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A. Les gestes articulatoires comme indices visuels

A.2. Analyse de données vidéo

A.2.3. Étude des productions du locuteur B

A.2.3.3. b. Protrusion de la lèvre supérieure

Le paramètre de protrusion de la lèvre supérieure n’avait pas pu être étudié pour le locuteur A car le corpus ne contenait pas suffisamment d’occurrences de voyelles protruses. C’est en partie pourquoi

104 Test t de comparaison à 1.

un nouveau corpus avait été créé. Cette fois le paramètre de protrusion a donc pu être étudié de façon précise. La figure III.27 fournit les résultats des mesures de protrusion.

FIGURE III.27 – Moyennes des données normalisées de protrusion de la lèvre supérieure (P1) pour chaque type de syntagme et chaque type de focalisation.

mesure effet congruence effet type de focalisation interaction congruencetest t test t post-foc test t pré-foc t=-0,21 p=0,835 protrusion F(1,25)=19,798 p<0,001 F(2,50)=2,714p=0,076 - p=0,001t=3,307 t=-6,164p<0,001 t=-0,069

p=0,945 t=-0,039 p=0,969 TABLE III.8 – Résultats des tests statistiques menés sur les données normalisées de protrusion de la lèvre

supérieure pour le locuteur B selon la méthode décrite à la section A.2.1.2.d du chapitre III.

On notera ainsi (cf. figure III.27) que lorsqu’un syntagme est focalisé, sa protrusion est plus importante que pour les autres syntagmes du même énoncé (les barres S&FS, V&FV et O&FO sont plus grandes que les autres barres). Le contraste intra-énoncé moyen est ainsi de moyen 59,3% (59,1% pour S&FS, 64% pour V&FV et 54,7% pour O&FO) et est significatif (facteur congruence106 de l’ANOVA107, cf. table III.8 : F(1,25)=19,798 p<0,001). On ne note aucun effet significatif du type de focalisation108 : F(2,50)=2,714 (p=0,076). Bien qu’on ne puisse donc pas s’intéresser à l’interaction congruence¯type de focalisation109, on notera tout de même que c’est de nouveau lorsque c’est le verbe qui est focalisé que le contraste intra-énoncé est le plus important.

On observe également grâce à la figure III.27 que la protrusion est plus importante sur un syntagme lorsqu’il est focalisé que sur le même syntagme dans le cas neutre (les barres S&FS, V&FV et O&FO sont au-dessus de 1) et ce pour 54,2% des sujets focalisés, 73,1% des verbes focalisés et

106 Cas congruents : S&FS, V&FV et O&FO ; cas incongruents : V&FS et O&FS, S&FV et O&FV et S&FO et V&FO.

107 ANOVA à deux facteurs intra-sujets : congruence (deux niveaux) et type de focalisation (trois niveaux) ; pour une explication complète et détaillée du test voir la section 1.2.1.2.4 du chapitre II.

108 Type de focalisation : facteur intra-sujet à trois niveaux : FS, FV et FO.

56% des objets focalisés. Elle est d’en moyenne 36,9% (13,5% pour S&FS, 49,1% pour V&FV et 47,9% pour O&FO) et est significative110 : t=3,307 (p=0,001).

En ce qui concerne les éléments pré-focaux, la tendance générale est à la baisse de la protrusion par rapport au cas neutre (baisse vérifiée dans 61,5% des cas pour S&FV, 64% des cas pour S&FO et 72% des cas pour V&FO). Elle est d’en moyenne 2,1% pour S&FO et 4,1% pour V&FO mais est inexistante en moyenne pour S&FV (+4,8%). Elle n’est d’ailleurs globalement pas significative111 : t=-0,069 (p=0,945).

Lorsqu’un constituant est focalisé, il semblerait que la séquence qui le suit voit une baisse importante de sa protrusion (les barres V&FS, O&FS et O&FV sont en dessous de 1). Ceci se vérifie dans 75% des cas V&FS, 87,5% des cas O&FS et 73,1% des cas O&FV. La baisse est d’en moyenne 25,8% (-29,2% pour V&FS, -28,1% pour O&FS et -22,9% pour O&FV) et est significative112 : t=-6,164 (p<0,001).

En ce qui concerne la protrusion, il semble donc que le locuteur B ait tendance à hyper-articuler le constituant focal alors qu’il hypo-articule la séquence post-focale créant ainsi un contraste visible important au sein de l’énoncé entre ce qui est focalisé et ce qui ne l’est pas. Il ne marque cependant aucune variation de la protrusion sur la séquence pré-focale.

FIGURE III.28 – Moyennes des données normalisées de protrusion de la lèvre supérieure sur le syntagme focalisé pour chaque type de focalisation et en fonction du nombre de syllabes du constituant focalisé

considéré : résultats pour le locuteur B.

Le graphique de la figure III.28 représente les données normalisées de protrusion de la lèvre supérieure des constituants focalisés en fonction du nombre de syllabes qu’ils contiennent (en abscisse) et du type de focalisation considéré (différentes courbes). On constatera que l’échelle est beaucoup plus étendue que pour les figures du même type qui ont été exposées précédemment (figures III.21, III.25 et III.26). Ceci s’explique par le fait que pour deux énoncés focalisés sur l’objet, on mesure une augmentation de la protrusion beaucoup plus importante que pour tous les autres énoncés. Il s’agit de la phrase (5) dans le cas où l’objet ‘Li’ est focalisé. On s’étonnera de cette

110 Test t de comparaison à 1.

111 Test t de comparaison à 1.

augmentation puisque lorsque ‘Li’ est focalisé c’est l’étirement des lèvres qui augmente et donc éventuellement l’aire intéro-labiale et non la protrusion. Cependant, chez ce locuteur, lorsque l’étirement augmente la lèvre supérieure rentre et la valeur absolue de la protrusion (mesure qui a été effectuée, cf. section A.2.3.1.c du présent chapitre) augmente ainsi. Or dans le cas neutre, la protrusion est quasi nulle sur ‘Li’. Lorsque les valeurs de protrusion correspondant aux cas focalisés sont normalisées, dans ce cas précis elles sont divisées par une valeur très proche de 0. Donc bien que l’augmentation absolue de la protrusion liée à la lèvre supérieure qui rentre soit faible, suite à l’opération de normalisation, elle devient très importante.