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1.5 Les limites de la LEC appliquée à l’enseignement du lexique

1.5.1 L’impact des études en psycholinguistique sur l’enseignement du lexique

Les recherches menées en acquisition du langage ont fortement influé l’enseignement du lexique. Les études érigées ont permis de déterminer que la plupart des structures syntaxiques sont acquises vers l’âge de cinq ans. Le lexique, quant à lui, son acquisition est évolutive, cela s’expliquerait par le fait que la connaissance d’une unité lexicale comporte divers aspects et qui ne peuvent être maîtrisés au même moment (Schmitt, 2000).

L’enseignement des langues connait ces dernières années l’émergence d’un domaine de recherche particulier et à part entière, à savoir les théories de l’acquisition d’une langue étrangère ou seconde (désormais respectivement LE et L2). Occultées par la méthode traditionnelle qui se vouait aux langues anciennes, les théories d’acquisition de la LE et L2 révolutionnent la pensée conservatrice et traditionnelle. Au sein de ce domaine de recherche une tendance très nette pourrait être dégagé : majoritairement afin d’appréhender les processus par lesquels un individu acquiert une LE ou L2, la compétence langagière est réduite à la maîtrise grammaticale, écartant de ce faite l’apport du lexique dans l’acquisition d’une langue étrangère.

De nos jours, la question de l’acquisition lexicale revient en force tant dans le domaine de l’acquisition du français langue maternelle qu’en didactique des langues étrangères, cela après une période propice dans les années 1950 et 1960 et une période d’oubli relatif dans les années 1985 – 2000 (H. Hilton, 2006).

L’acquisition d’une langue est un processus cognitif naturel, mais aussi complexe dont l’étude est loin d’être achevée. Cinquante ans de travaux en neurosciences, en linguistique et en psycholinguistique ont permis d’en savoir un peu plus sur le fonctionnement du cerveau humain, l’acquisition et le développement du langage, ainsi que sur les différents facteurs qui entrent en jeu lors du processus d’apprentissage d’une langue, (Marin & Legros, 2008).

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Les travaux en psycholinguistique, discipline apparue dans les années 1950, ont contribué à comprendre les mécanismes qui conduisent à l’appropriation d’une langue, première, seconde ou étrangère qu’elle soit ; à l’explication de l’organisation des connaissances linguistiques dans la mémoire et des procédures d’accès à ces connaissances et au lexique mental en particulier, (Cuq, 2005).

Le processus d’acquisition des langues a fait l’objet de nombreuses recherches, en effet, plusieurs théories de l’acquisition et du développement du langage ont marqué l’histoire de la psycholinguistique et de la didactique des langues, nous en citerons :

-Skinner avec le courant behavioriste, -Chomsky et les générativistes, -Piaget et le courant constructiviste.

-Et enfin Vygotsky & Bruner avec le courant socioconstructiviste.

Actuellement, ce sont les théories cognitivistes, d’inspiration piagétienne (constructivisme) ou vygotskienne (socioconstructivisme), qui prédominent avec une conception plutôt holistique du langage selon laquelle : « Les activités de communication verbale et l’apprentissage linguistique reposent sur la mise en œuvre de connaissances mondaines, de croyances, de représentations conceptuelles et de représentations linguistiques, déclaratives et procédurales, ainsi que sur le traitement spécifique de l’information grammaticale, lexicale, sémantique et pragmatique » (Article « Cognition », J.-P. Cuq, 2003 : 44-45).

Ainsi, en essayant de comprendre les processus qui déterminent les mécanismes d’acquisition et d’apprentissage, et en se basant sur les résultats obtenus dans les différentes recherches en psycholinguistique. Les chercheurs essayent d’influer sur les mécanismes d’acquisition d’une langue, pour si possible, optimiser et améliorer la situation d’apprentissage, (Cuq, 2003).

En outre, maîtriser une langue, pouvoir comprendre et interagir avec, suppose déjà la maîtrise de son lexique. Tout au long de notre vie, nous apprenons de

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nouveaux mots, tout d’abord les mots issus de la langue maternelle, ce vocabulaire ensuite dans la majorité des cas s’étendra à des millions de mots en langue étrangère, (Marin & Legros, 2008).

Ce fait nous amène à nous poser quelques questions : une fois que les mots sont acquis, où les emmagasine-t-on ? Comment y accède-t-on ? Comment les mots sont-ils organisés dans notre « dictionnaire » interne ?

