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2 Projet d'Informatisation pour une Autoévaluation Flexible

Le projet PIAF, acronyme de Projet d'Informatisation pour une Autoformation Flexible, s'inscrivait dans le cadre de la réflexion pédagogique menée à l'Université de Lausanne où, pour le premier cycle, les problèmes liés à un enseignement de masse demandent des solutions. Les restrictions budgétaires conjuguées à la croissance des effectifs estudiantins auxquelles elles sont confrontées ont conduit les Facultés des Lettres, des Sciences et des HEC à joindre leurs efforts pour expérimenter la mise en libre-service de matériels pédagogiques axés sur l'autoévaluation et l'autoformation

2.1 Le contexte

Dans ce cadre, PIAF entendait développer, de «façon expérimentale et explo- ratoire les possibilités offertes par la mise à disposition des étudiants de moyens d'autoévaluation formative leur permettant de mesurer à tout moment leur niveau de maîtrise d'une matière, voire leur proposant, si nécessaire, des démarches personnali- sées d'appui ou de mise à niveau».

Le projet avait deux objectifs, d'une part de développer du matériel pédagogi- que d'autoévaluation et d'autre part de proposer des méthodes et outils informatiques appropriés à la mise en réseau de ces matériels pédagogiques. Pour ce faire deux outils développés dans le cadre d’ARIADNE (ref) ont été testés. Le premier, le logi-

réaliser des questionnaires à choix multiples, phrases à trou, des questions numéri- ques, des images cliquables, etc. Le second est un outil de génération d’exercices d’autoévaluation (GENEVAL) utilisant la métaphore des travaux dirigés. Une ques- tion est posée aux étudiants et des pistes de réponses sont proposées au fur et à mesure de l’avancement de l’étudiant dans la résolution de l’exercice, au final l’apprenant évalue lui même son niveau de résolution de l’exercice, en fonction de critères définis par l’enseignant.

Cinq cours ont été mis en place dans le cadre du projet PIAF et ont suivi une partie de la démarche proposée dans notre travail à savoir, définition du scénario pédagogique, création du contenu et du curriculum, livraison, et évaluation.

Même si ces cinq cours avaient des objectifs communs ([Fig. II.I.1]), ils repo- saient sur des contextes bien différents et avaient aussi des objectifs propres que nous allons présenter.

Figure II.I.1 Objectifs communs des cours du projet PIAF

Le cours de biologie végétale

L’objectif du cours de biologie végétale était d’amener les étudiants à se pré- parer de manière autonome aux séances de travaux pratiques afin de tirer un profit maximum des expérimentations et de bien les conduire. Ce cours s’adressait à 300 étudiants de première année en biologie, médecine, et pharmacie, et souffrait d’un

« Mieux connaître le domaine » « Mieux comprendre le cours » « Savoir faire les exercices »

« Réussir à l’examen »

Organiser les connaissances Développer du matériel pédagogique

Intégrer dans la pratique pédagogique Analyser la pertinence Mettre en œuvre à grande échelle

Analyser qualit./quantit. Vérifier la faisabilité Évaluer l’utilité/pertinence des NTIC

Mesurer les effets sur les réussites Mesurer les impacts AUTOEVALUATION AUTOFORMATION Étudiants UNIL Équipes pédagogiques

encadrement insuffisant pour les séances de travaux pratiques. L’utilisation de maté- riel coûteux dans ces travaux pratiques, et l’insuffisance d’encadrement devait con- duire à la diminution des séances de travaux pratiques. Cependant la mise en place de QCM et d’exercices d’autoévaluation a permis aux étudiants de mieux appréhender les séances de travaux pratiques. Dans ce cadre l’équipe enseignante a développé un petit logiciel reproduisant le protocole opératoire des séances de travaux pratiques, et tous les étudiants ont utilisé ce logiciel. Ce développement non prévu lors de l’établis- sement du projet a apporté une grande plus value car il a permit de rationaliser les pra- tiques des étudiants débutants lors des expérimentations.

