de faisceau ont été utilisées : 3, 4 et 5 KeV. Les mesures sont ensuite modélisées via le logiciel StrataGem® selon l’empilement présenté sur la Figure IV.2.

Figure IV.2 : Empilement utilisé pour modéliser les mesures en microsonde Castaing. Les valeurs d’épaisseurs et de densités inscrites à droite des couches sont fixées.

Les résultats sont résumés dans le Tableau 3. Le rapport entre la concentration d’oxygène et la somme des concentrations de zirconium et germanium a été calculé. On observe qu’il est de 2,4 pour tous les échantillons, quelle que soit la quantité de germanium introduite dans la couche de zircone. Ce rapport est supérieur à la valeur de 2 mesurée dans le cas d’une zircone stœchiométrique. Une sur-stœchiométrie de la zircone reste cependant peu plausible. On peut supposer qu’un surplus d’oxygène provient de l’oxyde de silicium qui possède une épaisseur supérieure à celle prise en compte dans le modèle. De plus, la raie Kα de l’oxygène possède une faible énergie de 0,525 eV ce qui la rend plus sensible à l’écrantage de la couche supérieure de carbone que les raies Lα du germanium et du zirconium. On peut remarquer que l’échantillon non dopé Z0 contient tout de même une faible quantité de germanium (0,1 % atomiques). Elle provient probablement de l’incertitude expérimentale ou d’une contamination des couches. Une étude approfondie de la contamination sera menée dans la section 3.2.

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Tableau 3 : Composition des échantillons de Ge-ZrO2 mesurée par Microsonde. Les valeurs théoriques sont calculées à partir du nombre de cycles de ZrO2 et GeO2.

Échantillons

Concentrations

(% atomique)

𝑶

𝒁𝒓+𝑮𝒆 𝒁𝒓+𝑮𝒆𝑮𝒆 (%)

O (±7 %) Zr (±3 %) Ge(±0,3 %) Mesuré Théorique Mesuré

Z0 70,7 29,2 0,1 2,4 0 0,2

ZG5 70,8 28,1 1,1 2,4 5,3 3,7

ZG10 70,6 26,9 2,5 2,4 10 8,6

ZG15 70,5 25,5 4,0 2,4 14,3 13,5

La quantité de germanium déposé est tracée en fonction du nombre de cycles de GeO2 sur la Figure IV.3. La concentration de germanium croit avec l’augmentation du nombre de cycles de germanium de manière quasi linéaire. Cela se traduit par une vitesse de croissance du germanium déposé par cycle PEALD indépendante du nombre de cycles en germanium. Ainsi, le substrat de zircone n’affecte pas la vitesse de croissance de l’oxyde de germanium.

Le rapport 𝑍𝑟+𝐺𝑒𝐺𝑒 est mesuré par microsonde. Il est légèrement inférieur au rapport du nombre de cycles PEALD de GeO2 et de ZrO2. La quantité de zircone déposée à chaque cycle est donc plus élevée que celle d’oxyde de germanium. Cependant la quantité de germanium mesuré reste dans la plage de concentration visée qui a été définie dans la section 1.1.

Figure IV.3 : Concentration de germanium absolue et par cycle en fonction du nombre de cycles PEALD de GeO2.

1.3 Mesure de l’épaisseur et de la densité des couches

Des mesures de réflectométrie de rayons X (XRR) ont été réalisées sur les couches minces de zircone dopée avec du germanium. L’objectif est de connaitre à la fois l’épaisseur des films déposés et leur densité. Les couches ont été déposées sur un

Préparation des échantillons

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substrat de silicium puis recuites. Comme dans le cas de la zircone dopée avec du tantale, chaque échantillon est modélisé par un empilement de trois couches et d’un substrat. La Figure IV.4 présente l’intensité XRR mesurée et simulée en fonction de l’angle d’incidence du faisceau pour l’échantillon de type ZG10. On observe que la courbe ajustée reproduit parfaitement les valeurs mesurées. Les résultats des modélisations sont résumés dans le Tableau 4.

