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Quelques mois après le décès d’Abel Leenhardt, la cellule familiale est sous l’autorité de sa veuve, Cécile Castelnau. Habile gestionnaire, elle sait solliciter les appuis nécessaires pour atteindre un but précis, autant dans les affaires que dans l’éducation de ses enfants. Nous avons la conviction intime que son talent de négociatrice s’exerce pleinement lors de la formation du peintre, comme Max Leenhardt le souligne dans un échange : « Je vais aussi renoncer à mes projets quelques chers qu’ils soient. Je renonce donc, non que tes motifs m’aient convaincus, mais j’y renonce pour une mère à laquelle j’ai déjà fait un sacrifice dont elle ne semble plus se rappeler […]323». Parfaitement consciente que le talent ne suffit pas à construire une carrière et une vie de famille, sa mère fait preuve d’ingéniosité pour convaincre son fils de parfaire sa maîtrise des affaires tout en lui reconnaissant un don pour les arts. Eugène Castelnau va s’imposer dans le rôle de référent jusqu’en 1894.

1. L’Autriche et ses beautés

Un séjour linguistique et d’études en Autriche est décidé probablement lors d’une réunion familiale. En effet, Max Leenhardt et ses cousins Pierre Leenhardt et Pierre Dombre sont adressés à des parents installés à Graz. Cependant, les jeunes gens doivent développer dès leur arrivée leur sens de la débrouillardise en trouvant un hébergement pour la durée de leur séjour. La lignée familiale représentée par Karl Westphal suit leur intégration sociale et leur apportera des conseils, si nécessaire. C’est ainsi qu’ils se font un devoir de saluer dès leur arrivée leur oncle par alliance, malgré de sérieuses barrières linguistiques que les études doivent combler et ils tentent de construire de nouvelles amitiés.

La découverte de son emploi du temps nous apporte des indications suffisantes pour dire que Max Leenhardt ne partage pas son temps entre les études de commerce et d’art. Il étudie toute la semaine : « de 9h à 12h […] du lundi au jeudi, les autres jours sont semblables 324 » il ne consacre son temps libre qu’à son art. Il découvre aux abords immédiats de la ville des panoramas

323 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 17 avril 1873, p. 2, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0191 à 0192.

324 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 26 octobre 1872, p. 4, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0105 à 0106.

où créer, seul : « Dimanche, j’ai été passer toute ma matinée à Toblebad où j’ai pu dessiner seul au milieu des bois avec le son lointain d’une cloche, qui me rappelait tout à fait celle de Clapiers. […] 325», et « Aujourd’hui à cause de mon dessin, c’est moi qui désire plus d’isolement. J’ai fait une peinture d’après nature ; la rue du pont que je vous envoie. Mon ébauche m’a assez satisfait. Hier matin, j’ai été au jardin botanique pour en prendre un aperçu, mais je ne pouvais plus retrouver le coup de crayon qui m’a tenu réjoui pendant deux jours. Enfin, il est revenu. […] j’ai une photographie de la ville par Edmond […]326 ».

Il est probable que c’est au cours d’une de ses excursions qu’il sympathise avec le peintre autrichien Hugo Darnaut (1851-1937). Une allusion glanée dans les courriers du peintre nous a permis de découvrir une amitié suivie : « Il y a quelques jours, j’ai reçu mon ami de Graz327, le peintre dont je t’ai souvent parlé, fils de paysans, orphelin tout jeune, qui avait l’idée de se faire peintre et pour cela a lutté longtemps avec la misère. Il a enfin obtenu un soutien de l’Empereur d’Autriche. Son talent m’avait déjà étonné à Graz328».

Ce sont des journées entières passées en pleine nature avec ce nouvel ami, totalement absorbé par sa passion selon un planning journalier de travail : « Aussi vais-je me mettre à un nouveau régime : parti de cinq heures du matin jusqu’à dix heures environ. Pour profiter du plus beau moment de la journée, il faut se mettre en route, le sac au dos avec la fraîcheur du matin. […] Du reste il n’y a pas besoin d’aller chercher bien loin des points à dessiner 329».

