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Propagation de popularité sur les résultats d’une requête

2.2 Propagation de popularité

2.2.2 Propagation de popularité sur les résultats d’une requête

Dans la premiere catégorie de propagation de popularité exposée dans la section 2.2, nous avons vu que l’indice de popularité de chaque document de la collection est calculé indépendamment de la requête utilisateur. En effet, le résultat de ce calcul, réalisé off-line, est un vecteur d’importance des documents stocké dans l’index de la collection. Dans cette deuxième catégorie, la propagation de popularité est appliquée à sous-ensemble de la collection associé à la requête utilisateur et composé de documents contenant les termes de la requête. En effet, les documents sont retrouvés selon l’existence ou non des termes de la requête utilisateur dans ces documents, puis des techniques d’analyse de liens qui s’inspirent des études de graphes sont appliquées pour classer ces documents. Kleinberg [Kle99] et Lempel et al. [LM00] sont deux algorithmes représentatifs de cette catégorie que nous allons discuter dans ce qui suit. Nous détaillons plus en détail l’algorithme de HITS [Kle99] que nous allons utiliser dans nos experimentations afin de le comparer par rapport à notre approches reposant sur la propagation dynamique de pertinence et d’autres techniques d’analyse de liens reposant sur la propagation de popularité indépendamment de la requête utilisateur [BP98] et la propagation statique de pertinence que nous allons voir dans la section 2.3.

2.2.2.1 HITS

Un indicateur peut être élaboré à partir du phénomène de référencement entre pages Web : le pouvoir

rayonnant. Plus une page Web contient de liens vers d’autres pages Web importantes plus son pouvoir

rayon-nant est important. Le projet Clever d’IBM (Kleinberg [Kle99]) a même perfectionné cette mesure en donrayon-nant un poids plus fort aux liens pointant des pages de très forte notoriété. Plus une page fait référence à de nom-breuses pages fortement citées, plus son pouvoir rayonnant s’amplifie. Les pages Web ayant un fort pouvoir rayonnant sont nommées pages pivot au sein du projet Clever. Les chercheurs impliqués dans ce projet ont très rapidement constaté que le système de classement qu’offrent les systèmes de recherche d’information, fondé sur le calcul des occurrences / localisations des termes de la requête, n’était pas assez significatif. Ils ont donc cherché à améliorer la qualité de ce classement en appliquant la théorie de la citation et plus particulièrement les travaux sur la mesure du facteur d’impact mis au point par Garfield [Gar72]. L’objectif est de détecter puis de classer les pages appartenant aux deux catégories : pages populaires (appelées "pages autorités") et pages

FIGURE2.5: Exemple des pages pivots (Hubs) et autorités (Authorities)

rayonnantes ( appelées "pages pivots") (voir la figure 2.5). Les estimations du degré de popularité et du degré de rayonnement des pages sont évaluées selon une logique circulaire : une page est d’autant plus populaire qu’elle est citée par des pages rayonnantes et réciproquement, une page est d’autant plus rayonnante qu’elle cite des pages populaires. Appliqué sur un ensemble de pages obtenues à la suite d’une requête sur un moteur de recherche, le système Clever met en œuvre une heuristique itérative faisant converger ces estimations vers des valeurs finales permettant d’identifier et de classer les pages, soit par ordre de popularité, soit par ordre de rayonnement. C’est de l’algorithme de HITS de Kleinberg [Kle99] qu’il s’agit. L’idée de Kleinberg trouve son origine dans des recherches beaucoup plus anciennes en bibliométrie : la méthode de Pinski-Narin [PN76] pour évaluer le poids d’une publication scientifique en fonction du nombres d’autres publication qui la cite. Si l’on observe la structure des liens, une page pivot cite des pages autorités, tandis qu’une page autorité est cité par des pages pivots.

Kleinberg a présenté une procédure pour identifier les pages Web qui sont des bonnes pages pivots ou des bonnes pages autorités, en réponse à une requête utilisateur donnée. Il s’avère utile de distinguer les pages pivots des pages autorités. Les premières correspondent aux pages possédant un nombre important de liens sortants (comme, par exemple, la page d’accueil de Yahoo !). Généralement, ces pages pivots sont des index. Tandis que les secondes correspondent aux pages beaucoup citées par d’autres pages. L’hypothèse stipule : "Une page qui

cite beaucoup de bonnes pages autorités est une bonne page pivot, et une page citée par beaucoup de bonnes pages pivots est une bonne page autorité". Pour identifier ces bonnes pages pivots et autorités, l’algorithme de

HITS utilise la structure du Web vu comme graphe orienté. Étant donné une requête Q, le procédé de Kleinberg construit d’abord un sous-graphe G construit de pages contenant les termes de la requête, ainsi que les pages citées et citant ces pages. Puis il calcule un poids pivot et un poids autorité de chaque nœd du G (soit n nœds au total). L’algorithme HITS distingue deux types de liens (inter site et intra site). Les liens inter site établissent des relations entre des pages appartenant à des sites différents et pouvant être vus comme des liens de proximité sémantique entre les pages Web. Tandis que les liens intra site établissent des relations entre des pages d’un même site dont le premier but est de faciliter la navigation à l’intérieur d’un site (liens de navigation définissant la structure d’un site). Tous les liens intra site ont été supprimés du graphe en gardant que les liens inter site. Nous décrivons maintenant brièvement comment ces poids sont calculés :