Le cours de Comptabilité

Le cours de comptabilité a été mis en ligne à destination des étudiants de pre- mière année et des étudiants du MBA (35 étudiants). Le but de ce cours est de faire comprendre aux étudiants comment sont élaborées et quelles sont les limites des informations financières qui figurent dans les états financiers et autres publications des entreprises. Cette compréhension passe notamment par l’acquisition d’un mini- mum de savoir-faire en matière de comptabilisation des opérations de base, d’une bonne connaissance des principes d'évaluation avec, en particulier, la problématique relevant de la détermination des coûts, d’une connaissance des principaux référentiels nationaux et internationaux en matière de présentation des comptes et finalement d’une connaissance des techniques de base en matière d'établissement des états finan- ciers individuels et de groupe (consolidation). Le cours a été bâti pour offrir une con- solidation de l'apprentissage des concepts et des techniques de base de la comptabilité financière. Il doit être travaillé en parallèle avec le cours de comptabilité et/ou la lec- ture des ouvrages de référence, notamment l'ouvrage «Maîtriser l'information comp- table». Il est conçu selon une didactique propre allant au-delà d'un simple questionnaire de compréhension du cours ou des textes de référence. La théorie, les exemples ainsi que le contrôle intermédiaire sont en format Word et mis à disposition des étudiants par le biais d’un environnement d’apprentissage, la pratique est essen- tiellement acquise dans la résolution des exercices qui sont des questionnaires en ligne. Un support de cours sous forme d’hypertexte pédagogique ([Fig. II.I.2]), per- mettant aux étudiants de visualiser les liens entre les concepts abordés dans le cours,

Figure II.I.2 Hypertexte d’introduction à la comptabilité

Le cours de Sensibilisation à l’Intonation

Ce cours s’adressait à une centaine d’étudiants en linguistique, et présentait une réelle problématique de mise en place car l'intonation est un phénomène difficile à traiter. En effet on constate que physiquement les variations de la hauteur de la voix sont continues, leur perception précise est délicate et les systèmes de notation propo- sés sont multiples. Nous avons donc décidé avec l’équipe enseignante de travailler dans deux directions: la sensibilisation à l'intonation et la perception de l'intonation.

Tout d’abord nous avons réfléchi sur la conception de la typologie des exerci- ces : il s'agissait de fournir une réflexion pédagogique sur les types d'exercice propo- sables dans le cadre de l'enseignement de la phonétique. Ce travail s'avère d'autant plus utile que l'on a choisi de faire des exercices sur l'intonation, un domaine où le développement d'aptitudes précède l'élaboration de connaissances. Il est donc indis- pensable d’avoir du matériel sonore à mettre à disposition des étudiants.

Ensuite nous avons recueilli le matériel existant, les exercices proposés s'arti- culent autour de deux pôles. Le premier est un pôle de sensibilisation à l'intonation et le matériel comprend aussi bien des séquences linguistiques, musicales, que vidéos. Il s'agit des modules: «écouter» et «film». Le deuxième pôle a pour but de développer les capacités d'identification et de discrimination de l'apprenant. Il comprend du maté- riel didactisé et spécifique au domaine de l'intonation.

Finalement l’équipe enseignante a créé des exercices tant papier qu'informati- que. L’outil Geneval a permis de rédiger les énoncés, présenter les exercices et d'y intégrer des séquences multimédia, qui sont en fait des numérisations du matériel audio et vidéo déjà mentionné. En fait, le générateur d'exercices d'autoévaluation GenEval a été mis à contribution au-delà du domaine d'application pour lequel il a été conçu. C'est en particulier via GenEval que sont présentées les diverses séquences de sensibilisation qui ne permettent que très indirectement l'autoévaluation.

Les exercices sont regroupés en modules localisés dans une page de présenta- tion générale accessible en ligne. Ensuite, une fois entré dans un module, l'utilisateur peut y effectuer tous les exercices du même type, ou alors en ressortir pour passer au module suivant.

