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CHAPITRE 1 : LE SYSTEME AUDITIF

3. L’oreille interne

3.1 La cochlée : anatomie et histologie

3.1.4 L’organe de Corti

L’organe de Corti est l’organe sensori-nerveux de la cochlée. Il se nomme ainsi car Alfonso Corti fut l’un des premiers anatomistes à en faire la description détaillée.

Il est composé de différentes membranes (la membrane tectoriale, la membrane de Reissner et la membrane basilaire), des cellules sensorielles (les cellules ciliées externes et internes), des fibres nerveuses qui leur sont connectées ainsi que des cellules de soutien (cellules de Claudius, cellules de Hensen, cellules de Deiters), et les cellules piliers du tunnel de Corti (Figure 5).

3.1.4.1 La membrane tectoriale

La membrane tectoriale est une structure fibreuse acellulaire rattachée au limbus spiral et reposant sur la face supérieure de l’organe de Corti. Sur sa face inférieure, la membrane

tectoriale entretient d’étroits contacts avec les stéréocils des cellules sensorielles. Son principal rôle est de transformer les mouvements verticaux de la membrane basilaire dus aux vibrations en mouvements horizontaux des cellules ciliées (Lim, 1986a ; Lim 1986b).

3.1.4.2 La membrane de Reissner

La membrane de Reissner sépare la rampe vestibulaire et le canal cochléaire. Elle est tendue du limbus spiral à la strie vasculaire. La membrane de Reissner est une structure avasculaire formée de deux couches cellulaires : une couche épithéliale tournée vers le canal cochléaire et une couche mésothéliale tournée vers la rampe vestibulaire (Hunter-Duvar, 1978).

La membrane de Reissner ne possède pas de rôle propre mais semble être impliquée dans le maintien du gradient électrochimique périlymphe/endolymphe via sa perméabilité et des transporteurs ioniques (Raphaël et Altschuler 2003).

3.1.4.3 La membrane basilaire

Tendue du modiolus au ligament spiral sur toute la longueur de la cochlée, la membrane basilaire supporte l’organe de Corti avec lequel elle forme la cloison cochléaire. Composée d’une matrice extracellulaire, de fibrilles et de cellules mésothéliales dispersées, elle apparaît en vue transversale divisée en deux parties : une partie, dite zone arquée, allant du modiolus au pilier externe de Corti et une partie, dite zone pectinée, allant du pilier externe de Corti au ligament spiral (Cabezudo, 1978). Son épaisseur et sa rigidité varie de la base à l’apex de la cochlée : rigide et étroite à la base et mince et souple à l’apex. De ce gradient d’épaisseur et de rigidité découle la propriété de la tonotopie cochléaire (Cabezudo, 1978 ;

Raphaël et Altschuler, 2003). En effet, la membrane basilaire se comporte comme un analyseur fréquentiel : à chacun des composants fréquentiels du son incident correspond un point donné sur l’axe longitudinal de la membrane basilaire où se produit un déplacement maximal de la membrane. Cette conversion « fréquence/position » porte le nom de transformation tonotopique ou tonotopie (Cabezudo, 1978 ; Raphaël et Altschuler, 2003).

3.1.4.4 Les cellules ciliées

Les cellules ciliées sont les cellules sensorielles de l’audition. Elles sont de deux types : les cellules ciliées externes (CCE) ou cellules motrices et les véritables cellules sensorielles : cellules ciliées internes (CCI). Elles sont disposées en rangées parallèles de la base au sommet de la cochlée (une rangée de CCI et trois rangées de CCE). Ces cellules présentent des stéréocils à leur pôle apical. A leur base se trouve un important réseau nerveux de fibres afférentes et efférentes. (Figure 5)

1-Cellule ciliée interne (CCI)

2-Cellules ciliées externes (CCE) 3-Tunnel de Corti 4-Membrane basilaire 5-Habenula perforata 6-Membrane tectoriale 7-Cellules de Deiters 8-Espaces de Nuel 9-Cellules de Hensen 10-Sillon spiral interne

Figure 5 : Représentation schématique d’une coupe transversale de l’organe de Corti (Extrait de « promenade autour de la cochlée » d’après Pujol et coll.)

Accolées aux piliers du tunnel de Corti et entourées de cellules de soutien (figure 5), les cellules ciliées internes sont piriformes (longueur : 35 µm, diamètre à l’apex de la cellule : 10 µm) et sont de taille constante tout au long de la cochlée. Elles sont au nombre de 3500 à 4000 et sont disposées en une seule rangée. Les cellules ciliées internes assurent la transduction de l’énergie mécanique en énergie électrique (Pujol 1989 ; Raphaël et Altshuler 2003 ; Yamasoba et Kondo 2006). Les stéréocils du pôle apical sont ancrées via des protéines contractiles au nombre d’une centaine par CCI. Ces cils sont disposés en « U » sur trois rangées de taille croissante, les plus longs étant du côté externe (figure 6). Les stéréocils sont en contact avec la membrane tectoriale via la bandelette de Hensen. A leur pôle basal, les CCI sont en contact avec les neurones ganglionnaires de type I (Raphaël et Altshuler 2003) (Figure 6).

Cellules ciliées externes (CCE)

Les cellules ciliées externes sont beaucoup plus nombreuses, au nombre d’environ 12500. Elles sont disposées en trois rangées sur la membrane basilaire (figure 5). Elles sont de forme cylindrique à diamètre constant (6 µm) mais de longueur croissante de la base (25 µm) au sommet (45 µm) de la cochlée. A leur pôle apical, comme les CCI, elles présentent des stéréocils qui sont implantés dans la membrane tectoriale (contrairement à ceux des CCI) et décroissant de l’intérieur vers l’extérieur (Pujol 1989 ;Raphaël et Altshuler 2003 ; Yamasoba et Kondo, 2006). A leur pôle basal, les CCE sont en contact avec les neurones ganglionnaires de type II (Raphaël et Altshuler, 2003) (Figure 6). C’est Brownell et coll. (1985) qui démontrèrent pour la première fois que les CCE changeaient de longueur lorsqu’elles étaient soumises à des modifications de champ électrique, un phénomène appelé électromotilité. Les cellules ciliées externes sont ainsi de véritables cellules

motrices, les faces latérales de leurs corps cellulaires sont libres, leur permettant des mouvements de contraction/élongation. Ces mouvements sont possibles grâce à la présence d’une protéine « moteur », la prestine (Zheng et coll., 2000).

Cellule ciliée interne Cellule ciliée externe

Figure 6 : Morphologie comparée des cellules ciliées de l’organe de Corti (D’après Galifret, 1978).

3.1.4.5 Les cellules de soutien

Elles supportent les cellules sensorielles et sont fixées sur la membrane basilaire.

- Les cellules piliers : de forme pyramidale, disposées en deux rangées externes et internes, elles sont distantes à leur base et se rejoignent au sommet afin de délimiter le tunnel de Corti.

- Les cellules de Deiters : cellules de soutien des CCE, fusiformes, elles délimitent entre elles les espaces de Nuel. Leurs pôles supérieurs sont déprimés en cupules pour recevoir la base des CCE.

- Les cellules de Hensen : situées en dehors des cellules de Deiters et caractérisées par la présence de granules lipidiques dans leur cytoplasme, elles constitueraient une réserve énergétique pour l’organe de Corti.

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