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INTRODUCTION GENERALE

SANTE « BIO »

3. Les critères de santé

3.1. La qualité de vie 1 Définition

3.1.4. Qualité de vie et retour à l’emplo

La qualité de vie et ses dimensions ont suscité un grand intérêt au sein de la littérature internationale, quant à leurs liens avec le retour à l’emploi des femmes à court, moyen et long termes après le diagnostic (Porro et al., 2016). Toutefois, les relations entre la qualité de vie et le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein ne semblent pas unanimes. Afin de clarifier notre propos, nous abordons ce paragraphe en explicitant le lien avec le retour à l’emploi des patientes pour chacune des dimensions de la qualité de vie.

Tout d’abord, les études quantitatives, ayant évalué le bien-être émotionnel des femmes ayant un cancer du sein, n’identifient aucun lien significatif avec leur retour à l’emploi, ni à 8 mois après le diagnostic, ni après (Fantoni et al., 2010; Hedayati et al., 2013; Lee et al., 2016; Lindbohm et al., 2014; Peugniez et al., 2011). Cependant, la plupart de ces travaux présentent des biais méthodologiques considérables. En effet, la majorité d’entre eux sont rétrospectifs (Fantoni et al., 2010; Lindbohm et al., 2014; Peugniez et al., 2011) et l’étude de Hedayati et al. (2013) n’a été réalisée qu’auprès de 44 patientes, ce qui ne rend pas leurs résultats généralisables. Seule l’étude longitudinale et prospective de Lee et al. (2016), incluant 288 patientes, semble fiable et montre que le bien être émotionnel, évalué par la QLQ C3017, 6, 12, 24 et 36 mois post- diagnostic, n’impacte pas le retour à l’emploi des patientes à 36 mois. Les liens entre le bien-être émotionnel et leur retour à l’emploi, durant la première année suivant le diagnostic, restent néanmoins à réévaluer. En effet, l’étude qualitative de Tan et al. (2012),

17 European Organization for Research and Treatment of Cancer – Quality of Life Questionnaire (Aaronson et al.,

réalisée auprès de 40 femmes ayant un cancer du sein, avait mis en exergue que des pensées négatives en lien avec la survenue du cancer représentaient un frein à leur retour à l’emploi.

S’agissant du bien-être physique, les travaux français et rétrospectifs de Fantoni et al (2010) et Peugniez et al (2011), ne montrent aucun lien entre la perception de santé physique avant diagnostic et le retour à l’emploi 3 ans après le diagnostic. Cependant les auteurs n’ont pas utilisé de questionnaire validé afin d’évaluer la perception de santé physique avant diagnostic. Toutefois, l’étude de Hedayati et al. (2013) met en évidence que les patientes percevant un bien-être physique élevé – évalué à l’aide de la QLQ C30 – ont plus de chances d’être de retour à leur emploi 8 mois après le diagnostic de cancer du sein. Ces résultats sont également confirmés par l’étude transversale et rétrospective de Lindbohm et al. (2014), réalisée auprès de 1111 femmes ayant un cancer du sein, qui montrent qu’une faible qualité de vie physique augmente les chances de ne pas être en emploi entre 1 an et 8 ans après le diagnostic. Cependant, cette étude concerne le « non-emploi ». L’échantillon est donc composé de femmes n’étant pas revenues à l’emploi mais également de femmes au chômage suite à l’annonce de leur diagnostic (Lindbohm et al., 2014). En outre l’étude longitudinale de Lee et al. (2016) montre toutefois qu’un bien-être physique 24 mois après le diagnostic de cancer du sein est un levier au retour à l’emploi 36 mois après le diagnostic.

Pour le bien-être cognitif, seuls Lindbohm et al. (2014) identifient qu’un faible niveau de bien-être cognitif et psychologique augmente les chances de ne plus être en emploi entre 1 et 8 ans après le diagnostic. Nous réitérons cependant notre critique concernant le fait qu’il s’agisse d’une étude transversale et rétrospective concernant le non-emploi et non le retour à l’emploi. Par ailleurs, les autres études que nous avons identifiées ne montrent aucun lien entre le bien-être cognitif et le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein à 8 mois (Hedayati et al., 2013) et 36 mois après le diagnostic (Lee et al., 2016).

