Partie 1 : Cancer et prise en charge sur le territoire français 18
3. Le parcours de soins en oncologie 28
3.2 Les différents professionnels de santé impliqués dans le parcours de soins des
Au cours de son parcours de soins, le patient peut être amené à côtoyer un grand nombre de professionnels de santé, que ce soit au sein de l’établissement dans lequel il est suivi, ou en ville. Ces professionnels de santé sont des médecins, en grande majorité, mais aussi des intervenants paramédicaux, ou encore d’autres intervenants comme l’assistante sociale. Une liste de ces professionnels est présentée dans ce chapitre de façon non exhaustive.
3.2.1 Les médecins
Le médecin généraliste
Parmi les médecins, le premier intervenant du parcours de soins est bien souvent le médecin généraliste des patients. Il est le coordinateur des soins et c’est en général lui qui va guider les patients en cas de doute vers un autre professionnel de santé plus spécialisé. Il est donc bien souvent l’initiateur du parcours de soins du malade et à l’origine du diagnostic du cancer. Lorsque le cancer est diagnostiqué directement lors d’examens de routine, il est tout de même le coordinateur des soins puisqu’il oriente le patient vers un spécialiste oncologue.
Pendant le parcours de soins du patient, le médecin généraliste est en lien permanent avec les équipes hospitalières, il est informé du dossier patient et assure le lien avec les hôpitaux par des contacts téléphoniques et des courriers médicaux.
Il joue également un rôle fondamental dans l’après cancer, en effet lorsque le patient aura terminé ses traitements et ne sera plus hospitalisé, le dossier médical du patient lui sera transmis par l’établissement de prise en charge du patient, et il deviendra ainsi son interlocuteur de référence pour la surveillance sur le long terme du patient.
Le radiologue
Lorsque le médecin généraliste, à la lumière de certains symptômes, souhaite effectuer des examens complémentaires radiologiques, le patient est amené à être pris en charge par un radiologue qui va interpréter les clichés du corps ou des organes obtenus lors des examens de radiologie (radiographie, échographie). L’interprétation de ces clichés pourra permettre ensuite de poser le diagnostic du cancer.
L’anatomopathologiste
Certains examens comme notamment des ponctions ou biopsies pourront être prescrits, et permettront de préciser le diagnostic avant la mise en place d’un traitement adapté. A cette étape le patient peut être amené à rencontrer un anatomopathologiste, médecin spécialiste des tissus et cellules.
L’oncologue
Après la pose du diagnostic, le patient est orienté vers un oncologue, spécialiste du cancer et de ses traitements, il peut être un chirurgien spécialisé en cancérologie, un spécialiste en chimiothérapie, un spécialiste de radiothérapie ou un spécialiste d’organes. Son intervention est indispensable dès le diagnostic, il va établir le protocole de soins adapté à chaque patient en fonction de sa pathologie et de son profil de gravité, et suivre le patient à chaque étape de son parcours de soins. Selon le diagnostic et le parcours de soins définis pour le patient, le patient peut être pris en charge par un chirurgien qui interviendra lorsqu’une intervention chirurgicale sera nécessaire, par exemple lors de la tumorectomie (lorsque la tumeur est retirée par chirurgie), en cas de complications, ou encore dans le cas de la reconstruction mammaire post mastectomie (Ablation du sein).
Le psychiatre
Enfin, parmi l’équipe médicale intervenant dans le parcours de soins du patient, le psychiatre est également un acteur important, il peut également être spécialisé dans le service d’oncologie et est alors un oncopsychiatre. Il va être l’initiateur d’un traitement adapté si la situation psychologique du patient le nécessite. Afin d’évaluer ce besoin, un psychologue rencontre généralement au préalable les patients au cours d’un entretien, puis travaille en binôme avec le psychiatre si la situation du patient nécessite un traitement. L’aspect de la prise en charge psychologique du patient sera développé dans le paragraphe dédié aux intervenants paramédicaux.
3.2.2 Les pharmaciens
25Le pharmacien d’officine
Lors de la prise en charge en ambulatoire, le pharmacien d’officine peut intervenir dans de nombreux domaines. Il assure la qualité́ et la sécurité́ de la dispensation des traitements anticancéreux, effectue un suivi rapproché des patients et a pour rôle de réaliser leur éducation thérapeutique pour optimiser l’observance et la gestion des effets indésirables. Le pharmacien d’officine peut également jouer un rôle de soutien psychologique auprès des patients de part son accessibilité.
25 Fatscher Stéphanie. Le rôle du pharmacien d’officine dans la prise en charge du cancer du sein. UFR de medicine et de pharmacie de Rouen. 2013. 199 p.
Le pharmacien hospitalier
Le pharmacien hospitalier n’est pas en contact direct avec le patient mais il a un rôle prépondérant dans la sécurisation des chimiothérapies. Il valide les prescriptions, prépare et contrôle les préparations. Dans le cadre d’une HAD, le pharmacien hospitalier sera le lien entre la ville et l’hôpital.
3.2.3 Les intervenants paramédicaux
L’infirmier
L’infirmier est un interlocuteur privilégié du patient, qui joue un rôle indispensable à toutes les étapes de la prise en charge du patient. En effet, son rôle commence au moment de l’annonce, puisqu’il est souvent amené à reformuler auprès du malade l’annonce faite par le médecin oncologue. Cette étape lui permet alors d’engager le dialogue avec le patient et répondre aux questions que celui-‐ci n’aurait pas osé ou pu poser à son médecin. L’infirmier, de par sa présence quotidienne lors des soins est un acteur déterminant qui fait le lien entre l’équipe médicale et les patients. Il participe au protocole de soins puisque c’est lui qui est amené à réaliser les soins et son rôle de suivi du malade peut l’amener à orienter les patients vers un psychologue s’il décèle une situation de détresse chez le patient, ou une non acceptation de sa condition ou de son traitement. Depuis le congrès de l’association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos) de 201226, un nouvel acteur du parcours de soins a émergé, toujours dans le but de renforcer la coordination entre les professionnels de santé et l’information des patients : l’infirmier de coordination. L’infirmier de coordination a quatre rôles clés : l’évaluation des besoins des patients et des proches, l’information, l’écoute et le soutien, la facilitation du parcours, et la coordination hôpital-‐ville.
