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CHAPITRE 3 : STRATEGIES THERAPEUTIQUES DU TRAUMATISME

5. Conclusion

4.2. Produits de distorsion

L’amplitude du produit de distorsion 2f1-f2 avant traumatisme sonore oscille entre 20 et 30 dB SPL, ce qui est conforme aux données de la littérature (Emmerich et al. 2000, Tan et coll. 2001). Après tir, on observe une diminution significative des PDA sur la majorité des fréquences étudiées et ce, pour tous les groupes. Dans le groupe témoin, cette diminution se poursuit entre le traumatisme et le 7ème jour, pour les fréquences allant de 2,4 à 20,7 kHz (p<0,01 et 0,05). On n’observe pas de diminution tardive significative pour les groupes MP

et Mg 7 jours. Pour le groupe Mg 1 mois, quelques fréquences (2,2 à 3,1 kHz et 5,7 à 8 kHz) présentent des PDA à 3 mois significativement inférieurs à ceux d’un mois.

Avant tir et 20 minutes après tir, on n’observe pas de différence significative entre les groupes. Après 7 jours de traitement, les animaux traités par de la méthylprednisolone présentent une meilleure amplitude que les témoins NaCl pour des fréquences avoisinant 3 kHz mais ces différences ne se poursuivent pas dans le temps. Après 1 mois d’évolution, le groupe Mg 1 mois présente le meilleur DPgramme. A long terme (3 mois), l’amélioration liée au traitement est modérée mais significative (p<0,05). Elle concerne essentiellement les groupes traités par du magnésium pour les fréquences allant de 9 à 20 kHz. Après trois mois d’évolution, cette diminution est maximale pour f2 = 10 kHz (- 30 dB) dans le groupe témoin et pour f2 = 8-9 kHz dans les groupes traités (-20 dB environ).

Nous nous sommes intéressés plus spécifiquement à l’évolution individuelle des produits de distorsion entre le traumatisme et le 7ème jour de récupération. Chez certains animaux (groupe 1), la chute des PDA se poursuit après traumatisme, entre 20 minutes et 7 jours. Chez d’autres (groupe 2), les PDA regagnent de l’amplitude au cours du temps. Enfin, dans un troisième groupe, les PDA sont affectés immédiatement par le tir et n’évoluent plus. Pour l’ensemble de nos animaux, 38 % appartiennent au groupe 1, 21 % au groupe 2 et 40 % au groupe 3. Parmi les animaux du groupe 1, la moitié a un DPgramme qui récupère partiellement entre 7 et 14 jours. Si l’on étudie les pertes auditives après 3 mois en fonction des groupes, on montre que ces pertes sont significativement inférieures pour les animaux du groupe 3 c’est-à-dire pour ceux ayant présenté une légère récupération des produits de distorsion à 7 jours. Ces derniers résultats n’ont pas été inclus dans la publication.

4.3 Pertes cellulaires

Les pertes cellulaires concernent davantage les cellules ciliées externes que les cellules ciliées internes. Les trois rangées de cellules ciliées externes sont affectées de façon équivalente.

Si l’on considère le pourcentage global de perte cellulaire sur l’ensemble de la cochlée pour chaque rangée de cellules ciliées et chaque groupe de traitement, on observe que, dans les groupes traités par du magnésium, les pertes sont significativement moindres comparativement au contrôle pour les CCE2 et CCE3. Ainsi, après 3 mois d’évolution, 40 % (esm = 6) des CCE3 ont disparu dans le groupe témoin, 30 % (esm = 6) dans le groupe MP, 27 % (esm = 5) dans le groupe Mg 7 jours et 15 % (esm = 3) pour Mg 1 mois.

Les cochléogrammes analysent plus finement ces pertes. Les traitements semblent diminuer les pertes cellulaires de part et d’autre d’une zone située vers 4 kHz. La protection la plus efficace est obtenue par l’administration de magnésium durant 1 mois. Les différences sont significatives essentiellement pour les fréquences situées de 5 à 15 kHz.

5. Conclusion

En conclusion, cette étude a montré que :

1) Après traumatisme sonore par bruit d’arme, une récupération spontanée des seuils auditifs apparaît. Elle est maximale avant 7 jours, se poursuit modérément jusqu’à 14 jours.

2) Les produits de distorsions évoluent différemment des seuils auditifs, puisqu’en moyenne leur dégradation se poursuit jusqu’à 7 jours. Les quelques animaux qui

présentent une amélioration des PDA avant 7 jours ont des seuils auditifs moins affectés après 3 mois d’évolution.

3) Les cochléogrammes montrent que les traitements peuvent limiter les pertes cellulaires de part et d’autre d’une zone centrée sur 4 kHz environ. Cette zone est vraisemblablement trop lésée pour être sauvegardée.

4) Les résultats obtenus sont meilleurs lorsque l’on prolonge l’administration de magnésium durant 1 mois après le traumatisme, au lieu de 7 jours. Ceci signifie que des processus métaboliques tardifs apparaissent et que ces processus peuvent être limités par un traitement adéquat.

5) L’administration de methylprednisolone à forte dose (5 jours) accélère la récupération mais le bénéfice à 3 mois est modéré, tout comme le traitement magnésium sur 7 jours.

6) L’administration de magnésium durant un mois donne les meilleurs résultats à long terme.

3ème PARTIE : Efficacité des anti-apoptotiques par voie locale chez le cobaye.

Cette étude a été menée en deux étapes. Nous nous sommes d’abord intéressés à l’apparition de la mort cellulaire par apoptose après traumatisme sonore ou par bruit d’arme ou par bruit continu. Dans cette étude préliminaire, nous avons détecté et quantifié l’apoptose de manière cinétique après un traumatisme par bruit d’arme comparé au bruit continu. Cette étude fait l’objet d’une publication en préparation qui s’intitule « Gunshot or

continuous noise-induced hair cells death in guinea pig cochlea : cells morphology and kinetic evolution » (Abaamrane L., Holy X., Gentilhomme E., Raffin F., Butigieg X., Schmerber S., Sendowski I.). Par la suite, nous avons testé l’efficacité de l’administration de deux anti-apoptotiques après un traumatisme sonore par bruit d’arme. Cette étude a également permis la soumission d’une publication dans la revue Hearing Research sous le titre : « Intracochlear perfusion of leupeptin and z-VAD-FMK : influence of antiapoptotic

agents on gunshot noise-induced hearing loss » (Abaamrane L., Raffin F., Schmerber S.,

Sendowski I.).

A. Etude préliminaire : cinétique comparative de l’apoptose après traumatisme

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