• Aucun résultat trouvé

IV. Coccidiose aviaire et moyens de lutte

IV.10. Prophylaxie

IV.10.2. Prophylaxie médicale

Les anticoccidiens capables d’inhiber le développement du parasite ou de le détruire sont aujourd’hui la principale méthode de lutte; ils sont administrer aux animaux incorporés dans l’aliment pendant toute la durée de l’élevage à l’exception de la période de retrait légale avant l’abattage des poulets, qui est de 4 jours au moins (Vercruysse, 1995).

La chimio-prévention et la vaccination sont des mesures de prévention qui n’empêchent pas toujours l’apparition, le développement et la propagation de la maladie dans les élevages intensifs; Il faut donc envisager d’autres moyens efficaces.

Les traitements par médicaments curatifs doivent être mis en œuvre dès l’apparition des premiers signes cliniques de coccidiose. Ces derniers doivent agir sur les schizontes II, ou les gamétocytes qui sont les formes pathogènes des coccidies. Les médicaments doivent être administrés dans l’eau de boisson, car la consommation d’eau devient accrue pendant l’infestation par E. necatrix, E. maxima et

E. brunetti, contrairement à l’appétit qui chute considérablement (Euzeby, 1987). Certains

anticoccidiens utilisés peuvent avoir un effet purement coccidiostatique, inhibant la croissance des coccidies intracellulaire et d’autres peuvent avoir un effet purement coccidiocide, détruisant les coccidies pendant leur développement.

Plusieurs anticoccidiens n’ont pas la même action sur tous les stades de développement du parasite

(Manger, 1991); certains sont initialement coccidiostatique sur la première génération de schizontes et

un effet coccidiocide sur la deuxième génération de schizontes, la deuxième génération de mérozoïtes et aussi sur les gamétocytes (Fowler, 1995). D’autres anticoccidiens peuvent avoir les deux effets sur les mêmes stades évolutifs selon leurs posologies.

De nos jours dans la plupart des productions des volailles, c’est les coccidiocides qui sont largement utilisés. Les produits utilisés qui sont mis en vente pour lutter contre la coccidiose appartiennent à deux grandes classes. Actuellement, 17 produits des deux classes sont autorisés à utilisés incorporés dans l’aliment selon la directive 70/524/CEE (Naciri et al., 2011). Les anticoccidiens de la première classe sont des produits chimiques de synthèse, alors que ceux de la deuxième sont ionophores; ils agissent sur le métabolisme du parasite et sont utilisés à titre préventif. Les plus fréquemment utilisés sont spécifiques, comme la robénidine est initialement coccidiostatique sur la première génération de schizontes; mais elle a également un effet coccidiocide sur la deuxième génération de schizontes. La robénidine est munie du même effet sur la deuxième génération de mérozoïtes et les gamétocytes

(Fowler, 1995). Le Dinitolmide aussi est un coccidiostatique sur les premiers mérozoites. Le

traitement prolongé par le dinitilmide a aussi des effets coccidiocides. De plus les anticoccidiens n’ont pas la même action sur tous les stades de développement du parasite (Manger, 1991).

L’halofuginone est d’une efficacité anticoccidienne limitée, mais bénéfique pour les performances zootechniques. La Nicarbazine, un coccidiostatique utilisé incorporé dans l’aliment pour une chimio prévention, elle a une influence négative sur le gain de poids et l’indice de conversion et peut occasionner un taux de mortalité élevé en cas de coups de chaleur; pour ces raisons, la nicarbazine doit être utilisée avec précaution, pour des périodes limitées. Le pyridinoltrès est utilisé à cause de son large spectre à des concentrations comprises entre 100 et 125 ppm durant tout le cycle d’élevage, son

administration se fait dans l’eau de boisson. Les doses d’incorporation des anticoccidiens dans la ration alimentaire sont définies par la législation européenne sur les additifs. A titre curatif en cas de coccidiose déclarée, le traitement se fait avec les anticoccidiens classiques spécifiques ou non spécifiques; la plupart de ces produits peuvent aussi être utilisés à titre préventif en fonction de la dose.

Des tests de sensibilité des coccidies aux anticoccidiens s’avèrent utiles afin de pouvoir proposer l’utilisation d’un ou la synergie de plusieurs anticoccidiens dans le but d’optimiser leurs efficacités et réduire leurs toxicités (Naciri et al., 2011).

• Le toltrazuril (BaycoxND): en solution buvable à 2,5% agit sur les stades intracellulaires du parasite, pour cela deux jours de traitement suffisent.

• La roxarsone: est un dérivé arsenical relativement toxique qu’il convient d’utiliser avec

prudence, notamment chez les palmipèdes; cependant, un surdosage ou un défaut d’abreuvement des oiseaux traités peut provoquer des signes nerveux réversibles après l’arrêt du traitement.

• Le diclazuril: ce produit a une activité sur un large spectre et s’est révélé non toxique même à

doses élevées. Les travaux de recherche ont montré que ce produit fournit d’excellents résultats dans les conditions expérimentales et sur le terrain (Mc Dougald, 1996).

• Le decoquinate: c’est un antibiotique de la famille des quinolones; utilisé comme anticoccidien

chez le poulet à l’engraissement à une concentration comprise entre 20 et 40 mg/Kg d’aliment. L’utilisation du décoquinate présente un problème d’incompatibilité avec la bentonite utilisée pour la granulation de l’aliment.