Le rôle central pour l’infirmier de coordination, qui avait été évoqué lors du troisième plan cancer27, a fait l’objet d’une première phase d’expérimentation en 2010, dont la deuxième phase a été lancée en août 2014. Cette deuxième phase est recentrée sur un objectif prioritaire de coordination des équipes de professionnels de santé hospitaliers et libéraux, afin de permettre une meilleure communication entre eux. De plus, cette expérimentation vise en priorité les patients en situations complexes, d'un point de vue médical ou psycho-‐social.28
26 AFSOS. Organisation coordination et fonctionnalité des soins de support au sein des établissements. 24 p.
27 Institut National du Cancer. Plan cancer 2009-‐2013. 140 p.
28 Legifrance. INSTRUCTION N°DGOS/R3/2014/235 du 24 juillet 2014 relative à l’engagement d’une seconde phase d’expérimentation du
Les aides soignants
Les aides soignants sont au contact des patients au quotidien que ce soit lors de l’hospitalisation en établissement ou de l’hospitalisation à domicile. En collaboration avec les infirmiers, les aides soignants participent à la surveillance des patients. Les aides soignants réalisent les soins quotidiens des personnes hospitalisées en tenant compte de ses besoins et de son degré d’autonomie.
De part leur proximité avec les patients, les aides soignants sont capables de détecter leurs différents changements d’état et de relayer les observations au reste de l’équipe soignante. Cette proximité leur permet également de créer des relations de confiance avec les patients et leur entourage.
Le psychologue29
Parmi les intervenants paramédicaux, le psychologue joue un rôle important. A l’hôpital public comme dans les cliniques privées, une prise en charge psychologique peut être proposée aux patients qui en ont besoin. Cette prise en charge psychologique peut revêtir plusieurs formes au sein de l’équipe médicale, tout d’abord un « soutien psychologique » peut être apporté au malade à travers les paroles de l’équipe soignante, ou des oncologues à tous les stades de son parcours de soins. Mais une « Prise en charge psychologique », est quant à elle une véritable prise en charge à part entière, beaucoup plus structurée, et est réalisée par des équipes médicales spécialisées, de psychiatres et psychologues et peut également dépendre d’un service de psycho-‐oncologie. Dans les centres de lutte contre le cancer notamment, comme l’Institut Gustave Roussy, de très grandes équipes de psycho-‐oncologues existent, tandis que dans la plupart des hôpitaux, ce sont des psychologues isolés qui exercent. Tout patient peut bénéficier d’une Prise en charge psychologique, depuis l’annonce de la maladie à l’après cancer. La demande peut venir du patient lui-‐même, de son oncologue, ou du personnel soignant s’ils estiment que la situation d’un patient semble nécessiter un accompagnement psychologique (refus du patient d’accepter sa situation, ou de se soumettre au protocole thérapeutique, signes décelables de dépression, patient isolé sans visite). Si la demande ne provient pas toujours du patient, son consentement préalable est néanmoins indispensable. Ce dispositif mis en place pour les patients concerne également les proches des patients qui peuvent bénéficier du même accompagnement psychologique s’ils le souhaitent. Ce dispositif prévoit la mise en place d’un suivi adapté au patient, qui commence par une première consultation visant à réaliser une évaluation de la situation psychologique du patient et qui permet de déterminer les personnes qui nécessitent une prise en charge psychologique rapide.
Le psychologue est souvent appelé en premier lorsqu’un patient semble nécessiter un soutien psychologique. Il réalise la première consultation avec le patient pour évaluer sa situation, et travaille en binôme avec le psychiatre, pour éventuellement mettre en place un traitement adapté si celle-‐ci le justifie.
Le kinésithérapeute
Le kinésithérapeute peut être amené à intervenir chez certains patients, notamment après des épisodes chirurgicaux, ou pour des douleurs secondaires à une opération ou une prise en charge.
Le diététicien
Une diététicienne peut éventuellement prendre en charge les problèmes nutritionnels en rapport avec le cancer et ses traitements. Dans certains cancers et notamment le cancer colorectal, lié à l’alimentation, son intervention peut aider les patients après une intervention chirurgicale ou une colostomie à adapter leur alimentation sur le long terme.
3.2.4 Les autres intervenants
D’autres intervenants hors équipe médicale apportent eux aussi un soutien aux patients dans leur prise en charge, ce sont en premier lieu les assistantes sociales, qui accompagnent les patients et les aident à résoudre leurs difficultés économiques et sociales. Les assistantes sociales peuvent proposer aux patients un accompagnement grâce à une aide à domicile, pour le ménage ou pour la garde d’enfants. Elles sont également un interlocuteur de choix pour les patients pour l’information à propos de leurs droits30.
Dans certaines structures hospitalières, d’autres intervenants comme les socio-‐esthéticiennes aident les patients atteints de cancer et contribuent à améliorer leur qualité de vie, en leur proposant des soins esthétiques tels que la coiffure, le maquillage, la manucure. Elles peuvent également accompagner les patients en chimiothérapie en les conseillant en matière de perruques.