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Proposition n° 18 : « faire pousser une ville comestible »

Chapitre 2. La bonne gouvernance de l’habitat gage du bien-être

C. Proposition n° 18 : « faire pousser une ville comestible »

«  La ville qui vous nourrit gratuitement  » est le surnom donné par un magazine économique à la ville de Todmorden en Angleterre, ville touchée par la crise industrielle qui a cherché à relever le défi alimentaire en transformant les espaces publics en potagers et vergers accessibles à tous... L’idée, conçue par des habitantes de la ville, est de développer une autre façon de vivre et une utilisation différente des ressources locales afin d’assurer un meilleur avenir à leurs enfants, en respectant la planète. Les initiatrices de ce projet expliquent qu’il repose sur trois piliers  : la collectivité, l’éducation et l’économie. Ce mouvement des « Incroyables Comestibles » a essaimé dans le monde et dans toutes les

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES régions de France. Certaines expériences intègrent même un volet nutrition dans les projets,

afin d’impulser des actions de prévention et d’agir auprès du grand public en matière d’éducation à l’alimentation. Améliorer l’état de santé des habitant.e.s en favorisant l’accès de tous.tes à une alimentation saine, équilibrée, de proximité et de saison, permet de lutter contre le surpoids, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète etc. Des cours de cuisine sont dispensés, des « concours de soupes » sont lancés, permettant de faire évoluer les comportements alimentaires tout en créant du lien social.

Le CESE a préconisé dans son avis sur le biomimétisme14 de développer la micro-agriculture dans les espaces contraints, notamment urbains et périurbains. Le mouvement des « Incroyables comestibles » cherche à promouvoir une agriculture urbaine participative en invitant les citoyen.ne.s à semer et planter là où c’est possible, à partager les récoltes qui sont mises à disposition gratuitement et donc à accroître la résilience des territoires. Le CESE est favorable à ces démarches. Toutefois, il considère qu’elles doivent avoir pour principal objectif un but pédagogique contribuant à l’esprit de l’économie collaborative.

De telles actions rejoignent pour partie celles expérimentées dans les jardins collectifs.

Le CESE souligne l’intérêt de développer ce type d’actions, plus informelles et spontanées dans les villes, avec l’accord et le concours des services municipaux, lesquels auraient notamment pour rôle d’accompagner les jardinier.ère.s amateur.e.s dans leurs pratiques. La mise à disposition de bacs de plantation dans des lieux adaptés permet ce genre d’expérimentations, qui peuvent naître à de multiples endroits dans un quartier grâce à l’observation et à l’inventivité des habitant.e.s.

La plantation d’arbres fruitiers dans des espaces publics accessibles relève de la même logique. Ces pratiques peuvent également se développer en d’autres lieux de l’habitat - cours d’immeubles, préaux d’écoles, jardins de maisons de retraite - sous réserve des accords nécessaires, avec des soutiens publics ou privés (achat de semences par exemple), en préservant l’esprit de partage et de bien-être pour tous qui est à l’origine du mouvement.

II. DÉVELOPPER LES SERVICES PUBLICS ET AU PUBLIC EN ASSOCIANT TOUS.TES LES ACTEUR.RICE.S NÉCESSAIRES À UNE VIE QUOTIDIENNE DE QUALITÉ DANS L’HABITAT A. Proposition n° 19 : développer les services publics

et au public en particulier en milieu rural

Comme le rappelle l’avis sur l’évolution de la fonction publique et des principes qui la régissent, les lois de décentralisation ont profondément modifié l’organisation des compétences en matière de services rendus à la population. Schématiquement, les domaines des politiques sociales destinées aux publics en difficulté sont maintenant assurés par les départements ; les compétences relatives à l’éducation sont réparties entre communes, départements et régions  ; les politiques de transport public sont partagées

Avis

entre les départements (ancien réseau routier national…), les régions (organisation des mobilités comme par exemple les transports ferroviaires locaux et régionaux), les EPCI et les communes (exemple des bus urbains).

L’objectif de cette réorganisation est d’assurer l’efficacité et la complémentarité des actions de l’État et des collectivités en préservant leurs compétences propres. «  L’État intervient aussi dans certaines missions de services en contact avec le public par l’intermédiaire d’autres acteurs à présence territoriale forte : établissements publics placés sous sa tutelle (SNCF, ONF), ou sociétés nationales dont il est actionnaire unique (La Poste) ou principal (EDF). Des groupements d’intérêt public (GIP) ou des entreprises privées délégataires de service public interviennent également pour le compte de l’État ou de collectivités.15 »

Dans la mise en œuvre de services de proximité, les petites villes et les bourgs jouent un rôle structurant pour garantir à tous un accès aux équipements publics (accès aux soins, aux urgences médicales, à l’école, au tribunal de grande instance…), aux services et en particulier à des communications modernes et performantes. La qualité de la connexion internet (haut et très haut débit) est indispensable autant au bien-être des habitant.e.s qu’aux professionnel.le.s ; elle joue un rôle essentiel dans le dynamisme des espaces ruraux.

En milieu rural, les autorités locales devraient aider au développement de Maisons de services de proximité, lieux où les habitant.e.s peuvent aller chercher leurs courses, des colis, suivre des cours d’informatique ou de langues, se connecter pour rester en contact avec le reste de la famille, etc.

Toutefois, la mise en œuvre des maisons de services au public ne fait pas consensus dès lors qu’elles intègrent des services publics. Le CESE recommande à ce sujet « qu’un bilan soit dressé quant aux conséquences de ces nouvelles formes d’organisation des services publics sur l’effectivité et la qualité du service public ».

Dans le domaine de la santé et afin de lutter contre les déserts médicaux, le CESE préconise une politique active favorisant l’installation dans des zones fragiles ou déficitaires et d’aide au développement, des regroupements de professions de santé sous toutes ses formes  : maisons de santé pluridisciplinaires regroupant médecins généralistes et spécialistes, maisons de santé pluriprofessionnelles rassemblant professions médicales et paramédicales, pôles libéraux de santé, groupes de professionnel.le.s.

En ville, les autorités locales devraient faciliter l’émergence de services innovants tels que les conciergeries solidaires qui permettent à des abonné.e.s d’accéder à un large panel de services à coûts réduits tout en servant de tremplin pour des personnes éloignées de l’emploi.

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B. Proposition n° 20 : retrouver un équilibre