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CHAPITRE II : METHODES DE COLLECTE ET D’ANALYSE

2.2 METHODES DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES

2.2.1 Méthode d’estimation des prix de référence

2.2.1.2 Estimation empirique des prix de référence

Lorsqu’un bien produit localement vient en substitution d’un produit importé, son prix de référence est donné par le prix du marché international ajusté des frais de transport et de manutention jusqu’au point de comparaison. La valeur CAF du produit est souvent utilisée comme valeur de référence.

Lorsque le bien produit localement est destiné à l’exportation, son prix de référence en l’absence de distorsion majeure du marché intérieur peut être déterminé par le prix intérieur ajusté des coûts intérieurs de transport jusqu’à la frontière (BRIDIER et MICHAILOF, 1984) ; ce prix correspond à la valeur unitaire FOB du produit à la frontière d’exportation, ce qui équivaut généralement au prix des grossistes au centre de consommation de destination auquel on soustrait les coûts de transport et de manutention entre la frontière du pays exportateur et le centre de consommation du pays importateur ; cela suppose cependant que le pays exportateur puisse influencer le marché extérieur.

TIMMER, FALCON et PEARSON (1987) précisent que la production domestique des biens exportés doit après tout être appréciée en terme de possibilités de gains de devises occasionnés par l’exportation du produit. Le prix du marché international détermine donc dans une grande mesure la valeur de référence de ce produit dès lors que le pays exportateur n’a pas les moyens d’influencer les prix du marché international. De ce fait le prix de référence du produit exporté est obtenu en ajustant le prix du marché international par les coûts occasionnés lors de son acheminement depuis sa sortie de la frontière nationale jusqu’au marché extérieur. En outre, lorsqu’un petit pays tire avantage du commerce d’un produit, son avantage sera encore plus confortable dans une position de grand pays. Il y a par conséquent des avantages certains à évaluer les biens échangés par un pays en le considérant comme un petit pays, surtout lorsqu’il n’est pas aisé de bien cerner sa taille économique. Ces considérations justifient le choix d’estimer le prix de référence du niébé burkinabè à partir des prix des marchés extérieurs. L’enquête sur ces marchés a permis d’obtenir les prix financiers en vigueur sur chacun d’eux.

Ces prix après ajustement des frais de transport, des coûts de distribution, et après correction des distorsions douanières, représenteront le prix de référence du niébé burkinabè.

Pour l’analyse du rôle des coûts de transport dans l’avènement d’une protection naturelle contre les importations ou dans la dépression du marché en faveur du bien localement produit, on peut utiliser plusieurs points de production ou de consommation à l’intérieur du pays. On estime le prix de référence du produit importé en additionnant au prix CAF les coûts économiques de transport et de manutention de la frontière au point de consommation considéré, ou en soustrayant du prix FOB ces mêmes coûts jusqu’au centre de production. C’est ainsi qu’on déterminera le prix de référence du niébé par province et par marché.

Prix de référence des intrants

Le prix de référence d’un intrant intermédiaire est généralement donné par son prix frontière ajusté des coûts de transport et de manutention internes. Si l’intrant peut être importé, son prix de référence inclut son coût de déplacement de la frontière à son lieu d’utilisation, c’est-à-dire que le prix de référence est égal au prix CAF additionné des coûts de transport et de manutention internes. Si l’intrant est exportable, l’économie dans les coûts économiques de transport et de manutention résultant de son utilisation locale est soustraite du prix FOB.

Les droits commerciaux (droit d’exportation et/ou d’importation, patente etc.) et autres taxes et subventions indirectes sont exclus de l’estimation du prix de référence en ce sens qu’ils sont des transferts entre les secteurs économiques et non de véritables coûts en ressources. Certains intrants intermédiaires tels que les fertilisants, les semences et les outils traditionnels, sont échangeables bien que produits localement ; les coûts sociaux de ces intrants sont calculés par désagrégation de leurs coûts de production en composantes indirectement échangeables et en facteurs primaires évalués aux prix de référence appropriés.