Supposant W la matrice d’adjacence du sous-graphe orienté G. Notons respectivement par X et Y les deux vecteurs colonnes pivot et autorité de dimension (n ∗ 1) contenant les poids pivots et autorités correspondant à chaque nœud du sous-graphe G. Kleinberg utilise un processus itératif afin de calculer ces poids. Le poids

autorité du nœud i, Xi, est égale à la somme des poids pivots de tous les nœuds citant le nœud i et, pareillement, le poids pivot du nœud i, Yi, est égale à la somme des poids autorités de tous les nœuds que cite le nœud i. Les poids pivots et autorités sont calculés de la façon suivante :

Xi(k+1)= X

j:j→i

Yj(k) et Yi(k+1)= X

j:i→j

Xj(k) (2.3) L’un des avantages de l’algorithme de HITS est le double classement. En pratique, le résultat de HITS est composé de deux listes ordonnées : une liste de bonnes pages autorités et une autre de bonnes pages pivots qui seront renvoyées à l’utilisateur. L’utilisateur a l’embarras du choix entre les deux listes et il peut être intéressé par une liste au détriment de l’autre selon la recherche demandée. Cependant, il existe quelques inconvénients de l’algorithme HITS. Les trois soucis majors que souffre l’algorithme HITS sont :

– La dépendance de HITS par rapport à la requête utilisateur. En effet, à l’interrogation du système, un graphe de voisinage doit être établi pour chaque requête exécutée. Or, le nombre d’itérations nécessaires à la determination des différents scores autorités et pivots est proportionnel à l’ensemble de réponses à une requête donnée. De ce fait, le temps de réponse est élevé pour des ensembles de réponses volumineux.

– L’algorithme de HITS est vulnérable aux techniques de spamming de lien. En ajoutant des liens artificiels vers les documents qui font autorité, un utilisateur peut influencer le poids autorité et le poids pivot de son document. Un léger changement de ces poids pourrait déplacer le document Web vers le top de la liste retournée à l’utilisateur. Avec des bannières publicitaires et des opportunités de financement, les propriétaires d’un document Web auront l’intention d’améliorer leur réputation dans le top du classement de la liste à retourner à l’utilisateur. Ceci est spécialement important dans la RI puisque l’utilisateur consulte seulement les 10 à 20 premières pages dans la liste des résultats. Dans l’esprit du propriétaire du document Web, ajouter des liens qui partent de son document est plus facile que d’ajouter des liens qui pointent vers son document. Ainsi, influencer les poids pivots des documents n’est pas difficile et comme les poids autorités et les poids pivots sont mutuellement dépendants, le poids autorité d’un document augmente quand son poids pivot augmente. En outre, puisque le graphe de voisinage est petit par rapport au Web entier, les changements locaux à la structure des liens s’avèrent affecter les calculs.

– Un autre inconvénient de HITS est le problème du sens des thèmes. En établissant le graphe G de voi-sinage pour une requête donnée, il est possible qu’un document de très bonne autorité non pertinent à la requête cite des documents contenant les termes de la requête. Ce document de très bonne autorité peut propager autant de poids que lui et ses documents voisins dominent la liste des documents perti-nents renvoyés à l’utilisateur. Henzinger et Bharat [BH98] suggèrent une solution au problème du sens des thèmes, en pondérant les poids autorités et pivots des nœuds dans le graphe G par une mesure de pertinence par rapport à la requête. En fait, pour mesurer la pertinence d’un nœud dans le graphe G (i.e., un document) par rapport à la requête, ils utilisent la mesure de similarité cosinus.

2.2.2.2 Salsa

Un algorithme alternatif, The Stochastic Approach for Link-Structure Analysis (SALSA), est proposé par Lempel et Moran [LM00] qui combine les deux idées de HITS (Kleinberg [Kle99]) et PageRank (Brin et al. [BP98]) . Comme dans le cas de HITS, le graphe du Web est vu comme un graphe biparti (voir la figure 2.6), où les documents pivots pointent vers les documents autorités. L’algorithme de SALSA applique le principe de surfer aléatoire de PageRank sur le graphe biparti en alternant entre le coté pivot et le coté autorité. Le parcours aléatoire commence à partir d’un certain document autorité choisi aléatoirement. Le principe est le suivant : Quand on est sur un document du côté autorité du graphe biparti, l’algorithme choisit un des liens entrants aléatoirement qui pointe vers un document pivot du côté pivot et quand on est sur un document du côté pivot du graphe biparti, l’algorithme choisit un des liens sortants aléatoirement qui pointe vers un document autorité du

FIGURE2.6: Graphe biparti de SALSA

coté autorité du graphe. Les poids autorités sont définis pour être la distribution stationnaire du surfer aléatoire. La formule de SALSA est définit comme suit :

Xi(k+1)= X j:j→i 1 sjYj(k) et Yi(k+1)= X j:i→j 1 ejXj(k) (2.4) Où ei et sireprésente le nombre de liens entrants et sortants de la page i respectivement. Comme SALSA a été développé en combinant certaines des meilleures caractéristiques des deux algorithmes HITS et PageRank, il a beaucoup d’avantages. Différents de HITS, SALSA n’est pas victime du problème de sens des thèmes. En plus, rappelons que le problème de HITS était sa vulnérabilité au spamming des liens dû à la dépendance des poids pivots et d’autorités. SALSA est moins vulnérable au spamming des liens parce que le couplage est beaucoup moins important entre les poids pivots et les poids autorités. Cependant, ni HITS ni SALSA ne sont d’ailleurs imperméables au spamming des liens. L’inconvénient principal de SALSA est sa dépendance à la requête utilisateur comme le cas de HITS. Car, lors de l’interrogation, un graphe de voisinage doit être créé et deux vecteurs associés aux poids pivots et autorités doivent être calculé pour chaque requête.