• Aucun résultat trouvé

4.1 Motifs de non prescription

2. Proportion de médecins prescripteurs d’homéopathie :

L’étude menée avait pour objectif de faire un état des lieux de la prescription d’homéopathie par les médecins généralistes et spécialistes dans le cadre des infections O.R.L. et broncho-pulmonaires en mesurant d’une part la proportion de médecins qui en prescrivent et d’autre part en décrivant son utilisation ainsi que son efficacité. Nous avons montré qu’uniquement le quart des médecins en prescrivaient, sans pour autant être formés ni forcément croire en son principe.

Nous allons revenir sur les principaux résultats et les concepts intéressants émergeant dans nos résultats et les comparer aux données de la littérature.

D’après les résultats de notre enquête, uniquement 24,8% des médecins interrogés ont déclaré prescrire de l’homéopathie. Parmi tous les médecins de l’étude, 19,4% utilisent l’homéopathie de manière occasionnelle, et 5,4% de manière régulière.

Nous constatons que l’homéopathie n’est pas pleinement développée, mais elle n’est pas totalement ignorée. Le faible pourcentage peut être du à l’absence de preuves scientifiques d’efficacité dont résulte le partage de l’avis des médecins sur ce mode de traitements. En effet , plusieurs études ont été faites dans le but de confirmer ou d’infirmer l’efficacité liée aux produits homéopathiques. Dès 1985, une étude commandée par le Ministère des Affaires Sociales français portant sur deux médicaments homéopathiques, l’opium 15 CH et le raphanus 5 CH interrogeait l’efficacité de cette thérapie. Les résultats de cette étude ont été publiés par le Lancet, célèbre revue médicale, en 1988 et les conclusions à l’époque étaient sans appel : Il n’y a eu aucune amélioration de l’état des patients qui ont suivi une prescription homéopathique [35].Suite à cette étude, d’autres sont venues appuyer le fait que l’homéopathie n’a aucun effet. Elles sont nombreuses, viennent de différents pays et aboutissent toutes au même résultat « il n’y a aucune preuve de l’efficacité de l’homéopathie ». Nous n’allons pas les reprendre une par une, mais plutôt nous intéresser à deux méta-analyse (qui sont des analyses statistiques recoupant les résultats de multiples études scientifiques) qui ont fait sensation dans le monde.

54

1. La méta-analyse du Lancet pubilée en 2005, fruit de la collaboration de 8 chercheurs et portant sur 19 banques de données médicales qui conclut en ces termes « l’absence de supériorité évidente de l’homéopathie sur l’effet placebo ».

2. Le rapport du National Health and Medical Research Council, une agence de santé australienne, publié en 2015, qui a passé au crible 255 études sur l’homéopathie et conclut qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité.

Et il existe d’autres méta-analyses qui aboutissent toutes au même résultat.

Si le débat autour de l’efficacité de ces traitements perdure dans l’opinion publique, il a cessé dans la communauté scientifique : outre son effet placebo, aucune étude n’a pu démontrer rigoureusement l’efficacité de l’homéopathie chose qui freine l’intérêt des praticiens envers cette thérapie.

3. Formation en homéopathie :

5 médecins sur les 41 qui prescrivent de l’homéopathie déclarent être formés en homéopathie, soit 12,2% d’entre eux.

Dans notre étude 87,8% des médecins qui prescrivent de l’homéopathie n’ont donc reçu aucune formation. Les connaissances personnelles des médecins doivent être leur principale source d’informations pour prescrire. Nous n’avons pas interrogé les médecins sur l’origine de ces connaissances, qui peuvent être aussi bien issus de la littérature comme de ressources numériques ; il existe en effet des sites internet d’aide aux choix de traitements homéopathiques soit par une recherche axée sur les symptômes ou la pathologie soit par le médicament homéopathique, cela peut être confirmé par les résultats obtenus lors de la thèse d’exercice des docteurs Macquart-Anselmet et Macquart-Cherton [36], qui dit que l’origine principale des connaissances sur l’homéopathie des médecins généralistes était également leur culture générale.

Aucune formation à l’homéopathie, ni aux autres médecines alternatives et complémentaires, n’était intégrée au cursus de formation d’un médecin généraliste d’autant plus qu’au niveau du royaume peu de facultés proposent des DU en homéopathie. En terme de niveau de formation des médecins et pharmaciens homéopathes; dès 2007 notre Faculté de médecine et

55

de pharmacie de Rabat propose un Diplôme Universitaire qui dispense des enseignements en homéopathie, la durée d’obtention d’un DU en homéopathie est de deux ans pour les médecins et un an pour les pharmaciens. Bien qu’absence de formation ne soit pas synonyme d’absence de connaissances, cela soulève des interrogations. Les médecins ayant peu voire aucune connaissance dans cette thérapeutique l’utilisent-ils à bon escient ? Savent-ils ce qu’ils prescrivent ?

4. Forme galénique de prescription :

D’après les résultats de notre enquête l’homéopathie sous forme de granules est la forme sous laquelle elle est le plus prescrite (67,2%) cela ce comprends vu que la majeure partie des médicaments homéopathiques se présente sous la forme de granules et de globules [37]. Les granules pour usage homéopathique sont des petites sphères solides obtenues à partir de saccharose et de lactose par enrobage. Les granules neutres sont ensuite imprégnés par une ou plusieurs dilutions de souches homéopathiques. Ils sont conditionnés dans des tubes semi-translucides, chaque couleur de tube correspond à une dilution selon code couleur Boiron (figure 31 ). Ils sont destinés à l'administration par voie orale ou sublinguale. Les granules dont la masse est d’environ 50 mg sont des granules dits «20 au gramme» et les granules dont la masse est comprise entre 3 et 5 mg sont les «doses granules» dits «200 au gramme». On désigne également ces dernières par le terme «globules»; microgranules de composition identique à celle des granules.

Les granules sont utilisés pour le traitement des formes aiguës, avec plusieurs prises par jour, alors que les globules sont donnés en plus hautes dilutions, et souvent comme médicament de terrain [7, 37, 38].

Documents relatifs