Tableau 3 :Détail des grilles d’entretiens
Eléments de la grille
d’entretien
Objectifs de la collecte de données
Bilan de la Catastrophe sélectionner les secteurs qui feront l’objet d’une enquête fine
consolider le bilan des dommages (croisement de ces informations avec les
données existantes dans la bibliographie)
Post-crise immédiate rechercher d’éventuels problèmes dans la gestion de crise, qui influencent la
reconstruction (entrave ou accélère certains processus)
Relogement d’urgence et
relogement temporaire
comprendre la gestion du relogement
Temporalités des
réhabilitations et des
reconstructions
recueillir les données de temporalité de réhabilitation et de reconstruction
définir les secteurs et facteurs qui ralentissent (ou accélèrent) le processus de
reconstruction
Financement des opérations de
reconstruction
définir les moyens financiers de la reconstruction
comprendre ce que les acteurs ont mis en œuvre (montages financiers,
répartition, etc.) pour reconstruire
Rôle dans la reconstruction et
stratégie
comprendre la stratégie choisie par les acteurs de la reconstruction
comprendre les adaptations de procédures existantes mises en place par les
acteurs pour passer de la théorie de leurs stratégies à la réalisation d’actions de
reconstruction
connaitre et comprendre les conflits liés à la gouvernance en phase de
reconstruction post-catastrophe
Evolution des enjeux depuis la
catastrophe
comprendre l’évolution du territoire depuis la catastrophe
identifier une éventuelle bifurcation de la stratégie d’aménagement du territoire
Prévention et reconstruction recenser les mesures préventives et,
recenser les mesures visant les principes du développement durable prises
pendant la reconstruction
Suivi des populations analyser les liens entre gestion du suivi et relèvement effectif des populations
Méthodes de concertation comprendre les modes de gouvernance mis en place en post-catastrophe
identifier des points de blocage et les trajectoires de sortie de ces situations
Adaptations législatives et
réglementaires
les adaptations mises en place pendant la reconstruction ont-elles été actées par le
législateur ?
identifier les lois et règlements considérés comme bloquant ou au contraire
facilitant par les acteurs
Retour d’expérience perception des REX par les acteurs qui y ont participé
identifier les difficultés de la reconstruction
identifier les aspects positifs
Anticipation d’une catastrophe
future
les informations issues de la catastrophes ont-elles été capitalisées, si oui
comment ?
la société a-t-elle conscience du risque de catastrophe ? et comment s’y
prépare-t-elle ?
Les PSE ont été choisies car elles apparaissaient dans les retours d’expériences et documents
d’époque comme ayant participé à la gestion de la reconstruction. Une première session d’entretiens
exploratoires a aussi permis de repérer un certain nombre d’acteurs particulièrement actifs dans la
reconstruction. Nous avons aussi procédé par le biais d’intermédiaires issus du réseau professionnel
des personnes enquêtées. Nous souhaitions ainsi obtenir des informations auprès des représentants de
toutes les parties prenantes de la reconstruction aux différentes échelles territoriales en vue d’analyser
la reconstruction d’un point de vue institutionnel et collectif en entrant par la recomposition du
territoire. La prise de contact s’est déroulée en deux étapes minimum : 1) l’envoi d’un courrier avec
une description du protocole (cadre dans lequel sont réalisés les entretiens, nature et contenu de
l’enquête ainsi que les modalités d’utilisation des données), une lettre de présentation et une lettre de
recommandation, et 2) une relance téléphonique (voire plusieurs dans certains cas, assorties de
relances par mail) afin d’établir la prise de rendez-vous. Nous avons fait le choix de rester plusieurs
semaines sur chacun des terrains d’études afin de profiter aussi de l’effet d’aubaine : lors d’un
entretien, la PSE est incapable de répondre à certaines questions mais contacte directement la personne
compétente pour me recommander et prendre rendez-vous.
3.2.3.2. Les questionnaires – le choix du présentiel
La passation des questionnaires s’est faite par le porte à porte en ayant au préalable réalisé un
ou plusieurs entretiens avec les chefs de villages pour les informer de notre souhait d’enquêter. Les
missions de terrain ont toutes été organisées de la même manière c’est-à-dire, une journée de collecte
suivie d’une journée de saisie des données. Cette organisation est motivée par la volonté de ne pas
perdre de données. Nous avons fait le choix de ne pas enregistrer les entretiens ni les réponses aux
questionnaires. Nous avions réalisés lors des tests des entretiens et questionnaires avec et sans
enregistreur et les réponses étaient beaucoup plus concises et moins fournies en détails. Les PSE
étaient réticentes à exprimer leur opinion sur des sujets délicats comme les choix politiques des
modalités de la reconstruction ou encore sur la partie REX, les PSE enregistrées refusaient d’évoquer
les aspects négatifs. Certaines refusaient tout simplement d’être enregistrées. Nous avons donc choisi
la voie «légale» : ne pas enregistrer. Nous avons développé une technique de prise de notes
exhaustive (par exemple un entretien de 5h représente plus de 20 pages de prise de notes) permise par
l’utilisation d’un langage codé en quelques sortes puisque composé d’abréviations et de signes. Les
entretiens étaient retranscrits soit le soir même soit le lendemain pour limiter la perte d’information.
Nous avons aussi utilisé la méthode du questionnaire en Indonésie auprès des populations
soumises à l’effort de reconstruction. Les questionnaires ont été conçus à l’aide du logiciel Sphinx. Le
choix de l’outil questionnaire a été préféré à l’entretien pour les populations car nous souhaitions,
d’une part être en mesure de comparer les villages entre eux, et d’autre part réaliser une étude
diachronique sur un groupe de 50 personnes que nous avons suivi du centre de relogement temporaire
(huntaraen indonésien), au centre de relogement permanent (huntap). Les questionnaires au centre de
relogement temporaire ont été menés au mois de mars 2013 et les PSE ont été retrouvées au centre de
relogement permanent en juillet 2014. Nous avons donc mis en œuvre la méthode des séries
chronologiques. Cette méthode consiste à interroger un même groupe de personnes avant et après la
modification d’un facteur pour observer les éventuels changements. Nous souhaitions observer les
changements en matière de qualité de vie, d’accès aux moyens de subsistance, d’accessibilités aux
commerces, services, infrastructures sanitaires et éducatives entre la situation au centre de relogement
temporaire et celle au centre de relogement permanent. Les questions posées avaient deux référents
temporels : avant la délocalisation et après. L’analyse était donc à la fois structurale et diachronique.
Le problème rencontré avec le type d’étude est que «les différences observées peuvent tenir à d’autres
facteurs que celui qui en fait l’objet d’étude» (Berthier, 2011). Dans notre cas, les raisons de la baisse
ou de l’augmentation de la qualité de vie des PSE peuvent se situer dans l’évolution du contexte
socio-économique de la région et du pays plutôt que dans le déménagement du centre de relogement
temporaire au centre permanent. Il a donc fallu trouver des facteurs de comparaison, comme le temps
d’accès ou la qualité des routes, que l’on a croisés avec les résultats des entretiens auprès des
gestionnaires et avec l’étude de documents.