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Protections collectives et individuelles

3. LA GESTION DES BIOCIDES

3.1. M ESURES DE SECURITE ET EQUIPEMENTS DE PROTECTION

3.1.2. Protections collectives et individuelles

En milieu professionnel, les principales voies de pénétration à prendre en compte sont l’inhalation et le contact cutané. Les risques d’intoxication par ingestion peuvent être simplement éliminés par le respect strict de l’interdiction de manger, boire ou fumer dans les locaux de travail383. De même, il faut éviter certaines habitudes, comme se ronger les ongles, se lécher les doigts pour tourner des pages ou mettre des objets à la bouche (crayons par exemple). Enfin, il est important de bien se laver les mains après avoir retiré ses gants384.

382 GEP, 2003, p.3 ; Suva, 2007, p.25.

383 Janowski, 1989, p.57 ; Picot et al, 1992, p.39.

Les protections collectives, qui sont plus efficaces, doivent toujours être privilégiées par rapport aux protections personnelles.

Les équipements de protection présentés ci-dessous sont identiques à ceux utilisés dans les laboratoires de chimie. Il est important que les EPI soient choisis de manière individuelle, afin qu’ils soient de bonne taille et le plus confortable possible. Le Code du travail européen (article R. 233-151) précise également qu’ils doivent permettre à l’utilisateur de « déployer normalement son activité »385.

PROTECTION DES VOIES RESPIRATOIRES

Il existe différents moyens pour se protéger de l’absorption de particules ou de gaz par les voies respiratoires : ventilation, aspiration/filtration en tant qu’équipements collectifs, et/ou port de masque comme EPI.

Les VENTILATIONS artificielles386 sont de deux sortes : générale ou locale. Elles permettent de renouveler l’air387 d’une pièce et de diluer les polluants, mais non pas de les éliminer. Selon Hawks et Makos (2001), la dilution des agents toxiques est généralement non recommandée, à moins que le risque d’exposition soit faible.

Les ASPIRATIONS/FILTRATIONS locales ou ponctuelles permettent de capter les polluants plus près de la source, qu’il s’agisse de sorbonnes, de hottes, de bras articulés, de tables aspirantes, de boîtes à gants ou de caissons mobiles. Les filtres et capteurs doivent être adaptés au type de polluant, en qualité comme en quantité. Lorsqu’on utilise une sorbonne, le panneau en polycarbonate doit être descendu pour que l’aspiration d’air soit efficace.

Les MASQUES sont de différents types selon la protection qu’ils offrent contre les particules, les gaz ou les deux à la fois388.

Les masques anti-particules sont des demi-masques (nez-bouche) jetables qui filtrent les particules et goutelettes de l’air aspiré par l’utilisateur (fig. 2). Ils sont composés de textile (microfibres électrostatiques) et sont parfois munis d’une valve qui facilite l’expiration. Ils ne retiennent pas les gaz.

385 GEP, 2003, p.3.

386 Une ventilation naturelle se fera par les ouvrants de la pièce.

387 Le renouvellement d’air équivaut au débit de l’air (m3/h) divisé par le volume du local. Il peut également être effectué par aération, sachant que l’air extérieur est souvent moins pollué que l’air intérieur. Les locaux peuvent aussi être mis en surpression ou en dépression. D’après AFSSET, … Document cadre…, 2007, p.6 ; Picot et al, 1992, p.8.

Figure 2 : masques anti-particules.

Les différents types de filtration sont classés selon leur efficacité et désignés par des codes alphanumériques. Nous présentons ci-dessous, la classification européenne (tableau 3)389 ; celle des Etats-Unis, par exemple, diffère au niveau des désignations.

Classe Domaine d’utilisation

Classe 1 (P1 ou FFP1) Aérosols solides et/ou liquides sans toxicité spécifique Classe 2 (P2 ou FFP2) Aérosols solides et/ou liquides dangereux ou irritants Classe 3 (P3 ou FFP3) Aérosols solides et/ou liquides toxiques

Tableau 3 : classification des masques anti-particules.

Le marquage normalisé de ces masques est indiqué par la couleur blanche. Leur durée limite d’utilisation est déterminée par une gêne respiratoire.

Parmi les appareils respiratoires qui permettent de se protéger des gaz et des vapeurs, il existe des appareils filtrants et des appareils isolants. Les premiers purifient l’air par filtration, alors que les seconds sont alimentés en air pur à partir d’une source.

Seuls les appareils filtrants sont présentés ici (fig. 3) ; le travail courant dans les collections de musée ne nécessitant normalement pas une protection à l’aide du second type de masques. Il s’agit de demi-masques ou de demi-masques complets. La pièce faciale, en contact avec le visage, assure l’étanchéité entre le

milieu contaminé et les voies respiratoires. Elle doit être convenablement ajustée – toute fuite rend la protection inefficace – et peut ne pas être appropriée pour certaines personnes (celles qui portent la barbe, par exemple). Un simple test peut être effectué en bouchant les entrées d’air avec les mains ; s’il est encore possible de respirer, le masque fuit.

Figure 3 : masque anti-gaz filtrant (à cartouches).

Les cartouches des appareils filtrants contiennent un adsorbant en grains, généralement du charbon actif. Elles retiennent un polluant particulier ou un groupe de contaminants et ne protègent pas des poussières. Elles fonctionnent jusqu’à saturation du charbon actif ; on parle de « claquage » de la cartouche. À ce stade, le filtre laisse passer la totalité du gaz polluant.

Un code de couleur et une lettre désigne le type de contaminant adsorbé. Les cartouches sont classées, selon la norme européenne, de 1 à 3 en fonction de leur capacité de piégeage (tableau 4)390 ; la classe 3 offrant la meilleure protection.

Type Couleur Domaine d’utilisation

A Marron Gaz et vapeurs organiques dont le point d’ébullition est supérieur à 65 °C

B Gris Gaz et vapeurs inorganiques sauf le monoxyde de carbone (ex. Cl2, Br2, H2S, HCN…) E Jaune Dioxyde de soufre (SO2) et autres gaz et vapeurs acides (ex. HCl…)

K Vert Ammoniac et dérivés organiques aminés HgP3 Rouge + blanc Vapeurs de mercure

NOP3 Bleu + blanc Oxydes d’azote

AX Marron Produits organiques à point d’ébullition inférieur à 65 °C SX Violet Composés organiques spécifiques désignés par le fabricant

Tableau 4 : types de filtres anti-gaz.

Ce type de masque doit être nettoyé après chaque utilisation. Si les cartouches peuvent resservir, elles doivent être stockées séparément dans un sac hermétique (elles continuent d’adsorber les contaminant de l’air ambiant et peuvent se saturer). Un filtre doit toujours être réutilisé pour se protéger du même gaz ; le cas échéant, un gaz « nouveau » peut provoquer le relargage du premier gaz piégé.

Leur temps de claquage est difficile à évaluer et dépend de différents facteurs (température, humidité, rythme respiratoire). Il n’existe pas de dispositif fiable pour déterminer l’état de saturation d’une cartouche. Aussi, elles doivent être remplacées périodiquement selon les indications données par le fabricant (date limite) ou changées plus rapidement en cas de perception olfactive du polluant concerné.

Les masques mixtes sont similaires aux masques anti-gaz et comprennent un filtre supplémentaire à particules sous forme de cartouche ou d’élément textile jetable (code couleur blanc).

PROTECTION DES MAINS ET DU CORPS

Les GANTS en vinyle et en nitrile sont efficaces contre la majeure partie des pesticides résiduels contre lesquels il est nécessaire de se protéger d’un contact cutané. Les premiers sont généralement composés de polychlorure de vinyle (PVC) et d’additifs (antioxydants, colorants, plastifiants, stabilisateurs, etc.), les seconds sont à base de copolymère d’acrylonitrile et de 1,3-butadiène, complétés d’additifs. Les gants en latex sont déconseillés en raison du risque de réactions allergiques à ce matériau. Enfin, les gants en coton ne sont pas recommandés car ils ne présentent pas une barrière hermétique, de surcroît lorsqu’ils sont humidifiés par la transpiration des mains.

On préfèrera des gants à usage unique et on veillera à les retirer en les retournant sur eux-mêmes sans toucher la surface extérieure à mains nues.

Il est nécessaire de porter une BLOUSE en coton afin de protéger ses vêtements et avant-bras, ainsi que d’éviter de disperser des poussières toxiques en dehors des espaces de travail. Aussi, elle doit être entièrement boutonnée lorsqu’on la porte, retirée à chaque pause et entreposée dans un endroit destiné à cet effet. Les protections jetables synthétiques sont à proscrire, à moins que leur résistance au feu soit clairement notifiée (Tyvek® ou Kleenguard® par exemple).

Enfin, il est important de porter des CHAUSSURES fermées et de n’avoir aucune partie du corps à nu, hormis le visage.

PROTECTION DES YEUX

Il est nécessaire de porter des LUNETTES de protection munies de coques latérales afin de se protéger des poussières et d’éviter tous risques de projections qui peuvent provenir de liquides ou d’éléments solides. Pour empêcher un contact avec des substances à l’état gazeux, on travaillera sous sorbonne avec un écran en polycarbonate (ou autre type d’aspiration locale). L’utilisation de lunettes imperméables aux gaz est également possible. Le port de lentilles est à éviter car celles-ci peuvent accentuer l’irritation due à certains produits agressifs comme le formaldéhyde.