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des étudiants

Chapitre 5. L’explication des erreurs lexicales

5.2 L’effet du contexte plurilingue algérien sur l’Enseignement du FLE

5.2.1 L’aspect problématique du phénomène de contact de langue

5.2.1.1 La langue arabe : de l’ombre à la…

Lumière, c’est le mot, qui sans doute, vous est venu à l’esprit, par inférence ou déduction afin de compléter le titre de cette présente partie. Le fait est que ce choix ne serait pas forcément approprié à la réalité linguistique des langues arabes en Algérie. J’explique.

Dès 1962, l’Algérie n’est plus française, l’Algérie est algérienne. Unie, elle proclame l’arabe comme langue officielle du pays. Cette unicité proclamée par-dessus tout, même par-par-dessus les différences, bafouille le droit de certains à l’affirmation identitaire, risquant même d’être le nouvel oppresseur de certaines langues phares du pays, et donc de leur identité et culture, pour les dénudées de ce qui fait leur essence. Tout ce qui n’est pas arabe classique est dialecte. Tout dialecte est une sous-langue et donc son image est stigmatisée.

Ces considérations pour les langues n’ont pas fait changer les attitudes des locuteurs algériens, au contraire, dans les situations informelles ; dans la famille, entre ami(e)s, ce qui est considéré « dialecte » prime sur ce qui est considéré « langue ».

Pouvant facilement être comparé à « l’enfant prodigue », l’arabe classique, dénommé aussi « arabe institutionnel », ou bien «arabe littéraire », se voit attribuer dès l’indépendance, le statut de langue officielle de l’État. Bien que les apprenants ne soient pas natifs de cette langue, l’école assure son apprentissage dès la première année primaire. Elle est simultanément enseignée en tant que langue et véhicule du savoir dans les disciplines présentes dans le système éducatif.

La dernière colonisation connue par l’Algérie a voulu effacer toute trace de la langue arabe, ceci en imposant le français, comme langue officielle et nationale ; langue de l’administration, langue du système éducatif. En ayant recours à de telles stratégies, des impacts négatifs furent fomentés : peu de natifs savaient

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lire/écrire l’arabe, la plupart même, maîtrisaient la langue du colon, plus qu'ils ne maitrisaient leur propre langue.

En 1956, conformément à la plateforme de la Soummam, et conformément à la charte de Tripoli en 1962, la langue arabe était devenue la langue nationale et officielle du pays, Khaoula Ibrahimi (1997).

Les années soixante-dix, communément appelées les années de l’arabisation, ont tenté de trouver des solutions, cela afin de réhabiliter la langue arabe et de lui redonner, au sein de la société, ses lettres de noblesse. A cet effet, des textes furent décrétés par les pouvoirs politiques, étendant l’obligation de la connaissance de la langue arabe à tous les fonctionnaires ainsi, que son élargissement dans tous les secteurs, notamment celui de l’éducation. Afin d’inculquer la langue arabe, les enseignants algériens avaient été remplacés par des enseignants venus du Moyen-Orient, d’Égypte, de la Syrie ou d’Iraq. La plupart d’entre eux n’avaient aucune formation les prédestinant à ce type de fonction, Chériguen (2007).

Cet engouement pour l’arabe classique, son officialisation, sa proclamation comme langue officielle et nationale du pays s’expliquerait par le désir des pouvoirs politiques, même avant l’indépendance, de créer un état union qui conglomère l’assortiment de la population dans toutes leurs différences. Il s’agissait, en outre, de réinvestir le champ institutionnel et de récupérer l’identité « arabo-musulmane » jadis présente et sciemment occultée par la politique coloniale.

Ainsi, la réforme par l’état algérien s’est voulue nationaliste, créant l’unité de l’état, de sa religion, de sa culture, autour d’une seule langue ; la langue arabe. Certains chercheurs expliquent la décision de l’état tel Yelles (2002) comme «Un tryptique (la langue arabe, la religion musulmane, la nation algérienne) inspirée de la « lecture théologique de l’Algérie » (p.20). Ainsi, officialiser la langue arabe était un gage de constance de l’état algérien. Désigner la langue arabe, comme langue nationale et langue officielle du pays, revenait à imposer un modèle linguistico-culturel face au colonisateur, oppresseurs de la religion musulmane et négateurs de l’identité algérienne.