Depuis son entrée à l’université de commerce, Max Leenhardt partage son temps entre l’apprentissage de l’allemand et celui du commerce. La correspondance adressée à sa mère semble indiquer que l’art a pris une place secondaire, celle d’un loisir ou d’une passion. Nous devons rester mesurés quant à cette allégation. En effet nous avons découvert qu’il lui arrive de faire certains matins l’école buissonnière, comptant sur ses cousins pour récupérer les cours.

325 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 13 août 1872, p. 1, n° inv. JG 0075 à 0076.

326 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 2 octobre 1872, p. 2, n° inv. JG 0061 à 0062. 327 Nous pensons que la lettre de Max Leenhardt à sa mère du 22 juin 1876 (n° inv. JG 203 à 204 P.01) fait allusion au peintre paysagiste autrichien Hugo Darnaut (né le 28 novembre 1851 à Dessau-9 janvier 1937 à Vienne). Après une jeunesse à Graz, il part à Vienne où il devient l’élève du peintre Heinrich Burghart. De 1871 à 1872, il fréquente l’Académie des arts de Vienne où il suit les enseignements d’Eduard Peithner de Lichtenfels. Il fait un séjour à Venise, à Paris et à Berlin. Remarqué par l’Empereur, il reçoit une bourse pour étudier à l’Ecole de Düsseldorf, où il acquiert une parfaite maitrise du paysage. Dans les années 1890, il donne lui-même des cours de peinture de paysage à Vienne, où il produit des champs moissonnés et des meules. Dans les années 1913 à 1918, il est élu président de l’Association des artistes d’art visuel de Vienne, membre honoraire de l’Université technique et la Künstlerhaus de Vienne. Il fut enterré au cimetière protestant de Vienne.

328 Ibid.

A l’occasion d’une après-midi de balade dans l’un des quartiers de la ville, Max Leenhardt découvre à sa grande surprise l’Ecole provinciale des arts de Graz. Sa curiosité : « qui le faisait s’intéresser à tout, fureter partout, le mena un jour dans une petite rue où, sur la porte d’un vaste monument, il vit écrit « Académie de Peinture ». Rentré chez lui, il apprit qu’il ne s’était point trompé, et qu’il existait en effet une académie d’ancienne date où, on ne le savait au juste, mais des expositions annuelles en témoignaient l’existence. On devine sa joie 330». Après avoir pris quelques renseignements sur cette institution, il décide d’aller s’y présenter et d’essayer de rencontrer l’un des enseignants. Il décrit les événements à l’aide d’un vocabulaire choisi et réaliste : « On sait que quand on pénètre dans un atelier d’élèves, ce qui d’abord frappe le visiteur, c’est le néant. On ne voit qu’une buée grise, diversement colorée selon l’intensité du jour, parfumée au siccatif à l’huile et à l’essence, et rayée de spirales plus claires que le calorifère ou les fourneaux humain, ne cessent de lancer dans l’espace pendant les quatre heures de séance. Ajoutez-y la formule chimique qu’apprend à connaître pendant les mois d’été le collégien le plus ignorant, et vous aurez la composition de cette mer grise d’où émergent les chevalets. Ci et là, de nombreux fantômes qui, pour vous prouver qu’ils n’en sont point, s’empressent de vous interpeller. Ici rien de cela. Ce qu’il aperçut d’abord, ce fut un groupe de jeunes filles et jeunes gens qui causaient pendant le repos du modèle – silence profond quand on vit le nouveau venu – et, vous le devinez, embarras profond de ce dernier qui, ne connaissant pas la langue, ne peut s’excuser et finalement demande Mr le Directeur. On lui fait signe de passer dans la pièce à côté où il retrouve enfin le Maître. » En quelques instants, le jeune homme retrouve l’odeur du térébinthe, du siccatif et du charbon : toute une ambiance. Jusque-là, il n’a fréquenté que l’atelier de son petit-cousin et a peut-être visité l’Ecole municipale des Beaux-Arts de Montpellier dans laquelle l’étude de la figure humaine dénudée implique un accès réservé aux hommes.

