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A La promotion d'un « tennis pour tous » grâce au développement du secteur de l'encadrement dans les clubs

Chapitre 1 Genèse du programme « À chacun son tennis » de la FFT

1 A La promotion d'un « tennis pour tous » grâce au développement du secteur de l'encadrement dans les clubs

Aujourd'hui en France, le monde du tennis et sa fédération développent des dispositifs particuliers pour incorporer dans leurs effectifs des publics différents, et faire en sorte que la pratique touche le plus grand nombre. Les spots de promotion que l’on observe lors de campagnes menées, par exemple, durant la diffusion du tournoi de Roland Garros (là où les audiences se comptent en millions de téléspectateurs121) sont assez explicites sur cette idée. Tentons alors de

cerner leur contenu.

- La campagne « le tennis un sport réservé à tous » en 2010 : illustration télévisuelle

Le document publicitaire de cinquante secondes débute à l'entrée d'une grande salle avec une sorte de vigile trentenaire. Rasé, à la carrure sportive et autoritaire il garde une porte. Une multitude d’individus le saluent tour à tour et passent la porte au compte-goutte. L'analogie avec une boite de nuit branchée et sélective semble explicite. Pourtant, ici le vigile laisse entrer tout le monde. La mixité au regard du profil des individus est également saisissante, un trentenaire métis, deux dames sans doute septuagénaires, un adolescent au look « gothique », etc. Le spot se termine quand deux jeunes enfants d’environ sept ou huit ans rentrent à leur tour avec un panier de balles de tennis. Le « vigile » (en réalité probablement entraineur) sourit, il frappe dans ses mains et presse les enfants : « Allez les enfants on se dépêche ». Le slogan « Le

tennis un sport réservé à tous » s'affiche et conclut la scène.

L'utilisation du média télévisuel – durant une période où les gens comme vous et moi s'attardent avec plus ou moins d'entrain sur un match de haut niveau – permet ainsi de toucher un grand nombre d'individus. Plus implicitement, cette donnée traduit l'existence de tout un programme basé sur l'accessibilité du jeu et sur sa transmission dans les clubs. Quelle est alors la genèse de ce programme ? Comment en est-on arrivé à proposer cette forme d'offre et pourquoi ?

120 Principalement le discours de différents « témoins » des périodes évoquées. 121 Sources FFT.fr

- Retour sur la pseudo « démocratisation du tennis » au XXème siècle

La signification du slogan « réservé à tous », dont ce spot est l'illustration, laisse à penser une volonté de briser l’image caricaturale du tennis. Si en 2014 cet objet représente en France le second sport national et le premier sport individuel122 (et féminin) il n'en a pas toujours été ainsi.

En effet, à la fin du XIXème siècle, l'émergence de cette discipline se fonde sous des logiques, certes distractives, mais également distinctives123. Anne-Marie Waser décrit avec minutie

l'implantation de la discipline à la fin du XIXème siècle jusqu'aux années 80, nous ne tenterons donc pas ici de répéter cette analyse, toutefois nous ne pouvons faire l'économie de rappeler les faits marquants caractéristiques de l'implantation de ce jeu.

Pratique de standing, le tennis ne fait dans un premier temps pas forcement des émules dans toutes les catégories de la population. Lorsqu'il émerge en France : « Le tennis prend un essor

fulgurant, mais les passions s'enflamment entre ceux qui adorent ce nouveau jeu et ceux qui ne voient dans le tennis qu'une distraction abrutissante124 ». Le sociologue Stéphane Merry résume

sous ces termes les balbutiements du tennis : « En 1909, le tennis est beaucoup moins répandu que

dans les années 1920. Les compétiteurs sont peu nombreux, ainsi que les possibilités de pratiques (5360 licenciés en 1912 et 17000 en 1924). Il y a donc peu de concurrence

.