Estimation du prix de référence des engrais chimiques

Les intrants chimiques importés (NPK, urée, et autres produits chimiques) sont soumis à des droits de douane à l’importation. En outre le prix des intrants agricoles a connu une stagnation pendant la campagne agricole 1994-1995 malgré la dévaluation du FCFA qui a renchéri les coûts d’importation. Les prix proposés par la SOFITEX pour la campagne agricole 1995-1996 tiennent compte de l’ajustement consécutif à la dévaluation. La transformation des prix financiers des engrais chimiques en prix de référence tiendra compte des droits de douanes, des coûts de distribution intérieurs, ainsi que de la subvention résultant de la fixation du prix par l’État.

Estimation du prix de référence de la fumure organique

La fumure organique utilisée par les producteurs provient presqu’exclusivement de leur production domestique composée de déchets ménagers et animaux. La quantité de fumure organique offerte sur le marché est très négligeable par rapport à la demande, si bien que son marché est inexistant (KABORE, 1988). Compte tenu de la non existence d’un marché pour la fumure organique, le prix de référence de ce produit sera représenté par son coût de production tel qu’estimé par les producteurs.

Estimation du prix de référence des semences

Les semences de niébé proviennent principalement des stocks des producteurs ; les semences acquises sur le marché sont des semences améliorées vulgarisées par les services provinciaux de l’agriculture. Dans tous les cas ces semences ne sont pas importées. Le prix de référence des semences de niébé peut s’assimiler à celui de la production exportée.

Prix de référence des services

Les services agricoles les plus demandés par les producteurs et les commerçants de niébé consistent essentiellement en service de transport, de stockage, et de distribution. Les enquêtes menées permettent d’estimer les coûts de ces services.

La valeur économique de ces services est obtenue en corrigeant leur composante échangeable, la composante non échangeable étant évaluée à son coût d’opportunité.

Valeur de référence de la main-d’oeuvre

Le coût d’opportunité du travail est théoriquement représenté par son produit marginal dans sa meilleure utilisation alternative. Dans le cas de la main-d’oeuvre agricole salariée en présence d’un marché de travail, la rémunération payée pendant les périodes d’activités intenses (semis, fin du 1er sarclage, récolte) représente selon GITTINGER (1985) une assez bonne estimation du coût d’opportunité du travail et peut être acceptée comme la valeur économique de la main-d’oeuvre. Lorsqu’il existe un marché du travail compétitif, on peut utiliser le taux de salaire moyen. La main-d’oeuvre qualifiée dans les pays sous-développés est généralement insuffisante et très vraisemblablement employée à plein temps. De ce fait le salaire des ouvriers qualifiés est censé représenter la véritable valeur marginale de cette catégorie de main-d’oeuvre.

Dans le cas d’une main-d’oeuvre familiale, il faut évaluer les avantages auxquels la famille doit renoncer pour participer à l’activité considérée. S’il faut réduire le nombre de journées de travail hors exploitation en faveur de l’activité de production à entreprendre, le coût de la main-d’oeuvre familiale supplémentaire est donné par les salaires perçus hors exploitation. A l’instar de la main-d’oeuvre salariée, le coût d’opportunité de la main-d’oeuvre familiale peut être estimé par les gains résultant de la participation de celle-ci aux activités hors exploitation procurant les meilleurs revenus. En l’absence de telles activités, le coût de la main-d’oeuvre salariée employée dans l’exploitation peut être utilisé comme estimation équivalente de la main-d’oeuvre familiale. Mais dans le cas où il existe vraiment un excédent de main-d’oeuvre de telle sorte que le retrait d’un individu d’une activité donnée pour l’affecter à une autre n’entraîne pas une baisse de la production, on peut considérer à juste raison que le coût de cet individu est égal à zéro.

Estimation du prix de référence de la main-d’oeuvre

L’estimation du prix de la main-d’oeuvre familiale tient compte des opportunités de mise en valeur de cette main-d’oeuvre dans d’autres secteurs pendant la campagne agricole. Les meilleures rémunérations obtenues pendant cette période seront utilisées comme prix de référence de la main-d’oeuvre familiale. Cette valeur peut varier d’une province à une autre ou d’un village à l’autre. Pour la main-d’oeuvre salariée, le prix de référence sera également représenté par les meilleures rémunérations obtenues par les travailleurs salariés.