L’Ecole provinciale des arts de Graz est dirigée par le peintre autrichien Hermann von Königsbrunn, qui y enseigne avec brio le dessin et l’art du portrait. Un simple truchement lui permet d’enseigner indifféremment à tous, sans distinction de sexe. Les échanges épistolaires et la nouvelle rédigée par Leenhardt durant son périple à travers le continent européen jusqu’à Constantinople lèvent le voile mystérieux qui planait sur cette période de la vie de l’artiste. Ainsi, malgré un allemand hésitant, il arrive à communiquer avec le professeur et à s’accorder sur les modalités et les charges331 à régler : « Le lendemain, il allait trouver le directeur et, grâce à leurs efforts pour se constituer une langue commune avec les quelques mots français ou allemands que

330 Archives privées, Nouvelle de Max Leenhardt : une liaison artistique, op. cit., p. 6 et 7. 331 Le terme « charges » désigne les émoluments reçus par un enseignant.

chacun d’eux possédait, ils purent arriver à s’entendre. On serait fort heureux de recevoir le nouveau venu, les élèves devaient rentrer la semaine suivante. Ces huit jours parurent longs, malgré ses nombreuses distractions, et le lundi suivant, ce ne fut pas sans une certaine angoisse qu’il s’achemina le long des dalles qui bordent la rue en guise de trottoir, monta l’escalier de bois en spirale, et frappa à la porte 332». Nous savons grâce une lettre, que ce n’est que huit jours plus tard, soit le 14 octobre 1872, qu’il s’inscrit aux cours de dessin. Il se ménage ainsi un espace de création dans un milieu universitaire axé entièrement sur le commerce.

Le jeune homme annonce avec beaucoup de diplomatie la nouvelle à sa mère « Toujours occupé par l’Académie et les leçons d’allemand, auxquelles vont s’ajouter un cours d’histoire de l’Université, que nous allons commencer à suivre ce soir. Plus encore, je viens de m’inscrire à l’école de dessin, mais j'ignore encore le talent du professeur et l’organisation. Je verrai, un peu. Cela me prendra mes matinées 333». Ce passage est très intéressant car il nous apprend, d’une part, qu’il ne connaît pas la renommée de son enseignant et, d’autre part, qu’il arrive à présenter sa passion à sa mère sans l’alarmer. Pour cela, il intègre cette information comme une donnée conditionnelle « mais j'ignore encore le talent du professeur et l’organisation. Je verrai, un peu ». Il donne à sa passion un caractère secondaire, en la plaçant au même niveau que n’importe quels loisirs.

Or, la vérité est tout autre puisque le premier cours dans cette vieille institution autrichienne l’émeut tellement qu’il en conserve jusqu’en 1880 un vif souvenir. Dans sa nouvelle écrite en Orient en 1880, nous trouvons une description précise de cet instant où tous les yeux des anciens élèves dévisagent le nouveau venu : « Présenté aux élèves, il fut vite le point de mire de bien des regards qui glissaient à son adresse, entre les toiles et les appuie-mains, et le sujet de plaisanteries d’autant plus amusantes que chacun savait que « le nouveau » n’y comprenait goutte ; et d’autant plus fortes et piquantes que la majorité de ses collègues étaient du sexe faible 334».

