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Les actions de reconstruction peuvent aussi contribuer à la perte de crédibilité d’élus dont la légitimité était contestée déjà avant la catastrophe. Un des cas les plus emblématiques en France

métropolitaine est le maire de la Faute-sur-Mer suite à la tempête Xynthia. Dans le Var nous avons

aussi noté le cas de Draguignan où le maire ne s’est pas représenté aux élections après les inondations

et les premières années du processus de reconstruction. «La population était excédée, il y avait eu des

morts et les projets de construction en zones inondables été maintenus, on savait qu’il y avait de

l’argent pour la reconstruction mais on ne savait pas où ça passait... c’était une gestion très opaque !

Les gens lui faisaient des critiques ouvertes et l’interpellait dans la rue donc il n’a pas essayé de se

représenter. Son premier adjoint a brigué le poste, mais n’a pas été élu, l’opposition l’a emporté »

(entretien PSE anonyme Var, 2014). Dès lors, nous conclurons que les actions de reconstruction ont un

haut niveau de visibilité et peuvent générer un gain en matière de crédibilité politique par l’activation

de deux leviers principaux : 1) la prise en compte des éléments dans une approche réticulaire et sur le

long terme, 2) le fondement des actions sur les ressources locales. Les mesures structurelles sont

visibles et elles inscrivent dans le paysage l’action du politique en faveur de la protection de ses

administrés. En revanches les mesures non structurelles sont beaucoup moins visibles, elles sont aussi

plus longues à mettre en place (Renaud et al., 2013, cité par Pigeon, 2014) et les bénéfices semblent

incertains dans un contexte de difficulté d’évaluation de l’efficacité de ce type de mesures, pourtant

plébiscitées par de nombreux acteurs aux missions différentes. «Les mesures structurelles et celles qui

sont basées sur les écosystèmes peuvent être associées de manière complémentaire, et ne s’excluent

pas nécessairement» (ibid.,p 16, cité par Pigeon, 2014).

5.2. Financement de la reconstruction

5.2.1. Modalités existantes de financement de la reconstruction

«La résilience économique dépend également de la capacité d’un gouvernement à financer le

redressement et la reconstruction au travers d’un large éventail de mécanismes publics et privés,

notamment des réaffectations de budgets, des augmentations d’impôts, des réserves, des emprunts

nationaux ou étrangers, l’assistance internationale, les indemnisations d’assurance et de réassurance

et des instruments financiers tels que les “obligations de catastrophe”» (Mechler et al., 2006, cité par

GAR 2013, p 88). Les financements de la reconstruction sont de natures différentes et émanent de

plusieurs sources. Un certain nombre de problèmes peuvent être soulevés pour expliquer que

l’efficacité de la reconstruction n’est pas exclusivement dépendante de la quantité de fonds perçus.

L’UE est le plus grand pourvoyeur de fonds dans les situations de reconstruction post-catastrophe mais

n’a pas de stratégie pour orienter le soutien qu’elle apporte (UE, 2011). Ainsi un travail a été mené

afin d’établir des points fondamentaux à suivre dans les opérations de soutien à la politique de

réduction du risque de catastrophe. Le but premier de ces politiques est de contribuer au

développement durable (en agissant notamment sur la diminution de la pauvreté) et en ayant une

approche multirisque et régionale. La stratégie est détaillée en quatre points dont le premier est le

développement de connaissances sur les risques et le renforcement des systèmes d’alerte rapide. Le

deuxième point traite de l’instauration d’une culture de la résilience et de la sécurité en utilisant les

connaissances acquises, les techniques et technologies innovantes et l’éducation, l’objectif étant de

mieux sensibiliser les communautés aux aléas et à leurs vulnérabilités. Le troisième point porte sur la

réduction des facteurs sous-jacents de risque tels que la pauvreté, les lacunes et défauts

d’aménagement du territoire, la précarité énergétique, alimentaire, sanitaire, etc. C’est ici que les

stratégies de réduction des risques de catastrophe et développement durable s’imbriquent l’une dans

l’autre. Et enfin le quatrième et dernier point stipule qu’il est nécessaire de prévoir et de planifier la

gestion de crise jusqu’au relèvement. L’UE s’est dotée d’outils pour parvenir à ces fins dont le FSUE

(Fonds de Solidarité de l’UE) créé en 2002, suite aux inondations de l’Europe de l’Est la même année.

Ce fonds dont le budget annuel est d’un milliard d’euros a été créé pour réparer les dommages non

assurables. Les inondations dans le Gard en 2002 firent 835 millions d’euros de dommages et le FSUE

a abondé à hauteur de 21 millions d’euros dans les opérations de reconstruction. En 2009, suite à la

tempête Klaus, 109,4 millions d’euros furent débloqués sur un montant des dommages de 3 806

millions d’euros. Ces subventions peuvent être utilisées pour des opérations de nettoyage, de remise en

fonction des infrastructures et équipements, ou encore pour la mise en œuvre de mesures provisoires

d’hébergement ainsi que pour le financement des opérations de sécurité (premiers secours et

sécurisation des infrastructures de prévention). Plusieurs critères d’éligibilité conditionnent l’accès à

ces aides : le montant des dommages doit être supérieur à trois milliards d’euros, ou à 0,6 % du

Produit National Brut (PNB) ; ou bien, les dégâts doivent affecter la majeure partie de la population

avec des répercussions graves et durables sur les conditions de vie et la stabilité économique.

Les acteurs privés ont un rôle grandissant à l’échelle internationale dans le financement de la

reconstruction. En Indonésie, les assureurs se positionnent pour développer ce marché. En augmentant

le nombre d’assurés, la volonté est de faire diminuer dans le même temps, la charge de l’Etat, qui est

le premier financeur (cf. figure 24), en matière de financement de la reconstruction. Le gouvernement

indonésien a financé la reconstruction à hauteur de 82 % du montant total. Viennent ensuite, loin

derrière la famille avec 10 % des fonds et les ONG avec 8 %. Ce sont des personnes âgées pour qui la

reconstruction a été gérée par les enfants, elles sont arrivées au centre de relogement une fois que les

travaux étaient terminés. L’enjeu économique de développer l’assurance en Indonésie est majeur

puisque seuls 2 % de la population est assurée

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et que la classe moyenne (susceptible d’être la cible

privilégiée de ces campagnes) se développe depuis une dizaine d’années (Kharas 2010). La question

est alors de savoir comment rendre la cotisation d’assurance acceptable pour les foyers indonésiens.

La microfinance peut compléter et accompagner le développement de l’assurance en ce qu’elle

redonne du pouvoir économique aux communautés. Pour que le modèle soit durable, il est nécessaire

d’impliquer le secteur privé dans la reconstruction et dans la prévention pour être plus résilient.

L’objectif étant de limiter les pertes de profit en cas de catastrophe et de maintenir la compétitivité. Le

GAR (2013) stipule l’importance d’intégrer le secteur privé et notamment celui du tourisme dans les

efforts de reconstruction : responsabiliser et partager les responsabilités.

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Figure 24 :Sources de financement de la reconstruction en Indonésie après les lahars de 2011

Des mécanismes de mutualisation des risques à des échelles régionales existent aussi en Asie :

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