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Le site castral de Broue, mentionné dès le milieu du XIe siècle, a du jouer un rôle majeur dans

la mise en valeur de la partie méridionale des marais de Brouage. C'est pour cela que ce site a été intégré dans les thématiques de recherche du PCR. Un premier travail d'inventaire, de recherche documentaire a été effectué ces deux dernières années. Il a été accompagné de prospections géophysiques et de relevés topographiques afin de mettre en évidence le potentiel patrimonial du site. Les résultats de ce travail offrent des perspectives de recherche exceptionnelles et pour certaines inédites. (voir dossier joint à la demande d'autorisation

d'intervention)

C'est pour cela qu'une demande de sondages est déposée pour l'année 2014. Il s'agit en premier lieu de réaliser des tranchées de sondage de 2 m de large en vue de confronter les indices repérés par prospection géophysique et les observations archéologiques. Les sondages concerneraient les parcelles n° 594, 595, 604 appartenant à la commune de Saint-Sornin. La période d'intervention se situerait entre la fin août et début septembre sur un minimum de trois semaines avec une équipe d'une douzaine de personnes.

Le choix de la basse-cour est favorisé car il est certainement le lieu le plus adéquat pour comprendre la chronologie de l'occupation. On peut y rencontrer une stratigraphie importante et plus révélatrice des différentes phases d'occupation que les secteurs fortifiés qui ont pu subir des terrassements destructifs importants au fur et à mesure de la restructuration du site.

On peut également y rencontrer plus facilement des ensembles clos qui pourront répondre aux différentes questions que se pose l'opération.

Plusieurs problématiques apparaissent nettement :

Caractériser le site et comprendre les anomalies rencontrées grâce à la prospection géophysique. Les sondages permettraient de comprendre l'organisation de la basse-cour, d'identifier les structures repérées par prospection géophysique, d'établir une chronologie de l'occupation.

Tranchée 1 : elle part du bord occidental du fossé qui ceinture la chemise du donjon pour

traverser une anomalie qui pourrait correspondre à un deuxième fossé. L'objectif, ici, est d'identifier le système défensif de la basse-cour et d'en comprendre son organisation.

Tranchée 2 : elle traverse un des bâtiments repérés sur le front nord de la basse-cour. Elle

devra se poursuivre jusqu'à la rupture de pente de la plate-forme. L'objectif est d'identifier un des bâtiments de la basse-cour et d’appréhender la qualité de conservation des vestiges bâtis dans la basse cour. Ces derniers semblent s'organiser de manière linéaire formant un « front » donnant sur le marais qu'il domine. Un des objectif du sondage sera de comprendre l'organisation et la raison de cette limite ou alignement.

Tranchée 3 : elle se situe volontairement dans un espace vierge de tout indice géophysique.

Le but est de vérifier l'absence véritable de structures, la présence possible d'une grande cour La basse-cour, on devine la rupture de pente et le changement de

intérieure et éventuellement une limite dans cette partie sud-ouest qui n'est pas évidente à première vue.

Tranchée 4 : elle se situe dans le parking de « la maison de Broue ». Ce secteur n'a pas été

très révélateur lors de la prospection géophysique. Cet espace pourrait participer à la défense du site castral ou pourrait appartenir au village de Broue même si ce dernier paraît se développer du temps de Claude Masse vers l'est.

Tranchée 5 : cette tranchée est un souhait que nous ne seront peut-être pas en mesure de

réaliser. En effet, nous souhaiterions tenter de valider les conclusions des prospections géophysiques de V. Mathé et A. Camus sur ce que nous supposons être le port (structure en bleu F) au pied de la tour. Cela implique un sondage mécanique dans le marais (et donc des conditions climatiques favorables) sur les zones très résistantes (quai ou empierrement). Il faut un accord du propriétaire, ici privé, qui n’est pas encore acquis.

