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2. POTENTIEL DES CELLULES SOUCHES ADULTES DU TISSU ADIPEUX EN

2.6. Problématique : la survie cellulaire

2.6.2. Protection des cellules contre les agressions liées au prélèvement et à la

Au vu de ce large aperçu sur les cellules souches, en particulier les cellules souches du tissu adipeux, on peut mieux comprendre comment les greffes de tissu adipeux peuvent être bénéfiques en chirurgie esthétique.

Les ASCs tiennent un rôle majeur dans la régénération tissulaire, et il en est certainement de même en chirurgie esthétique où un nouveau concept émerge, considérant un rôle important des ASCs dans la survie du greffon. Bien que cela n’ait pas encore fait l’objet de preuve

tangible, de plus en plus d’études s’intéressent aux cellules souches contenues dans le tissu adipeux, dans le contexte de la chirurgie esthétique (Yoshimura, Eto et al. 2011).

Dans le cadre des transferts de graisse autologue, rappelons que le tissu adipeux est en effet une niche de cellules souches qui exercent des effets trophiques, interagissant avec leur microenvironnement et favorisant la régénération tissulaire. De plus, les ASCs participent à la néovascularisation et à la différenciation adipocytaire, favorisant ainsi la survie des greffes de tissu adipeux (Yoshimura, Eto et al. 2011).

Pour toutes ces raisons, il est indispensable d’assurer la survie de ces cellules lors des procédés de purification du tissu adipeux, en vue de leur réinjection.

De nombreuses controverses sur la méthode de prélèvement du tissu adipeux, sa manipulation, son utilisation ainsi que la survie cellulaire et l'efficacité thérapeutique subsistent encore aujourd'hui.

En complément de notre précédente étude sur le procédé MICROFILL®(Hoareau et al. 2012), nous nous sommes intéressés aux drogues utilisées lors du prélèvement du tissu adipeux par lipoaspiration.

Rappelons en effet qu’une solution tumescente est généralement utilisée pour faciliter le prélèvement, fournissant une anesthésie locale et une vasoconstriction pour éviter les saignements. Dans l’intérêt d’assurer la survie cellulaire, nous nous sommes donc intéressés à ces molécules et avons vérifié leur impact sur les cellules souches du tissu adipeux.

Parmi les anesthésiques locaux, le plus couramment utilisé est la lidocaïne. Cet anesthésique est en effet efficace assez rapidement et pour une courte durée d’action, suffisant donc pour une lipoaspiration. L’adrénaline est un vasoconstricteur également très utilisé, permettant en plus d’augmenter l’efficacité de la lidocaïne (cf. chapitre 1). Les effets de ces deux molécules, seules ou combinées, a ainsi été analysé dans l’article suivant : « NEW INSIGHT IN

LIDOCAINE AND ADRENALINE EFFECTS ON HUMAN ADIPOSE STEM CELLS » (Girard et al., 2012).

La cytotoxicité et l’inflammation ont été étudiées après traitement des ADSCs en culture primaire. Aucun passage n’a été effectué et les cellules sont traitées 4 jours seulement après leur mise en culture. Différentes concentrations cliniques de lidocaïne ont été testées, en complément ou non d’adrénaline.

NEW INSIGHT IN LIDOCAINE AND ADRENALINE EFFECTS ON HUMAN ADIPOSE STEM CELLS

Anne-Claire Girarda*, Michael Atlanb*, Karima Bencharifa, Manoj kumar

Gunasekaran, Pierre Delaruec, Olivier Hulardd, Christian Lefebvre-d’Hellencourt,

Regis Rochea◊, Laurence Hoareau a◊*, Franck Festy a◊*

Aesthetic Plast Surg (2012)

aADIP’sculpt company, Reunion Island, France

Groupe d'Etude sur l'Inflammation Chronique et l'Obésité (GEICO), Plateforme CYROI, Université de la Réunion, France

bCentre hospitalier Général de Pontoise/René Dubos, Inserm 698, France.

cDelarue cosmetic surgery office, Clinifutur, Reunion island, France

dHulard cosmetic surgery office, Clinifutur, Reunion island, France

Cette étude montre que la lidocaïne affecte la viabilité des ADSCs. Le lavage des cellules diminue significativement cette cytotoxicité, mais ne suffit pas non plus à l’éliminer complètement. En effet, malgré les lavages, les cellules traitées à la lidocaïne seulement 1h ou 2h montrent quand même des niveaux de mort cellulaire supérieurs (jusqu’à 10%) en comparaison avec les cellules non traitées. L’apoptose n’est pas impliquée dans ce phénomène.

Concernant l’inflammation, les taux de sécrétion dosés de TNF ne sont pas détectables. Par contre, la lidocaïne diminue les taux sécrétoires d’IL-6 et de MCP-1. Ces cytokines étant connues pour leur activité pro-inflammatoire, MCP-1 participant notamment au recrutement des macrophages, on peut donc en conclure que la lidocaïne aurait un effet anti-inflammatoire. Cependant, nous ne sommes pas à l’abri que cette diminution soit liée à une diminution globale donc non spécifique de l’activité sécrétoire générale des cellules. Le dosage d’une protéine secrétée de manière constitutive permettra de répondre à cette question (ceci est en cours d’investigation).

De son côté, l’adrénaline n’influence ni la viabilité cellulaire, ni la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires testées, même lorsqu’elle est combinée à la lidocaïne.

Afin de favoriser la survie cellulaire, un protocole de manipulation appropriée du tissu adipeux est donc recommandé de façon à éliminer la lidocaïne et l’adrénaline. Une fois le tissu prélevé par lipoaspiration, des étapes de lavages et de centrifugations douces peuvent aider à préserver les cellules (Hoareau et al. 2012). Cette étude fournit ainsi de nouvelles perspectives pour l'utilisation de la lidocaïne et de l'adrénaline dans le transfert de graisse ou pour l'isolement des cellules souches à partir de lipoaspirations.

En conclusion de cette étude, il est important de prendre en compte l’effet délétère que peuvent avoir les anesthésiques locaux sur les cellules souches du tissu adipeux. Ces anesthésiques peuvent en effet porter préjudice à la prise de greffe de tissu adipeux en chirurgie esthétique, ainsi qu’à la survie des cellules souches réinjectées dans le cadre de médecine régénérative.

Dans l’un ou l’autre cas de figure, la survie cellulaire est un enjeu primordial pour assurer de bons résultats thérapeutiques. Pour toutes leurs propriétés, comme leur activité trophique, les ASCs sont l’élément clé de la reconstruction ou régénération tissulaire.

Des études in vivo ont été menées sur un modèle murin afin de vérifier ces résultats sur la prise de greffe et la qualité du greffon lors de transfert de graisse autologue.

Aussi, il nous a paru intéressant de rechercher comment la lidocaïne pouvait affecter la viabilité cellulaire : quel mécanisme peut bien faire pencher la balance en faveur de la mort ou de la survie ?

Nous avons montré que l’apoptose n’était pas impliquée. Un autre phénomène a en revanche particulièrement attiré notre attention : la lidocaïne induit une vacuolation massive au sein des cellules.

Notre regard s’est alors porté sur un phénomène naturel connu pour assurer l’homéostasie cellulaire : l’autophagie.