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L’Analyse du Cycle de Vie

1.1 Qu’est-ce qu’un ACV ?

Au sens de la norme ISO-14040, l’analyse du cycle de vie (ACV) est définie comme étant « une

compilation des intrants, des extrants et des impacts environnementaux potentiels d’un système de produits au cours de son cycle de vie » [ISO-14040,2006]. Elle est une méthode d’évaluation des impacts environnementaux d’un système (qu’il s’agisse d’un bien ou d’un service, voire d’un procédé), tout au long de leur cycle de vie, méthode dite du « berceau à la tombe » [SAIC, 2006]. La réalisation de l’ACV d’un produit comprend les quatre phases présentées dans la figure I. 1.

Figure I. 1 - Phases d’une analyse du cycle de vie [ISO-14040,2006]

Après la définition des objectifs et champs de l’étude, l’inventaire (inventaire du cycle de vie : ICV) des flux de matières et d’énergies traversant les systèmes est traduit en impacts ou dommages environnementaux grâce à des coefficients préétablis (appelés facteurs de caractérisation) qui permettent de calculer la contribution de chaque flux aux divers impacts environnementaux étudiés. Dans l’inventaire sont considérées les émissions de toutes les composantes de l’environnement lors de la production, de l’utilisation et de l’élimination du système. Ainsi sont également impliqués les processus de l’exploitation des matières premières et la production d’énergie [BOEGLIN &VEUILLET,2005]. Les impacts environnementaux se

calculent selon l’hypothèse que toute consommation ou émission provoque des impacts, et qu’il existe une relation linéaire entre les flux et les impacts [LEROY,2009].

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1.2 Méthodologie ACV

1.2.1 Définition des objectifs et du champ de l’étude

La définition des objectifs et du champ de l’étude est la phase de l’ACV dans laquelle sont définis l’objectif de l’étude ainsi que la manière de prendre en compte les impacts environnementaux dans le processus de prise de décision. Dans cette première étape non technique de l’ACV, il est nécessaire de faire une réflexion sur la fonctionnalité du produit ou système et de l’unité fonctionnelle. Ainsi il est important que soit menée une réflexion sur les frontières du système, il faudra déterminer la manière d’organiser les données et de présenter les résultats [SAIC,2006]. La construction de cette phase doit être très claire, car en fonction de cette étape dépendront les résultats de l’étude.

1.2.1.1 Les fonctions du système de produits ou des systèmes

La définition de la fonction du système ou des systèmes à étudier est essentielle dans une étude ACV. Nous devrons donc être très prudents dans la description et le choix de la fonction du système car il est courant qu’un système ait plusieurs fonctions. La fonction du système doit être la même dans les cas de comparaison des systèmes ou des produits. En conformité avec la norme ISO 14040, seuls les systèmes remplissant une fonction équivalente peuvent être comparés [JOLLIET ET AL,2005].

1.2.1.2 L’unité fonctionnelle

Une fois la fonction du système définie, l’unité fonctionnelle (UF) du produit ou système pris en étude doit être définie. L’unité fonctionnelle est le point central de tout ACV, car elle fournit la référence par laquelle toutes les autres données de l’évaluation sont normalisées [WEIDEMA ET AL,2004]. Elle est une description quantitative de la performance du service (les besoins

remplis) du système ou du produit étudié. Elle doit, autant que possible, être relative aux fonctions du produit plutôt qu’à ses caractéristiques physiques [ROUSSEAUX,1999].

1.2.1.3 La frontière du système

Il est indispensable de préciser la frontière du produit ou système étudié. Si, dans une ACV, tous les processus étaient pris en compte, alors on retrouverait seulement des quantités de matières entrantes et sortantes dans l’inventaire. Cela étant pour l’heure impossible, sachant que l’élargissement des frontières est souvent coûteux en ressources et en temps et ne donne pas toujours accès à des renseignements significatifs. Il est donc nécessaire que dans une ACV,

9 les processus inclus soient ceux qui contribuent de manière significative au produit étudié et à sa fonction [REBITZER ET AL,2004]. Chaque fois qu’un système est étudié, il est important de

définir les frontières de l’étude, nécessaires à la séparation du système du reste du monde. En ACV, nous distinguons trois types de limites :

- la limite entre le système et l’environnement ;

- les limites entre les processus qui sont pertinents et non pertinents pour le produit ; - la frontière entre le système de production à l’étude et d’autres systèmes de production Outre la définition des objectifs de l’étude, de l’unité fonctionnelle et des flux de référence, cette première phase de l’ACV guidera d’autres choix dans les phases ultérieures [GUINEE, 2002].

