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Processus d’apprentissage

6.1. Progression à travers la démarche de réalisation

Nous avons été surprises tout au long de notre travail car nous avions des a priori par rapport à la participation des jeunes lors de nos interventions ainsi que pour les entretiens. Au fur et à mesure, nous avons remarqué qu’un besoin était très présent dans les cycles d’orientation : le besoin de s’exprimer et d’être soutenu. Nous avons été impressionnées par la maturité de ces adolescentes qui leur a permis de nous faire part de leur expérience, parfois encore actuelle. Nous n’avions pas imaginé que le besoin d’avoir quelqu’un de confiance et de professionnel à leurs côtés lors du cyber harcèlement était le plus important pour les adolescents. Nous pensions que les médiateurs et les enseignants recevaient un grand nombre d’élèves touchés par cette problématique, au vu de la quantité importante de victimes. Cependant, les médiateurs ont témoigné du peu de personnes venues pour demander de l’aide à ce sujet. C’est pourquoi nous sommes convaincues que la collaboration avec un intervenant externe tel qu’un travailleur social aurait sa place dans les écoles afin de faire de la prévention et d’être une personne ressource en cas de cyber harcèlement.

Au sujet de notre cadre théorique, nous pensions qu’il était suffisamment complet mais nous avons été surprises de voir le nombre d’informations supplémentaires récoltées par le biais des entretiens. Nous avons progressé vers d’autres pistes que nous n’avions pas imaginées, ce qui nous a permis d’amener des propositions d’action créatives.

6.2. L’identification des limites de la recherche

Notre travail de Bachelor a été pour nous l’occasion de mettre en œuvre une nouvelle méthode de travail car nous n’avions jamais réalisé de recherches aussi vastes. Nous ne disposions pas de l’expérience ni des outils requis pour une telle réalisation. Nous avons néanmoins appris à réaliser des recherches grâce à ce projet. Pour ce faire, chacune de nous a dû adopter une posture de chercheuse afin d’accéder adéquatement au terrain et de respecter tout ce qu’engendre une analyse telle que celle-ci. Nous avons également eu la chance de recevoir beaucoup d’aide de la part de professionnels tels que M. Boulé ou les directeurs des cycles d’orientation qui nous ont guidées dans la bonne direction. Malgré cela, nous avons tout de même été confrontées à certaines limites dans notre travail.

Tout d’abord, comme mentionné ci-dessus, nous sommes intervenues dans certaines classes dans lesquelles des médiateurs étaient présents. Cette information ne nous avait pas été transmise et nous pensons que cet élément a joué un rôle dans la dynamique de classe. Cela a probablement limité certains adolescents lorsqu’ils exprimaient leur opinion, notamment au sujet des médiateurs ou des professeurs.

Une autre limite que nous trouvons importante à relever est l’aspect subjectif de nos écrits. En effet, nous avons toujours pris les précautions pour ne pas

déformer le discours des personnes interrogées. Malgré cela, nous savons que notre analyse reflète en partie nos représentations et nos valeurs respectives. Nous avons toujours retranscrit au mot près les paroles des adolescents, mais notre compréhension ainsi que nos interprétations ont sans doute inconsciemment biaisé quelque peu les informations reçues. De plus, les citations que nous avons retranscrites dans notre analyse ne sont pas forcément celles que les jeunes auraient choisies car ce qui nous a paru important est propre à nos identités professionnelles et personnelles.

Malgré ces quelques limites, dont la liste n’est pas exhaustive, nous nous sommes efforcées de garder une position méta tout au long de notre démarche afin d’effectuer un travail de recherche de qualité. Nous avons conscience de ses limites mais nous espérons que, malgré cela, ce travail aura un intérêt pour les personnes concernées par la problématique.

6.3. Le bilan professionnel, personnel et méthodologique

6.3.1. Bilan professionnel

Nous avons été face à des professionnels tels que les directeurs et des enseignants ainsi que devant un grand nombre d’élèves, ce qui nous a demandé de nous adapter aux différents contextes ou de prendre la parole face à un public inhabituel. En contactant les différents cycles, nous avons dû utiliser un vocabulaire professionnel et adapté afin de pouvoir réaliser notre projet dans les établissements scolaires. Face aux adolescents, nous avons ajusté notre langage pour que nos propos soient clairs et que la requête soit compréhensible. Pour ce faire, nous avons mis en place plusieurs stratégies telles que la création d’une affiche afin d’accompagner notre discours d’un outil interactif. Nous avons également fait preuve de flexibilité pour intervenir dans les deux cycles selon les disponibilités. La mise en place d’un planning et la gestion du temps a été un aspect important pour effectuer ces interventions. Lors de la réalisation des entretiens, nous nous sommes toutes deux rendues compte de l’évolution de notre manière de diriger un entretien. L’écoute active ainsi que la synthétisation des éléments abordés durant les entretiens ont été améliorées au fil du temps. Cela a poussé les jeunes à répondre plus facilement à nos questions et a amené des informations pertinentes. Nous avons notamment appris à recadrer régulièrement l’entretien car les jeunes avaient tendance à vouloir parler uniquement de leur situation de cyber harcèlement et se perdaient dans des détails qui n’avaient que peu d’intérêt pour nos recherches.

Ce travail nous a également demandé beaucoup de réflexion et de remises en question. Le fait de trouver des informations contradictoires ou divergentes nous a permis de construire un avis critique et d’élargir notre champ de vision sur notre thématique.

6.3.2. Bilan personnel

Nous considérons notre travail de Bachelor comme l’aboutissement de nos études en travail social. Nous avons appris à réaliser à deux un travail

conséquent qui demande une collaboration sur le long terme. Nos visions différentes ont amené à plusieurs reprises des débats, ce qui a enrichi notre travail. Le fait de travailler à deux a été aussi bien une force qu’une faiblesse. En effet, nous savions nous motiver lorsque l’une de nous manquait d’énergie mais, parfois, nous perdions du temps dans la relecture de nos écrits.

Nous avons ressenti une frustration au milieu de notre travail car nous ne trouvions plus le sens de celui-ci. Le fait d’avoir été immergées sur le terrain et d’avoir vu l’utilité de nos recherches nous a convaincues et persuadées de la pertinence de notre travail. Aujourd’hui, nous prenons conscience du cheminement que nous avons réalisé et de ce que cela pourra nous apporter durant notre future vie professionnelle.

6.3.3. Bilan méthodologique

Nous sommes satisfaites de la méthode d’entretien que nous avons choisie, l’entretien semi-directif. Grâce à cette technique de récolte de données, nous avons mené une discussion de manière dirigée mais ouverte. Nous avons également trouvé utile d’enregistrer les entretiens, car cela nous a permis d’être attentives et spontanées face aux jeunes, ce qui les a probablement aidés à être plus détendus. De plus, cela nous a permis d’être précises dans l’analyse des données.

Du point de vue des interventions, nous avons rédigé après chacune de celles-ci un résumé de leur déroulement et du contenu de nos échanges avec les enseignants. Cette méthode a été bénéfique afin de ne pas oublier des détails et d’être le moins abstraites possible.

Avec du recul, nous avons réalisé qu’il aurait été bénéfique, lors des entretiens, d’introduire d’autres questions comme la fréquence du harcèlement en plus de sa durée ou des questions au sujet de l’absentéisme par exemple. Heureusement, certains jeunes ont mentionné spontanément des informations de cet ordre, ce qui nous a permis d’obtenir des indications intéressantes.