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4.2 L’espèce Baylisascaris procyonis (chez le raton laveur)

4.2.6 La ponte parasitaire

Lors de la coproscopie des ratons de l’OCERM, le nombre d’œufs observés de l’espèce B. procyonis variait de un à 3 996 pour deux grammes de matières fécales alors que pour ceux provenant du PSRRL, le nombre variait de cinq à environ un million pour la même quantité de matières fécales. On peut donc voir que la ponte est très variable d’un raton à l’autre. Il a été estimé qu’un ver femelle mature peut pondre entre 115 000 et

179 000 œufs par jour (Kazacos, 2001; Gavin et al, 2005) et qu’un raton peut excréter jusqu’à 250 000 œufs par gramme de matières fécales par jour (Gavin et al, 2005) conduisant à une contamination marquée du milieu environnant. Dans notre étude, vu le nombre moyen de vers « femelles » trouvés dans chaque groupe d’âge, soit 4,8 chez les ratons adultes et 19,4 chez les juvéniles, on se serait attendu à ce que la moyenne d’œufs pondus soit de 552 000 à 859 200 chez les ratons adultes et de 2 231 000 à 3 472 000 chez les ratons juvéniles si on se base sur l’estimé de ponte des études américaines précitées. Par contre, nous avons observé que la ponte parasitaire moyenne par deux grammes était plutôt de 196,3 chez les ratons adultes et de 998,8 chez les juvéniles, nous obtenons donc une excrétion moyenne journalière d’environ 19 630 œufs chez les ratons adultes et de 99 880 œufs chez les ratons juvéniles, considérant qu’un raton défèque deux fois par jour, que chaque excrément pèse environ 100 g (Kazacos, 1982; Snyder et Fitzgerald, 1987) et supposant que la ponte est constante. Ces chiffres sont inférieurs à la moyenne établie par Kazacos en 2001, mais suffisants pour rendre une latrine fortement contaminée. Dans l’étude de Snyder et Fitzgerald (1987), la ponte parasitaire moyenne par gramme de matières fécales était de 6 454 œufs chez les ratons adultes et de 29 719 œufs chez les ratons juvéniles, pour un total approximatif par jour de 1 200 000 œufs chez les adultes et 5 943 000 œufs chez les juvéniles. Nos résultats étaient très inférieurs à ces estimés et s’expliquent du fait que nous avions obtenu une charge parasitaire inférieure et que nos analyses ont été effectuées sur des ratons piégés au printemps alors que Snyder et Fitzgerald (1987) l’ont fait en automne où la prévalence est plus élevée (Kidder et al, 1989).

L’âge avait un effet significatif (p < 0,0001) sur le nombre d’œufs observés à la coproscopie des ratons de l’OCERM. En effet, on retrouvait près de 24,7 fois plus d’œufs chez les juvéniles comparé aux adultes. Rien de surprenant puisque les risques d’infection diminuaient par un facteur de 0,066 (près de 15 fois moins) chez les adultes. Ce résultat est compatible avec le fait que les ratons juvéniles sont souvent porteurs d’une charge parasitaire plus grande (Snyder & Fitzgerald, 1985; Snyder & Fitzgerald, 1987)

probablement par manque d’immunité (Kazacos, 2001). D’ailleurs dans cette dernière étude, les ratons juvéniles excrétaient un nombre moyen d’œufs supérieur (29 719) à celui des adultes (6 454), une différence statistiquement significative (p < 0,005).

Chez les ratons du PSRRL, seule la variable saison était associée à un effet significatif (p < 0,01) sur la probabilité qu’un raton soit infecté par le B. procyonis. Le odds d’excréter des œufs l’automne était 11,1 par rapport au odds d’en excréter au printemps et 21,1 par rapport à celui de l’été. Ce résultat est semblable à celui de l’étude réalisée à New York par Kidder et al (1989) qui avaient obtenu une prévalence significativement plus élevée (35 - 40 %) à l’automne, soit durant les mois de septembre, octobre et novembre. La variation saisonnière du nombre de ratons excréteurs est probablement reliée au nombre de ratons qui se sont infectés durant l’été, ainsi qu’à la période de pré-patence du parasite, qui varie selon le mode d’infection du raton, soit d’environ 35 jours chez l’adulte et de 63 chez le juvénile. Les ratons juvéniles devraient contribuer à l’effet saison l’automne, s’ils ont commencé à excréter des œufs. Dans notre étude l’effet n’était pas significatif probablement parce que la taille d’échantillons était réduite. En effet, nous n’avions que 9 ratons juvéniles qui excrétaient des œufs à l’automne (n = 27). Aussi, dans l’étude de Gompper et Wright (2005), la prévalence des œufs de B. procyonis était plus élevée (76,9 %, n = 13) chez les ratons sub-adultes mais ceux-ci incluaient les individus ≤ 21 mois.

Tout comme pour la charge parasitaire, aucun chercheur n’a rapporté l’effet de la lactation sur la ponte parasitaire. Dans notre étude, le nombre d’œufs excrétés chez les femelles allaitantes diminuait par un facteur de 0,02 (soit 50 fois moins) par rapport aux femelles non-allaitantes. Comme il a été discuté dans la section précédente, cette différence statistiquement non significative est assez surprenante. On se serait attendu au fait que les femelles allaitantes excrètent plus d’œufs que celles qui n’allaitent pas, comme pour l’espèce Toxocara canis (Richardson et Krause, 2003) surtout suite à l’ingestion des matières fécales des bébés ratons au nid. Il est possible que la femelle allaitante, demeurant dans le nid avec la nichée, se contamine moins. Au printemps, si les femelles allaitantes ont

une charge parasitaire inférieure et excrètent moins d’œufs, on peut penser que les bébés ratons s’infecteront probablement plus tard, lorsqu’ils commenceront à utiliser les latrines, puisque la transmission trans-placentaire n’a pas été mise en évidence encore (Kazacos, 2001) chez le raton laveur.

4.2.7 Relation entre œufs et vers

À ce jour, peu de chercheurs ont évalué la relation entre le nombre d’œufs en fonction du nombre de vers, probablement parce que plusieurs facteurs influencent le nombre d’œufs présents dans les matières fécales dont la quantité de nourriture ingérée par le raton et la vitesse de transit intestinal. Dans notre étude, le nombre d’œufs augmentait significativement (p < 0,0001) par un facteur de 57 % par ver femelle présent. La ponte parasitaire aurait pu varier de façon inverse avec le nombre de vers, comme déjà rapporté dans d’autres études (Fisher et al, 1994).