Ce n’est pas forcément grâce au physique que l’on devient champion, mais grâce à sa position sociale, combinée à d’autres variables comme sa disponibilité et la proximité d’un club (…), en 1900, c’était un loisir réservé aux adultes dont quelques-uns faisaient de la compétition. Le jeu était un prétexte pour y faire «une discussion de salon» entre gens de «bonne famille »125. C'est également sous la pression

constante des dirigeants des cercles tennistiques parisiens126 que le jeu passe de son introduction en

France en 1870, jusque vers les années 20 : « d’une activité mondaine à un sport fédéral »127. À

cette période, il existe cependant une divergence d’intérêt notable entre les clubs – qui hébergent une pratique de standing et à fort potentiel de sociabilité – et la fédération qui tend à diffuser des objectifs plus « sportifs »128. Dans ce sens, à partir des années 20 le tennis se fédéralise, ce qui ne

l'empêche pas de rester un loisir assez exclusif en France. Ceci au moins jusqu'à l'après-guerre et la popularisation du « loisir sportif » (voir nos prolégomènes).

122 Voir en annexes.

123 Terret Thierry 2007, op.cit.p.120. 124 Le Figaro du 6 octobre 1933.

125 Mery Stéphane dans : « La lettre fédérale des enseignants professionnels » numéro 52, Avril 2008, p.16.

126 Les dirigeants mais aussi les membres de ces cercles ont souvent des postes influents dans les secteurs politiques, économiques, voire militaires. Terret, 2007, op.cit.

127 Waser, 1995, op.cit, p.25

128 Waser, 1995, op.cit,p.24-27 nous explique les difficultés rencontrées par la FFLT jusqu’aux années 70 pour voir la majorité des clubs de tennis adhérer à la tutelle fédérale. Il existera en France de nombreux clubs privés, qui hébergent une sociabilité mondaine, totalement en marge des volontés de la FFLT (application des règles, résultats sportifs, popularisation du tennis…).

Ainsi durant la première moitié du XXème siècle, la réflexion sur l'encadrement des techniques de transmission sportive en est à ses balbutiements129. Ces dernières sont avant tout

réservées aux sportifs d'élite130 qui tendent ainsi d'élaborer une réflexivité plus poussée autour de

leur préparation :

« Contrairement à ses camarades Borotra et Cochet, autodidactes de talent qui mettaient en

pratique leurs qualités naturelles en inventant la plupart de leurs coups, René Lacoste s'adjoint les services d'un professeur de renom, D’Arsonval131, et travaille d'arrache pied. Il n'a semble-t-il

aucune des qualités naturelles qui font les joueurs de son époque, mais il a pour lui (…), une passion pour le jeu et un souci de l'entraînement qu'il poussera jusqu'à la maniaquerie. Il est le premier joueur de tennis à compléter son entraînement par de la culture physique, de la course à pied et du saut à la corde. Il passe des heures à marteler les murs de la maison familiale (qu'il faut recrépir tous les ans...). »132.

Il semble que ce soit avant tout le haut niveau tennistique de l'époque (Lacoste, Plâa, Cochet, etc.) qui se charge de traduire « sur le papier » différentes méthodes d'apprentissage, la littérature pédagogique de cette période étant bien souvent produite par ces individus. L'intellectualisation progressive du jeu devient traduite dans plusieurs ouvrages que nous avons pu consulter. Pour exemple, citons : « Le Tennis, sa technique et sa psychologie »133 qui s’adresse en particulier aux

joueurs de club ayant des prétentions de pratique en compétition amateur. « Manuel de tennis »134

qui est étonnamment ludique, mais omet de détailler certains coups comme le retour de service. « Initiation au tennis »135 qui s’adresse principalement aux débutants. « Le Tennis, théorie et

pratique »136 qui nous a semblé plutôt compliqué d’accès. Ou encore « Seize leçons de tennis »137

procure les prémices d’un programme d’entraînement progressif (du débutant au match officiel).

129 Lemieux Cyril et Mignon Patrick, 2006, op.cit

130 Ibid.

131 Ce joueur est par ailleurs un exemple typique du double statut de « joueur entraîneur » de l’époque où seuls quelques rares joueurs, ayant fait leurs preuves sur les différents circuits de l’époque, postulaient au titre de professeur de tennis.

