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4.1 Prévalence des parasites intestinaux (ratons et latrines)

4.1.1 Protozoaires

Lors de l’analyse des matières fécales, 96,2 % des ratons de l’OCERM (n = 158) et 78,2 % des ratons du PSRRL (n = 142) excrétaient des coccidies en quantité variable (1+ à 3+). Dans certains cas, les ookystes couvraient la surface de la lame en entier. L’étude de Dubey (1982) a révélé la présence de différents stades du genre Eimeria dans une proportion semblable aux nôtres, soit 82,1 % des ratons euthanasiés (n = 28) dont presque tous étaient d’âge adulte. L’étude de Snyder (1988) rapporte une observation routinière d’ookystes Eimeria chez 100 ratons trappés ou tués par balle. Même si seul le genre

Eimeria (Dubey, 1982; Snyder, 1988) est rapporté chez le raton laveur, les différentes

caractéristiques morphologiques des coccidies observées dans nos spécimens nous permettent de croire qu’il y aurait plutôt plusieurs espèces.

La présence de quelques cas seulement de Cryptosporidium a été notée : 0/159 pour les ratons de l’OCERM, 1/142 pour ceux du PSRRL, 0/165 latrines en 2007 et 7/244 pour les latrines 2008. ). Même si aucun ookyste n’avait été trouvé dans les matières fécales des ratons de l’OCERM en 2007, un grand nombre d’ookystes a été observé chez un raton juvénile de l’OCERM lors de l’analyse de 60 contenus intestinaux (5 g de chacun) par la technique Wisconsin. Ceci est en accord avec ce que les autres ont trouvé. Ainsi, une étude (Perz et Le Blancq, 2001) réalisée dans l’état de New York a révélé par PCR la présence de

Cryptosporidium parvum chez un seul raton (n = 5) alors que Snyder (1988) a trouvé, par

un test d’immunofluorescence indirect, des ookystes de Cryptosporidium parvum dans les fèces de 13 % des ratons (n = 100). Dans cette dernière étude, tous les ratons positifs étaient d’âge juvénile. Leur technique d’analyse est probablement plus appropriée que la coproscopie pour la détection de petites quantités d’ookystes de Cryptosporidium, en effet cinq échantillons avaient moins de 5 ookystes par champ oculaire à 100X. Ces observations confirment la présence assez accidentelle de ce parasite. D’autres études sont nécessaires afin de déterminer la possibilité que le raton laveur puisse être une source d’infection pour ce parasite aux humains et aux animaux domestiques, ce qui n’était pas le but principal de notre étude.

Des kystes de Giardia ont été observés dans les matières fécales de 3,8 % des ratons (6/159) de l’OCERM. Cette observation n’est pas surprenante puisque ce parasite a été trouvé chez un très grand nombre d’espèces animales. Toutefois, sa présence chez le raton laveur n’avait jamais été signalée dans la littérature scientifique. L’infection de l’homme à partir des excréments du raton laveur reste toutefois à démontrer même si elle est vraisemblable. Aucun ookyste de Giardia n’a été observé dans les latrines. Même si la technique de Wisconsin n’est pas idéale pour la recherche de cette espèce, aucun ookyste n’a été détecté par les techniciennes expérimentées du laboratoire de parasitologie. Il est toutefois possible que le parasite soit détruit rapidement ou déformé lorsqu’il est exposé aux intempéries externes tels chaleur, pluie, gel et dégel. Bowman (2009) rapporte que l’utilisation de l’eau lors des analyses tend à déformer les ookystes de protozoaires. La pluie pourrait avoir eu le même effet dans les matières fécales récoltées dans les latrines.

Des ookystes de Sarcocystis ont été observés dans une latrine en 2007 (n = 165) et dans un spécimen des latrines 2008 (n = 244), alors qu’aucun n’a été observé lors de la coproscopie des matières fécales des ratons laveurs de l’OCERM et du PSRRL. Nos résultats sont semblables à ce qui est rapporté, puisqu’aucun ookyste de Sarcocystis n’a été observé dans les matières fécales de ratons laveurs (n = 28) nécropsiés lors d’une épizootie de rage en Ohio (Dubey, 1982), alors que deux ratons (n = 48) en excrétaient en Illinois (Adams et al, 1981). Dans les deux études américaines, la coproscopie a été effectuée par flottation avec une solution sucrée mais dont la densité était de 1,15 alors que nous avons effectué nos analyses par centrifugation avec une solution sucrée saturée dont la densité était de 1,28 - 1,30. Les deux techniques d’analyse ont permis de trouver un pourcentage semblable, mais très bas, d’animaux infectés. Par contre Sarcocystis sporule à l’intérieur de l’hôte et la paroi fragile de l’ookyste rupture facilement, libérant quatre sporozoïtes de 7 à 12 microns (Bowman, 2009), cette diminution de taille rend plus difficile l’observation de cette espèce. Les ratons ne semblent pas représenter une source d’infection importante pour l’espèce Sarcocystis.

Pour les trois protozoaires (Cryptosporidium, Giardia et Sarcocystis), les proportions observées chez les ratons et dans les latrines peuvent être sous-estimées suite à des biais d’évaluation et des biais de mesure. En effet, selon Bowman (2009), leur identification nécessite de l’expérience et une technique d’analyse appropriée (sulfate de zinc au lieu d’une solution sucrée) qui faciliterait le repérage des ookystes. En plus la solution sucrée a tendance à déformer les ookystes de protozoaires par variation osmotique (Bowman, 2009) et rendre leur identification difficile. De plus, les ookystes de protozoaires tendent à se poser dans un plan focal différent de celui des œufs de plus grande taille (Bowman, 2009) et sont donc plus difficiles à repérer, surtout lorsqu’ils sont présents en petit nombre (Snyder, 1988). Nous n’avons pas utilisé le sulfate de zinc car nous recherchions principalement les œufs de nématodes et de plus, ce médium nécessite un examen sans délai après la préparation de la lame afin d’éviter la formation de cristaux dans le champ visuel de la lame ou la distorsion osmotique qui rendent l’identification parasitaire plus difficile (Bowman, 2009). Malgré ces difficultés, ces espèces parasitaires sont identifiées couramment par les techniciennes du laboratoire de parasitologie de la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal.