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CHAPITRE III : LES INCITATIONS EN FAVEUR DU NIEBE

3.1.2 Calcul des indicateurs d’incitation à la production

3.1.2.1 La protection nominale du niébé

Le coefficient de protection nominale du produit mesure l’effet de la politique de protection sur le prix du produit en rapportant le prix domestique (prix financier, ou prix du marché) au prix de référence du produit.

Prix financier du niébé

Le prix financier du niébé varie d’une province à une autre, de telle sorte que le niveau de protection du produit n’est pas uniforme pour toutes les provinces. La production agricole des ménages est financièrement évaluée au prix obtenu par les producteurs. Ceux-ci vendent leur produit soit dans leur propre village, soit sur un marché voisin.

La période de collecte des produits agricoles par les commerçants débute en Octobre et s’étale souvent jusqu’en Février de l’année suivante. A partir de Mars l’offre de produits agricoles par les producteurs se fait de plus en plus rare malgré un niveau de prix de plus en plus favorable.

Les stocks de produits agricoles sont désormais destinés à la satisfaction des besoins d’autoconsommation des ménages et de réserve de semence pour la campagne agricole à venir. Les prix de vente du niébé par les producteurs fluctuent donc dans le temps, les niveaux les plus bas étant observés au début de la campagne de commercialisation tandis que les meilleurs prix s’observent à la fin de la période. Les prix financiers moyens des principaux produits agricoles aux producteurs pendant la période Octobre 94 - Février 95 sont donnés par le tableau suivant.

Tableau 3.1 :

Prix du Kg aux producteurs des principaux produits agricoles

Produit Namentenga Koss i Sissili*

Mil 58,72 38,61 60 Sorgho blanc 45,84 31,71 52 Sorgho rouge 45,84 31,21 42 Maïs - 30,00 56 niébé 79,61 58,72 109 * Source : Données du PDR/SSL

On observe une différence considérable du prix des produits d’une province à l’autre. Le prix du Kg de niébé au producteur est très faible dans la province de la Kossi (59 FCFA/Kg) tandis qu’il est élevé dans la Sissili (109 FCFA/KG) et moyen dans le Namentenga (80 FCFA/Kg). Dans toutes les trois provinces il est nettement plus élevé que celui des céréales.

Prix de référence du niébé

La détermination du prix de référence du niébé est plus complexe. Lorsqu’un bien est importé, son prix de référence à l’entrée du pays importateur est donné par sa valeur CAF. Dans le cas du niébé burkinabè, ce produit est importé principalement sous forme de dons alimentaires en provenance des États Unis d’Amérique. Lorsqu’un bien est exporté, son prix de référence peut être déterminé de deux façons. Pour un grand pays, le prix intérieur du produit est ajusté des coûts intérieurs de transport jusqu’à la frontière : le prix de référence obtenu correspond au prix FOB.

Dans le cas d’un petit pays, le prix de référence du produit est strictement donné par le marché international, et peut être estimé par le prix obtenu sur le marché extérieur ajusté des coûts économiques extérieurs de transport et corrigé des autres distorsions occasionnés par son acheminement de la frontière jusqu’au marché d’exportation.

Les marchés extérieurs du niébé burkinabè sont représentés par le Ghana et la Côte-d’Ivoire qui se partagent plus de 94% des exportations burkinabè de 1989 à 1991, la Côte-d’Ivoire occupant le premier rang. Le prix de référence du niébé burkinabè est de ce fait principalement déterminé par les conditions de l’offre et de la demande sur ces marchés. Les enquêtes sur les marchés de Daloua, de Sinfra et de Techiman, indiquent qu’en 1994, le marché de Techiman au Ghana est le principal débouché pour le niébé burkinabè. L’offre de niébé étranger sur ces marchés est jugée de moyenne à faible par les importateurs, tandis que l’offre de niébé local est nulle au Ghana et à Sinfra, et très faible à Daloua. La valeur de référence du niébé exporté par le Burkina est de ce fait donnée par la moyenne des prix de gros de deux marchés extérieurs, ajustés des coûts extérieurs de transport, et corrigé des distorsions résultant de la protection et des autres formes de dysfonctionnement. En pondérant le prix de chaque marché par sa part dans le volume total des importations en provenance du Burkina (97,16% pour Techiman, 0,72% pour Daloua et 2,12% pour Sinfra), le prix moyen des grossistes des marchés extérieurs est estimé à 259,43 FCFA/KG. Pour avoir la valeur frontière du niébé, il faut déduire du prix du marché extérieur l’ensemble des coûts d’exportation (transport, droit de douane, frais illicites etc.) occasionnés par son acheminement depuis la frontière burkinabè. Ce processus de correction aboutit à un prix frontière de 248,51 FCFA/KG. Le prix de référence du niébé au niveau des marchés s’obtient en ajustant ce prix frontière par les coûts économiques intérieurs de transport. Au niveau des producteurs il s’obtient en déduisant de celui des marchés les coûts de collecte, de transport et de distribution occasionnés par l’acquisition et l’acheminement du produit, y compris la marge des commerçants grossistes.

