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URBAN MEMORY

4.2. Philosophie et objectifs 

4.2.1. Profil et aspects du travail d’Urban Memory 

♦ Un cadre de recherche dédié à la ville 

Urban  Memory  propose  un  cadre  de  travail  de  création  et  d’étude  dédié  à  la 

production  d’œuvres  et  à  la  recherche  sur  la  mutation  des  villes,  à  commencer  par  Dresde,  située  à  l’Est  de  l’Allemagne.  Cette  ville  constitue  le  laboratoire  de  mon  entreprise. Elle permet l’observation de chantiers de grande ampleur et de la répétition  de  ce  phénomène  dans  l’histoire,  ainsi  que  la  mise  au  point  de  pistes  de  travail  qui  pourront être appliquées, dans l’avenir, à d’autres villes en mutations.  

L’intention première de l’entreprise est de témoigner de ces mutations en faisant  intervenir  le  regard  artiste.  Elle  insiste  sur  l’approche  individuelle  et  subjective  d’un  sujet néanmoins méthodiquement documenté en amont : lecture d’ouvrages et d’articles  en  langue  allemande,  traductions,  classification  des  données  par  thèmes,  recoupement  des informations et enfin rédaction à partir de l’angle d’analyse de ma recherche.  

♦ Une analyse des mémoires présentes dans la ville 

Urban  Memory  interroge  le  rôle  de  la  mémoire  institutionnelle,  collective  et 

individuelle  dans  l’élaboration  d’une  identité  pour  la  ville  en  (re)construction.  Elle  questionne aussi la place faite à la mémoire dans le panorama de la ville ainsi que les  différentes périodes du passé représentées ou disparues.   Pour y parvenir, ses productions invitent à maintenir ou à activer la mémoire des  espaces urbains en mutation par une sélection de composants et d’espaces de la ville et  un traitement pictural capable de révéler une existence, une histoire. Les lieux choisis,  représentatifs des mutations de l’urbain, présentent en effet les signes du passage d’une  vague de reconstruction, de réédification, de reconfiguration ou encore de destruction.  Ceux‐ci  doivent  être  documentés,  inventoriés  et  réemployés  dans  le  travail  de  production de l’entreprise. 

♦ Une entreprise pour l’artiste 

En  tant  que  cadre  de  création,  Urban  Memory  permet  à  ses  productions  de  s’affirmer  sur  leur  terrain  d’investigation.  L’entreprise  leur  procure  en  effet  une  « consistance réflexive », c’est‐à‐dire un bagage analytique et une connaissance du sujet 

qui  se  ressent  dans  les  représentations  de  la  ville  proposées  au  public.  Cette  qualité  procure ainsi un rayonnement supplémentaire aux œuvres et installations‐œuvres.  

En outre, l’entreprise dote ses œuvres d’un capital en communication emprunté  aux  entreprises  classiques :  slogan,  texte,  affichage  dans  la  ville  pour  une  partie  des  productions ;  inscription  dans  un  plan  de  financement,  production  d’après  un  système  défini, contrôle qualité pour la totalité des produits.  

Par ailleurs, l’entreprise artiste constitue une sorte de réseau, de toile qui porte et  révèle le propos émanant de chaque œuvre. Ce faisant, l’existence d’Urban Memory relie  entre  elles  toutes  les  productions  qui  quittent  ses  ateliers  en  les  unissant  par  une  intention initiale commune. Pour concrétiser ce lien, chaque œuvre est frappée du logo  de  l’entreprise.  Cette  caractéristique  leur  procure  également  une  aura  de  produit,  pareille à ceux qui sortent des manufactures. Cette aura vient alors se mêler à la nature  d’œuvre et induit le questionnement sur le caractère premier de l’objet. Or, tant que ce  trouble  persiste,  l’entreprise  artiste  démontre  qu’elle  parvient  à  se  maintenir  en  équilibre sur la frontière étroite qui sépare l’art de l’économie et à ne pas favoriser l’un  plus  que  l’autre.  La  dimension  économique  vient  compléter,  quant  à  elle,  le  message  contenu dans chaque objet et en permet ainsi une nouvelle lecture. 

♦ Un moyen de communication aux diverses stratégies 

Urban Memory recherche la communication pour et avec les habitants et visiteurs 

de  la  ville.  Si  elle  tente  de  capter  leur  attention  par  des  outils  de  communication  en  apparence  publicitaires  ou  informatifs  installés  dans  l’espace  quotidien,  elle  opère  ensuite  sur  la  strate  des  sens  et  de  l’affect  des  individus  en  provoquant  des  interrogations  et  des  émotions  (réapparition  d’éléments  disparus,  évocation  d’une  époque  passée).  C’est  donc  par  le  détournement  de  l’image  véhiculée  de  l’entreprise  qu’Urban  Memory  vise  à  éveiller  l’intérêt  du  spectateur,  chez  qui  peut  s’effectuer  un  travail de construction d’une mémoire personnelle de la ville.  

Consciente  de  la  lenteur  éventuelle  d’un  tel  processus  et  de  l’effort  requis,  l’entreprise cherche dans un premier temps à orienter le regard de la population vers la  diversité architecturale et l’aménagement de la ville d’aujourd’hui. C’est ensuite de façon  progressive que l’étape précédemment décrite peut être amorcée. 

Pour se donner les moyens de toucher un large public, Urban Memory ambitionne  d’intégrer une partie de ses productions à l’espace de la ville et de ne pas se limiter aux  lieux  d’exposition  dédiés  à  l’art.  Ces  lieux  de  monstration  sont  bien  sûr,  eux  aussi, 

inscrits dans la démarche de l’entreprise, afin de la présenter dans un cadre connu pour  l’exposition  du  travail  d’artistes.  Le  passage  dans  les  galeries  représente  en  effet  l’opportunité  de  dévoiler  les  intentions  de  l’entreprise  avant  d’entreprendre  d’éventuelles  installations,  et  de  chercher  des  partenaires  pour  des  projets  de  plus  grande envergure qui placeraient Urban Memory au cœur de la ville.  

Si l’entreprise n’intervient pas d’emblée dans la ville, elle inscrit ses projets dans  cette intention. Ainsi, avant de monter une installation dans le contexte urbain (ce à quoi  elle  aspire),  elle  s’applique  à  penser  pour  chaque  œuvre  un  dispositif  de  monstration  sous la forme d’une esquisse, laquelle permet de visualiser le contexte dans lequel une  affiche  ou  un  panneau  pourrait  être  présentés.  Ce  sont  précisément  ces  travaux  préparatoires,  accompagnés  des  œuvres  peintes  et  des  affiches  elles‐mêmes,  qui  peuvent faire l’objet d’expositions. 

Il faudra du temps avant que les installations imaginées soient mises en œuvre.  Ce sont les peintures et sérigraphies qui constituent le point d’ancrage de chaque projet.  Par  leur  possible  vente,  elles  représentent  une  source  potentielle  de  financement  du  projet, comme le business plan de l’entreprise le prévoit.