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4.1 Le compte rendu critique de l’intervention réalisée

4.1.3 La production finale

Lors de la production finale, nous avons d’abord fait une récapitulation rapide de chacun des ateliers et nous avons rappelé aux étudiants comment offrir une rétroaction acceptable, respectueuse et utile. Ensuite, nous avons déterminé le sujet de la discussion (appendice E) et nous leur avons indiqué quels éléments ils devaient prendre en considération lors de leur préparation. Nous avons demandé aux participants de simuler une discussion au cours de laquelle ils devaient justifier leur choix pour une formation qu’ils aimeraient suivre à la fin de leurs études en francisation, tel que cela est mentionné dans le DGF « éducation et monde du travail » du programme de

francisation du MÉLS (2015a). Ils ont disposé de quelques minutes pour effectuer une petite recherche sur le programme d’étude et les établissements offrant ce programme.

Ils devaient ensuite justifier leur choix à leur compagnon, puisqu’ils étaient placés en équipes de deux, en mettant en pratique tous les objets de l’oral appris lors de la séquence d’enseignement. Les participants devaient donc utiliser des phrases justificatives et respecter les règles du genre discussion. Le discours devait être uniquement en français, ce qui signifie qu’en cas de lacune, les participants devaient paraphraser en français plutôt que d’avoir recours à une autre langue. Leur interlocuteur devait tenter d’identifier les informations essentielles dans le discours et poser des questions de clarification ou reformuler certaines phrases afin de démontrer sa compréhension. Les deux participants devaient porter une attention particulière à leur intonation pendant la discussion. Les commentaires sur les points à évaluer, en lien avec les cinq ateliers, étaient notés dans une grille d’observation que nous leur avions fournie (appendice D). Chaque étudiant était évalué par un pair et par l’enseignante. La rétroaction a été offerte immédiatement après la discussion. Tous ces commentaires ont été notés dans le journal de bord. Les discussions des participants et les rétroactions ont été enregistrées (son et image) afin de pouvoir être consultées par la suite pour l’analyse.

Ce qui a bien et moins bien fonctionné

Dans le premier groupe, la production s’est bien déroulée mais, comme il y avait trois participants, les interactions ont été plus difficiles à gérer. La discussion s’est mieux déroulée dans les deux autres groupes, sans doute parce que l’équipe n’était constituée que de deux étudiants, ce qui clarifiait les tours de parole. Nous avions cette fois insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une discussion où les deux participants échangent, alternant informations et questions, comme dans la vie courante, et non comme dans un exposé oral où la présentation d’un étudiant est suivie d’une période de questions.

À la lumière des productions finales, nous croyons avoir bien sélectionné les ateliers formatifs. Tous les participants ont démontré qu’ils avaient acquis les connaissances nécessaires pour participer à une discussion en suivant les règles du genre, qu’ils savaient exprimer un choix et le justifier avec une phrase justificative construite correctement, qu’ils comprenaient et utilisaient correctement l’intonation en français, qu’ils pouvaient paraphraser afin d’éviter de recourir à une autre langue que le français et qu’ils arrivaient à identifier les informations essentielles dans le discours d’un interlocuteur, et ce, de façon à pouvoir y réagir correctement.

Nous avons noté que les participants s’étaient améliorés par rapport à la production initiale pour tous les objets de l’oral à l’étude et nous avons été heureux de constater qu’ils arrivaient à réutiliser tout le bagage acquis dans les ateliers. La plus grande différence a été dans la compréhension de ce qu’est une discussion et des règles qui la définissent. L’expression d’un choix et la structure de la phrase justificative étaient également mieux utilisées, bien que la preuve par l’exemple ou la comparaison nécessite encore du travail. En ce qui concerne l’intonation, les notions semblent avoir été tellement bien intégrées que tous les participants, sauf un qui semble devoir encore y accorder une attention particulière, ont pu utiliser adéquatement cet objet en situation de prise de parole. En ce qui concerne la paraphrase, bien que nous sachions que chacun a très bien intégré ce concept pendant l’atelier qui y était réservé, nous avons remarqué que certains participants utilisaient encore des emprunts à leur langue. En fait, nous avons noté que les participants qui avaient une langue en commun avec nous ou avec leur interlocuteur, comme l’anglais, l’espagnol, l’italien ou le portugais, avaient plus tendance à emprunter un terme à une autre langue, alors que ceux qui parlaient une langue plus rare dans le groupe, comme le russe ou l’arabe, utilisaient toujours la paraphrase. Cela nous amène à constater que cet objet mériterait d’être travaillé plus régulièrement avec les étudiants qui risquent de recourir à cette solution facile, mais non souhaitée en classe de francisation.

Finalement, pour l’identification des informations essentielles lors de l’écoute, certains participants, particulièrement les plus volubiles et ceux qui étaient plus à l’aise avec la langue française, ont démontré une compréhension juste par des questions appropriées et la reformulation des propos de leur interlocuteur. D’autres, généralement les plus timides ou ceux ayant plus de difficulté à l’oral, ont peu réagi aux propos de leur interlocuteur. Lorsque nous les avons questionnés à ce sujet, ils ont affirmé avoir compris les informations fournies par leur interlocuteur, mais avoir été plus préoccupés par la production de leur propre message que par les réactions qu’ils offraient à leur partenaire. Nous avons aussi noté dans notre journal de bord que certains avaient admis ne pas avoir voulu interrompre leur partenaire de peur de le déconcentrer, ce qui nous a amenée à croire que la production orale a pris le dessus sur l’écoute et sur les principes mêmes de la discussion, qui implique une interaction constante.

Dans l’ensemble, nous trouvons que l’amélioration a été satisfaisante et que la séquence a été efficace. Elle pourrait être réutilisée en y apportant seulement quelques ajustements. Nous avons tout de même observé que le fait de travailler cinq objets de l’oral en même temps dans une production finale est très exigeant et que les étudiants qui ont tellement de choses à penser sur le plan de leur expression orale peuvent avoir tendance à relayer l’écoute au deuxième plan.

Dans les examens de francisation, la compréhension orale est évaluée en deux volets (MÉLS, 2015b). Dans un premier temps, l’étudiant écoute un enregistrement et répond par écrit à des questions écrites. Il n’a donc pas à réagir oralement aux propos entendus.

Dans un second temps, l’étudiant est évalué à la fois en compréhension orale et en production orale, lors d’un dialogue qui se déroule entre l’enseignant (évaluateur) et lui. Dans cette situation, l’étudiant est évalué surtout sur le contenu de son discours et la forme que prend la conversation importe peu. Il peut donc se concentrer à dire ce qu’il a préparé et, à l’occasion, répondre aux questions de l’évaluateur. Nous croyons donc que la compréhension orale aurait avantage à être travaillée plus en profondeur

dans une autre séquence d’enseignement, qui ne serait consacrée qu’à des stratégies d’écoute, ce qui permettrait d’aller plus en profondeur dans la pratique des comportements attendus chez un locuteur attentif et actif.