Les prix de référence obtenus dans le tableau 3.2 ne sont pas très différents d’un marché à l’autre. Cette situation suggère un rôle mineur des coûts intérieurs de transport dans l’avènement d’une protection naturelle ou d’avantage comparatif régional.

Les prix de référence atteignent généralement le double des prix financiers, à l’exception des marchés urbain et frontaliers.

Le coefficient de protection nominale du niébé

Les tableaux 3.2 et 3.3 donnent le coefficient de protection nominale du niébé pour les producteurs et les commerçants respectivement.

Tableau 3.2 :

Coefficient de protection nominale du niébé au niveau des producteurs

P rovince P rix P rix de Coefficient CP N réel pour domestique référence de correction les producteurs

Namentenga 79,61 216,34 2,72 0,37

Koss i 58,72 218,34 3,72 0,27

Sissili 109,00 221,30 2,03 0,49

Les prix sont en FCFA/KG.

Tableau 3.3 :

Coefficient de protection nominale du niébé aux niveaux des commerçants

Marché P rix P rix de Coefficient CP N réel pour domestique référence de correction les commerçants

Bouls a 102,82 241,61 2,35 0,43 P ouytenga 109,45 242,43 2,21 0,45 Nouna 105,06 242,90 2,31 0,43 Djibas so 92,39 242,07 2,62 0,38 Léo 134,86 248,18 1,84 0,54 Guélw ongo 141,30 248,51 1,76 0,57 Ouagadougou 122,86 244,17 1,99 0,50

Les prix sont en FCFA/KG.

Le coefficient de protection nominale du niébé est inférieur à 1, tant au niveau des producteurs que sur les marchés intérieurs. Les commerçants bénéficient par ailleurs d’une plus grande incitation par rapport aux producteurs comme le montre la comparaison des tableaux 3.2 et 3.3. En outre la protection est plus élevée sur les marchés urbains et frontaliers qui offrent les prix financiers les plus élevés.

Le coefficient de protection nominale réel du niébé au niveau des producteurs, qui donne le niveau de protection effectivement reçue par le producteur, est très faible en raison de l’écart important entre le prix effectivement perçu par ces derniers et le niveau qui aurait prévalu si leur production était indexée sur le prix extérieur.

Les droits de douanes perçus à l’importation du niébé n’élèvent pas son prix intérieur en raison éventuellement du net avantage du Burkina à produire cette denrée plutôt qu’à l’importer. Le tarif des douanes de 1992 institue un droit unique à l’exportation réduit à la taxe de statistique de 4%, quel que soit le produit exporté. Le niébé étant un produit d’exportation, une taxe à l’exportation aurait tendance à limiter sa sortie et à réduire son prix intérieur, tandis que l’inverse se produirait en situation de libre échange. Ce qui n’a pas été observé dans cette étude qui couvre une période pendant laquelle on peut considérer que l’exportation du niébé burkinabè s’est effectuée dans des conditions de distorsions étatiques négligeables. Le calcul du coefficient de protection nominale tarifaire conduit à une situation de rédondance tarifaire (ce coefficient est supérieur au coefficient de protection nominale réel).

3.1.2.2 La protection nominale des intrants chimiques et du matériel