Valeur de référence du capital

Le capital dans l’exploitation agricole comprend les investissements ayant une vie économique supérieure à une année, ainsi que les crédits de campagne et autres fonds employés à financer les opérations de production courantes (STRYKER et al 1981). TSAKOK (1990) distingue deux approches d’estimation du prix de référence du capital : l’approche par la demande et l’approche par l’offre.

L’estimation du prix de référence du capital par la demande consiste à estimer la productivité marginale du capital. Cette productivité peut être estimée en comparant les niveaux de production résultant de deux systèmes de production identiques à tout point de vue sauf dans l’emploi d’une unité additionnelle de capital ; dans ce cas la différence entre les deux niveaux de production représente la productivité marginale du capital. Sur un marché de capitaux compétitif en équilibre, le produit marginal du capital dans la production d’un bien correspond à son coût d’opportunité qui est représenté par la perte de production dans la meilleure utilisation alternative du capital. Lorsque le marché des capitaux n’est pas compétitif, on peut estimer le coût d’opportunité du capital par le prix qui reflète le consentement du producteur à payer pour bénéficier de l’avantage du capital, ou par le coût de l’offre du capital qui est égal à la somme de la dépréciation et de la perte de rentabilité par rapport au meilleur emploi alternatif du capital.

L’approche par l’offre comporte deux méthodes d’estimation de la valeur annuelle du capital. La première méthode consiste à estimer séparément chaque composante (dépréciation et perte de rentabilité).

La perte de rentabilité correspond au coût d’opportunité du capital et peut être estimée par les taux auxquels le pays bénéficie d’emprunt sur les marchés internationaux ; une estimation alternative du coût d’opportunité du capital consiste à considérer les taux de rentabilité obtenus dans les principaux investissements réalisés dans l’économie. La dépréciation du capital peut être estimée selon la méthode linéaire en répartissant le coût initial du capital également sur plusieurs périodes, ou selon la méthode dégressive où la dépréciation décroît de l’année initiale à l’année de clôture. La deuxième méthode d’estimation de la valeur annuelle du capital par l’approche de l’offre consiste à calculer le facteur de recouvrement du capital qu’on obtient en rapportant la valeur actuelle du capital à la durée de vie économique de ses avantages. Cette méthode est préférée à la précédente en raison du caractère quelque peu arbitraire de la détermination de la dépréciation.

Estimation du prix de référence du capital agricole

L’estimation de la valeur de référence du capital dans la présente étude utilise la deuxième méthode d’estimation de l’approche par l’offre. Après correction de la distorsion due aux droits de douane et aux subventions, et après estimation de la valeur nette de référence, la valeur annuelle du capital est obtenue en divisant le résultat obtenu par sa durée de vie résiduelle à laquelle sera appliquée le taux d’intérêt de référence. KABORE et KOANDA (1993), ont estimé le taux d’intérêt de référence à 11%. Ce taux de référence est utilisé pour la présente étude.

Prix de référence du matériel agricole traditionnel

Le matériel agricole traditionnel se compose des houes et des pioches servant aux opérations de semis, de labour et de sarclage. Ce matériel dont la durée de vie se limite à la durée de la campagne agricole, est généralement confectionné à partir de matériaux de récupération. La composante principale du coût de production de ce type de matériel est représentée par la rémunération du travail des artisans qui les fabriquent. Leurs prix d’acquisition seront considérés comme représentatifs de leurs coûts d’opportunité.

Le taux de change de référence

La dévaluation du franc CFA en Janvier 1994 a corrigé sa surévaluation constatée depuis ces dernières années. Sa parité par rapport au franc français (FF) est passée de 50 FCFA à 100 FCFA pour 1 FF. Des études antérieures à la dévaluation estimaient la surévaluation du FCFA à 50% au Mali et 70% au Sénégal (SALINGER et STRYKER, 1991). KABORÉ et KOANDA (1993) estiment le niveau de surévaluation du FCFA à 20% au Burkina. Les économies de la zone CFA n’ont donc pas le même dynamisme. Ce qui fait que le taux de dévaluation appliqué est discutable selon les pays.

