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VALEUR FINANCIERE ET VALEUR ECONOMIQUE 1.5.1 Biens échangeables et non échangeables

Un bien ou service échangeable dans sa définition stricte, est un bien ou service qui peut faire l’objet d’échanges internationaux, c’est-à-dire, qui peut être importé ou exporté. Par contre un bien non échangeable ne fait pas l’objet d’échanges internationaux.

Cependant, la différence essentielle entre un bien échangeable et un bien non échangeable réside dans le degré selon lequel la formation du prix domestique du bien est influencée par le marché international du bien ou de son substitut. C’est ainsi qu’un bien normalement considéré comme échangeable, peut en réalité être non échangeable. Les barrières commerciales et douanières peuvent transformer un bien échangeable en bien non échangeable.

Une protection naturelle peut s’opérer en raison des coûts élevés du transport intérieur. Un bien peut aussi être non échangeable en raison de sa qualité.

Sur le traitement des non échangeables, de nombreux travaux soulèvent la nécessité d’adopter un traitement approprié lorsque ceux-ci sont indirectement échangeables, c’est-à-dire des biens ne faisant pas l’objet d’échanges internationaux mais qui incorporent une importante composante importée. Certains auteurs comme CORDEN considèrent la composante non échangeable comme un bien ne faisant pas objet d’échanges, et la composante importée comme un bien objet d’échange. Cette décomposition est surtout importante lors du calcul de la valeur ajoutée, et pour l’estimation du prix économique de ces biens.

1.5.2 Distorsion des prix, valeur financière et valeur économique

L’analyse de la production et de la commercialisation des produits agricoles tout comme celle de tous les autres produits et services, est souvent basée sur des considérations théoriques définissant les conditions idéales supposées procurer un certain bien-être. La théorie du commerce international est ainsi fondée sur les principales hypothèses suivantes :

- existence d’une multitude de producteurs et de consommateurs sur les marchés des biens et des facteurs de production ;

- circulation sans barrière de l’information ;

- mobilité parfaite des facteurs de production et des biens à l’intérieur du pays ;

- contexte international de libre-échange sur la base des coûts de production et non-intervention de l’Etat.

Dans le cadre de ces considérations et étant donné les ressources dont il dispose, chaque pays peut maximiser son bien-être en se spécialisant dans la production du bien où il a un avantage comparatif. Cependant des pays comme le Burkina sont loin de satisfaire à ces conditions de concurrence de libre-échange. L’interventionnisme de l’Etat provoque des distorsions dans l’économie. Il est donc important de procéder à des ajustements tenant compte de ces distorsions.

STRYKER, PAGE et HUMPHREYS (1981), distinguent deux approches d’estimation sociale des ressources. La première approche consiste à définir les prix de référence uniquement en regard de l’objectif d’efficience économique. D’autres objectifs sont reconnus mais la mise en oeuvre de politiques pour atteindre ces objectifs est généralement perçue comme l’obtention d’un coût économique évalué à ces prix de référence. L’approche alternative consiste à intégrer dans les prix de référence l’importance attachée aux divers objectifs nationaux. Par exemple, les gains revenant à différents groupes de revenus doivent être traités de façon à prendre en compte l’objectif d’amélioration de la distribution des revenus ; de ce fait c’est une approche qui tient beaucoup compte d’objectifs d’ordre social variables selon le contexte social et économique. La recherche de l’efficacité dans l’emploi des ressources est cependant l’objectif principal de toute activité économique. Cela justifie le recours fréquent à la première approche dans la littérature, étant donné que l’approche alternative maintient délibérément certaines formes de distorsions jugées souhaitables.

Il y a distorsion des prix lorsque les prix des biens et services ainsi que des facteurs de production (terre, capital, travail etc.) ne reflètent pas exactement leur rareté.

Ces distorsions sont principalement dues aux tendances monopolistiques existant dans le secteur privé, ou à l’intervention de l’Etat.

AGARWALA (1984) relève quatre formes importantes de distorsion des prix :

- l’évolution due aux rendements d’échelle croissants vers un système monopolistique qui étouffe la concurrence et dans le cadre duquel les prix ne sont pas déterminés par le marché ;

- les facteurs externes, tant économiques que sociaux, en raison desquels les prix auxquels se trouvent confrontés les particuliers ne reflètent pas les coûts sociaux ;

- l’absence de marché pour une activité considérée et l’absence de prix qui en résulte ;

STRYKER, PAGE et HUMPHREYS (1981), notent également que la différence entre les prix observés sur le marché et les prix de référence s’explique par les comportements non concurrentiels, les externalités et la politique gouvernementale, mais pensent que les distorsions induites par les politiques gouvernementales sont la cause la plus perverse et la plus complexe de cette divergence dans les pays les moins développés.

Pour corriger les distorsions induites dans l’économie par l’intervention de l’Etat, les prix du marché domestique (ou prix financiers) doivent être corrigés des taxes et subventions pour déterminer le coût d’opportunité des ressources nationales. Par définition, le prix de référence d’un bien ou d’un service est la valeur que l’on obtient en ajustant le prix du marché du bien ou du service pour qu’il reflète mieux son coût social d’opportunité. La détermination des prix de référence consiste à identifier la source de distorsion et à estimer son degré, puis procéder à un réajustement qui ramène le prix observé à un niveau représentant sa valeur de référence.