• L’amprolium: utilisé sous forme de poudre à 20%, il peut êtres utilise en solution à 12% en curatif, ou en préventif à raison de 6 g de produit pour 25 à 100 litres d’eau pendant 5 jours. L’amprolium est muni d’une excellente activité anticoccidienne non toxique. L’amprolium est un antagoniste de la thiamine (vitamine B1) nécessaire au métabolisme des coccidies.

Il existe aussi des anticoccidiens non spécifiques principalement les sulfamides. Ces substances ont une activité anticoccidienne; malheureusement très toxique pour le rein des jeunes oiseaux; il est donc préférable de fractionner les doses dans la journée et prévenir l’administration simultanée de vitamine K3, car certains sulfamides, particulièrement la sulfoaquinoxaline peuvent provoquer des hémorragies.

Les sulfamides peuvent être associés à d’autres anti-infectieux, comme Triméthoprim +sulfamide; ou à d’autres anticoccidiens spécifiques pouvant potentialiser leur activité anticoccidienne; comme la diavéridine dérivé de la pyrimidine, qui potentialise l’activité anticoccidienne des Sulfamides. Grâce à la diavéridine la posologie de la sulfadimidine est 10 fois moindre que lorsqu’elle est utilisée seule, sa toxicité est extrêmement réduite et son activité s’étend aux stades de la shizogonie.

Par ailleurs, certains antibiotiques ont une activité anticoccidienne, telle que la framycétine distribuée à la dose de 20 à 30 mg par Kg de poids vif pendant 2 jours dans l’eau de boisson.

Problèmes de résistance

L’utilisation intensive et aléatoire des produits de synthèse pour combattre la coccidiose a conduit à l’apparition de coccidies résistantes (Parent, 2006). C’est le cas de la robénidine qui est dotée d’un excellent spectre d’activité dirigée contre toutes les espèces importantes des coccidies; malheureusement une souche de coccidies résistantes à cette molécule fut rapidement mise en évidence, limitant son utilisation. Heureusement qu’après un long arrêt de l’utilisation de la robénidine des souches de coccidies résistantes redeviennent sensibles. Des études ont révélé que

Eimeria acervulina, Eimeria tenella et Eimeria maxima, ont développé une résistance à l’amprolium

(Bichet et al., 2003).

Aujourd’hui, pour diminuer l’impact du phénomène de résistance, deux programmes d’utilisation des divers anticoccidiens sont appliqués sur le terrain :

-le programme de rotation: consiste à alterner les traitements anticoccidiens sur plusieurs bandes. -le programme de "Shuttle program": Ce programme de prévention consiste à alterner deux catégories d’anticoccidiens sur la même bande, comme par addition d’une catégorie d’anticoccidiens dans l’aliment de croissance et d’une autre dans l’aliment de finition sur une même bande de poulets. Cette méthode a conduit à de bons résultats du fait qu’il est peu probable que les coccidies développent une résistance simultanée à l’égard des deux anticoccidiens.

L’utilisation anarchique de ces anticoccidiens par les éleveurs, inconscients de l’importance du respect de la posologie et du programme de prophylaxie, accentue l’émergence, l’apparition précoce et la persistance des coccidies résistantes.

Pour mener à bien la lutte contre la coccidiose, en plus des anticoccidiens de synthèse beaucoup plus utilisés à titre curatif; des anticoccidiens d’une deuxième classe sont utilisés de façon préventive dans l’aliment afin de baisser la pression parasitaire; il s’agit de composons ionophores d’origine naturelle, dérivés de la fermentation microbienne et agissent sur la membrane plasmique des coccidies, perturbant le transport d’ions et la balance osmotique à travers la membrane parasitaire.

Les polyéthers ionophores sont des composés d’origine naturelle; ils sont obtenus par fermentation et doués d’une activité antibactérienne et anticoccidienne. Les polyéthers sont considérés comme des additifs, soumis à la législation européenne (directive de 1970 du conseil de la CEE modifiée ensuite); ils sont utilisés en supplémentation dans l’aliment pour le contrôle de la coccidiose, et maintiennent la pression de l’infection coccidienne à un niveau assez bas favorisant le développement d’une immunité naturelle. Les polyéthers ionophores améliorent aussi le taux de croissance et l’efficacité alimentaire. Actuellement, onze de ces derniers sont autorisés pour le poulet de chair; leur mise sur le marché éxige qu’ils soient actifs dans un spectre contenant toutes les espèces présentes chez l'hôte, qu’ils ne soient pas toxiques pour l'hôte, qu’ils ne nuient pas à la qualité de la viande et de la carcasse, qu’ils soient compatibles avec tous les ingrédients de l’aliment et ne présentent aucun danger pour la santé du consommateur. Une utilisation raisonnée de ces anticoccidiens permet sur le terrain de retarder l’apparition de résistances qui est la principale limite de leur utilisation.

Les ionophores présentent l’avantage de perdre progressivement leurs efficacités, sans l’apparition brutale de la résistance comparés aux anticoccidiens de synthèse. Plusieurs inconvénients limitent l’utilisation de ces derniers, principalement leurs doses efficaces qui sont proches de la dose toxique, leurs incompatibilités avec certains produits médicamenteux, ainsi que le danger qu’ils présentent pour certaines espèces animales.