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Propositions concrètes pour le terrain

5. Analyse et perspectives professionnelles

5.5. La formulation de propositions concrètes pour le terrain

5.5.2 Propositions concrètes pour le terrain

Nous avons élaboré cette partie à partir des besoins mentionnés par les jeunes ainsi qu’à partir des projets déjà existants.

Rappels durant le cursus scolaire

Comme mentionné à plusieurs reprises dans notre travail, les numéros d’urgence ou les moyens d’aide ne sont pas suffisamment rappelés et sont trop peu retenus par les élèves. Il serait bénéfique de demander à chaque titulaire de rappeler plusieurs fois dans l’année les numéros d’urgence et d’informer les élèves de ce en quoi cela consiste.

Rendre acteur le jeune

Nous avons aussi remarqué que les jeunes sont d’autant plus impliqués lorsqu’ils peuvent être acteurs d’un projet. On l’a vu avec le cas du cycle d’orientation de Leytron, où certains élèves ont participé à la vente de timbres en rapport avec « Pro Juventute » et ont été marqués par cet évènement. La possibilité de mettre en place chaque année un projet en lien avec le cyber harcèlement en rendant acteurs les jeunes pourrait les impliquer davantage.

Formation pour les enseignants

La prévention est un pilier fondamental afin que les jeunes soient moins touchés par le cyber harcèlement. Nous pensons qu’il serait indispensable que les enseignants reçoivent une formation donnée par Action Innocence ou par d’autres instances afin de pouvoir détecter rapidement les cas de harcèlement ou de cyber harcèlement dans leurs classes et de connaître les procédures à adopter dans les cas où cela devait se produire.

Sensibilisation dans les classes

Si les professionnels sont formés, ils peuvent aborder plus aisément le sujet en classe et sensibiliser leurs élèves. Nous trouverions utile d’amener cette thématique pendant un cours d’informatique afin d’être au centre du sujet. Pour ce faire, l’enseignant pourrait poser différentes questions afin d’inciter les jeunes à réfléchir à leur relation aux technologies sociales numériques et aux médias. Voici quelques types de questionnements.172

 Techniquement, il m’est possible – à moi votre professeur – de consulter vos profils. Qu’en pensez-vous ? Cela vous gêne-t-il ?

 D’après toi qui sont les lecteurs de ton profil ? Que ressentirais-tu si ta mère, ta grand-mère, ton entraîneur, ton futur employeur, etc. avaient connaissance de ton profil ? Quelle idée penses-tu que l’on se fasse de toi à partir de ton seul profil ?

 Lors d’une soirée, une fille que tu connais à peine a pris des photos de toi, et tu sais que cela peut te causer des ennuis, même si tu n’as rien fait de répréhensible. Elle les a publiées avec son profil. Quand tu lui as demandé de les retirer, elle a refusé. Que fais-tu maintenant ?

 D’après-vous, quels sont les « fais pas ci – fais pas ça » à respecter quand on crée son profil ?

Au sein des classes, il est approprié de sensibiliser les jeunes à ce sujet. Mais il serait aussi aidant d’expliciter les conséquences que cela peut engendrer pour l’auteur. Il est important d’expliquer que le harceleur risque de subir de graves conséquences, car cela peut remettre les jeunes face à leurs responsabilités et leur faire comprendre que le cyber harcèlement est un acte grave et punissable par la loi. Selon Anne-Charlotte Dancourt et Mathilde Pujol, toutes deux journalistes :

« Depuis la loi du 4 août 2014 sur l’égalité homme-femme, le harcèlement est puni et le cyber-harcèlement en est une circonstance aggravante. Dès lors, les harceleurs risquent la privation de liberté et des amendes. Quand les harceleurs ont moins de 13 ans, c’est compliqué car ce sont les parents qui sont responsables dans le cadre des dommages et intérêts. »173

Informer sur la procédure en cas de cyber harcèlement

La direction devrait être mise au courant de la démarche à appliquer lors d’un cas de cyber harcèlement et devrait faire savoir à tous les enseignants comment la procédure se déroule.

172 http://www.danah.org/papers/KnowledgeTree-French.pdf

173

L’information doit tout d’abord remonter jusqu’à la direction. Lorsque l’élève se confie174 :

 À un autre élève : l’adulte informé dialogue avec l’élève confident et l’accompagne vers la direction pour rencontrer ensemble l’élève victime.

 À un membre de l’équipe éducative : l’adulte dialogue avec l’élève victime et l’accompagne vers la direction.

 À ses parents : ils sont écoutés et orientés vers la direction.

Si un élève (confident ou témoin) ou un adulte a connaissance d’une situation de cyber harcèlement dans l’école, il est accompagné et orienté vers la direction.

Si la situation est déjà connue ou en cours de traitement, le directeur s’assure de la bonne prise en compte du problème. Par contre, si celle-ci n’est pas connue, la direction prend en charge la situation pour mettre en œuvre la réponse appropriée.