1.2.2 Analyse de l’inventaire

En plus des choix méthodologiques concernant la modélisation d’un système de produits pour chaque processus du système, un ensemble de données est nécessaire. L’objectif de l’inventaire est de recueillir des informations pertinentes de l’environnement, des processus identifiés lors de la définition de l’objectif, à inclure dans le modèle du système de produit [WENZEL ET AL,

2001]. La norme ISO 14040 définit les étapes présentes dans la figure I. 2 pour une analyse de l’inventaire de l’ACV.

Figure I. 2 - Procédures simplifiées de l’analyse de l’inventaire (certaines étapes itératives

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1.2.2.1 L’arbre des procédés

Afin de faciliter la collection des données il est nécessaire de réaliser un diagramme comprenant tous les principaux processus de l’unité qui devront être modélisées, y compris leurs interrelations [GUINEE,2002].

1.2.2.2 Collecte des données

Cet ensemble de données est une compilation des entrées et des sorties liées à la fonction ou un produit généré par le processus. Un objectif important de la collecte des données est d’établir une base de données qui peut être utilisée sur une base pour ACV auprès des autres modélisateurs. Cela signifie que les données pour un procédé doivent être stockées sous une forme qui rend possible leur réutilisation dans la modélisation ultérieure d’autres produits. La collecte et la compilation des données sont souvent la partie de l’ACV qui nécessite beaucoup de travail et de temps. La collecte des données pour le premier produit peut donc bien prendre plusieurs mois, tandis que les produits suivants peuvent être définis dans un temps beaucoup plus court [WENZEL ET AL,2001], [REBITZER ET AL,2004].

1.2.2.3 Qualité des données

Pour l’ACV, comme pour n’importe quel autre modèle, la qualité des données a une influence majeure sur les résultats et une identification adéquate de la qualité des données est donc une étape importante. Il est donc important de vérifier la validité des données des processus recueillies. Divers outils sont disponibles pour rendre possible cette identification, y compris les bilans de masse, les bilans énergétiques et la comparaison avec des données provenant d’autres sources. Toutes les données jugées insuffisantes au cours du processus de validation doivent être remplacées.

L’objectif d’ACV est de ramener les impacts à l’unité fonctionnelle. Après la collecte des données sur chaque processus élémentaire, il est nécessaire de les affecter à l’unité fonctionnelle.

1.2.2.4 Affectation

La plupart des procédés industriels sont multifonctionnels. Leur production comprend généralement plus d’un produit, et les entrées de matières premières comprennent souvent des produits intermédiaires. Le système de produits à l’étude offre plus de fonctions que ce qui est étudié dans l’unité fonctionnelle d’intérêt. Une décision appropriée doit donc être prise pour

11 que les interventions environnementales associées au système de produits à l’étude soient affectées à l’unité fonctionnelle [GUINEE,2002].

1.2.3 Analyse de l’impact environnemental

La troisième étape de l’ACV est une étape de traduction des données d’inventaire en dommages environnementaux (impacts environnementaux) causés par les flux environnementaux inventoriés. Pour réussir à faire tout cela, il existe des méthodes de calculs appelés éco- indicateurs. La première étape dans le calcul des impacts environnementaux est de sélectionner les impacts que l’on souhaite étudier. Cette phase doit être terminée comme une partie de l’étape de définition des objectifs et du champ de l’étude pour guider le processus de collecte de données [SAIC, 2006]. L’évaluation des impacts environnementaux se fait en deux étapes. D’abord, il est recommandé de faire un regroupement des substances, matériaux et énergie identifiés lors de l’inventaire dans les catégories d'impacts auxquelles ils contribuent. La somme totale des impacts unitaires des substances, matériaux et énergie représente l’impact total pour une catégorie [LEROY, 2009]. Une phase facultative dans le calcul des impacts

environnementaux est la normalisation des résultats. La procédure fournit une mesure de la contribution relative d’un système de produit pour les indicateurs d’impact identifiés en divisant l’impact potentiel par unité fonctionnelle par le score d’une situation de référence de l’impact [HUIJBREGTS ET AL,2003].

1.2.4 Interprétation des résultats

L’interprétation est la quatrième étape de l’ACV. En effet, il s’agit d’un processus continu de clarification, de quantification, de contrôle et d’évaluation des informations utilisées et les résultats obtenus de l’inventaire et des impacts environnementaux. Son objectif est d’identifier les étapes de l’ACV qu’il faut améliorer. Elle fait l’identification des étapes de l’ACV ou des parties de produits dont il faut réduire les impacts environnementaux [WENZEL,2001].

« Cette phase consiste dans un premier temps à définir les points sensibles du cycle de vie puis

à évaluer la quantité et la robustesse des résultats obtenus par une série de contrôles (contrôle de qualité, analyse de sensibilité, analyse des incertitudes…).» [JOLLIET ET AL,2005].

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1.3 Analyse du cycle de vie des produits de construction :