Des problématiques d'ordre chronologique

Ce site présente aussi l’avantage d’une période d’occupation assez longue, d'après les textes, allant du XIe siècle au XVIe siècle, période apparemment de déclin du site en tant que pôle

stratégique et aristocratique même si l’activité portuaire paraît persister au début de ce siècle. Cette phase finale coïncide par ailleurs avec la création et le développement de la citadelle portuaire de Brouage qui devient le véritable pôle économique du marais.

Les sondages permettraient de répondre à deux questions :

• Tout d'abord celle concernant les origines du site. D'après les textes, il apparaît que le site pourrait être une création comtale de la première moitié du XIe siècle. L'origine

carolingienne du site serait tentante et devra être confirmée. Il est important de connaître la genèse du site, sachant que ce dernier offre un avantage topographique évident en lien avec le golfe de Brouage.

• Ensuite, le site offre la particularité de présenter une occupation apparente sur la durée mais qu'en est-il réellement ? D'après les textes et hypothèses avancées précédemment, il est possible que le site ne soit plus une véritable résidence seigneuriale au cours des

XIIIe et XIVe siècles. L'étude de la basse-cour et des activités qu'elle peut receler

permettrait mieux de répondre à cette question que la partie de la tour maîtresse et sa chemise. Par ailleurs, nous sommes ici en extrémité du promontoire, donc sur la partie la plus défendable et qui sur d’autres sites accueille la tour maîtresse. Ce n’est pas le cas ici, ce qui est surprenant. Faut-il y voire le signe d’une occupation antérieure sur la basse cour, doublée ensuite par le donjon ? L'épisode de l'emprisonnement de la duchesse de Bourbon en 1372 pose aussi la question de son lieu de résidence. Dans la tour ou dans un des bâtiments présents dans la basse-cour ? Ce qui pourrait donner une indication sur la qualité des bâtiments qui y sont présents.

Même si la forteresse ne paraît plus jouer de véritable rôle militaire à partir du XVIe siècle, le

site reste apparemment un pôle économique puisqu'il est fait mention de port jusqu'au

XVIIe siècle. Il est donc important d'identifier ou non la présence structures et de niveaux

d'occupation de la fin du Moyen Âge et de l'époque moderne et de caractériser ainsi la nature de l'occupation du site pour cette période moderne.

Une intervention de nettoyage et d'étude approfondie de la structure maçonnée (C bleu) située en contrebas de la tour, près du possible port, aura pour objectif de l'identifier et de savoir s'il s'agit d'une simple construction d'époque moderne ou d'une structure fortifiée. La réponse à ces questions est importante car elle orientera la problématique du rôle économique du site de Broue à une période où Brouage occupe une place majeure dans l'économie du golfe.

Appréhender le quotidien d'un site aristocratique

Nous sommes en présence de structures d’habitats aristocratiques dont l’étude pourrait non seulement apporter des informations sur les particularités architecturales et l’organisation de ce site castral, les périodes d’occupation et ses origines mais également sur l’économie générale du milieu environnant. En effet, ce type de site aristocratique est le point de concentration par excellence de tout ce qui a pu être produit dans la région (ressources naturelles mais également produits manufacturés) et importé. En effet, par ses droits féodaux sur une grande partie du golfe de Saintonge, la résidence seigneuriale est un centre de stockage des prélèvements qui ont été réalisés dans la région. Par le train de vie inhérent au statut des occupants des lieux, il est un pôle de consommation de nombreux produits, parfois importés qui sont achetés et consommés sur place. La présence d’une structure portuaire facilite l’acheminement de ces produits plus ou moins lointains et l'endroit le plus favorable à la découverte de la culture matérielle semble être la basse-cour avec l'éventuelle présence de dépotoirs, de lieux d'activité domestique et artisanale.

Certains membres du PCR sont évidement sollicités pour participer à cette opération. Opération de terrain : Philippe Duprat, Pierre-Philippe Duprat, Sylvie et Laurent Porcher. Etudes archéozoologiques : Benoît Clavel, Laura Legoff, Catherine Dupont.