Le jeune homme découvre alors que cette école provinciale est mixte. Ce ne sont pas moins de huit regards féminins qui le fixent : « J’ai été accueilli par les regards plus ou moins curieux de cinq ou six demoiselles et autant de jeunes gens, gravement assis devant leur attirail

332 Archives privées, Nouvelle de Max Leenhardt : une liaison artistique, op. cit., p. 7.

333 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 14 octobre 1872, p. 2, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0101 à 0102.

et regardant du coin de l’œil cet intrus sur lequel ils plaisantaient à leur aise. Bien que je compris et pus répondre, je me tus. Ah ! Mon pauvre Max, si tu viens briller comme une croûte entre ces artistes, me dis-je. Je ne pouvais voir leurs œuvres, mais les chevalets cartables me faisaient supposer leur talent. « Quelle mine sais-tu faire ? 335 ». Après un instant de surprise, Max Leenhardt aperçoit le modèle en pose, un homme, vêtu. L’enseignant avait trouvé une habile parade à la mixité de ses élèves lui permettant de les faire travailler : le portrait. Ce choix est très bien amené dans les premières pages de sa nouvelle : « Il va sans dire que sur ce point-là, le parallèle avec les autres ateliers serait tout aussi difficile à faire. La société composée des deux sexes rend la tenue du modèle obligatoirement homogène. C’est la tête que l’on fait. Jeunes, vieilles, fraîches, barbues –variées si l’on veut, mais têtes d’un bout de l’année à l’autre 336». Cette approche du portrait convient tout à fait à notre jeune peintre qui apprécie ce travail d’introspection de l’humain et en conçoit déjà toute la portée. Mis sur le champ à l’épreuve, il saisit avec une troublante vérité le caractère si particulier du modèle : « Je pris un modeste tabouret et je me faufilais entre eux. Mon album sur les genoux, […] Face aux réflexions […] ma main parlerait au lieu de ma langue. Le modèle était un vieux troupier, moustache grise, yeux féroces, dont j’ai pu apprécier la véracité car je me trouvais dans le rayon de son regard […] ; en 20 minutes, je fis une esquisse fort ressemblante et peut-être encore plus sinistre que l’original.337». La description des faits relatés dans sa nouvelle est encore plus parlante : « Par bonheur, on avait ce jour-là comme modèle un vieux magyar à la moustache et aux sourcils tombants, dont il fallait tirer le meilleur parti possible pour se bien caser dans l’estime des anciens. Il se mit donc à l’œuvre. Au bout d’un instant, un d’eux, pressé de curiosité, disons donc une d’elles, vint par-dessus son épaule et comme par hasard en passant jetait un coup d’œil sur le dessin du nouveau et peu après, en voyant le remue-ménage semé dans la salle par le rapport de cet éclaireur et le va-et-vient qui s’organisait sous tous les prétextes pour passer derrière lui, B338

comprit qu’il avait réussi339 ». La chance veut que cette esquisse, Portrait d’homme barbu dans le vent340, arrive dans un exceptionnel état de conservation jusqu’à nous pour souligner avec plus de vérité encore l’extraordinaire maîtrise du dessin de Max Leenhardt. Sur les recommandations

335 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 14 octobre 1872, op. cit., p. 1. 336 Archives privées, Nouvelle de Max Leenhardt : une liaison artistique, op. cit., p. 9.

337 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 14 octobre 1872, op. cit. p. 2.

338 B, est le pseudonyme pris par l’auteur pour dissimuler son identité

339 Archives privées, Nouvelle de Max Leenhardt : une liaison artistique, op. cit., p. 9 et 10.

340 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 14 octobre 1872, op. cit., p. 2.

de Hermann von Königsbrunn341, le jeune peintre va encore perfectionner son art et sa maitrise du portrait : « Je continue à aller au dessin et depuis quelques jours je suis assez content, très satisfait même, car les progrès sont sensibles suite à l’utilisation d’une nouvelle méthode que j’ai vu mettre en pratique et dont j’ai un peu profité. En ce moment, je peins de nouveau une tête avec sa bonnette, qui est d’un réalisme qui ne manque pas d’effets […]342 ».