Lors de l’accueil de la victime, le directeur le met en confiance, rappelle le rôle protecteur de l’école, et recueille son témoignage :

 Nature des faits, auteurs, lieux, début des faits et fréquence,  Témoin ?

 Quelle interprétation l’élève fait-il de ces actes ?  Quels sont les effets et conséquences ?

 A-t-il pu réagir pour se protéger : en parler (à l’école, à la maison, dans son entourage) s’opposer verbalement/physiquement, fuir ?

Lors de la prise de décision concernant les mesures, le directeur rencontre les élèves concernés avec leurs parents dans la forme qui semble la plus propice pour expliciter les mesures. Il rappelle que les élèves doivent savoir que ces situations ne peuvent être tolérées, que tout est mis en œuvre pour protéger les élèves et réagir fermement dans les meilleurs délais. Finalement, en cas de danger ou de risque de danger, la transmission d’informations préoccupantes s’effectue auprès du conseil général ou du Ministère public.

Rencontre auteur-victime

Mis à part les enseignants et la direction, les médiateurs pourraient mettre en place une nouvelle prestation pour les personnes victimes de cyber harcèlement. Une des jeunes que nous avons interviewée a exprimé le besoin de voir les auteurs souffrir à leur tour et d’obtenir des excuses afin de se sentir considérée et respectée. Nous avons donc pensé que les médiateurs pourraient jouer un rôle dans ce type de situation en mettant en place une rencontre entre la victime et l’auteur. Cela permettrait à la victime d’obtenir

174http://cache.media.eduscol.education.fr/file/violence/26/8/protocole_traitement_harcele

des explications et des excuses. Cette rencontre mettrait aussi l’auteur face à ses responsabilités et aux conséquences de ses actes.

Nous trouvons intéressant de développer les deux points suivants, car ce sont deux éléments nouveaux amenés par les jeunes lors des entretiens et de notre passage dans les classes.

Intervention d’une personne ressource

Plusieurs jeunes filles nous ont exprimé le besoin d’être en contact avec quelqu’un ayant vécu la même expérience qu’elles car cela les aurait beaucoup aidées au moment du cyber harcèlement.

Les établissements scolaires pourraient donc prendre contact avec des jeunes qui ont été touchés par le cyber harcèlement et qui seraient d’accord de témoigner de leur expérience devant chaque classe. Pour que les jeunes personnes victimes de cyber harcèlement se sentent plus en confiance et mieux comprises, la formation d’un groupe de référence serait bénéfique. L’établissement scolaire pourrait suivre ces jeunes qui témoignent et les rémunérer en leur précisant leur cahier des charges et en permettant aux élèves de les atteindre en tout temps par téléphone.

Travail social et établissement scolaire

En prenant en considération tous les besoins décelés et les projets mis en place pour lutter contre le cyber harcèlement, nous suggérions un projet mettant en place l’intervention d’une personne externe comme un travailleur social. Cela comporterait de nombreux avantages. En Suisse, environ 25 communes ont mis en place le travail social dans les écoles en 2007175. Comme mentionné dans le document loi sur l’école obligatoire (LEO) :

« Le travail social en milieu scolaire a pour but de décharger les écoles dans le traitement de problèmes sociaux complexes et des difficultés majeures en matière d’éducation. Il favorise l’intégration des enfants et des adolescents à l’école et facilite la détection précoce des problèmes sociaux susceptibles de mettre en péril la réussite scolaire des enfants et des adolescents et de nuire à l’enseignement. »176

Les élèves que nous avons rencontrés dans les deux cycles ne sont pas toujours à l’aise pour demander de l’aide aux médiateurs de l’école car ce sont des personnes internes. C’est pourquoi nous pensons que la présence d’intervenants externes serait bénéfique.

La collaboration avec des travailleurs sociaux serait profitable dans le sens où le travail social et le domaine scolaire sont deux entités distinctes qui travailleraient en interdépendance. Le fait d’avoir un intervenant externe

175 http://www.mm.directories.be.ch/files/5802/16540.pdf

amènerait le jeune à se sentir libre dans ce qu’il exprime sans que cela ait de répercussions sur sa scolarité. Le détachement de l’intervenant externe favoriserait la confiance du jeune, qui saurait que l’éducateur ne fait pas partie de son école.

L’éducateur collaborerait avec la direction et les professeurs de manière à être au courant de ce qui se passe dans leur classe. L’éducateur pourrait tenir une « cellule d’écoute »177 pour les jeunes qui désirent se confier de manière anonyme ainsi qu’un bureau extérieur à l’école afin que les autres personnes qui veulent s’entretenir réellement avec l’éducateur puissent le faire.

Chaque six mois, l’éducateur social prendrait une heure dans chaque classe afin de se présenter, de rappeler sa présence aux élèves et de créer un certain climat de confiance avec des méthodes interactives.

Le travailleur social pourrait être contacté par le biais d’une adresse e-mail et d’un numéro de téléphone qui devraient être rappelés comme décrit ci-dessus à intervalles réguliers par les titulaires. Ces données seraient également disposées de manière à être vues dans chaque classe afin que l’élève puisse les prendre à tout moment.