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paragraphe3: Apport de la théorie générale de Keynes

F) Equilibre partiel et équilibre général :

3. Le processus de tâtonnement :

Lorsqu'on examine de plus près comment l'offre peut être confrontée à la demande sur un marché donné, on s'aperçoit que le respect des résultats annoncés par les néoclassiques n'a rien d'évident. Il est essentiel en effet qu'aucune transaction n'ait lieu à un prix de déséquilibre, c'est à dire à un prix qui n'égalise pas l'offre et la demande. Mais comment les agents (acheteurs et vendeurs) peuvent-ils parvenir à fixer ce prix sans procéder à aucune transaction ?

Sur ce point, ce sont les travaux de Walras qui servent aujourd'hui encore de référence. Walras imagine un personnage (fictif ?), le commissaire-priseur, chargé de fixer le prix. En début de cycle, les vendeurs et les acheteurs se présentent sur le marché. Le commissaire annonce alors un prix, et recueille toutes les intentions de demande et d'offre. Si celles-ci ne coïncident pas, il fixe un nouveau prix, et l'annonce(11).

Les agents modifient alors leurs intentions, que le commissaire-priseur collecte à nouveau, etc. Le processus se répète jusqu'à ce que le commissaire-priseur ait trouvé un prix où l'offre et la demande coïncident. Il annonce alors ce dernier prix, et permet à ce moment-là aux agents de procéder aux transactions.

Ce processus est connu sous le nom de tâtonnement walrasien. Les hypothèses en sont lourdes : on trouvera bien peu de marchés qui les satisfont, en particulier où aucune transaction n'est effectuée à un prix différent du prix d'équilibre. Or, il faut rappeler que ces hypothèses sont indispensables pour que les conclusions annoncées par les néoclassiques soient vérifiées ; en particulier, toutes les propriétés de l'équilibre n'ont de portée que si les transactions s'effectuent exclusivement à cet équilibre(10).

On pourrait être tenté de faire une analogie entre ce tâtonnement walrasien et la gravitation ricardien. Après tout, dans les deux cas, on a un processus qui tente d'approcher une cible par corrections successives. Pourtant, cette analogie serait une grave erreur, tant les deux processus et les deux raisonnements sont éloignés l'un de l'autre. Afin de fixer les idées sur ce point important, on peut dresser un rapide comparatif sous forme de tableau(13) :

Tâtonnement walrasien

Gravitation ricardien Le processus se déroule

sur le...

très court terme (une session d'achats/ventes sur un marché

moyen terme (plusieurs mois, voire années) Les transactions s'effectuent... A l'équilibre exclusivement Généralement en déséquilibre

Les agents sont informés de l'état du marché...

Par le commissaire-priseur

Par les déséquilibres constatés (stocks, demande non satisfaite, différentiel des taux de profit, etc.)

La variable d'ajustement est...

le prix exclusivement le prix sur le court terme, les quantités via les capacités de production et les taux de profit sur le moyen terme

Le processus équilibre... Des achats/ventes d'agents se

présentant avec des dotations initiales

les capacités de production des différents secteurs, via les prix et les taux de profit

1-6) La pensée néo-classique aujourd’hui :

Après la fin de la seconde guerre mondiale, la pensée keynésienne a inspiré les politiques économiques de tous les pays occidentaux. A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, il a été de « bon ton » d‟ignorer Keynes et de faire retour à l‟orthodoxie de la pensée néo-classique avec les applications concrètes non seulement dans les politiques de libre-échange et de concurrence, mais aussi dans les politiques monétaristes de lutte contre l‟inflation(12).

Certains pensent et écrivent qu‟on assiste désormais à la faillite de ce modèle.

1-7) Dans quelle mesure les néoclassiques sont-ils les héritiers des classiques ?

Les classiques anglais avaient fondé leurs analyses sur la théorie de la « valeur travail » ouvrant par la même la voie aux analyses marxistes. Leur analyse reposait sur des constats simples: l‟eau par exemple est infiniment utile mais ne vaut rien. C‟est pourquoi les néoclassiques introduisent la notion d‟utilité marginale: la valeur dépend de l‟utilité qu‟apporte la dernière unité consommée, utilité qui est-elle même décroissante. Si on reprend l‟exemple de l‟eau, le premier verre a une valeur supérieure au dixième. Ainsi c‟est toute l‟analyse néoclassique qui dérive d‟une étude à la marge des phénomènes économiques(11).

Il y a une remise en cause des théories de la répartition des économies classiques fondées sur l‟existence de classes sociales et la position de ces classes les unes par rapport aux autres. Léon Walras veut construire une science capable de distinguer dans l‟activité humaine ce qui est le résultat des activités proprement économiques (concurrence) et ce qui relève de la morale. La science économique (considérée comme différente de l'économie politique) ne doit s‟occuper que de ce qui permet de comprendre l‟activité humaine pour construire une « économie pure » dont l‟essence est que la valeur d'échange prend le caractère d‟un fait naturel. Elle évacue ainsi les problèmes de justice sociale (objet d‟un autre combat) (10).

Aujourd‟hui encore, les idées néoclassiques occupent une place dominante dans l‟économie théorique. Terme utilisé pour la première fois par Thorstein Veblen en 1900, le mouvement néoclassique regroupe un ensemble d‟économistes très hétérogène, séparés en différentes écoles européennes. Egalement qualifiés de marginalistes, ils sont apparus simultanément et de manière indépendante vers la fin du 18eme siècle.

Le courant néoclassique est composé de trois écoles principales : l‟école anglaise de W. Jevons, l‟école autrichienne de K. Menger et l‟école de Lausanne de L. Walras. Cet ensemble d‟auteurs succèdent aux théoriciens classiques Smith, Ricardo et Say pour les principaux autant dans le temps que par leur proposition d‟une nouvelle lecture de

En effet, la révolution marginaliste semble avoir marqué la fin de la prédominance de la théorie dite classique, même si, comme beaucoup l‟affirment, les théories économiques ne se succèdent pas mais coexistent.

Dès lors, dans cette optique, jusqu‟à quel point peut-on considérer les classiques comme les précurseurs des néoclassiques ?

En ce sens, nous verrons que si les néoclassiques peuvent s‟inscrire dans la continuité de l‟économie politique classique, il n‟en demeure pas moins que ces deux visions se différencient sur certains points.

I- L’héritage classique est perceptible dans les théories néoclassiques : Les néoclassiques s‟inscrivent ainsi dans la lignée des classiques. En effet, on montrera d‟abord que des lois économiques sont communes aux deux courants de pensée avant de mettre en exergue les approfondissements que les marginalistes ont pu y apporter(10).