Figure IV.4 : Intensité XRR mesurée (bleu) et simulée (rouge) en fonction de l’angle d’incidence du faisceau pour l’échantillon ZG10.

Tableau 4 : Densités et épaisseurs des couches de zircone dopée avec du germanium obtenues par modélisation des mesures XRR.

Echantillon

couche de surface couche

principale interface inférieure e1(nm) d1 (g/cm3) e2 d2 e3 d3 Z0 1,2 1,9 7,6 6,0 1,5 2,3 ZG5 1,2 2,0 7,4 6,1 1,3 2,3 ZG10 1,1 2,0 7,8 6,0 1,2 2,3 ZG15 1,0 2,3 8,8 5,6 1,3 2,3

La couche de surface correspond à une couche de contamination. Elle est très similaire pour les quatre échantillons. Elle possède une épaisseur de 1 nm pour une densité proche de 2 g/cm3. La couche d’interface inférieure est composée de SiO2 provenant de l’oxydation naturelle du substrat de silicium à l’air, mais aussi du plasma d’oxygène des premiers cycles de PEALD. La densité de cette couche est de 2,3 g/cm3 ce qui est cohérent avec la densité de la silice mesurée en XRR5.

La couche principale est composée d’oxyde de zirconium pour l’échantillon Z0 ou de l’alliage ZrO2-GeO2 pour les échantillons ZG. Les oxydes Z0, ZG5 et ZG10 ont une densité de 6 g/cm3. Cette valeur est en accord avec les mesures de densité de Thomas6 et coll. sur des couches de zircone cristallisée de 10 nm déposée par MOCVD. On observe pour ces deux échantillons qu’il n’y a pas d’effet de la quantité de germanium sur la densité du film. L’ajout de cinq cycles de germanium entre

5 C. Vallée et al. Journal of Non-Crystalline Solids272, 2–3 (2000).

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l’échantillon ZG10 et ZG5 se traduit par une augmentation de l’épaisseur de la couche de 4 Å. Cela correspond à une vitesse de croissance de l’ordre de 0,8 Å/cycle. Cette valeur est classique pour des oxydes déposés par PEALD comme l’oxyde d’aluminium, l’oxyde de titane7 ou l’oxyde de tantale.

La couche ZG15 possède une densité 5,6 g/cm3 ce qui diffère significativement des densités de 6 g/cm3 mesurées sur les autres échantillons. Cette densité est plus proche de celle de la zircone amorphe8. De plus, la couche ZG15 possède une épaisseur plus élevée d’environ 1 nm par rapport aux autres couches de zircone dopée avec du germanium (8,8 nm pour ZG15 contre 7,8 nm pour ZG10). On peut donc supposer que la couche de zircone ZG15 est restée amorphe malgré le recuit.

1.4 Conclusion

Des couches minces de zircone dopée avec du germanium ont été déposées par PEALD. L’objectif de ces dépôts est la formation d’une solution solide de germanium dans l’oxyde de zirconium. Pour ce faire, les échantillons ont été déposés sous la forme d’un empilement de couches de ZrO2 et de GeO2. Une analyse microsonde a permis de vérifier que les concentrations de germanium présentes dans la couche étaient proches de celles visées. La quantité de germanium déposé à chaque cycle PEALD est constante ce qui permet d’avoir une concentration de germanium dans la couche proportionnelle au nombre de cycles de germanium. La densité et l’épaisseur des couches ont été évaluées par XRR. Pour la couche ZG15, la densité reste proche de celle de la zircone amorphe après le recuit ce qui signifie que la couche n’a pas cristallisé. Les couches avec des quantités plus faibles de germanium ont une densité proche de celle de la zircone cristallisée suggérant un état cristallisé ou semi-cristallisé.

2 Étude de la structure cristallographique de la zircone

Dans cette section, l’objectif est d’évaluer l’effet du germanium sur la structure cristallographique de la zircone. Des mesures de diffractions de rayons X en incidence rasante (GIXRD) ont été mises en œuvre pour observer la structure de l’oxyde de zirconium. Cette technique a été utilisée en variant la température de l’échantillon pour évaluer la température de cristallisation des couches minces.