CONCERNEES
2. Qualité du miel d’agrumes
Comme nous l’avons réalisé avec la première région, les analyses relatives à la qualité du miel issu de la région du Cap Bon ont été effectuées sur un nombre d’échantillons provenant de plusieurs sites. Cependant, et en raison de la saison de production et des conditions particulières de cette année, le nombre d’échantillons de miel d’agrumes issu de la production de cette année est faible (6 échantillons). De la même façon que précédemment, nous avons compilé les résultats provenant des analyses des autres années réalisés dans le centre de développement du secteur
apicole Mraissa (OEP). Au total, 24 échantillons ont été ainsi utilisés dans cette analyse qualitative.
Le tableau 9 résume les résultats des analyses qualitatives du miel d’agrumes dans la région du Cap Bon
Tableau 9. Caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région du Cap Bon
Moyenne Ecart type Max Min
Humidité (%) 17.3 0.7 18.6 16.2
Invertase 78.2 49.6 148.9 27.8
HMF(mg/kg) 9.5 6.1 28.4 1.4
pH 3.9 0.24 4.3 3.6
Fructose (g/100 g) 37.3 1.6 38.8 32.8
Glucose (g/100 g) 33.3 2.17 39.4 31.1
Fructose + glucose (g/100 g)
70.6 0.9 72.2 69.3
Saccharose (g/100 g) 2.9 1.7 4.4 0.9
Maltose (g/100 g) 3.6 0.04 3.6 3.5
Conductivité (mS/cm) 0.2 0.05 0.3 0.1
Activité de la Diastase 11.2 0.9 12.1 10.2
Les résultats des analyses des caractéristiques physico-chimiques du miel d’agrumes sont présentés de la même façon que ceux du premier miel (d’Eucalyptus Camaldulsensis). Cependant, l’acidité est présentée dans ce cas ci par les valeurs de pH qui donnent déjà une idée précise sur l’intensité de la fermentation du miel.
Si on compare les valeurs obtenues dans le cas des deux miels (Eucalyptus Camaldulsensis et agrumes), on note quelques différences notables qui sont rapportées dans le tableau 10.
Tableau 10. Comparaison des caractéristiques physico-chimiques du miel d’Eucalyptus camaldulsensis (Sejnane) et d’agrumes (Cap Bon)
Miel d’agrumes Miel d’Eucalyptus Cmaldulsensis
Observations
Humidité (%) 17.3 17.25 Moyenne similaire
Invertase 78.2 132.13 Différence notable
HMF(mg/kg) 9.5 15.1 Légère différence
Fructose (g/100 g) 37.3 39.6 Moyenne similaire
Glucose (g/100 g) 33.3 31.9 Moyenne similaire
Fructose + glucose (g/100 g) 70.6 71.5 Moyenne similaire
Saccharose (g/100 g) 2.9 0.57 Pas de différence
Maltose (g/100 g) 3.6 2.21 Pas de différence
Conductivité (mS/cm) 0.2 0.43 Légère différence
Les différences constatées entre les deux types de miel sont surtout liées à l’invertase et à un degré moindre à la teneur en HMF et à la conductivité électrique. Ces différences concernent donc et d’une façon générale la fraîcheur du miel et les conditions de stockage. Il est fort probable que les échantillons sont issus des exploitations où les conditions de production, de conditionnement, de conservation et même de nature climatique sont différentes qui entraînent à leur tour de telles variations de la qualité du miel.
Comme dans le cas du miel d’Eucalyptus Camaldulsensis, les caractéristiques du miel d’agrumes répondent à toutes les normes tunisiennes et européennes comme l’étayent les données rapportées dans le tableau 11.
Tableau 11. Comparaison des caractéristiques qualitatives du miel d’agrumes produit dans la région du Cap Bon aux normes tunisiennes et européennes
Moyenne Normes Tunisiennes
Normes européennes
Observations
Humidité (%) 17.3 21 21 Répondant aux normes
Invertase (Unités/kg) 78.2 >50 Répondant aux normes HMF (mg/kg) 9.5 <80 <40 Répondant aux normes
Acidité (pH) 3.9 <5 Répondant aux normes
Fructose + glucose (g/100 g) 70.6 >60 Répondant aux normes
Saccharose (g/100 g) 2.9 <5 <5 Répondant aux normes Conductivité électrique
(mS/cm)
0.2 <0.8 Répondant aux normes
En dépit des différences que nous avons soulignées avec le premier miel, les caractéristiques du miel d’agrumes répondent en moyenne à toutes les exigences tunisiennes et européennes. Il faut néanmoins noter que la fréquence des échantillons qui ne répondent pas à ces normes atteint parfois 40 %. Le critère le plus
affecté étant l’invertase qui indique la fraîcheur du miel. Par ailleurs, quelques échantillons présentent des teneurs en saccharose (4.4 %) très proches du seuil toléré (5 %) par les normes européennes. De plus, ces caractéristiques varient, parfois énormément, d’une année à une autre, c qui constitue une autre contrainte. Compte tenu de ce qui précède, il est impératif d’améliorer et de rendre plus stables ces caractéristiques qualitatives pour pouvoir rendre ce miel plus compétitif à l’égard des miels produits à l’étranger ou même à l’intérieur du pays. Il faut savoir que les textes réglementaires relatifs aux normes sont en perpétuelle révision pour tenir compte de nouvelles exigences des citoyens.
De nombreuses lames de référence ont été préparées par le Centre de Développement du secteur apicole M’raissa et ce dans le but de mettre en place des outils qui permettraient de spécifier le miel produit à partir diverses ressources mellifères.
Les photos 2 ; 3 ; 4 et 5 illustrent les différentes formes des grains de pollen de divers agrumes exploités dans la région du Cap Bon.
Photo 2. Lame de référence du grain de pollen de Maltaise
Photo 3. Lame de référence du grain de pollen Meski
Photo 4. Lame de référence du grain de pollen du citronnier
Photo 5. Lame de référence du grain de pollen de clémentine
Les lames montrent que les grains de pollen présentent une forme circulaire ou subcirculaire. L’exine de ces grains est réticulée, irrégulière et discontinue avec 4 dépressions symétriques.
Par ailleurs, Il faut rappeler que les agrumes ne constituent pas les seules ressources mellifères disponibles dans la région du Cap Bon. Dans certaines zones de cette vaste région, des superficies assez variables sont réservées pour des ressources comme l’Eucalyptus (1000 ha), l’acacia (3200 ha), d’Elycrisum et tant d’autres. Letaïef (2006) a pu procéder à une analyse pollinique des échantillons de miel. Le résultat de cette analyse est présenté dans la figure 5.
Figure 5. Répartition des grains de pollen en fonction de leur origine botanique dans le miel d’agrumes (Letaïef, 2006)
Les données rapportées montrent qu’en dépit de cette diversité de ressources mellifères disponibles dans la région, le pollen des agrumes est prépondérant dans le mélange. En effet, cette proportion dépasse 71 % ce qui constitue un bon critère pour attribuer une origine botanique à ce miel.