Dès son arrivée à Graz, il exécute le portrait de proches. Début octobre, il confie à sa mère : « Je viens de m’amuser à faire le portrait au crayon de notre violoniste et j’en suis fort content. Je l’ai placé en trois quarts, le violon à la main, dans une pose naturelle et j’ai assez bien réussi l’expression de ses yeux sous ses lunettes. La tête est des plus jolies et artistiques. Il veut le faire photographier, mais je l’en ai dissuadé […]343 ». Il s’agit du Portrait du violoniste Ferdinand Praeger344. Il saisit avec autant d’aisance, d’abord à la plume, un portrait de femme : « Mme doit avoir 38 ans, mariée à 16 ans, elle est comme tu vois assez bien conservée et belle femme ; l’air dur, ce qu’elle n’est pas du tout, bien au contraire 345», ensuite avec le crayon le Portrait de Mme Zouffal346, sa logeuse apparentée aux Dombre de Nîmes. Quant aux enfants Stéphanie et Henri, ils sont croqués sous forme de caricatures expressives, prises sur le vif dans des activités quotidiennes. A sa mère, il explique continuer : « à aller tous les jours au dessin et le nombre de mes co-barbouilleuses augmente toujours. Je n’ai pas de chance, sur huit il n’y en a qu’une de bien.347 ». Au sein de l’atelier de peinture, il sympathise avec les femmes présentes, dont « Certaines de ces demoiselles qui parlaient français s’enquirent des projets du nouveau, et on comprend si la curiosité féminine piquée au vif par l’arrivée d’un français dans ce milieu tranquille de vieilles filles s’en donna de questions. B. qui ne se laissait pas intimider facilement, répondit de son mieux, et à son tour jugea son public. Beaucoup de lunettes, de tabliers, de manches bleues, précautions qui ne dénotaient point une imprudente jeunesse, et deux ou trois jeunes gens à côté

341 Hermann Von Königsbrunn (1823-1907), peintre paysagiste autrichien, voyagea en Grèce, en Egypte et à Ceylan avant d’occuper de 1868 à 1892 le poste de professeur de dessin académique et de peinture de paysages. Il fut très apprécié de ses élèves.

342 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 21 janvier 1873, p. 2, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0161 à 0162.

343 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 7 octobre 1872, p. 4, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0089 à 0098.

344 Archives privées, Carnet de croquis de Max Leenhardt du séjour à Graz (Autriche) de 1872, n° inv. NH 005. 345 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 28 novembre 1872, p. 4, Coll. G. J., France, n° inv. JG 0125 à 0126.

346 Archives privées, Carnet de croquis de Max Leenhardt du séjourà Graz (Autriche) de 1872, n° inv. NH 018. 347 Archives privées, Correspondances de Max Leenhardt à sa mère : séjour d’étude à Graz, du 7 octobre 1872, op. cit., p. 4.

du poêle, le baquet à laver, les toiles crevées, le petit coin sale ici comme ailleurs348 », « Nous avons fait avec l’Académie de dessin une partie de campagne mercredi dernier aux environs, tout à fait intime, car j’ai fait déjà ample connaissance avec tous mes collègues. Le temps seul n’était pas très favorable349».

Si, de ce séjour, il faut retenir un évènement majeur, ce sont les premiers émois amoureux du jeune homme. Ce grand sentimental, émotif et hypersensible, bercé par les chansons d’Amour des félibres, vibre pour l’une des « co-barbouilleuses », totalement subjugué par son caractère joyeux, « la porte s’ouvrit un matin sous un joyeux éclat de rire. Les murs de ce calme sanctuaire en furent ébranlés. Chacun de déserter sa place et d’entourer cette amie dont l’apparition a l’air de promettre des jours plus gais. 350». Le hasard joue en sa faveur : « Le sort des chevalets plaça B351 à côté de la dernière arrivée et il put analyser à son aise la première impression qu’elle lui avait faite le jour de sa brusque apparition. Il reconnut qu’il n’avait point eu tort en se laissant

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