• Aucun résultat trouvé

B. Equipe archéologie

1. Les prospections géophysiques (V Mathé)

a) Introduction 

L’objectif des opérations menées en 2014 était d’apporter de nouvelles connaissances sur deux sites médiévaux situés dans le Marais de Brouage : la Cabane Saint-James, sur la commune de Hiers-Brouage, et le site du port de Saint-Jean-d’Angle. Ces sites se caractérisent par la présence de blocs correspondant probablement à des constructions d’époque médiévale ou moderne. Ils ne subsistent aujourd’hui que par des indices topographiques visibles dans ces paysages façonnés par l’Homme. Ces sites n’ayant jamais été jusqu’à présent étudiés, une approche au moyen de différentes méthodes de prospection géophysique devait permettre de délimiter leur emprise, leurs relations avec l’environnement immédiat ou encore d’identifier les types de structures anthropiques présents sur les lieux. Pour cela, trois méthodes de prospection géophysique ont été mises en œuvre : prospection électromagnétique, électrique et magnétique. Ces méthodes complémentaires, mais principalement la prospection électromagnétique, ont déjà montré leur intérêt pour étudier l’environnement de plusieurs sites en contexte de marais littoraux, principalement en Charente-Maritime (Camus, 2008 ; Druez et al., 2009 ; Camus et Mathé, 2010 ; 2011), mais également en Gironde (Mathé, 2010) ou encore dans l’Aude (Mathé et al., 2010). Les travaux de terrain ont été réalisés dans le cadre d’un stage d’une étudiante de 3ème année de Licence "Terre et Environnement" de l’Université de La Rochelle.

b) Présentation du contexte de l’étude 

La géomorphologie du Marais de Brouage a fortement évolué au cours des derniers millénaires. Au cours de cette période, le réseau de drainage naturel du marais a subi une évolution notable, comme le prouvent pour la période la plus récente l’étude de cartes anciennes et l’identification de chenaux morts sur des images satellites (Regrain, 1980 ; Diah et al., 2010). Ainsi, de nombreux endroits du marais ont pu être le siège d’activités liées à un commerce fluvial, bien qu’aujourd’hui éloignés de la mer et/ou de cours d’eau d’importance tel que le Havre de Brouage. Les sites les plus emblématiques sont probablement la Tour de Broue située au fond de l’ancien golfe (Camus et Mathé, 2012) et la citadelle de Brouage (Camus et Mathé, 2010 ; Pouget, 2010) qui a vu le rivage s’éloigner de près de 3 km vers l’ouest depuis le XVIIème siècle.

Les lieux étudiés dans le cadre de cette opération sont assez peu connus :

- La Cabane Saint-James, mentionnée sur le cadastre de 1833 mais aujourd’hui disparue, était probablement destinée à fournir un abri pour les hommes et/ou leur matériel associé, en lien avec les activités dans le marais : saunerie, élevage, etc. Il est fait mention d’une prise du prieur de Saint James d’Oléron en 1478 (inventaire S. Périsse : AD 17 1J632, fol 15). La prospection géophysique a été réalisée pour préparer la fouille du site qui a eu lieu à l’automne 2013.

- Comme la toponymie l’indique (Prises du Port), le site de Saint-Jean-d’Angle est fortement pressenti pour abriter une zone de port fluvial médiéval, probablement en lien avec la présence du château situé à proximité, sur les hauteurs plus à l’est. Plusieurs documents anciens (carte de Claude Masse, cadastre de 1824) ainsi que l’observation de terrain montrent l’existence des ruines d’un moulin à vent, à proximité desquelles se trouvent les vestiges d’un bâtiment rectangulaire. De surcroît, de nombreuses pierres de lest sont visibles en surface du sol et dans les berges d’un des canaux drainant la zone. De tels rejets sont un marqueur supplémentaire de la présence probable d’une zone portuaire à proximité. Se posent la question de la localisation des zones de chargement/déchargement mais aussi celle de la position du chenal principal.

c) Résultats 

(1) La Cabane Saint-James (Hiers-Brouage)

Les prospections électriques (Fig. 1) et électromagnétiques ont permis de repérer l’anomalie résistante correspondant à la cabane. Elle présente un plan grossièrement carré. La petite excroissance résistante à l’ouest a été identifiée à la fouille : il s’agit d’un amas de pierres et de tuiles tombés à la base du mur pendant la démolition. La cabane apparait comme une structure isolée ; en effet, aucun autre bâtiment n’a été repéré de la surface investiguée (environ 5500 m²) et aucun indice topographique n’indique d’autre cabane à proximité immédiate. D’autre part, l’état de conservation de cette structure ne semble pas très bon, l’anomalie résistante est en effet mieux marquée sur la carte de surface que sur celle plus profonde. La cabane a très vraisemblablement servi de "carrière" de pierres dans ce lieu où de tels matériaux sont rares.

