• Aucun résultat trouvé

LES ALTÉRATIONS LEXICALES : TYPOLOGIE ET EXPLICATIONS

Chapitre 3. La méthodologie et le protocole adopté pour la première expérimentation

3.1 La présentation de notre typologie d’analyse de l’erreur lexicale

3.1.1 La caractérisation des problèmes lexicaux

3.1.1.3 Les propriétés combinatoires

3.1.1.3.2 Les propriétés de combinatoire lexicale

La cooccurrence lexicale restreinte se manifeste dans la langue par les collocations ou expressions semi-idiomatiques. Polguère (2003) définit la collocation comme suit :

« L’expression AB (ou BA), formée des lexies A et B, est une collocation si, pour produire cette expression, le locuteur sélectionne A librement d’après son sens ‘A’, alors qu’il sélectionne B pour exprimer un sens ‘C’en fonction de A. » (P.134).

Le terme semi-idiomatique renvoie au principe de compositionalité sémantique. Nous avons recourt à la notion « expressions semi-idiomatiques » dans le cas où la lexie choisit pour exprimer un certain sens, nous impose le recourt à certaines lexies auprès d’elle. En outre, pour dire ‘quelqu’un dort’, nous avons souvent recours à la lexie DORMIR. Mais, pour indiquer que cette personne dort de manière intense, le verbe DORMIR nous contraindra à avoir recourt à certaines lexies

83

et nous produirons les collocations dormir profondément, comme un bébé, comme un prince, à poings fermés. Cependant, si nous choisissons le verbe AIMER plutôt que DORMIR et que nous voulons exprimer encore une fois le sens de ‘aimer intensément’, nous aurons accès aux collocations aimer à mourir, à la folie, etc.

Nous dirons que la lexie choisie librement est la base de la collocation, alors que les expressions contraintes seront appelées collocatifs. Évidemment, chaque lexie appelle des collocatifs différents et il serait aberrant de dire que *Le bébé dormait à la folie ou que *Le jeune homme aimer comme un bébé, même si les deux collocatifs véhiculent ici le même sens d’intensification.

La théorie Sens-Texte, à l’aide des fonctions lexicales, propose une méthode d’analyse et de modélisation formelle des collocations (voir Mel’čuk &al. 1995). En outre, dans la langue française les collocations sont omniprésentes et traduisent le patrimoine du locuteur natif ; un patrimoine qui ne se transmet pas aussi facilement à un locuteur d’une langue seconde trahissant ainsi sa maitrise approximative de la langue étrangère, Polguère (2007).

Nous présentons dans ce qui suit les différents types d’altération au niveau de la morphosyntaxe lexicale :

- Non-respect des contraintes liées à l’emploi d’un collocatif.

Identifier les problèmes de collocation implique une certaine part de subjectivité, puisque le correcteur doit se fier à son intuition de locuteur expert afin de pouvoir discerner les cas douteux ou erronés, Anctil (2005).

Certaines collocations peuvent être jugées complètement erronées, d’autres par contre, peuvent laisser perplexes (ex. L’homme avait de vastes mains.). Or, nous retrouvons la phrase suivante dans le roman, Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas père, je cite « Il étendit à droite et à gauche ses vastes mains pour repousser les rochers croulants. ». Ainsi, la phrase qui nous a laissés plus ou moins perplexes peut faire preuve de créativité, il nous semble ainsi nécessaire d’avoir recours à

84

certains outils pour pouvoir déterminer le statut d’un problème lexical relevant de la collocation. Ainsi, pour les cas litigieux, nous effectuons une recherche sur le Web afin de vérifier la fréquence de la cooccurrence.

3.1.1.3.3 La pragmatique

Nous considérons que nous sommes en présence d’une altération au niveau de la combinatoire pragmatique, dans les cas suivants :

Le mélange de code.

L’imprécision du vocabulaire. La répétition.

Nous présentons tour à tour, les différents types de l’altération au niveau de la combinatoire pragmatique.