Cependant, on peut admettre que de façon globale, la dévaluation a rétabli momentanément la parité économique du franc CFA par rapport au franc français. Mais en raison de la fixité du régime de change, les distorsions sont toujours envisageables dans le futur, d’où la nécessité d’un réajustement périodique de la monnaie. Par contre, on peut accepter la parité de l’année 1994 sans ajustement.

Pour les exportations à destination de la Côte-d’Ivoire qui fait partie de la même zone monétaire que le Burkina, les transactions sont exprimées dans la même unité monétaire. Pour les exportations à destination du Ghana, le taux de change du marché était de 100 FCFA pour 200 cédis en 1994. Ce taux de change est donné par le jeu du marché libre. BARRY, STRYKER et SALINGER (1991) notent que le taux de change du marché parallèle peut être considéré comme le taux de change de référence. Le taux de change libre du marché ghanéen représente alors un indicateur de référence de la valeur de la monnaie ghanéenne par rapport au FCFA ; aucun ajustement complémentaire n’est donc effectué.

Valeur de référence de la terre

L’estimation de la valeur des terres agricoles diffère selon le mode d’accès à celles-ci. Si les terres font l’objet d’achat (ce qui est rarement le cas dans les pays comme le Burkina) leur prix d’achat s’écarte généralement de leur coût d’opportunité pour plusieurs raisons dont la sécurité de l’investissement et le prestige social (GITTINGER 1985).

En présence d’un marché de locations assez développé, la valeur locative des terres serait la meilleure approximation de leur coût d’opportunité. En l’absence de marché de location, si le prix d’achat connaît des distorsions d’une façon ou d’une autre, on peut estimer la valeur d’opportunité de la terre par sa production potentielle.

Lorsque la terre ne fait l’objet ni d’achat ni de location, son coût d’opportunité est généralement représenté par la valeur nette de la production à laquelle on renonce quand on passe d’une utilisation à une autre. Une méthode directe d’estimation consiste à déduire de la valeur brute de la production tous les coûts de production, le montant résiduel pouvant être considérer comme la contribution de la terre à la production, c’est-à-dire son coût d’opportunité.

Par exemple, pour le producteur passant de la production de sorgho à celle de niébé, le coût d’opportunité de la terre correspond à sa contribution à la valeur de la production de sorgho à laquelle il renonce. Celle-ci peut être estimée en déduisant tous les coûts de production de la valeur du sorgho produit. Dans le cas où l’ancienne production subsiste avec la nouvelle, (passage d’une culture pure de sorgho à une culture associée sorgho-niébé par exemple) le coût d’opportunité de la terre est estimé par la valeur nette de la production de sorgho perdue suite à l’adoption du nouveau système de culture. Il est également courant de considérer la valeur nette de la meilleure production alternative comme estimation du coût d’opportunité de la terre (STRYKER et al 1981).

Mais si la nouvelle production est entreprise sur des terres non précédemment mise en valeur (cas d’une nouvelle défriche), le coût d’opportunité de la terre est considéré comme nul.

Estimation du prix de référence des terres agricoles en culture traditionnelle au Burkina

Le mode d’accès traditionnel aux terres dans les zones de l’étude n’implique que des apports symboliques en termes de poulets, de cola, ou de tabac. Ces dépenses sont insignifiantes par rapport aux gains que la terre procure en retour. Il n’existe pas de marché de la terre en milieu rural traditionnel. La terre est sacrée et ne saurait être la propriété privée de quelqu’un.

C’est plutôt l’usage prolongé et l’héritage qui en découle, qui ont tendance à introduire le mode de propriété privé. Par ailleurs le meilleur usage alternatif de la terre entre la production de céréales et celle de niébé ne permet pas d’attribuer un coût d’opportunité positif à la terre. Ce changement d’activité procure des gains plus importants pour le producteur qui par conséquent ne subit pas de perte de revenus. Pour toutes ces raisons le coût d’opportunité de la terre sera considéré comme nul dans la présente étude. La plupart des études existantes ont également attribué une valeur économique nulle à la terre dans les pays sous-développés d’Afrique subsaharienne où la terre est abondante et ne fait pas l’objet d’appropriation privée.