Concernant la santé globale relative à la qualité de vie, l’étude rétrospective de Azarkish et al. (2015), réalisée auprès de 175 femmes ayant un cancer du sein, ne montre aucune influence de la perception globale de la santé avant diagnostic sur leur retour à l’emploi, durant la période des traitements. Cependant, les auteurs n’ont pas utilisé de questionnaire validé afin d’évaluer la perception globale de santé. De plus, les auteurs ont tiré cette conclusion à partir des analyses univariées, ce qui peut constituer un biais, puisqu’elle ne permettent pas de contrôler le rôle éventuel d’autres variables dans le retour à l’emploi (Mion, Hérault, Libert, & Journois, 2010). Cette absence de lien a également été mise en évidence par Hedayati et al. (2013) concernant le retour à l’emploi 8 mois après le diagnostic, au sein cependant d’un échantillon de 44 patientes. D’autres travaux plus fiables réalisés par Petersson et al. (2011), auprès de 756 femmes ayant un cancer du sein, ont montré que les patientes percevant une moins bonne santé globale – mesurée avec la QLQ C30 et la SF-3618 – comparativement à 6 mois auparavant, étaient moins enclines à retourner à l’emploi dans la période suivant la chirurgie. Des résultats similaires, concernant l’effet délétère d’une pauvre perception de santé globale avant diagnostic, ont été observés par Bouknight et al. (2006) qui se sont intéressés au retour à l’emploi de 443 femmes 12 mois après le diagnostic. En revanche, 36 mois après le diagnostic, Lee et al. (2016) n’identifient aucun lien entre la perception de santé globale et le retour à l’emploi des 288 patientes incluses dans leur étude.

Enfin, deux études à notre connaissance ont évalué l’impact du fonctionnement dans les activités quotidiennes et le bien-être social sur le retour à l’emploi des patientes à l’aide de la QLQ C30 (Hedayati et al., 2013; Lee et al., 2016). Huit mois après le diagnostic, Hedayati et al. (2013) identifient les scores élevés de fonctionnement dans les activités quotidiennes et le bien-être social comme des leviers du retour à l’emploi, auprès de 44 patientes ayant un cancer du sein. Compte tenu de leur taille d’échantillon, ces résultats méritent cependant d’être

18 The Short Form – 36 (Ware & Sherbourne, 1992)

confirmés. Par ailleurs, 3 ans après le diagnostic, l’étude longitudinale de Lee et al. (2016) ne met aucun lien significatif en évidence, ni pour le bien-être quotidien, ni pour le bien-être social des patientes, qu’il soit évalué à 6, 12, 24 ou 36 mois après le diagnostic.

Les résultats concernant l’influence de la qualité de vie sur le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein ne sont que très peu concluants. Dans la première année suivant le diagnostic, seuls les travaux de Petersson et al. (2011) sont fiables et nous encouragent à penser qu’une bonne santé globale perçue avant le diagnostic serait un levier du retour à l’emploi des patientes durant la période suivant la chirurgie. À plus long terme, les travaux de Lee et al. (2016), nous aident à conclure qu’un bon fonctionnement physique à 24 mois est un levier du retour à l’emploi 3 ans après le diagnostic. Nous relevons de nombreux biais méthodologiques au sein des autres études tels que : de nombreuses études rétrospectives (Fantoni et al., 2010; Lindbohm et al., 2014; Peugniez et al., 2011), des petits échantillons ne permettant pas d’obtenir des résultats concluants (Hedayati et al., 2013), des travaux ne mesurant pas les concepts à l’aide de questionnaires validés (Azarkish et al., 2015; Bouknight et al., 2006; Fantoni et al., 2010; Peugniez et al., 2011) ou encore une étude concluant des résultats sur la base d’analyses univariées (Azarkish et al., 2015). De plus, s’il existe des variations de la qualité de vie et ses composantes, chez les patientes diagnostiquées d’un cancer du sein, il est d’un intérêt certain d’étudier leur impact sur leur retour à l’emploi, or cela n’a pas encore été réalisé à notre connaissance. Nous soulevons donc la nécessité de réitérer une étude longitudinale et prospective, afin de clarifier les liens existant entre la qualité de vie, ses variations et le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein, notamment pendant la première année suivant le diagnostic.

La dimension sociale de la qualité de vie (bien-être social et fonctionnement dans les activités quotidiennes) a été définie par Wright, Kiely, Lynch, Cull, & Selby, (2002) en terme

de détresse sociale. Le paragraphe suivant s’attache à définir cette notion et à présenter en quoi il serait intéressant de mesurer ses effets sur le retour à l’emploi des patientes.

3.2. La détresse sociale induite par le cancer