132 Sources: http://www.tennis-histoire.com/champions/champion-lacoste.html 133 Henri Cochet. Edition Soc. Paris, 1933.

134 Max Decugis Ed. Lafitte, Paris, 1914

135 Suzanne Lenglen et Margaret Morris Ed. Albin Michel, Paris, 1937 136 L. Moniteur Ed. Albin-Michel, Paris 1929

Ce type de manuscrit plutôt généraliste, tend à orienter les néophytes de la pratique en plus de prodiguer certains conseils destinés à inculquer les fondamentaux tactiques et techniques aux joueurs désireux de prendre la relève de l’âge d’or du tennis français :

« Ce livre est conçu pour faire de vous un véritable joueur de lawn-tennis »138

« Ici je décrirai les différentes étapes que j’ai moi même vécu pour arriver au sommet, qui sait,

peut être vous permettront-elles de m’imiter »139

Globalement, la FFLT s’inspire de ces écrits et tente de les promouvoir, en ayant pour objectif qu’elles facilitent le façonnage de la relève des Lacoste, Cochet ou autre Lenglen, et qu’elles uniformisent les manières de jouer. Selon Thierry Terret : « Pour les promoteurs du tennis,

l’élévation du niveau technique du tennis de masse doit nécessairement conduire au développement de l’élite française »140. Les clubs affiliés à la FFLT sont donc progressivement

incités à structurer le secteur de l’enseignement.

C’est dans cette continuité que le premier statut officiel d’entraîneur de tennis professionnel – qualifié en tant que « maître-professeur » – va apparaître en 1930141. La FNEPT

nous explique ses fondements :

« Dès 1929 s’est créée une association des professeurs et professionnels de tennis, à l’initiative du grand champion du monde Martin Plâa, entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis : L’AFPPT (Association française des professeurs et professionnels de Tennis). Cette association, créée le 16 décembre 1929 et déclarée le 28 janvier 1930 (Journal officiel du 12 février 1930) joua un rôle d’importance puisqu’elle mit en place la première structuration de la profession. (…) L’AFPPT fut à l’initiative des différents examens d’enseignants mis en place, jouait tout son rôle à propos des contenus et organisait, conjointement avec la Fédération Française de Lawn-tennis, les différentes épreuves de formation. Son fondateur était le grand champion de tennis français Martin Plâa, champion du monde des professionnels, entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis, éminemment respecté, qui embrassa la carrière de professeur de tennis tout en continuant à participer aux tournois internationaux réservés alors

138 Initiation au tennis,par Suzanne Lenglen et Margaret Morris Ed. Albin Michel, 1937 p.4. 139 Seize leçons de tennis, Martin Plaa, Société Parisienne d'Editions, Paris,1932, p.6. 140 Terret Thierry, 2007, op.cit. p.110-124.

aux seuls joueurs professionnels (le fait d’exercer en tant que professeur vous intégrait automatiquement dans la catégorie des professionnels). »142 .

À en croire cet ancien joueur lorrain, la FFLT diffuse également à ces associations quelques uns des ouvrages techniques cités plus haut, certains clubs les mettent mêmes directement à disposition des membres :

« Au club-house il y avait ce guide de Plâa (ancien capitaine de Coupe Davis) qui détaillait

judicieusement ce qu’on pouvait faire avec un partenaire pour progresser dans le jeu (…) de temps en temps, avec mon amie nous lisions vaguement une des leçons qu’il y avait à l’intérieur (…) et on essayait après de la mettre en pratique sur le terrain (…). Par exemple il nous conseillait, avant d’engager, de diviser visuellement le carré de service en trois parties et d’anticiper le coup que nous aurions à jouer selon l’endroit où atterrirait la balle dans une de ces trois parties »143.

Malgré cela, l’encadrement des joueurs de tennis reste peu présente, dans les clubs l'autodidaxie semble être monnaie courante. Néanmoins, les prémices d’un « corps d’entraîneurs » se développent, parallèlement aux mutations globales du sport dans la première moitié du XXème siècle. En effet, durant l’entre-deux-guerres, le sport inclut de plus en plus d’enjeux sociétaux et nationaux, il devient un critère de prestige patriotique. Il en découle une exigence de performance, perçue au cours de « compétitions internationales », ce qui favorise l’apparition d’individus voués à optimiser le rendement des athlètes144. Cette activité s’inclut dans une structuration