Le terme employé par la majorité des chercheurs pour désigner l’ensemble des connaissances lexicales possédait par l’individu en mémoire est le concept de dictionnaire mental ou lexique mental. Ce terme est utilisé pour la première fois en psycholinguistique, par Anne Treisman (E. Spinelli et L. Ferrand, 2005).

Si nous devions définir le lexique mental, nous aurons certainement recours à la notion proposée P. Lecocq & J. Segui (1989) qui définissent le lexique mental comme suit :

« Par lexique mental, on entend généralement le système organisé des connaissances que le sujet possède à propos des mots de sa langue. Ces connaissances concernent les différentes dimensions des mots et ont donc trait aux propriétés phonologiques, orthographiques, morphologiques syntaxiques et sémantiques de ceux-ci. De ce point de vue, les représentations lexicales sont nécessairement multidimensionnelles et le lexique lui-même constitue le lieu d'intégration d'informations linguistiques de différentes natures. » (p.7)

En 1960, pour la première fois en psycholinguistique, Anne Treisman propose le concept de dictionnaire mental ou de lexique mental pour désigner l’ensemble des connaissances lexicales que chacun possède en mémoire (in E. Spinelli et L. Ferrand, 2005). Par la suite, d’autres termes ont été proposés par différents chercheurs : lexique interne, lexique subjectif, mémoire lexicale, etc. Ces dernières années, les sujets relatifs au fonctionnement du lexique mental de l’individu sont devenus l’un des principaux thèmes des recherches en psychologie cognitive et psycholinguistique.

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Pour définir le concept de lexique mental, nous emprunterons la définition que lui donnent Pierre Lecocq et Juan Segui (1989 : 7) :

« Par lexique mental, on entend généralement le système organisé des connaissances que le sujet possède à propos des mots de sa langue. Ces connaissances concernent les différentes dimensions des mots et ont donc trait aux propriétés phonologiques, orthographiques, morphologiques syntaxiques et sémantiques de ceux-ci. De ce point de vue, les représentations lexicales sont nécessairement multidimensionnelles et le lexique lui-même constitue le lieu d'intégration d'informations linguistiques de différentes natures ».

Ainsi, le lexique mental est donc composé d’unités lexicales dont chacune possède un signifiant (une forme) et un signifié (un sens), tel que cela est introduit par la terminologie linguistique par F. de Saussure, et aussi des propriétés syntaxiques qui déterminent son usage dans la langue donnée. Autrement dit, connaître un mot d‘une langue suppose d’une part la connaissance des liens existants entre sa forme (graphique/orale) et d’autre part, cela implique aussi la connaissance de ses propriétés morphologiques et sa combinatoire syntaxique, ce qui permet de comprendre et de produire un nombre illimité d’énoncés.

La seconde approche considère quant à elle que le « mot » comme une entité complexe. Selon cette approche, la maîtrise effective du mot ne peut se faire à priori que d’une manière progressive et serait le fruit d’un certain apprentissage.

Pour notre part, nous estimons que les deux façons de s’approprier les unités lexicales cohabitent, cependant l’acquisition se fait serait plus efficace que si l’apprentissage est conscient. Ainsi, l’école occupe une place prépondérante dans l’apprentissage du lexique (Florin, 1993 : 109). Notre deuxième expérimentation que nous proposons dans le cadre de cette thèse vise à proposer un système d’aide favorisant la maîtrise du lexique en FLE.

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Note de fin de chapitre

Il est clair et indéniable que la LEC offre les outils de prédilection pour une description fine et rigoureuse du lexique. Cependant, cette théorie ne met pas à notre disposition les outils nécessaires pour comprendre comment les unités lexicales sont acquises au cours de l’apprentissage de la langue, pour d’éventuelles perspectives didactiques visant notamment à pallier les entorses commises à l’égard de l’unité lexicale. Ainsi, la LEC possède les outils nécessaires pour la modalisation des altérations lexicales, mais comporte aussi des limites au niveau des applications pédagogiques auxquelles elle peut donner lieu (Steele, 1990).

Ainsi, nous éludons la question en partie pour le moment. En adoptons la théorise psycholinguistique, comme théorie qui corroborait des remédiations et solutions aux difficultés observées chez les étudiants.

Notre visée principale étant d’établir les connaissances lexicales qui devraient et pourraient être enseignées à l’université. Pour ce faire, nous avons mis sur pied des séquences d’exercices visant à favoriser la maîtrise de certains points du lexique chez les étudiants. Dans cette entreprise, il a fallu déterminer les erreurs lexicales commises par les étudiants lors d’activité de production écrite.

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