3.1.1.3.3.1 Le mélange de codes

La situation sociolinguistique en Algérie, sa diversité est sans nul doute source de variation pour les langues en présence. Mais avant d’entamer ce sujet, j’aimerai d’abords aborder l’évolution synchronique de la même langue. Une même langue peut évoluer différemment dans des régions différentes ; il s’agit des variantes dialectales. Aussi, nous assistons à une diversité linguistique dans la même sphère géographique en impliquant le mélange de deux ou de plusieurs langues. Ces variantes « locales » –se manifestent par des lexies nouvelles, souvent liées à d’autres langues. Certains de ces emprunts ou de ces variantes dialectales restent dans la langue et finissent par s’intégrer au lexique de la langue standard, les anglicismes en français constituent un bon exemple du mélange de codes.

85

En outre, les textes constituant notre corpus devaient être rédigés en français courant ou alors soutenu. Par conséquent, dans le contexte de notre recherche toutes lexies appartenant au registre familier dans les ouvrages de référence seront considérées comme douteuse. Toutefois, nous soulignons que, lorsque nous avons relevé les erreurs de registre dans les rédactions, nous avons tenu compte du contexte dans lequel les Unités Lexicales familières sont utilisées. Pour ce faire, une UL familière utilisée par un personnage dans le contexte d’un dialogue n’a pas était considérée comme une erreur, alors qu’elle l’aurait été en apparaissant dans un passage narratif, descriptif ou bien explicatif.

3.1.1.3.3.2 L’imprécision du vocabulaire

Selon Patris & Vansnick (1992), L’imprécision de vocabulaire prend généralement deux formes distinctes :

« L’utilisation de périphrases au lieu du terme propre (ex. Il se tenait à l’endroit où l’on attend l’autobus. = l’arrêt d’autobus) et l’emploi de « mots passe-partout » – ou termes génériques (ex. CHOSE) » (P.49).

3.1.1.3.3.3 La répétition

La répétition se manifeste de deux façons : elle peut se manifester par la répétition excessive d’une même unité lexicale dans la même phrase, paragraphe ou un texte entier. Nous pouvons aussi retrouver un deuxième cas de figure de la répétition, et cela par la répétition en écho (ex. copier sur la copie d’examen).

Par ailleurs, nous tenons à préciser que nous ne pouvons considérer le pléonasme comme une variante de la répétition, puisqu’il met en cooccurrence deux lexies, dont l’une répète « une composante de sens » déjà présente dans la lexie qui la précède (ex. monter en haut). Les deux lexies n’appartiennent pas à la même lexie ou au même groupe de famille.

86

En outre, nous considérons que la répétition excessive ou la répétition en écho de la lexie, dénotent toutes deux d’un manque de vocabulaire et sont considérées comme des erreurs lexicales.

Nous présentons dans ce qui suit, un tableau représentant notre catégorisation de l’erreur lexicale. Type Catégorisation Altération au niveau de la forme de l’unité lexicale

-Addition/Omission d’une consonne ou d’une voyelle. - Déplacement d’une consonne ou d’une voyelle. - Substitution d’une consonne ou d’une voyelle ; - Erreur de flexion.

- Fusion/Coupure de mots. - Erreur marginale.

-Unité lexicale inexistante.

- Confusion liée à l’analogie phonétique (homonyme). Altération

au niveau du sens de l’unité lexicale

- Confusion liée à l’analogie sémantique. - Impropriété. - Pléonasme. Non-respect des propriétés inhérentes à la lexie. - Utilisation erronée du mode verbal imposé par

87 Altération au niveau de la combinatoire Altération de la combinatoire grammaticale

Morphosyntaxique l’unité lexicale.

- Utilisation erronée d’un auxiliaire.

- Non-respect du caractère figé d’une locution. Syntaxique (Régime) - Utilisation erronée d’une préposition/conjonction. - Absence d’un complément obligatoire à l’unité lexicale. - Emploi erroné du verbe transitif/intransitif. Altération au niveau de la combinatoire

lexicale - Non-respect des contraintes liées à l’emploi d’un collocatif. Pragmatique - Imprécision du vocabulaire. - Répétition. - Mélange de code.

88

Tableau 3.Tableau représentant les différentes classes d’erreurs lexicales.