organisationnelle du champ sportif, selon Lemieux et Mignon : « l’émergence de la fonction

d’entraîneur répond à la logique de spécialisation progressive (…) qui mène à autonomiser, puis à institutionnaliser une fonction particulière, celle de l'entraîneur, qui se distingue peu à peu de celle de sportif d'une part, et de celle de dirigeant sportif d'autre part. »145. En effet à l’intérieur des

logiques de concurrence ou de performance qui caractérisent l'émergence du sport moderne, l’entraîneur146 devient un outil d’accomplissement pour les sportifs émérites. Les joueurs à

vocation « loisir » restent alors éloignés de ce type de dispositifs.

142 Nous remercions la FNEPT pour ce texte. 143 Ibid.

144 Raymond Thomas, Histoire du sport, PUF 2006 Collection Que sais-je ? Numéro 337

145 Lemieux et Mignon, Etre entraîneur de haut niveau, Sociologie d’un groupe professionnel entre marché du travail

fermé et marché du travail concurrentiel Laboratoire de sociologie du sport de l’INSEP 2006. p.24.

146 Au niveau étymologique, le terme d’ « entraîneur » apparaît au travers des courses d’athlétisme de fond et de demi-fond. Cette fonction est donc sensée « entrainer » l’athlète vers un objectif précis, comme les « lièvres » que l’on peut apercevoir aujourd’hui lors des grandes compétitions de cyclisme ou d’athlétisme.

Il convient également de confondre la pratique avec des mutations plus globales liées au monde sportif contemporain. Après la seconde guerre mondiale, le sport se définit comme : « une

activité de loisir dont la dominante est la recherche de la prouesse physique, participant du jeu et du travail, comportant des règlements, et des institutions spécifiques et susceptibles de se transformer en activité professionnelle. »147. C’est dans cette tendance et à tous les niveaux

(amateurs, champions, jeunes…) que s'organise le loisir sportif, ce qui parallèlement développe son encadrement. Durant les « trente glorieuses ». Le sport et les activités physiques vont alors se constituer comme de véritables objets de consommation148 qui se diffusent progressivement sous

des règles d’offre et de demande. Au fil de la seconde partie du XXème siècle la pratique sportive explose149, les associations sportives pullulent et s’implantent progressivement en dehors du cadre

urbain150. Le sport devient le fer de lance de « la société de loisir » qui caractérise en partie une

époque de prospérité économique, d' « individualisme », de libération du corps, etc.

En s’attachant à définir le contexte de l’explosion des pratiques de loisirs et les bouleversements culturels qui caractérise ce fait, Dumazedier151 définit clairement ces faits : « avec

l’augmentation du secteur tertiaire et le développement des nouvelles classes moyennes, la société française s’est approchée d’une économie de service qui conditionne le développement de la consommation et du loisir de masse »152. En effet, l’accès au jeu ou aux distractions se diffuse

amplement153.

Cette prospérité du loisir implique dans ce secteur une professionnalisation progressive, notamment au regard de l'encadrement, même si elle fait encore débat au regard de l' « éthique sportive de l'époque »154. Désormais le sport s’apprend, il implique des règles et des techniques qui

se développent, s’optimisent et se diffusent de plus en plus largement. Au niveau sociétal : « être

entraîneur devient donc un métier parce qu’il faut avoir de sérieuses connaissances, et intégrer ces différents savoirs, en plus de la connaissance interne des disciplines, des tactiques ou des techniques spécifiques, savoir les adapter, les humaniser »155. D'autre part, l’État, conscient des

bienfaits, de l’utilité, voire d'une potentielle rentabilité économique ou encore sanitaire, héberge et

147 Magnane Georges,Situation du sport dans la société contemporaine, dans Roger Caillois (dir), :Jeux et Sports », Paris, Gallimard, 1967, p 167. Ici il souligne les divergences d'opinion au regard de l'éthique sportive, « amateur » à la base. Ce débat est largement détaillé dans les ouvrages de sociologie du sport précisé en introduction et dans cette première partie.

148 A ce sujet, lire Jamet Michel , Le sport contemporain, Cahiers internationaux de sociologie 2/2002 (n° 113), p. 233-260.