Figure II.I.3 Exemple d'un exercice d'autoévaluation pour l'apprentissage de

l'intonation

Globalement, les tuteurs ont pu noter un intérêt très marqué chez les étudiants avec une demande supérieure aux possibilités offertes par le projet. Par contre l’éva- luation du projet a mis en exergue l’absence de l’enseignant lors des différentes pha- ses du projet, ce qui rend difficile l’intégration du matériel développé dans le cours de linguistique et à fortiori une future extension du projet.

Ce cours était destiné à environ 200 étudiants de la Faculté des Sciences de 1ère et 2ème années de l’Université de Lausanne. Pour répondre à une grande hétéro- généité de connaissances des étudiants et à un contexte de limitation des budgets et d’augmentation du nombre d’étudiants les équipes enseignantes ont été conduites à rechercher de nouvelles possibilités pédagogiques. L’objectif de ce cours était de per- mettre aux étudiants d’utiliser leurs compétences et connaissance en informatique dans leurs domaines d’activités respectifs. L’idée résidait dans l’utilisation d’outils basés sur le web, et offrant des possibilités d’interaction et de rétroaction. La démar- che a été dans un premier temps, de faire l’inventaire et l’adaptation du matériel déjà existant. Comme nous évoluons dans le domaine de l’informatique, de nombreuses ressources numériques existaient déjà. Puis, dans un deuxième temps de produire du nouveau matériel à savoir des exercices d’autoévaluation, des hypertextes pédagogi- ques que les étudiants pouvaient consulter facilement, et des présentations numéri- ques (PowerPoint). Le nombre de nouveaux documents produits a été de 73. Parmi ces documents, et le domaine s’y prêtant bien, des exercices de réalisation d’objets informatiques (applets JAVA), que les étudiants pouvaient tester en ligne ont été déve- loppés, ceci assurant un retour immédiat sur la validité du code produit par l’étudiant. Au final les outils proposés (GenEval et TestIt) ne correspondait pas à l’équi- pement disponible, ce qui a créé des blocages et amené les enseignants à se concen- trer sur la production de contenu statique compatible. Les étudiants semblaient satisfaits, les résultats aux examens ont été meilleurs sans que cela soit directement imputable au nouveau support de cours.

Le cours de Marketing Management

Le cours de Marketing Management a été mis en ligne à destination de 208 étudiants de deuxième année, en licence HEC. Chaque session en ligne constituait une préparation pour le cours régulier en auditoire et présupposait la lecture préalable du ou des chapitres concernés dans l'ouvrage de référence (Kotler & Dubois, 9e édi- tion). L’objectif de cours était d’augmenter l’interactivité pendant les séances en face à face, et faciliter l’auto-apprentissage au rythme de chacun. L’équipe enseignante a tout d’abord travaillé à l’adaptation du matériel existant (essentiellement des présen- tations au format PowerPoint), puis dans un deuxième temps à la création du nouveau contenu, essentiellement des pages html, et des questionnaires en ligne. Les question-

naires permettaient de fournir un résultat automatique à l’étudiant, et le renvoyaient sur les parties du cours correspondant aux mauvaises réponses. Cet élément s’est avéré être un bon moyen pour l’étudiant de se préparer à l’examen.

Figure II.I.4 Exemple de questionnaire en ligne

2.2 La gestion du projet

Du point de vue de la démarche choisie par les chefs de projet de chacun des cinq sous-projets, elle semble correspondre à une démarche de projet de recherche. En effet l’objectif du projet était d’évaluer les possibilités offertes par des outils d’autoévaluation et leurs conséquences (questionnaire en ligne, et travaux dirigés) ceci afin de valider l’hypothèse que l’utilisation des ces outils amènerait une plus value du point de vue pédagogique pour les étudiants. Aussi s’agissant d’une expéri- mentation sur les apports des technologies dans l’enseignement, une attention particu- lière a été donnée aux résultats des évaluations des cours que ce soit au niveau des étudiants, ou au niveau des équipes enseignantes. Les résultats des étudiants ayant