(2) Parcelles « La Prise du Port » (Saint-Jean d’Angle)

Des prospections électromagnétiques ont été menées sur une surface de plus de 5 ha (Fig. 2). Elles ont permis de cartographier plusieurs anomalies, témoins probables de la forte anthropisation de cette zone depuis le Moyen-âge. Il est ainsi possible d’affirmer que l’ancien moulin ainsi que le bâtiment situé immédiatement au nord, en plus de constituer des élévations topographiques visibles dans le paysage, possèdent encore un empierrement important dans les premiers décimètres du sol. Ils sont en effet marqués par des zones de très faibles conductivités. Plusieurs autres zones présentent des conductivités anormalement faibles. Ces zones résistantes témoignent de la présence de pierres. En limite de carte, elles peuvent marquer le pied du coteau calcaire (A). Isolées dans le marais, elles correspondent en surface à un épandage de petits blocs, principalement du calcaire et du granite. Cette présence de roches, parfois mêmes étrangères à la région, ne peut s’expliquer que par des dépôts de lest dont la carte de conductivité nous indique l’emprise approximative. La surface conséquente occupée par ces dépôts est un argument de poids pour envisager la présence d’un port à proximité. Reste une zone boisée, très résistante, située à mi-distance entre la base du coteau calcaire et le moulin (B). Il pourrait s’agit soit d’une remontée du substrat ayant formé une île il y a quelques millénaires, soit d’une vaste structure aménagée à l’entrée du marais. Ce secteur présente une altitude légèrement supérieure à celle du marais et est délimitée au sud

par des canaux formant des angles droits, une géométrie que l’on trouve déjà sur la carte de Claude Masse. Il apparait comme un bon candidat pour accueillir des structures portuaires. Cependant, des investigations plus poussées nécessitent maintenant d’être réalisées au cœur même de la zone, des opérations difficiles en perspectives, en raison de la très forte densité de végétation.

d) Perspectives pour 2013 

En 2014, nous prévoyons poursuivre nos investigations entreprises les années précédentes à Broue (Saint-Sornin). Après les campagnes 2011 et 2012 qui nous ont permis de cartographier de nombreuses structures bâties à proximité immédiate de la tour, nous souhaitons porter nos efforts sur la recherche du village médiéval qui devait se trouver dans le voisinage immédiat. Nous prévoyons notamment de prospecter les terrains situés dans le voisinage de l’église dont certains murs sont encore visibles. Cette opération se déroulera en parallèle des sondages archéologiques qui devraient avoir lieu sur le château et qui donneront peut-être lieu à des prospections géophysiques complémentaires.

Bibliographie

Camus A., 2008. Apports de l'imagerie géophysique et de la photographie satellitaire et aérienne à l'étude de l'évolution géomorphologique des marais littoraux au cours de

l'Holocène : application aux marais charentais. Thèse de doctorat, Université de La Rochelle. 386 p.

Camus A. & Mathé V., 2010. Prospections électromagnétiques sur le site archéologique de Brouage (commune de Hiers-Brouage, Charente-Maritime). ULR Valor - SRA Poitou- Charentes. 49 p.

Camus A. & Mathé V., 2011. Prospections géophysiques autour de la Tour de Broue

(commune de Saint-Sornin, Charente-Maritime). ULR Valor - SRA Poitou-Charentes. 48 p. Camus A. & Mathé V., 2012. Prospection électrique et essais pénétrométriques autour de la Tour de Broue (Saint-Sornin, Charente-Maritime). ULR Valor - SRA Charente-Maritime. 37 p.

Diah M., Droz V. & Camus A., 2010. Reconstitution de l'évolution historique du réseau naturel de drainage du marais de Brouage. EGID - Université Bordeaux 3. 49 p.

Druez M., Mathé V., Lévêque F. & Junca M., 2009. Apport de la prospection géophysique à la connaissance du site archéologique du Fâ (Barzan, Charente-Maritime). ULR Valor - SRA Poitou-Charentes. 52 p.

Mathé V., 2010. Apports de la prospection électromagnétique à la question de l'embarcadère antique de Brion (Saint-Germain-d'Esteuil, Gironde). Aquitania 26, 137-145.

Mathé V., Druez M. & Camus A., 2010. Recherches géophysiques de structures portuaires antiques à Mandirac et à Port-La-Nautique (Narbonne, Aude). ULR Valor - SRA Languedoc- Roussillon. 32 p.

Pouget F., 2010. Mobilité du trait de côte et cartographie historique. Les littoraux à l'heure du changement climatique, Brouage.

Figure 1 : Interprétation de la prospection électrique réalisée avec le RM15 sur le site de la Cabane Saint-James. Fond orthophotographique issu

de la BDOrtho 2006 (source : IGN). Données altimétriques (en noir) issues du MNT Lidar 3D 17 (source : IGN). Coordonnées UTM30 WGS84.

a) Carte de la résistivité électrique apparente ρa pour un écartement inter-électrodes de 1 m (en Ω.m). b) Carte de la résistivité électrique apparente ρa pour un écartement inter-électrodes de 0.5 m (en Ω.m).

Figure 2 : Synthèse des différentes prospections électromagnétiques réalisées sur le site du Port de Saint-Jean-d’Angle. Fond

orthophotographique issu de la BDOrtho 2006 (source : IGN). Données altimétriques (en noir) issues du MNT Lidar 3D 17 (source : IGN). Coordonnées UTM30 WGS84. Cartes de la conductivité électrique apparente en mS/m.

2. Bilan de Fr. Pouget (site web mapping)