149 Dans le cas du tennis, nous invitons le lecteur à se référer à nos statistiques en annexe. 150 Terret Thierry, 2007, op.cit. p 116.

151 Dumazedier, Joffre, Révolution culturelle du temps libre, (1968-1988), Paris, Ed. Klinsieck-Méridien, 1988. 152 Ibid p.30

153 Corbin Alain , L’avènement des loisir (1850-1960), Paris, Aubier, 1995.

154 Yonnet Paul , Travail, loisir temps libre et lien social, Paris, 1999, Gallimard, p. 93-97 155 Lemieux Mignon, 2006. op.cit. p.19.

subventionne en partie les fédérations sportives156. L’État délègue l'organisation de ce secteur157 aux

ligues régionales, aux municipalités et aux clubs. Ainsi au niveau du grand public, la pratique sportive devient un « service » qui se consomme, une activité sociale ayant ainsi une certaine valeur. En effet, si le monde des clubs des années 60 à 80 se caractérise par ses facettes associatives, dans lesquelles le « bénévolat » occupe une place de choix158, pour pérenniser ce

développement, les fédérations sportives adoptent progressivement une sortie progressive vers l’amateurisme, qui s’illustre en partie par la formation et le recrutement de techniciens de l’activité sportive159.

Les clubs de tennis s’inscrivent dans cette tendance globale. Au niveau statistique, de 1960 à 1975, ces associations voient leurs effectifs augmenter de façon relativement proportionnelle à l’augmentation de la pratique sportive en France160. De 1975 à 1985 les effectifs quadruplent allant

jusqu'à concurrencer le football (environ deux millions de licenciés à cette période).

156 Aujourd’hui encore les fédérations sportives sont sous la tutelle d’un ministère, nous y reviendrons chapitre 1-B. 157 Voir chapitre 2

158 Chantelat Pascal, La professionnalisation des organisations sportives, Paris, L’Harmattan, 2001. Nous

observerons par ailleurs chapitre 4, que cette opposition entre une éthique sportive associative et désintéressée face à la croissance de la professionnalisation pose encore aujourd’hui de nombreux conflits.

159 E.Bayle : «Le processus de professionnalisation des fédérations sportives nationales», in P. Chantelat : « La

professionnalisation des organisations sportives », Paris, L’Harmattan, 2001, p. 149-172.

Tableau 1 : Évolution du nombre de licenciés à la FFT de 1960 à 2010

En 1983, la victoire de Yannick Noah à Roland Garros, son succès populaire et médiatique161, renforcent le succès de la discipline dans la population française. Néanmoins, étant

une discipline individuelle et nécessitant l’emploi de techniques corporelles plutôt complexes, la transmission du jeu nécessitait une structure d’apprentissage face à laquelle de nombreux clubs apparaissaient encore démunis, notamment au niveau de l'encadrement du jeune public.

- La nécessité de simplifier le jeu ou la remodalisation d'une discipline sportive pour le plus grand nombre...

En effet, si depuis la fin des années 70 l'accès à un terrain de tennis est une chose relativement simple – l' « opération 5000 courts » menée par la FFT à la fin des années 70 a permis d'implanter le sport dans des zones moins urbanisées mais également dans des quartiers dits « lotissement »162 – c'est beaucoup plus l'accès à l'apprentissage qui s'avère délicat, notamment

161 Thomas Raymond, Chombard Jean-Pierre, Le tennis, Collection « Que sais-je ? » n° 1084. 162Voir également à ce sujet Waser, 1995, op.cit. ou Terret, 2007, op.cit.

pour les publics les moins disposés. Un document audiovisuel163 illustrant l’état des lieux de

l’enseignement du tennis chez les jeunes à la fin des années 70 nous en dit beaucoup sur les caractéristiques et les problèmes spécifiques à la transmission du jeu en France.

La caméra filme un gymnase omnisport de l’époque, une quinzaine de jeunes joueurs en survêtement (apparemment ce sont tous des garçons) d’âges et de tailles différentes, jonglent avec une balle et une raquette. Ils se lancent mutuellement des balles sur des terrains réduits (ici la longueur du terrain est