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Cependant, comment pourrait-on prendre la langue arabe comme une garantie qui préserve et qui unit l’état et le peuple ? Alors qu’en 1962, plus de 90 % de la population était considérée comme analphabète, et les rares personnes qui ont pu poursuivre des études étaient majoritairement francophones.

Paradoxale, pour certains ! Les chercheurs dénoncent l’absurdité d’une telle disposition, nous évoquerons entre autres Chériguen (2007), pour qui nous citons :

« Qualifier par exemple, officiellement de nationale une langue que de milliers de gens ignorent et que dans la vie quotidienne elle n’est parlée par personne, tout en faisant à l’inverse, du moins officiellement (…) de quoi rendre sceptique le plus lucide des lexicographes sur le sens de nationale » (P.10).

Du moment où cette langue n’est à priori, la langue première d’aucune communauté linguistique, nombreux linguistes sont dans le même état esprit. Elimam (2005), dénonce l’officialisation de l’arabe classique. Cette législation statuaire, pour ce linguiste, serait plus « d’ordre idéologique », qu’un statut qui dépeindrait la réalité langagière et le code linguistique subsistant en Algérie. Il rajoute que la dénomination « Langue nationale » reste problématique puisque cette langue devrait en toute logique congédier aux langues de l’ensemble de la communauté linguistique. Or, l’arabe classique, en Algérie, n’est la langue maternelle de personne.

Ainsi, étant langue officielle, des questions sur sa légitimité sont avancées, nombreux linguistes, sociologues, dénoncent ce qui est dénommé « idéologie ». Chériguen (2007) dans son écrit atteste que ces questions sont occultées ou parfois « passent sous silence », se trouvent même parfois détournées en opposant le statut d’une langue à celui de dialecte.

Or, le terme arabe, selon Khaoula Ibrahimi (1997) (arraba- tarriban) signifie « rendre arabe pour ceux qui ne l’est pas ». L’objectif de l’état algérien lors de l’arabisation était double : le premier objectif était de « généraliser » la langue arabe à tous les secteurs notamment administratifs et éducatifs. Le deuxième objectif était de faire « maîtriser » cet outil linguistique aux citoyens, cette mission

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était assignée notamment au ministère de l’Éducation et au système éducatif algérien.

Pourrons-nous dire que la mission était accomplie ? Les objectifs ont-ils étaient atteints ? En outre, pourrons-nous dire que l’arabisation a porté les fruits tant espérés ?

À ces questions, nous répondrons que le premier objectif assigné soit la généralisation de la langue arabe, il y a eu échec. Pour preuve, dans certaines disciplines scientifiques, l’arabisation paradoxalement n’est pas poursuivie dans le palier supérieur. Concernant le deuxième objectif de l’état, soit « la maîtrise de la langue arabe », l’échec est sclérosant, pour appuyer nos propos nous renvoyons aux travaux de Queffelec (2002) et Khaoula Ibrahimi, qui déjà en (1996) dénonçaient le faible niveau linguistique des apprenants, remettant en cause l’école algérienne, et le potentiel de la maîtrise linguistique des apprenants en langue arabe.

Ainsi, l’arabisation a enclenché un véritable désastre dans le système éducationnel, pas seulement, elle a laissé les locuteurs perplexes sur leur véritable langue, leur origine, leur culture.

Pour certains Algériens, notamment les plus âgés, cette langue est une langue étrangère, une langue qu'ils n’entendent que dans les programmes télévisés algériens, ou bien pour certains, à travers les chaines du Nil SAT. Ces dernières années, l’état algérien tente de supprimer les impérities en langue arabe, à travers un programme national dénommé « mahou el oumia » qui veut dire littéralement « effacer l’analphabétisme ». L’enseignement dispensé se fait à travers la lecture et la compréhension des textes coraniques.

En effet, l’officialisation de la langue arabe est toujours expliquée par rapport à la religion, il est clair que cette langue est avant tout la langue du coran, préserver cette langue reviendrait à préserver l’identité arabo-musulmane.

Or, pour certains, l’arabe classique ne pourrait être comparé à El Fosha, puisque c’est la langue du coran, la parole de dieu sur terre.

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